samedi 1 novembre 2025

 

GEOPOITIQUE/ LE HARD POWER DE LA PUISSANCE  

OU L'IMPERIALISME

"L'impérialisme est la doctrine qui considère que leur puissance autorise certains Etats à étendre leur influence, voire leur domination, en dehors de leurs frontières." 



Le colonialisme européen qui a débuté au XVI siècle et a connu son apogée à la vielle de la Première Guerre mondiale. Le monde était alors divisé en vastes empires dont le plus plastronneur était l'Empire britannique. L'impérialisme, alors à la fois moteur et expression de la puissance européenne, devient le prisme à partir duquel la diplomatie, le commerce, la guerre mais aussi la société sont pensés. l'impérialisme suscite résistantes ( sous le forme de guerres ou de guérillas ), rejet par les populations, une fois dominées et critiques souvent au sein même des pays impérialistes. Ses plus violents dénonciateurs ont été les marxistes, en particulier Lénine. Le père de la révolution de 1917 estimait que l'impérialisme découlait de la nécessité pour le capitalisme de s'exporter dans de nouveaux pays où il pourrait restaurer ses profits, en baisse dans les vieux pays industriels. Paradoxe encore, depuis la fin des empires européens qui a suivi La Seconde Guerre mondiale et l'écroulement de l'URSS, l'impérialisme demeure, bien que renouvelé. Les Etats-Unis ont succédé à l'Europe comme puissance impériale; jouant du hard mais surtout du soft power. Washington place ses pions à son avantage sur l'échiquier mondial, notamment en Afrique et en Asie qui sont les zones clés de demain. Dans un autre registre, on voit subsister des zones d'influences qui sont autant de formes rémanentes d'empires passés. En témoigne la France Afrique que ses critiques taxent de néocolonialisme. Enfin, preuve que l'impérialisme n'est pas mort, la Chine, anciennement dominée, se lance elle aussi, dans une nouvelle " course au clocher en Afrique".  



 







ISOLASTIONNISME / UNE DOCTRINE AMERICAINE ENCORE VIVACE 

L'isolationnisme est une doctrine politique, essentiellement américaine, qui proclame la nécessité pour les Etats-Unis de contingenter leurs relations avec le monde. Texte fondateur de l'isolationnisme, le message d'adieu de G. Washington ( 1796 ) appelle les Américains à ne pas signer aucun accord politique ni militaire permanent. Le conseil concerne surtout l'Europe par caponnerie de se voir entrainés dans ses querelles et, par consécution, dans des guerres que le peuple américain n'aurait pas décidées. Cette doctrine est réaffirmée en 1823 par le président Monroe. L'isolationnisme américain, le sentiment que les Etats-Unis construisent un pays radicalement différent de l'Europe et, pour tout dire," archimandrite".  historiquement, l'isolationnisme atteint son apogée aprés la Première Guerre mondiale, quand les américains refusent de ratifier le "traité de Versailles" et de participer à la SDN. Il souffre cependant de nombreuses limites et se double d'un impérialisme dirigé d'abord vers l'Amérique Latine qui donne lieu à une formulation théorique avec le corollaire Roosevelt de la doctrine Monroe en 1904. La motion Vandenberg ( 1948 ), qui autorise la création de l'OTAN, marque un tournant, puisque les américains participent à la première alliance durable de leur histoire. L'isolationnisme n'a pourtant pas tout à fait disparu. Ainsi, le maccarthysme à l'entrée en guerre froide. Quand au conflit vietnamien ou la récente guerre d'Irak, ils ont rapidement suscité dans l'opinion publique des réactions isolationniste. Conséquences, ils ont étaient contraint de se replier sur soi ?

DROIT D'INGERENCE   

Invoqué depuis les débuts de la colonisation, ( la mission civilisatrice), conçue alors comme un devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures, a servi de justification, de subterfuge et de moteur à l'ingérence européenne dans les affaires du monde. Plus récemment, l'idée d'ingérence est apparue en Occident sous la plume non plus d'hommes politiques, mais d'acteurs de la société civile. Différents dans les principes de sa version colonialiste, la nouvelle doctrine procède de l'idée d'une communauté mondiale unis par des valeurs universelles ( Droits de l'Homme ), supérieures au droit national. Les tenants du " droit d'ingérence "réclament une intervention quand ces valeurs semblent bafouées dans un pays. Le principe du devoir d'ingérence pose, par sa nature même, une série de problèmes. Il est difficilement compatible avec le principe de non-ingérence soutenu officiellement par l'ONU. En outre, il est parfois taxé de néocolonialisme ( intervention en Irak en 2003 ). Enfin, il est versatile et soumis à l'empire des médias occidentaux ( une indignation chassant l'autre, comme en 2008 le Tibet occulte le Darfour ). 

SOUVERAINETE ET INGERENCE 

La vision globale sur cette analyse, souveraineté et ingérence sont deux principes antagonistes. Ils sont tous deux évoqués comme des principes protecteurs, des Etats plus faibles contre les appétits des grandes puissances pour le premier, des peuples contre les tyrans pour le second. Le débat n'est pas dépourvu d'arrière-pensées stratégiques. En somme, le débat sur l'ingérence qualifiée également d'ingérence humanitaire, de droit d'ingérence ou de devoir d'ingérence, est une question majeure de la vie internationale. L'ingérence suscite des réactions à la fois passionnées et contradictoires, au Nord comme au Sud, dans les opinions et les gouvernements. La montée en puissance de ce thème est un effet secondaire de la mondialisation. Elle est le produit conjugué du rôle croissant des ONG sur la scène internationale, de l'importance grandissante du poids des médias et de l'opinion public sur la conduite des politiques extérieures et de l'effacement des situations et des possibilités accrues d'intervention. L'ingérence enfin est évidement, et par construction, consubstantielle au phénomène d'effacement des frontières. L'émergence des puissances du Sud va modifier les termes du débat sur l'ingérence. La Charte de l'ONU en réaction aux violations de souveraineté commise par les puissances de l'Axe ayant conduit à la Seconde Guerre mondiale avait condamné l'ingérence en lui opposant le principe de souveraineté. Le paragraphe 1 de l'article 7 de la Charte des Nations unies énonce que ( l'organisation est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses membres.) Le paragraphe 4 du même article dispose que " les membre de l'organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies. Ces dispositions viennent en fait compléter le paragraphe 3 selon lequel les membres de l'organisation règlent leurs différends internationaux par des moyens pacifiques. L'article 2, paragraphe 7, interdit quant à lui à l'ONU de se mêler des affaires intérieures des Etats, stipulant qu'"aucune disposition de la présente charte n'autorise les Nations unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence national d'un Etat. L'ingérence vient donc prendre le contre-pied de ces principes. En 1948, les partisans du concept d'ingérence en font remonter l'origine à l'adoption par l'Assemblée générale des N-U de la déclaration universelle des droits de l'homme. René Cassin, le juriste Français qui en était l'initiateur, avait écrit dés 1947 : " Il faut en tous cas que le droit de regard de l'humanité sur le rapport de l'Etat et de l'individu soit affirmé. "L'URSS, les démocraties populaires et les pays musulmans n'ont pas voté ce texte. Le représentant de Staline, est même sorti sur les marches du palais de Chaillot pour déclarer " Nous refusons ce texte qui est porteur d'ingérence dans les affaires intérieures des Nations. "Cassin rappelait qu'en 1913, la Société des nations avait entendu un Juif de Silésie. M.Bernheim, dénoncer les pratiques barbares des Nazis à l'égard de leurs propres compatriotes. Le président de séance avait alors donné la parole au représentants de l'Allemagne, qui n'était autre que Joseph Goebbels. Ce dernier avait répondu " "Monsieur, charbonnier est maître chez soi. Nous sommes un Etat souverain. Tout ce qu'a dit cet individu ne vous regarde pas. Nous faisons ce que nous voulons de nos socialistes, de nos pacifistes, de nos Juifs et nous n'avons pas à subir de contrôle ni de l'humanité, ni de la SDN." Partisans de la souveraineté et avocats de l'ingérence s'appuient donc tous deux sur la condamnation du nazisme pour justifier leur choix. La souveraineté pour protéger les Etats faibles des appétits d'agresseurs plus puissants, l'ingérence pour empêcher de graves violation des droits de l'homme. Politiquement, c'est la création du mouvement ( sans frontières ), né durant la guerre du "Biafra" ( 1967-1970), qui est à l'origine de l'ingérence humanitaire moderne. A la suite de la proclamation d'indépendance vis- a -vis du Nigeria de la région pétrolifère peuplée de chrétiens Ibos, une guerre civile éclate. L'ONU ne veut alors pas reconnaitre le droit de sécession dans les ex- colonies afin d'éviter les manœuvres de division des ex- puissances coloniales qui auraient peu, en provoquant une sécession, continuer à contrôler les territoires les plus riches ou les plus utiles de leurs ex colonies. Le blocus conduit le Biafra à la famine et les images retransmises à la télévision créent un choc psychologique hyperbolique. Cette farce a suscité l'irruption des ONG humanitaires sur la scène internationale. Elles reprochent aux Etats leur inaction du fait de la non ingérence et à la Croix-Rouge une neutralité qui ne leur parait ni équilibrée ni justifiée devant la vastité des massacres. Se crée alors l'ONG Médecins sans frontières, le terme de " sans frontières" étant à la fois une référence au champ international de l'action mais également, et surtout, au fait que l'association entendait s'affranchir des limites territoriales qui délimitaient l'activité internationale traditionnelle en protégeant la souveraineté. Le tout au nom d'une morale de l'extrême urgence : on ne laisse pas les gens claboter. Bien éloigné de l'esprit, et même de la lettre de la Charte de l'ONU, un droit d'ingérence a été proposé, à partir de 1988 ( résolution 43/131), comme le revers actif d'un ( devoir humanitaire ) qui s'exprimerait face à des violations massives des droits de l'homme ou des droits des minorités au sein d'un Etat. On en a oublié que bien des actions de sécurité collective demeuraient possibles, ne constituant pas des actes d'ingérence, mais seulement l'application de la Charte. En réalité, le désordre des discours sur l'ingérence a pour origine le fait que la population mondiale ne s'est pas approprié le double mécanisme qui fonde le droit international : maintien de la souveraineté des Etats limitée par l'interdiction du recours à la force et le respect des droits de l'homme, mais mise sur pied de la sécurité collective en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'actes d'agression. Cela nécessite des moyens qui ne peuvent être fournis que par les Etats, mais doivent ensuite s'affranchir de la tutelle de ceux-ci pour être contrôlés collectivement. C'est précisément ce passage qui échoue a devenir depuis que la Charte a été rédigée en 1945, le discours sur l'ingérence n'étant que le pendant de cet échec. Les pratiques de conditionnalité dans les relations économiques ( intégrales ) entre Etats sont fréquemment dénoncées comme des ( ingérences). Pa railleurs, la résolution 688 est exceptionnelle, tout comme étaient exceptionnelles les circonstances de son adoption. Cette résolution a effectivement été prise contre la volonté de l'Irak pour protéger les populations. Elle a d'ailleurs été menée au profit des Kurdes irakiens en laissant à leur sort les chiites qui, au sud de l'Irak, subissaient également la répression du régime de Saddam. Mais l'Irak, qui avait défié la communauté internationale, avait été vaincu par celle-ci. Il était diabolisé politiquement pour s'être lancé dans deux guerres contre l'Iran de 1980 à 1988 et encore le Koweït, envahi et annexé en 1990. Saddam Hussein qui avait pourtant longtemps bénéficié de la bienveillance des puissances occidentaux, passait pour l'archétype du dictateur, qui plus est pernicieux pour le monde extérieur. La vérité est que la résolution avait été adoptée sur fond de mauvaise conscience occidentale. N'était ce pas le président Bush qui avait appelé les Kurdes à la révolte ? Pouvait-on intervenir pour le Koweït et son pétrole et ne rein faire pour les Kurdes ? la résolution 688 est donc une exception et ne fonde pas un précédent. Mais au-delà du débat juridique, le débat sur l'ingérence reste avant tout politique lié  a la puissance de la prééminence. Donald Trump est le meilleur exemple dans ces discisions internationales portés toujours sur le droit d'ingérence, ce qui va lui couter très chère à moyen ou à long terme. 




A l'évidence, droit, et même devoir, qu'a un pays d'intervenir dans les affaires intérieures d'un autre pour y préserver les Droits de l'homme, inflige un autre soft power colonialiste laissant que désolation et pillage des intérêts économique. C'est le nouveau statut de l'ingérence, et du nouvel ordre mondial. 

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA 


N.B

Comment fonctionne Le Conseil de sécurité de l'ONU

Recommander des procédures de règlement pacifique des différents

Autoriser l'usage de la force pour maintenir ou rétablir la paix ou la sécurité

Mettre en place une opération de maintien de la paix ( OMP )

Créer des régions de sanction. 


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