LES ENJEUX FUTURISTES DE LA BIOTECHNOLOGIE
La biotechnologie est route pour un futur incertain. Elle désigne l’application de la science et de la technologie à des organismes vivants, de même qu’à leurs composants, produits et modélisation, pour modifier des matériaux vivants ou non vivants aux fins de la production de connaissances, de biens et de sévices. Des découvertes majeures comme la structure en double hélice de l’ADN, en 1953, suivie de la révolution du génie génétique dans les années 1970 ont permis l’événement des biotechnologies modernes.
En 2012, le présentation de CRISPR-Cas9, véritable ciseaux à ADN, a changé le donne en matière d’édition du (génome), démultipliant le champ des possibles et les limites de l’homme, laissant des incertitudes atrabilaire sur notre ADN et les manipulations qui en découlent. Avec des applications dans des domaines aussi variés que la santé, l’agroalimentaire ou l’énergie, les biotechnologies peuvent contribuer à répondre aux grands défis contemporains tels que la raréfaction des ressources naturelles, les effets du changement climatique, le vieillissement des populations ou les risques liés à l’ émergence de maladies infectieuses, mais à quel pris et à quel considérations éthiques ? Déjà, en 1998, Jeremy Rifkin, essayiste américain spécialiste de prospective, expliquait dans son ouvrage « le siècle biotech », que le XXI siècle serait celui de l’ingénierie génétique et des biotechnologies. Représentant un risque potentiel d’innovation, elles font ainsi partie des technologies futuristes émergentes susceptibles d’avoir un impact économique, social et politique durable. Sources à la fois de gageure et d’opportunités, elles contribuent par ailleurs à l’évolution de l’environnement globale de sécurité et font partie surtout des technologies présentant un intérêt capital pour le défense.
FAUT-IL CRAINDRE LA BIOTECHNOLOGIE ?
Entre technologies et limites, les biotechnologies sont désormais de plus en plus utilisées dans les domaines médical, agricole et industriel, mais leur champ d’application potentielles devra augmenter d’ici 2040-2060. Elles s’étendraient dans le domaine de production de techniques diagnostiques et de traitements innovants ( produit de thérapie génétique ou cellulaire), de biopesticides, de plastiques ou encore de biocarburants. Les progrès dans d’autres domaines émergents comme l’intelligence artificielle et le Big Data contribuent également au développement de ce potentiel ( e.g. conception de nouveaux matériaux, réduction des délais et coûts de développement de médicaments, mise au point de traitements individualisés). Si l’essor des biotechnologies s’accompagne d’enjeux socio-économique comme la question de l’accès équitable aux bénéfices, quel sera l’enjeu éthiques, juridiques et sécuritaires ? Cet immense potentiel doit inévitablement occulter les risques et menaces, de l’accident de laboratoire au détournement à des fins malveillants, en passant par par les conséquences imprévues de la recherche et les dérives éthiques. Le transfert de gènes chez des moustiques par forçage génétique à des fins de lutte antivectorielle soulève déjà la question du risque de transfert à d’autres espèces et de l’impact sur la biodiversité. Au delà des controverses éthiques et religieuses à propos des recherches sur les cellules souches embryonnaires et les modifications génétiques transmissibles à la descendance, l’annonce de la naissance en Chine en 2018, de bébés à partir d’embryons modifiés par CRISPR-Cas9 quant à elle aussi été condamnée en raison d’une sécurité d’utilisation de la technique insuffisamment maîtrisée à ce stade, avec en particulier un risque de mutation hors cibles qui pourraient modifier l’expression d’autres gènes. Dans ce domaine hautement sensible, le développement et la diffusion des applications doivent faire l’objet d’un processus d’évaluation et de prévention des risques sanitaires et environnementaux rigoureux, notamment ceux liés à la construction d’organismes génétiquement modifiés et à l’utilisation de bioréacteurs permettant de produire des microorganismes. Un autre enjeu de taille, celle de la prévention des menaces qui repose sur la mise en œuvre de mesures complémentaires comme la sensibilisation des acteurs, la sécurisation des installations et la traçabilité des opérations, le contrôle des exportations des biens tangibles et intangibles à double usage ou encore la pénalisation des infractions.
LA COURSE AUX COMPÉTITION ENTRE LES PUISSANCES
Les politiques d’investissements en faveur des biotechnologies et de la bioéconomie mises en place par les grandes puissances traduisent l’importance accordée à ce secteur pour relever les défis futurs, y compris ceux liés à la problématique de l’indépendance industrielle. Les crises récentes ont en effet brutalement mis en lumière les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnements notamment les matières premières et produits de santé, gaz et pétrole. Les États-Unis, en pointe dans ce domaine, sont confrontés à une diminution des capacités de fabrication des technologies avancées issues des biotechnologies, et sont tributaires des importations des matières premières à cette fabrication. Développement de la biotechnologie industrielle, production biopharmaceutique ou encore fabrication à grande échelle de tissus artificiels et recherche en médecine régénératrice font partie des axes développés au sein de ( Manufacturing USA), un réseau d’instituts mis en place en 2014 afin de garantir le leadership mondial des USA dans domaine de la fabrication avancée. Alors que la rivalité entre la Chine et les États-Unis se renforce, Pékin, qui craint un étranglement technologique, a adopté une stratégie amphigourique afin de se positionner comme un acteur majeur des sciences et technologies. Faisant partie des dix secteurs clés à développer dans le cadre de la stratégie industrielle ( Made in China 2025-2030 ), les biotechnologies et la biologie de synthèse restent l’un des domaines technologiques priorisés dans le dernier plan quinquennal ( 2021-2025). Au niveau européen, la France, pionnière dans le secteur des biotechnologies, reste à la troisième place en Europe derrière le Royaume-Unis et l’Allemagne avec plus de 900 entreprises de biotech. Euronext Paris est le premier boursier européen pour les biotechs et le deuxième au niveau international derrière les USA. La France est considérée comme en pointe dans le domaine médical et les biotechnologies marines, son vaste domaine maritime avec un atout stratégique. Les anicroches dans la course au traitement contre le Covid-19 ont révélé le risque de déclassement. La recherche en santé et sciences biologiques est pénalisée par un système de financement fragmenté et une organisation de la recherche complexe, avec une superposition de structures publiques et un déficit de coordination. Les financements pour la recherche ont été inférieurs par comparaisons avec ceux consentis par d’autres pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Unis. Si la recherche fondamentale est très performante en France, la transition vers la recherche appliquée et la valorisation économique restent alambiquées. La capacité de recherche et d’innovation est affectée par une attractivité lacunaire pour les chercheurs. Dans le cadre du plan ( France 2030 ) , de relever les défis posés par les grands enjeux de transition socio-économique, cet axe d’effort se traduit par les stratégies d’accélération biothérapies et bio- production de thérapies innovantes et produits biosourcés et biotechnologies industrielles, dans le cadre du quatrième Programme d’investissement d’avenir ( PIA4 ).
FAUT-IL CRAINDRE LA BIOTECHNOLOGIE ?
Entre technologies et limites, les biotechnologies sont désormais de plus en plus utilisées dans les domaines médical, agricole et industriel, mais leur champ d’application potentielles devra augmenter d’ici 2040-2060. Elles s’étendraient dans le domaine de production de techniques diagnostiques et de traitements innovants ( produit de thérapie génétique ou cellulaire), de biopesticides, de plastiques ou encore de biocarburants. Les progrès dans d’autres domaines émergents comme l’intelligence artificielle et le Big Data contribuent également au développement de ce potentiel ( e.g. conception de nouveaux matériaux, réduction des délais et coûts de développement de médicaments, mise au point de traitements individualisés). Si l’essor des biotechnologies s’accompagne d’enjeux socio-économique comme la question de l’accès équitable aux bénéfices, quel sera l’enjeu éthiques, juridiques et sécuritaires ? Cet immense potentiel doit inévitablement occulter les risques et menaces, de l’accident de laboratoire au détournement à des fins malveillants, en passant par par les conséquences imprévues de la recherche et les dérives éthiques. Le transfert de gènes chez des moustiques par forçage génétique à des fins de lutte antivectorielle soulève déjà la question du risque de transfert à d’autres espèces et de l’impact sur la biodiversité. Au delà des controverses éthiques et religieuses à propos des recherches sur les cellules souches embryonnaires et les modifications génétiques transmissibles à la descendance, l’annonce de la naissance en Chine en 2018, de bébés à partir d’embryons modifiés par CRISPR-Cas9 quant à elle aussi été condamnée en raison d’une sécurité d’utilisation de la technique insuffisamment maîtrisée à ce stade, avec en particulier un risque de mutation hors cibles qui pourraient modifier l’expression d’autres gènes. Dans ce domaine hautement sensible, le développement et la diffusion des applications doivent faire l’objet d’un processus d’évaluation et de prévention des risques sanitaires et environnementaux rigoureux, notamment ceux liés à la construction d’organismes génétiquement modifiés et à l’utilisation de bioréacteurs permettant de produire des microorganismes. Un autre enjeu de taille, celle de la prévention des menaces qui repose sur la mise en œuvre de mesures complémentaires comme la sensibilisation des acteurs, la sécurisation des installations et la traçabilité des opérations, le contrôle des exportations des biens tangibles et intangibles à double usage ou encore la pénalisation des infractions.
LA COURSE AUX COMPÉTITION ENTRE LES PUISSANCES
LA BIOTECHNOLOGIE AU CHEVET DE LA DÉFENSE
Afin d’assurer le maintien de la domination stratégique, l’OTAN a adopté en 2021, une stratégie de mise en œuvre en faveur des technologies émergentes et de rupture, dont les biotechnologies. Le Department of Defense ( DoD) américain a identifier les biotechnologies comme l’une des technologies primordiales dans la démarche de modernisation et le leadership des USA au cours des prochaines décennies. L’impact des biotechnologies sur les menaces chimiques et biologiques étatiques ou non étatiques fait constamment partie des préoccupations majeures. Elles peuvent avoir une incidence en termes de prolifération, augmentation de la pathogénicité ou de l’antibiorésistance des microorganismes, synthèse de nouveaux agents ou d’agents éradiqués. Au-delà des applications médicales, l’amélioration des performances humaines physiques, cognitives ou émotionnelles représente l’un des champs d’application potentiels intéressant les armées. Les techniques et solutions sont variées, incluant l’administration de substances pharmacologiquement actives, les implants cochléaires ou optiques, les interfaces neuronales, voire dans une perspective difficilement envisageable à ce stade, l’édition du génome. Néanmoins, la nature des modifications impose de mener une réflexion approfondie sur les possibles conséquences physiques et psychiques, en tenant compte surtout du caractère invasif ou irréversible; et voire l’acceptabilité individuelle mais aussi social, ainsi qu’analyser les conséquences opérationnelles, doctrinales, culturelles et organisationnelles pour les forces armées. D’ici 2030-2040, l’environnement sécuritaire devient très complexe et interconnecté, caractérisé par une évolution des rapports de force internationaux et un climat de menace croissante de conflits entre grandes puissances Les développement rapides des technologies potentiellement double usage et leur diffusion développent inéluctablement une instabilité planétaire. Pour les forces armées, anticiper les menaces et préserver une avance technologique représentent des enjeux majeurs. Les acteurs du secteur des biotechnologies des puissances renforcent et planifient déjà l’indépendance et leur souveraineté. En France, l'incapacité des grands acteurs Français à développer un vaccin contre le Covid a constitué un électrochoc. Il est donc crucial de continuer et d'intensifier les efforts visant à lever les freins financiers, administratifs, réglementaires, mais aussi parfois culturels. Promouvoir les synergies entre acteurs, travailler sur le financement sur le long terme des biotechs en faisant des investissements publics un levier afin d'attirer des fonds privés, repenser le rapport au risque en matière de financement de la recherche, soutenir le développement de capacités de bioproduction nationales. Du coté américain, le président a signé un décret présidentiel afin d'aider le secteur des biotechnologies a long terme et à lutter contre la concurrence grandissante d'acteurs chinois. Ce décret doit apporter un soutien fédéral dans les domaines stratégiques afin d'étendre la capacité nationale de biofabrication de produits couvrant les secteurs de la santé, de l'énergie, de l'agriculture et de l'industrie. Joe Biden rappelait à cette occasion que si les biotechs américains sont à la pointe mondiale au niveau de la recherche, les applications industrielles sont au contraire dans les mains d'autres puissances.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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