Bien que
le conflit Libyen soit souvent dessiné comme une lutte Est-Ouest, entre d’un
coté le dictateur Haftar et l’armée nationale Libyenne (ANL), qui contrôle une
grande partie de la Cyrénaïque, et de l’autre,
le gouvernement d’union national, seul autorité reconnue par la communauté
internationale qui gouverne la Tripolitaine, la situation sur le terrain est
plus complexe. En réalité, une grande partie du territoire échappe au contrôle des
deux protagonistes, incluant même le criminel de guerre Kalifa Haftar.
Si on y
ajoute l’interventionnisme constant des puissances étrangères (Egypte, France, Italie,
EAU, RUSSIE, Emirats-arabes-Unis et le Qatar) dans les affaires internes de la
Libye, et a fortiori, le télescopage des agendas politiques, une sortie de
crise imminente parait difficilement envisageable. Dans le magma des crises et
des violences, au Sud-ouest, la politique d’externalisation des frontières
menée par l’UE a reconfiguré l’échiquier des acteurs de la frontière Sud. Par
sa volonté de réduire les flux migratoires qui arrivent en Europe par la route
centrale Libyenne, l’UE a contribué à l’émergence d’une industrie de milices de
lutte contre le trafic de migrants. Ceci alimente une forme de milicisation des frontières, touchant ainsi l’Algérie,
la Tunisie, le Tchad, le Maroc la
Mauritanie et le Sahel. Gérées par des groupes Toubous, comme Soqor al- Sahara
ou Saboul al-Salam. Or, ces groupes sont infiltrés par les services Emiratis, Égyptiens et Saoudiens et sont accusés d’être impliqués dans divers activités de crime organisé
(drogue, trafic d’être humain, et surtout le passage des armes légères en
Algérie, la Tunisie et le Tchad). Corollaire de l’effondrement de l’Etat, le
conflit Libyen a alimenté la résurgence d’anciennes divisions territoriales
précoloniales et la fragmentation de la gouvernance à l’échelle de
micro-territoires.
Cette hyper -fragmentation politique, sécuritaire, et économique
est certainement le marqueur le plus tangible de la crise actuelle, sans
toutefois perdre de vue les velléités nationales ou internationales qui en
découlent. Pour les pays voisins, (déjà cités), il est difficile de ne pas se
rendre à l’évidence que la Libye est embourbée dans un conflit très complexe,
morcelé, et qui peut a tout moment se propager aux Etats voisins.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire