samedi 9 janvier 2021

 GÉOPOLITIQUE/ GÉOSTRATÉGIE : 

ISRAËL EST SON ARSENAL NUCLÉAIRE  

Si les Israéliens  jugent incontournable leur programme nucléaire afin de garantir leur existence face à des pays qui en contestent la légitimité historique, sa réalité n’est pas reconnue officiellement, ce qui permet aux autres Etats de la région de le vilipender selon les circonstances. Dans un contexte géopolitique riche en tensions du Proche-Orient,  le nucléaire Israélien reste perçu comme  une arme redoutable existentielle.


De part son histoire et sa mission géopolitique et géostratégique, il a fait l’objet de révélations et de publications qui permettent de lever progressivement le voile qui l’entoure. Néanmoins, les documents en sources ouvertes laissent nombre d’inconnues, et la plupart des estimations sur les capacités nucléaires du pays ne sont à ce jour pas confirmées. Au fil de l’existence de l’Etat Hébreu, la naissance du programme nucléaire est quasi consubstantielle  à la fondation même d’Israël. Au début, le projet a été porté dés l’origine par David Ben Gourion, qui s’est convaincu à titre personnel des bénéfices de l’atome, tout en se détournant des Etats-Unis et le général de Gaulle. Entouré du physicien «  Ernst David Bergmann », le programme est lancé dés le début des années 1950. Avec la création de la Commission israélienne de l’énergie atomique de l’institut « Weizmann » en 1952 et la participation d’Israël au programme « Atoms for Peace en 1955 », Ben Gourion choisit d’envoyer Shimon Peres à Paris afin de négocier une coopération scientifique qui sera très fructueuse. Les deux pays travailleront ensemble sur les sites Français de Marcoule et Saclay entre 1956 et 1957, échangeant leurs connaissances lors des prémices des deux programmes militaires. A partir de 1958, la France accepte de participer secrètement à la construction d’un réacteur nucléaire sur le site « Dimona ». L’arrivée au pouvoir du général de Gaulle met un terme au fort lien de coopération entre ingénieurs et scientifiques français et israéliens. Israël est alors poussé à révéler l’existence du réacteur et choisit de rassurer la communauté internationale sur les intentions pacifiques du programme. Israël, doit satisfaire la curiosité de Washington qui prend conscience des risques de la prolifération nucléaire et exclut toute tentative visant une course à la bombe notamment au Moyen-Orient. Tel Aviv finalise sa première arme vers 1967, à l’aube de la guerre des Six jours. Selon certaines sources déjà publié, les scientifiques israéliens auraient bénéficié des données issues des essais français conduits en Algérie afin de mettre en place la structure de cette première arme. Durant cette date, une rencontre entre Golda Meir et Richard Nixon aurait permis de conclure un « modus vivendi » : Israël préservera sa capacité nucléaire secrète et ne procéderait pas à un essai, en échange, les Etats-Unis cesseraient de faire pression pour que l’Etat Hébreu rejoigne le TNP et renonceraient à mentionner le sujet. Deux événements vont remettre la question au cœur de l’actualité juste après cette date. En 1973, alors que l’armée israélienne subit des pertes importantes lors de la guerre du Kippour, le général Dayan suggère de mettre les forces nucléaires en alerte, une option fermement rejetée par Golda Meir, comme on le sait maintenant. Six ans plus tard, une controverse jamais élucidée est déclenchée par la perception du satellite américain « Vela 6911 » de deux flashs au-dessus de l’océan Indien, lumière attribuée par certains à un essai nucléaire israélien opéré en coopération avec l’Afrique du Sud.

L’ART DE L’AMBIGUITE ET DISSUASION

Jusqu'à nos jours, Israël ne reconnaissant pas l’existence de ses capacités nucléaires. A priori, il n’existe aucune confirmation en sources ouvertes sur la composition de son arsenal. Des estimations américaines récentes sont plus modestes et font état de 60 à 80 armes, ce qui semble plus probable et classerait l’arsenal israélien à l’avant-dernier rang mondial en termes quantitatifs, devant la Corée du Nord. Selon certains experts, supposent que le F-16 voir F-15 dont dispose l’armée de l’air israélienne peut emporter des engins nucléaires. Mais aucune information sur l’éventuelle capacité nucléaire des F-35 qui équipent des escadrons du pays depuis 2017 ne circule, mais il est certain que les Etats-Unis n’ont pas transféré  les éléments américains, avionique, électronique spécifiques permettant l’emport d’armes. Certains médias, évoque toutefois que la capacité dissuasive israélienne repose désormais davantage sur les missiles, notamment les engins sol-sol Jéricho (programme ayant également bénéficié aux origines, dit-on, d’une expertise française). Selon toujours les mêmes sources, depuis 1998, la possibilité que les sous-marins Dauphin achetés à l’Allemagne puissent porter des missiles nucléaires, provenant soit de la modification de missiles de croisière conventionnels achetés aux Etats-Unis soit d’une production locale. Encore une fois, rien ne prouve cette mission, mais les déclarations des leaders israéliens sur le rôle essentiel des sous-marins afin de garantir la survie du pays semblent l’accréditer et les dirigeants Allemands successifs semblent avoir été conscients des conséquences possibles des transferts.

  DOCTRINE D’OPACITE, MONARCHIES DU GOLFE ET LE NUCLÉAIRE IRANIEN

L’Etat Hébreu reste soumis à un impératif de prudence, car il ne souhaite pas entrer dans des relations de parité nucléaire avec ses voisins du Golfe ; afin d’éviter que certains d’entre eux se lancent dans l’aventure nucléaire. Pour ce faire, il doit articuler diplomatie, actions préventives mais aussi retenue dans le maniement de ses propres capacités. Le discours politique à Tel- Aviv consiste complètement le sujet, qui reste secret d’Etat protégé par la censure militaire. Pour autant, les fuites et révélations dans la presse depuis les années 1960 permettent de crédibiliser la dissuasion du pays. De fait, il bénéficie de facto d’une dissuasion nucléaire établie sans assumer les coûts politiques associés au fait d’être une puissance nucléaire déclarée. Depuis les relations diplomatiques avec les monarchies du Golfe, y compris le Maroc, l’Egypte,  la Jordanie et autres, beaucoup sont convaincus que la situation a un rôle stabilisateur qui permet de pacifier les relations entre de nombreux pays. Mais la réalité est tout autre : d’abord, la crainte qu’il conduise à une cascade de prolifération au Moyen-Orient et l’Egypte ne semble pas s’être vérifiée aujourd’hui, aucun programme nucléaire ne parait suspect.  Les nouvelles relations avec les monarchies du Golfe imposés par Donald Trump, servent de bouclier nucléaire Israélien  aux tentatives éventuelles de Téhéran de revenir sur ses engagements tout en imposant un équilibre de force entre les Mollahs et Tel Aviv. En se sens, Donald Trump, est accusé de faire du deux poids deux mesures, notamment par la Russie, la Chine, la France, l’Allemagne et la Grande Bretagne. Ces manœuvres,  se répercutent sur certaines initiatives, telles que le projet de zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient dont l’échec tend à scléroser l’ensemble du régime de non-prolifération. Bien que le sujet demeure largement au second plan des considérations géopolitiques nationales, régionales et internationales, certaines voix s’élèvent pour indiquer qu’il est peut être temps d’aller vers la transparence et d’abandonner la politique d’opacité. Il s’agitait au fait d’espérer une acceptation progressive dans l’ordre nucléaire mondial grâce à une ouverture de la composante civil du programme aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Néanmoins,  il faut tenir compte, que face à la menace nucléaire iranienne, l’éventualité d’une attaque israélienne s’est posée à de nombreuses reprises. Mais ce n’est pas un hasard si elle n’a pas eu lieu. Le doute existe quand à la capacité de l’armée de l’aire de détruire en une frappe unique les installations nucléaires iraniennes et venir à bout de la protection de béton qui les protège. Elle dispose de 25 avions de chasse F-15E et de 65 chasseurs-bombardiers F-16 IC et d’un nombre important de ravitailleurs. Même si cette flottille était complétée par les très coûteux avions furtifs F35, elle n’est pas estimée suffisante. L’offensive pourrait requérir plusieurs passages successifs, étalés sur plusieurs jours et mettant en danger la vie des civils en grand nombre dans des sites comme celui d’Ispahan, entouré d’habitations, n’est pas négligeable et donne donc à réfléchir face à l’opinion international. La crainte majeur est qu’une offensive qui laisserait une partie des sites nucléaires intacts permettrait à l’Iran de montrer ça capacité nucléaire n’a été que partiellement ou marginalement endommagée, la retardant simplement de quelques années. Dans le meilleur des cas, Israël gagnerait un répit de quelques années tout en faisant face à des opérations de rétorsion de la part de l’Iran et de son allié, le Hezbollah. Alors que certains s’interrogent sur la sincérité du sentiment de vulnérabilité et de persécution à l’origine de la doctrine d’opacité, tout dialogue sur les armements reste illusoire.

 

En claire, la doctrine d’opacité devrait rester le choix préférentiel d’Israël qui estime que ses exigences de sécurité multilatéraux ne peuvent être des garanties suffisantes de sa survie. En plus les Israéliens, dans leur grande majorité, dont comme s’ils devaient vivre éternellement par l’épée, ne croyant plus a aucun éventuel processus de paix et de stabilité régionale         

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

 

 

 

 

 

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