dimanche 25 décembre 2022

 TRANSHUMANISME / VERS UN EUGÉNISME LIBÉRAL


De nombreux progrès dans les domaines des nanotechnologies, biotechnologies, informatiques et sciences cognitives conduisent depuis plusieurs décennies à repousser des limites jusqu’ici établies. Ces évolutions technoscientifiques ont été accompagnées par un mouvement idéologique de fond, défendant l’idée selon laquelle l’ensemble des faiblesses humaines peuvent être corrigées, si ce n’est tout bonnement dépassées ou effacées. 



En effet, le transhumanisme soutient que la technique peut et surtout doit être utilisée à des fins d’augmentations de l’être humain, par nature perfectible. En ce sens, les technosciences ouvriraient des perspectives sans précédent dans l’accomplissement d’un être nouveau, débarrassé de ses faiblesses de toujours, en premier lieu, la maladie, la vieillesse et la mort. Pour les américains, le monde futur doit s’imposer à la race humaine avec les trois nouveaux ingrédients des prophéties transhumanistes, voire une nouvelle race défiant toute volonté Divine sur les humanité. Si les thèses transhumanistes ont pris une avancée considérable, en particulier outre-Atlantique, elles demeurent bien entendu également la source de nombreux débats. Si le terme de transhumanisme semble avoir été utilisé pour la première fois dans les années 1950, c’est surtout au cours des années 1980 que l’appellation s’est imposée dans son acception actuelle, en particulier grâce à Fereidoun M. Esfandiary ( rebaptisé FM-2030). Alors qu’il ne rassemblait au début qu’une simple poignée de convaincus, le transhumanisme représente actuellement un mouvement relativement important et institutionnalisé, aux États-Unis comme dans plusieurs pays, puisqu’on dénombre une multitude d’organisation dont la principale d’entre elles demeure Hunanity, anciennement la World Transhumanist Association, créée en 1998 par Nick Bostrom et David Pearce. Le transhumanisme est défini, par ses membres, comme une manière de penser l’avenir fondée sur la prémisse que l’espèce humaine, dans sa forme actuelle, ne représente pas la fin de notre développement mais une phase relativement précoce. On peut citer, parmi les principales figures du mouvements, Max More fondateur de l’Extropy institue et aujourd’hui ambassadeur de la fondation Alcor, spécialisée dans la cryogénisation, sa femme, le scientifique Ben Goertzel, Kevin Warwick se considérant comme le premier ( cyborg ), Kim Eric Drexler, fondateur du Foresight Institue, ou encore le biogérontologue Aubrey de Grey, chantre de l’immortalité. Il serait pour autant erroné de réduire le transhumanisme à un groupe unifié ou à une association quelconque, tant le mouvement se compose d’une multitude de tendances et se traduit de diverses manières. Cependant, au-delà de ces variations, les transhumanistes se rejoignent autour d’une idée principale, à savoir qu’il est possible et surtout nécessaire de faire évoluer et de transformer l’humain grâce aux technosciences contemporaines, un souffle méphistophélique pour les protestants américains qui s’opposent farouchement a ses péripéties offensant Dieu dans sont pouvoir absolue et ça maîtrise incontestable de la création.

LE BIOCONSERVATISME ET LE RETOUR DE LA RACE ARYENNE
Depuis des décennies, de nombreuses critiques ont dénoncé le projet transhumaniste, et plusieurs d’entre elles ont nourri ce qu’il est devenu commun d’appeler le bioconservatisme. Les bioconservateurs s’érigent en véritables défenseurs de l’humanité et du bien-être collectif, s’opposant ainsi à un individualisme qui, selon eux, ne peut conduire qu’à l’anarchie et au chaos. Ils considéraient que les perspectives de ses nouveaux apôtres de la technique bouleverseraient un ordre naturel des choses déjà fragile et amèneraient les sociétés humaines à leur perte. Ils défendent, en cela, l’existence et la légitimité des limites biologiques de l’être humain. Pour les bioconservateurs, nous avons le devoir moral de nous opposer à toute forme d’atteinte au fondement même de la nature humaine. Parmi ses principaux représentants, on peut citer Léon Kass, qui s’élève contre le transhumanisme, qu’il considère être une atteinte profonde à la dignité fondamentale de l’humanité. Pour lui, il est donc indéniable qu’il existe une nature humaine, et que les sociétés contemporaines se doivent de la protéger contre l’ensemble des projets transhumanistes d’augmentation humaine.

TRANSHUMANISME, DÉMOCRATIE ET RELIGION

Dans sa version la plus radicale, le transhumanisme semble délaisser toute considération pour la démocratie au profit d’une quête technologique sans limite et dévastatrice. Pour autant, on ne saurait réduire le mouvement à sa variante libertarienne de droite incarnée notamment par Ronald Bailey ou Max More. Une tendance dite de gauche qui se considère plus attentive aux facteurs politiques et sociaux et se rassemble sous la bannière du technoprogressisme ou transhumanisme démocratique, principalement autour de James Hughes. Ce dernier affirme non seulement que le transhumanisme est conciliable avec la démocratie mais que, surtout, il en permet la pleine réalisation. Selon lui, « nous avons besoin d’un mouvement transhumaniste démocratique luttant à la fois pour notre droit de contrôler nos corps avec la technologie, ainsi que le contrôle démocratique, la réglementation et la distribution équitable de ces technologies.» En d’autres termes, la démocratie n’est absolument pas incompatible, chez Hughes, avec le projet transhumaniste, à condition que celui-ci soit encadré et au service de fins sociales. La démocratie ne pourrait ainsi se passer du transhumanisme et toute forme de futur transhumain, à l’inverse, devrait nécessairement s’appuyer sur l’idéal et les principes démocratiques. Au contraire, Francis Fukuyama fait du transhumanisme l’idée la plus dangereuse du monde et y voit, par conséquent, un projet tout à fait incompatible avec la démocratie et les religions monothéistes. L’auteur de la ( fin de l’histoire) s’attache à démontrer qu’il existe une nature humaine et surtout, que celle-ci est déterminante dans le choix du régime politique idéal. Ces deux positionnements proposent ainsi deux types de futur démocratique, l’un incluant le transhumanisme et l’autre, le rejetant vigoureusement. Pour les apôtres du transhumanismes, l’humanité se trouve aujourd’hui à un carrefour de son évolution. Elle aurait désormais le pouvoir de s’affranchir de ses limites biologiques et d’explorer, en ce sens, des horizons jusqu’ici insoupçonnés. Face à ces perspectives, les bioconservateurs se sont érigés contre ce qu’ils estiment être une atteinte aux fondements même de la race humaine. Ils considèrent que tout dépassement de la nature humaine ne peut mener les sociétés contemporaines qu’à sont déclin. Si les transhumanistes sont quelques peu divisés sur la place à accorder à la démocratie, la conception exacte de cette dernière apparaît comme un sujet au cœur de la polarisation existante entre les deux camps. 
Au delà des nombreuses réflexions qui l’entourent, elle semble en cela constituer l’un des enjeux centraux que représente le transhumanisme pour les sociétés futurs. Les analystes de la défense américaines et la CIA, n’exposent pas ostentatoirement ce genre de défis pour 2040, et pourtant le transhumanisme reste inévitable pour les futurs générations.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

























































































































































































































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