jeudi 29 décembre 2022

 LES BLOCKCHAINS / DU DARWINISME MONÉTAIRE A LA RECONSTRUCTION DES NATIONS

Avant même 2040, la « Zéro cash économy » ou économie sans liquide devrait rapidement devenir une réalité, sous le poids du développement des paiements sans contrats et des monnaies virtuelles. En claire, l’indépendance politique et économique de tout pouvoir centraliser, signant alors ( la fin de l’argent liquide.) Le blockchain avec le bitcoin est conçue comme une solution technologique destinée à se passer d’un tiers de confiance : les banques en premiers lieu, puis, avec l’arrivée des contrats intelligents, les cours de justice et les administrations. Ainsi, les gouvernements et les armées du monde entier s’impliquent de plus en plus à la blockchain. 
Non pas du poids des cryptomonnaies pour passer des contrats souterrains, mais par les potentialités offertes par les contrats intelligents qu’on peut lui greffer. En effet, le blockchain est un lieu d’échanges économiques où tous les membres du réseau sont témoins, et où des écheveaux complexes de contrats interdépendants peuvent se déclencher automatiquement lorsque le fait qu’elle permettrait de sécuriser des chaînes de commandements, notamment pour le lancement de missiles, elle permettrait également, dans n’importe quelle administration publique, de gérer simplement la comptabilité. L’infalsifiabilité des données enregistrées sur la blockchain étant la clef qui permet de se passer d’un tiers de confiance, les blockchains constituent des petites bulles indépendantes, pouvant définir leurs propres règles, sans besoin d’un géant du web pour assurer leur survie. Elles seront le lieu idéal pour la définition d’une nation. Paradoxalement, la blockchain est regardée par les libertariens comme la technologie qui fera disparaître les gouvernements en place, ennemis désignés de le futur monde blockchain. Si les technologies horizontales privaient les États de leur pouvoir en pratique, si les cryptomonnaies signaient la fin des banques centrales et des gouvernements financés par l’impôt auquel échappent les cryptomonnaies, alors à la manière d’un démon usurpant ce qu’il ne peut détruire, les gouvernements tenteraient de reprendre le cours des événements en mettant la main sur la technologie de blockchains.

LES ÉTATS- BLOCKCHAINS


Dans un futur proche, le blockchains pourraient redéfinir le concept de nation, où chaque blockchain incarnerait un contrat social, librement consenti, traité comme un produit commercial. Actuellement, alors que des diasporas sont dispersées dans le monde entier, associer une nation à une terre et une terre à une nation est de moins en moins pertinent. L'autodétermination des peuples, elles, n’a plus de sens lorsque des terres ont subit des purifications ethniques et des exodes massifs. Essentiellement libertariennes, les blockchains permettent les tiers de confiance étant remplacé par le témoignage de la toile d’implémenter en pratique l’auto-détermination à l’échelle individuelle. Plus besoin de banques, ni d’un bureau des brevets, ni d’une société des gens de lettres. Seule, une assemblée de témoins numériques remplira ce rôle. La blockchain, en redéfinissant une notion non territoriale de la blockchain qui centralisera les activités économiques inaccessibles à la nation territoriale et culturelles, sera la blockchain des diasporas. La technologie des blockchains nous permettrait en effet de bâtir une société où la majorité n’est plus un tyran. A chaque blockchain, une nation, et à chaque nation une constitution, un code civil ou une « common Law », une cour. En cas de litige entre des personnes de nations-blockchains différentes, une cour tierce prédéfinie jugerait le cas. Se mettrait en place tout un écosystème de blockchains communicantes de nations avec des nations tierces afin de régler les litiges, lesquelles seront sécrétées automatiquement, en remontant les mailles des contrats jusqu’à un arbitre. L’un des précurseur de cette économie futuriste et Milton Friedman qui a préparé les consciences à concevoir les notions d’espace et de frontière de façon plus abstraite. Selon lui, avec le contrat intelligent greffé sur le blockchain, des sanctions et facturations complexes deviennent possibles. Les considérations morales ou économiques font l’objet de contrats prédéfinis par les parties en jeu et, si elles n’ont pas directement négocié le cas, ou si ces contrats sont affiliés à des contrats sociaux différents, la toile des affiliations remontera automatiquement de fil en aiguille jusqu’à un tiers pour juger l’affaire. On prolonge ici les tribunaux d’arbitrage décentralisés, qui opèrent dans le monde des cryptomonnaies (Kleros), prolongent l’incapacité légale ou la délicatesse diplomatique à laquelle les États peuvent être exposés de juger un contentieux entre multinationales. Les États seraient donc mêlées sur toute la terre, et chacune redéfinirait son espace de privauté sociale sur les critères plus fins que la seule géographie. A chaque blockchain, un État, à chaque État, un contrat social. La seule méta-norme qui sera validée, imposée par construction, est le consentement libre de tout citoyen à un contrat social. Ce monde de nations-blockchains se construit sans le concours des gouvernements, comme un fait accompli. Elle ne nécessite aucune planification; l’intérêt à la collaboration pour la gestion des espaces privés mis à disposition du public, des ressources et des externalités entre voisins, tissera une toile où les intérêts mutuels seront protégés par des mises en gages garantissant mutuellement des citoyens qui s’exercent de toute expropriation. Ces engagements mutuels, comme le partage des pertes, seront exécutés par des contrats intelligents.

LA DÉFENSE DANS LES ÉTATS APATHIQUE

La transition vers les nations-blockchains a déjà commencé, et la défense doit commencer à s’organiser pour suivre la nation sur le support où celle-ci s’exporte. Personne n’a besoin des États pour consentir à la venue d’un monde qui se bâtit de manière autonome et dont l’économie marche aux cryptomonnaies. A mesure que les activités économiques se font de plus en plus numériques, comment forcer des échanges à se faire en monnaie étatique? Inaccessible aux États, incontrôlable, classée ( économie informelle), cette crypto-économie aspire les ressources humaines et naturelles. Mais devant le fait accompli, les gouvernements du monde entier seraient obligés de coopérer avec cet univers parallèle, puisqu’un État ne subsiste qu’irrigué du sang de l’impôt, et qu’une économie s’exportant sur les blockchains y échapperait. Dans cette transformation de fait, qu’il s’agirait pour la France de na pas ignorer, tout demeure, rien ne se traduit, tout s’estompe et se vide de sa consistance et laisse place à la nouveauté radicale. La défense devra regarder avec courage cette fuite comme une occasion de se mettre en relation directe avec les citoyens, et ne pas laisser le monde des blockchains s’organiser sans la nation française, telle qu’elle existe encore aujourd’hui. La défense se mettra en rapport avec la ou les nations-blockchains, non seulement à titre technologique, pour lancer des appels d’offres avec des industriels, mais surtout pour être en mesure de réagir rapidement à un coup d’État. En ce sens, il s’agit de cloner les organigrammes de la défense sur la blockchain afin que, en cas de renversement de la Constitution, on puisse basculer toute l’institution de la défense sur la blockchain et restreindre la nation aux citoyens qui y sont inscrits. Ce plan, prédéfini, serait automatiquement exécuté en cas de renversement de la Constitution, ou bien sera soumis au vote des citoyens de la blockchain qui jugeront le contrat social de la nation a été violé. Tout l’équipement de l’armée sera crypté, ce qui empêchera le régime illégitime de l’utiliser. Ce plan d’urgence sera conçu comme temporaire ou non, mais il aura le mérite de remettre les commandes de la nation à des citoyens qui, ayant prouvé leur attachement à la nation, seront en mesure de la sauvegarder tout le temps qu’il sera nécessaire. Cette blockchain sera possiblement animée par sa propre cryptomonnaie, pour se garantir autant qu’il se peut d’une guerre économique; cette cryptomonnaie sera indexée sur l’euro tout le temps que le plan de bascule n’aura pas été déclenché. Ce plan, conçu comme un plan d’urgence préalablement validé par nos institutions actuelles, conçu pour geler tout abus de nos forces armées par un pouvoir probablement illégitime, n’engage d’ailleurs à rien et serait fort peu coûteux à concevoir. Enfin, que tout soit privé n’empêche pas des propriétaires de reconstituer des espaces de circulation publics. 


La reconstitution d’un espace public devient alors un business comme un autre, géré par des contrats intelligents débitant automatiquement les passagers. Les nations géographiques ne disparaîtraient pas complètement, mais elles se reformeraient par bulles locales, à l’échelle de villages, de sorte que le globe ressemblerait de plus en plus à une mosaïque finement découpée, ou bien, dans le cas des petites nations parmi les grandes, une sorte de colloïde.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

NB

Apparue en 2008, la blackchain permet en premier lieu le stockage et la transmission d'information entre utilisateurs indépendamment de tout contrôle central. Rapidement, émergent le Bitcoin en 2009 puis l'Ethereum en 2015, deux pionniers des blockchains et cryptomonnaies. Après une vague de démocratisation et selon une enquête, 8% des Français possèdent à présent des actifs numériques. Face à cet essor, l'UE adopte en 2022 deux règlements ( TFR et MiCA) avec un double objectif : protéger les utilisateurs et construire un cadre juridique jusque-là inexistant. En Chine, pour développer l'utilisation de cette monnaie, une expérimentation à grande échelle a été réalisée dans quatre villes chinoises depuis 2022. Après des résultats satisfaisants, la China Construction Bank et la Bank of Communications proposent depuis peu à leur clientèle d'avoir recours au e-CNY afin d'acheter des fonds d'investissement ou des produits d'assurance. 










































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