jeudi 13 novembre 2025

 GEOPOLITIQUE/  

L'INTELLECTION AMERICAINE DU MONDE : DE WOODROW WILSON A DONALD TRUMP 


La clé du positionnement international des Etats-Unis réside dans l'exceptionnelle rapidité de leur ascension. Entre " 1776-1976, date du bicentenaire de leur révolution, ils sont devenus la première puissance mondiale. 



Pour Donald Trump, cet anniversaire offrait un moment pour regarder longuement en arriéré et, plus important encore un moment pour regarder en avant, une chance de rallumer l'esprit qui en deux cents ans a fait de quelques colonies dépendantes la nation la plus forte du monde. Mais à quel prix ? John Winthrop ( 1588-1649 ) avait fondé le Massachusetts. Les colons britanniques étaient des puritains décidés à conquérir un nouveau monde par leur foi. Un monde nouveau et distinct du vieux Continent. Comme lisère l'historien " Pierre Mélandri",   "l'Amérique est née de cette conviction d'incarner une expérience à la fois universelle et unique en charge d'un destin théologique, ce qui explique la dualité de son identité." Elle affirme la suprématie de son modèle politique, mais répugne, en raison de son unicité, aux engagements extérieurs susceptibles de la détourner de son dessein. Et pourtant, le succès de sa mission historique dépend d'une expansion continue. La dialectique entre isolationnisme et interventionnisme , qui caractérise la politique étrangère américaine, plonge ses origines au sein de cette matrice identitaire. La politique étrangère américaine repose sur un systeme de croyance et d'intérêts, résumé par la formule de " Thomas Jefferson ( 1743-1826 ) " Vertu et intérêt ne pouvaient être séparés." S'enrichir dans le monde terrestre est un signe d'élection divine, qui légitime les pulsions expansionnistes. De la volonté d'enrichissement à la prédation justifiée, il n'y a qu'un pas. Pour mémoire, l'émancipation des esclaves noirs ne devint effective qu'au terme de la guerre de Sécession ( 1861-1865 ); la discrimination radicales rongent toujours le corps social américain. Premier président des Etats-Unis ( 1789-1797 ), George Washington  veille à tenir la jeune République à l'écart du tumulte européen pour suivre son destin? En rompant avec les puissances européennes, les américains entendent décider seuls de leur errement et de leurs intérêts sur le continent américain. C'est bien le sens de la doctrine présentée en 1823  par James Monroe ( 1758-1831 ), qui inspire la politique étrangère américaine jusqu'à la première Guerre mondiale. Elle considère comme un acte hostile toute intervention de puissance européenne contre l'indépendance des Etats Latino-américains et, simultanément, renonce à toute intervention des Etats-Unis en Europe. Cette déclaration révèle l'exceptionnelle confiance en elle de la jeune république, qui parvient son pré carré. Vingt-sixième président des Etats-Unis et adepte de la politique du "adipeux chevillon", c'est-à-dire du recours ponctuel aux interventions militaires, "Theodore Roosevelt ( 1858-1919) présente une séquelle à la doctrine de Monroe" en affirmant le droit des Etats-Unis à s'impliquer directement dans les affaires Latino-américaine. Entre 1898 et 1920, les marines américains interviennent vingt fois, évincent l'Espagne de Cuba et des Philippines et prennent le contrôle de Panamá. Le canal, franchi pour la première fois en 1914, accentue la centralité géoéconomique des Etats-Unis grâce à leur deux façades océaniques. Au cœur de leur puissance se trouvent les marines marchande et militaire, les américains faisant de la liberté des mers un des principes fondamentaux de leur politique étrangère. Leur entrée en guerre en 1917 renverse un ordre séculaire; désormais, se sont les Etats-Unis qui vont en Europe afin de définir les règles du jeu international. En menant une guerre sous-marine à outrance dans l'Atlantique, l'Allemagne oblige les Etats-Unis à prendre parti. En 1917, les Etats-Unis passent du statut de débiteurs à celui de créanciers nets, ce qui annonce une concurrence ainsi présentée par Woodrow Wilson ( 1856-1924 ). Ce dernier incarne une diplomatie morale reposant sur des principes universels de paix et de justice, Ses "14" point, exposés lors de la conférence de Paris, méritent une attention particulière dans la mesure où ils ponctuent la diplomatie américaine pendant plusieurs décennies. Retenons les cinq principes généraux : diplomatie ouverte par opposition à la diplomatie secrète, liberté absolue de navigation, suppression des barrières commerciales, réduction des armements et réponse aux revendications coloniales. De quoi perturber les pratiques diplomatiques des puissances européennes, qui n'entendent pas encore renoncer à leurs colonies. Un autre élément, bien moins visible, mérite aussi attention : l'entrée en guerre favorise l'apparition des militaires dans l'appareil politique américain, formant l'embryon d'un complexe militaro-industriel, qui ne cessera de se développer. Grace au dollar, les américains encouragent les entreprises à investir massivement à l'étranger : sur le Vieux Continent, elles diversifient leurs activités et dominent certains secteurs d'activités; en Asie, elles s'implantent en Chine sans contrainte et nouent des partenaires avec le gouvernement japonais; en Amérique Latine, elle dirigent directement la politique financière des principaux pays; au Moyen-Orient, elles ouvrent des zones d'exploration pétrolière, jalousement gardées par Londres et Paris. En 1929, les Etats-Unis assurent 40%  de la production industrielle mondiale et détiennent" 50% des réserves mondiales d'or." A la différence de l'aprés-Premiére Guerre mondiale, les américains deviennent, tout de suite, " le premier citoyen" de cet ordre, exerçant un fort leadership en défendant leurs alliés, en assurant la stabilité économique et en promouvant les valeurs du ( monde libre ) par opposition au bloc communiste. C'est dans le domaine de la sécurité que le changement de pied des Etats-Unis est le plus visible avec la création d'un réseau d'alliances sur quatre continents : Le traité de Rio avec vingt pays d'Amérique du Sud ( 1947); le traité de l'Atlantique nord ( 1949); les traités avec le Japon, les Philippines, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ( 1951) et le Corée du Sud ( 1953); le traité de l'Asie du Sud-Est ( 1954) et le traité de défense mutuelle avec Taïwan ( 1954). A cela s'ajoute, un partenariat avec l'Arabie Saoudite qui autorise l'accès aux ressources pétrolières contre une garantie de sécurité accordée a la monarchie. Parallèlement, les Etats-Unis entretiennent des liens solides avec Israël en lui apportant aussi des garanties de sécurité dans le cadre d'une coopération approfondie, depuis ca création par le président Harry S. Truman et Staline. 



Enfin, le déclin de l'empire américain dans un monde multipolaire, les Etats-Unis sont soumis à plusieurs gluaux : une désindustrialisation liée à la mondialisation, une violente accentuation des inégalités sociales, une forte dépendance aux capitaux étrangers, un niveau élevé d'endettement, une montée en puissance de la Chine et une érosion du systeme dollar. 

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA


N.B 

Les chiffres ne manquent pas pour illustrer la vigueur économique des Etats-Unis dont le RNB " revenu national brut" s'élevait à 18 968 milliards de dollars en 2016 et à 58 700 dollars par habitant. Avec une population de 326 millions d'habitants, Il considèrent que leur conception du droit, en raison de ses principes fondateurs comme de la réalité des affaires, a une valeur supérieure aux législation nationales et au " droit international". Autre point primordial, l'utilisation délibérée de certains pans extraterritoriaux de leur législation justifie une forte mobilisation des services secrets a travers le monde. 

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