L’Egypte
se situe à la charnière de deux régions caractérisées par leur forte
instabilité : L’Afrique du Nord, avec le foyer djihadistes Libyen et ses
ramifications jusqu’en Afrique subsaharienne, et le Levant, secoué par la crise
Syrienne depuis 2011.
A ce titre, le territoire égyptien constitue une «
zone tampon » empêchant l’établissement d’une continuité territoriale dans
l’arc de crise s’étendant de l’Afrique subsaharienne à l’Irak. Ce rôle
positionne l’Egypte comme un partenaire indispensable dans la lutte contre le
terrorisme, tout en mettant en lumière la précarité de la situation du pays. L’Egypte
est le pays arabe avec lequel la Russie entretient la relation la plus dense.
Comme ce fut en Irak, celle-ci est parvenue à reprendre pied en Egypte à la
faveur du déclin relatif de l’influence américaine au Moyen-Orient et de la
recomposition géopolitique de la région qui s’est ensuivie. A ce titre, les
années 1950 et 1960 ont fourni une base sur laquelle Russes et égyptiens ont rebâti
leur partenariat, en particulier dans le domaine des grandes infrastructures énergétiques
et en matière de coopération militaro-technique. L’Egypte est pour l’industrie
de défense russe un marché porteur qui n’a pas encore attient sa maturité et
qui permet de composer l’essoufflement des ventes russes, à moyen terme, sur d’autres
marchés, notamment l’Algérie. La dynamique positive sur laquelle repose la
relation russo-égyptienne pourrait faire du Caire un candidat idéal pour la
diplomatie russe à l’endroit des pays arabes sunnites du Moyen-Orient ou la
Russie souffre d’une mauvaise image en raison du soutien qu’elle apporte au
régime Syrien. La convergence entre le Kremlin et l’Egypte en matière de lutte
contre l’islamisme radical a été notamment mise en lumière par la crise Syrienne.
L’intervention militaire de Moscou en Syrie, accueillie positivement par l’Arabie-Saoudite,
les Emirats Arabes-Unis, a reçu en revanche le soutien de l’Egypte, remettant
en cause l’unité d’un « font sunnite » déjà érodé. La position singulière
de cette dernière sur le dossier Syrien, le Caire n’est pas hostile à Damas et
soutient l’intégralité territoriale de la Syrie, faisant d’elle un médiateur
entre la Russie et les pays du Golfe. Cette capacité de médiation reste
toutefois potentiellement entravée par la dépendance financière du régime égyptien vis-à-vis de l’aide des pétromonarchies. Une économie à bout de
souffle, des milliers de personnes décimés par la famine, des exécutions extrajudiciaires
dans les prisons et des condamnés à mort en attente. Entre crise et défis, la
Russie comme les monarchies du Golfe, maintiennent la junte militaire d’El-Sissi
afin d’éradiquer définitivement les « frères musulmans » sur la scène
internationale. Le partenariat de Poutine avec El-Sissi, reste encadré dans le cadre de la
propagation de l’idéologie des frères musulmans dans le Caucase qui contient
plus de 20 million de musulmans (un défi potentiel à moyen terme).
Au sein
des monarchies, tous les savants et les sympathisants de cette mouvance croupissent
dans les prisons et même des exécutions se font en catimini. L’Egypte est
devenue une prison à ciel ouvert, dont en compte plus de 2000 condamnations à
mort, y compris des femmes et des adolescents, Dans cette région reconfigurée,
les monarchies comme les pays arabes n’hésitent guère de faire intervenir d’autres
puissances pour l’élimination de toute la population afin de rester au pouvoir,
comme ce fut le cas en Syrie et actuellement en Libye.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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