GEOPOLITIQUE / LES JACTANCES DES REGIONS
Echallon intermédiaire entre le local et le national mais aussi entre le national et le global, " la région" reste une notion sibylline sur l'échiquier géopolitique. Sont intromission peut parachever à des conflits sempiternels. Elle peut aussi être un espace géographique où contribuent plusieurs États. Ont également la définir comme la composante d'un État qui reconnait sa spécificité historique culturelle, Linguistique ou ethnique et lui délègue certains pouvoirs.
La région est un entre-deux car les États demeurent pour l'essentiel les dépositaires de la souveraineté. Ils doivent cependant de plus en plus faire face à des forces centrifuges dont, justement, les régions sont l'expression. Ils sont aussi contraints de se regrouper des ensembles régionaux parfois plus vastes, comme l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, l'Organisation des Etats américains, l'Union africaine etc. L'Union européenne incarne à cet égard le processus le plus abouti en devenant une véritable union politique. Les 242 régions de l'Union la plus logeable au nord de la Finlande, la plus petite à Ceuta et Melilla, enclave espagnole en terre Marocaine, recouvrent des réalités très inassimilables. A Bruxelles," l'État libre de Bavière" proclamé en 1918, qui conserve son nom même depuis son indépendance dans le III Reich depuis dans la RFA, possède sa représentation dans un bâtiment plus flamboyant que celui d'un ministère. Dans un État fédéral comme l'Allemagne, chaque " Land" dispose de son ministre-président, de son gouvernement, de son parlement ainsi que de très larges pouvoirs, notamment en matière de santé ou d'éducation. En Italie, même si le processus de décentralisation fut tardif, les régions ont de larges pouvoirs, comme la Sardaigne, la Sicile, le Val d'Aoste, le Haut Adige, bénéficient d'un large statut d'autonomie qui reconnait leur spécificité culturelle et Linguistique. Après la fin de la dictature de Franco, l'Espagne a reconnu la diversité de ses langues, notamment l'espagnol, le basque, créant des régions disposant de très vastes compétences qui sont des quasi États. Le Royaume-Unis a accordé une dévolution à l'Ecosse, au pays de Galles et à l'Irlande. Parmi les grands États de l'Union, la France jacobine et centralisée reste en la matière la plus pusillanime. Elle n'a vraiment commencé son processus de régionalisation qu'en 1982. De superficie limitée, sans véritables pouvoirs et parfois très artificielles dans leur découpage, les régions restent des actrices secondaires malgré la réforme de 2016 qui limita leur nombre à dix-huit dont treize métropolitaines afin de leur permettre de mieux peser au niveau national comme en Europe. En effet, l'Union européenne accorde de plus en plus d'importance aux régions qui n'hésitent pas à établir des liens transnationaux. Bruxelles encourage la création de plusieurs eurorégions dont la plus ancienne et le "SaarLorLux, Sarre, lorraine, Luxembourg " avec des ramifications en Wallonie et en Rhénanie. La globalisation et l'ouverture des frontières incitent, dans un mouvement naturel de balancier, à chercher aussi un enracinement plus local. Il y a encore vingt ans, l'idée d'englober les océans Indien et Pacifique dans une même entité spatiale aurait semblé saugrenue, si elle reste encore assez floué, la notion d'Indopacifique a depuis fait florés aussi bien Etats-Unis qu'au Japon, en Inde et en Australie puis en France. Face à la montée en puissance de la Chine. C'est vrai en mer de Chine, ou Pékin veut éloigner le plus possible les américains des côtes chinoises, comme dans la Pacifique et l'océan Indien, dont la Chine n'est pourtant pas limitrophe.
Ce vaste espace maritime qui s'étire entre la côte orientale de l'Inde et le Japon, englobant tout ou partie de l'océan Indien et du Pacifique et même jusqu'au golfe Persique dans la vision française, est devenu le cœur géopolitique mais aussi productif du globe, générant quelque 60% du PIB mondial.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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