mardi 2 juillet 2019

GÉOPOLITIQUE/ L'AVENTURISME MILITAIRE RUSSO-ÉGYPTIEN AU SOUDAN, AU SAHEL, ET EN LIBYE



Les relations entre l’Egypte et la Russie post soviétique connaissent un essor sans précédent depuis une décennie et surtout après le renversement du président Mohammed Morsi. Ce rapprochement repose sur des enjeux stratégiques concernant les conflits en Afrique et à la fois, un  bilan prometteur en matière de coopération militaire en Libye, au Soudan et même au Sahel. Si ce renouveau dispose d’un fort potentiel, ce partenariat pourrait ouvrir de nouveaux horizons à l’influence Russe en Afrique du Nord, de l’Est, de l’Ouest et au Sahel, défiant ainsi la France, les Etats-Unis et leurs alliés sur ce continent.  

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Au début de l’année 2011, le Kremlin établissait des contacts avec les Frères musulmans à la faveur de l’élection, en juin 2012, de Mohammed Morsi au poste de président. Agissant plus par opportunisme pour un courant politique islamiste dont l’accession au pouvoir avait été soutenue par les Etats-Unis, Moscou répondait avec prudence aux signaux d’ouverture que lui donnaient les militaires égyptiens, désireuses d’équilibrer leur indispensable alliance avec Washington. Le coup d’Etat du 3 juillet a changé la donne et fait émerger un nouveau pharaon d’Egypte (al-Sissi) chapeauté par l’Arabie-Saoudite, les Emirats Arabes-Unie, la Russie, la France  la Grande Bretagne, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’IRAN et l’Irak. Son ascension était surveillée d’un œil bienveillant en Russie, ou l’on pariait sur sa victoire à l’élection présidentielle de mai 2014. En ce sens, la visite à Moscou en 2014, alors ministre de la défense, et sa rencontre avec Poutine lui ont apporté une envergure internationale nécessaire au soutien de sa candidature à la fonction suprême.

L’EGYPTE : UN PIVOT STRATÉGIQUE DU MONDE ARABE

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Le partenariat en plein renouveau repose en premier lieu sur une convergence de fond entre Russes et Égyptiens dans la lecture de l’affrontement idéologico-religieux qui caractérise le Moyen-Orient depuis l’éclatement des printemps arabes. Les deux pays, considèrent que ces contestations populaires ont jusqu’à présent profité avant tout aux forces islamistes politiques et radicales que le Caire et Moscou affirment combattre dans la mesure où elles représentent des menaces pour leur stabilité.  Les deux pays, qui entretienne chacun pour des raisons spécifiques un rapport conflictuel avec Washington, accusent l’Occident de complaisance vis-à-vis des organisations islamistes, notamment les Frères musulmans et les groupes d’opposition en Syrie. Par ailleurs, le régime Stalinien d’Al-Sissi ne fait plus confiance aux Etats-Unis en raison de leur soutien aux Frères musulmans puis du gel de l’assistance militaire et financière américaine apportée à la suite du coup d’Etat de juillet 2013. Le retournement américain contraste avec la constance et la détermination affichées par la Russie dans son appui au régime de Damas depuis 2011, ce qui renforce notamment auprès du régime égyptien l’image de partenariat fiable de Moscou ; un partenaire qui, de surcroît, ne s’ingère plus dans ses affaires internes.

UNE COOPÉRATION MILITARO-TECHNIQUE RETROUVÉE

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Depuis l’assassinat du président Mohammed Morsi, le Caire cherche à diversifier ses partenariats stratégiques en matière d’armements ; des achats que le pays peut s’autoriser grâce à la générosité de ses bailleurs de fonds du Golfe (l’Arabie-Saoudite, les Emirats, le Koweït et le Bahreïn). L’Egypte a ainsi conclu des contrats avec l’Allemagne (quatre sous-marins Type 209, la France quatre frégates Gowind et 24 chasseurs Rafale et la Chine des drones). En 2006, Russes et Égyptiens avaient signé un contrat d’un montant de 1,5 milliard de dollars portant sur la livraison de chasseurs MiG-29SE sans oublier la signature du contrat portant sur la centrale nucléaire de « Dabaa ». En 2013, ils se sont rencontrés dans le cadre de réunion entre les ministres des affaires étrangères et de la Défense des deux pays. Lors de ces entretiens, un contrat d’un montant de 3 milliards de dollars a été signé pour l’achat par le Caire de 24MIG-29M/M2, de 12 hélicoptères d’attaques Mi-35M, d’une batterie de défense côtière K300P Bastion et d’un système  de défense antiaérienne Tor-2ME. Ce marché a inclus également la livraison de missiles antichars Kornet et d’hélicoptères de transport Mi-8/17.  L’Egypte est le pays arabe avec lequel la Russie entretient la relation la plus dense. Comme ce fut le cas en Irak, celle-ci est parvenue à prendre pied à la faveur du déclin relatif de l’influence américaine au Moyen-Orient et de la recomposition géopolitique de la région qui s’est ensuivie. La dynamique positive sur laquelle repose la relation russo-égyptienne pourrait faire du Caire un candidat idéal pour l’hégémonie russe en Libye, au Soudan, en Algérie, au Mali, au  et surtout au Sahel, mettant ainsi la France en alerte permanente.  

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En somme, la situation en Afrique a justifié une restructuration de la posture militaire Française, un déploiement important de troupes américaines et Européennes et bientôt la présence Russe avec les forces militaires Égyptiennes, dont la stratégie devrait d’abord commencer par l’invasion du Soudan, puis le Libye, et ensuite le Mali et le Sahel. Cette région reste tributaire d’un conflit mouvant entre rupture et continuité, entre adaptation et compétition face aux intérêts des puissances, l’architecture géopolitique et géostratégique Africaine rentre dans un nouvel ordre mondial hégémonique.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA   


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