GEOPOLITIQUE / LA MOLDAVIE : L'ATTIRANCE VERS L'OUEST FACE A LA RUSSIE 

La république de Moldavie représente une partie de la Bessarabie et de la Moldavie orientale qui fut occupée par la Russie en 1812. Proclamée par le Soviet du pays ( Sfatul tari ) " république démocratique fédérative moldave" le 15 décembre 1917, indépendante le 6 février 1918, avec s'unit à la Roumanie le 9 avril 1918, avec conditions, et le 10 décembre 1918, sans conditions. 

Occupée le 28 juin 1940 par l'URSS aprés la signature du pacte germano-soviétique le 23 août 1939, elle est dépecée d'environ 15 000 km au bénéfice de l'Ukraine au nord et au sud et remodelée pour devenir, le 2 août 1940, la République socialiste soviétique moldave, par l'adjonction de la république autonome moldave à l'est du Dniestr 3 4 000 km. Elle est réoccupée par la Roumanie en juillet 1914, puis reconquise par l'armée soviétique en août 1944. Reconnue comme appartenant à l'URSS par l'armistice soviéto-romain le 12 septembre 1944 et par le traité de Paris en février 1947, elle est à nouveau proclamée république soviétique le 23 avril 1947. Sa population compte 64,5% de Moldaves   (Romains), 13,8% d'Ukrainiens, 13% de Russes, 3,5% de Gagaouzes et 2% de Bulgares. La minorité juive compte 205 000 personnes en 1930, et 95 000 en 1959. En 1941, la Romanie a déporté les juifs de Moldavie ( Bessarabie, Bucovine, Moldavie occidentale en Transnistrie, où plus de la moitié a trouvé la mort dans les camps où lors de tueries ponctuelles. A partir de 1940 et surtout de 1944, Moscou a entrepris une politique de dénationalisation des Moldaves ( Romains ) : environ un million de Russes et d'Ukrainiens se sont installés en Moldavie. Avec son économie essentiellement axée sur l'agriculture ( vigne, tabac ) et l'agro-alimentaire, la Moldavie était une véritable colonie agricole à l'époque soviétique. Le réveil nationaliste de 1987-1988 a abouti à l'adoption du roumain comme langue officielle le 31 août 1989,  puis à la proclamation de l'indépendance le 27 août 1991. En réaction, les Gagaouzes ainsi que les minorités russe et ukrainienne de Transdniestrie ont proclamé leur propre indépendance. La sécession de fait de la Transdniestrie n'a pu être empêcher la guerre du premier avril au 21 juillet 1992, du fait de l'intervention de la 14e armée russe. Le territoire gagaouze s'est vu doter des attributs d'une autonomie. La Constitution de 1994 confère de larges pouvoirs au Parlement. Le président Petru Lucinschi ( 1996-2000) essaie de modifier la Constitution afin de transformer le système politique moldave en république présidentielle. La Moldavie connaissait au tournant du XXI siècle de graves problèmes énergétiques, dépendance totale de la Russie et de l'Ukraine, financiers, inflation, retard des paiements des salaires et des retraites, instabilité des partis politiques, classe politique peu structurée. Le pays reste complètement enclavé entre la Romanie et l'Ukraine, sans accès à la mer Noire et avec un débouché de moins d'un kilomètre sur le bas Danube. Un seul parti, le Front populaire chrétien démocrate, a réclamé l'union avec la Roumanie, mais, en 2000, la scène politique restait dominée par le Parti communiste, vainqueur des élections en 1996 et frein au processus de privatisation de l'économie et de l'agriculture. 

BRUXELLES AU CHEVET DE LA MOLDAVIE 

La guerre en Ukraine a permis à la Moldavie d'opérer un rapprochement sans précédent avec l'Union européenne. Au lendemain de l'invasion russe, cette ex république soviétique avait demandé, en même temps que l'Ukraine et la Géorgie, la statut de candidat officiel à l'UE, ce qui lui a été accordé en juin 2022. Un cap essentiel a été franchi en décembre 2023, avec la décision des vingt-sept d'ouvrir formellement les négociations d'adhésion. Ce pays roumanophone, parmi les plus pauvres d'Europe, a entrepris des réformes significatives en dépit d'efforts constants visant à déstabiliser sa démocratie, a souligné la présidente de la Commission européenne, en visant la Russie. La Moldavie dénonce régulièrement des tentatives de déstabilisation de la part de Moscou, et l'agrandissement de l'UE vers l'Est est considéré par plusieurs pays comme un élément fondamental de la sécurité européenne face aux appétits russes. 

Malgré l'existence d'un conflit gelé en Transnistrie, la Moldavie s'est dégagée du monopole russe en quelques mois. La présidente moldave, Maia Sandu, s'interroge aujourd'hui sur une sortie de la Communauté des Etats indépendants, le jugeant incompatible avec l'appartenance à l'UE. Néanmoins, le pays reste toutefois vulnérable face au levier dont dispose la Russie, qui cherche à radicaliser et à déstabiliser le climat politique. 

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA