GÉOPOLITIQUE/ ISRAËL/ AFRIQUE : UN GRAND
RETOUR VIA LE LOBBYING DIASPORATIQUE
Le 5
juillet 2016, Netanyahou est reçu à
Nairobi par le président Kenyan, dans le
cadre d’une tournée africaine du premier ministre israélien et une délégation
d’hommes d’affaires qui les a emmenés en Ouganda, au Kenya, en Ethiopie, et au
Rwanda. Cette tournée, avait pour but de montrer la volonté forte de Tel-Aviv
de revenir en Afrique par les grandes portes. En clair, une offensive diplomatique en
direction des Etats africains afin de mettre un terme à son isolement.
Depuis la décennie 1950-1960, Israël été un
partenaire important pour les pays
d’Afrique au Sud du Sahara, en quête d’indépendance ou nouvellement
indépendants. Des Etats comme le Ghana (1956), la Cote d’Ivoire (1962) et plus
d’une trentaine de pays au début des années 1970 ont établi des contacts et
ensuite des relations diplomatiques relativement structurées avec Israël. Si
ces relations étaient à la base, l’expression d’une volonté de partage
d’expérience économique, la consolidation des liens d’amitié et la réalisation
des projets communs dans le cadre des intérêts géoéconomiques n’ont pas
structurellement dépassé le stade d’ambition et de projections. Si Israël a perdu officiellement tout contact
diplomatique avec les pays africains depuis 1973 et 1979, les exportations
israéliennes en Afrique sont passées de 30 à 75 millions de dollars. Les
entreprises israéliennes, notamment dans les secteurs de la construction,
l’agriculture et des services, ont continué à bénéficier des contrats estimés à
plusieurs milliards de dollars. En plus des
secteurs économiques et commerciaux classiques, il faut aussi noter les
transactions autour des produits à haute valeur stratégique, notamment les
armes, le matériel informatique, le pétrole, le diamant et l’uranium. Malgré la
rupture de la plupart des pays du continent, prés de 30 pays ont contribué à
développer des échanges commerciaux avec Tel-Aviv. Cinq pays particulièrement
sont demeurés des partenaires commerciaux stratégiques de l’Etat hébreu :
le Nigéria, le Kenya, l’Ethiopie, la Tanzanie et la cote d’Ivoire. D’autres
axes de coopération ont été mis en perspective pour protéger les relations avec
Israël. D’une part, la mobilité des étudiants africains. Ces derniers ont
continué à poursuivre leurs études et participer à des stages de formation en Israël ;
et d’autre part, des experts Israéliens ont maintenu des contacts actifs dans
l’ensemble du continent. Ces derniers sont régulièrement sollicités par les
Etats africains dans le cadre des marchés de prestation intellectuelle, des
missions de renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles. Depuis les années 1980, les relations
diplomatiques ont été progressivement relancées dans des coopérations
structurées permanentes avec certains pays d’Afrique subsaharienne. C’est le
cas de la Cote d’Ivoire et du Cameroun en 1980, du Libérai en 1983 ou du Togo
en 1987. Cette dynamique s’est accélérée
avec les négociations de paix et la normalisation des relations entre Israël et
ses voisins arabes. A la fin des années 1990, des relations officielles
s’étaient structurellement rétablies avec environ 39 pays d’Afrique au Sud du
Sahara.
UNE COOPÉRATION OFFENSIVE
A SENS UNIQUE
Au cours des cinq dernières années, Israël et les pays africains sont progressivement entrés dans un dialogue politique plus dynamique et plus régulier. Un dialogue qui se traduit par des visites réciproques des Chefs d’Etats et des ministres des deux partenaires. Bien entendu, ces visites ont renforcé la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et les pays du continent. L’on a pu observer la visite du ministre de la Défense, en Ethiopie, au Ghana, au Nigéria, au Kenya et en Ouganda ; et ensuite en Cote d’Ivoire, au Rwanda. L’actuel premier ministre israélien Netanyahou a visité les pays d’Afrique de l’Est, avec à ses côtés environ 90 hommes d’affaires israéliens. Côté africain, ils se sont réunis pour la première fois lors d’un sommet agricole en Israël en 2016 avec pour objectif l’amélioration de la productivité agricole durable dans les régions arides et semi arides. Les projections et ambitions qui accompagnent ces visites concernent plusieurs secteurs d’activités. Les échanges économiques et commerciaux, l’éducation, les contacts culturels et la mobilité universitaire, divers projets conjoints dans les domaines de l’agriculture et de l’assistance médicale, les migrations, des programmes de formation professionnelle et d’aide humanitaire sont notamment mis en perspectives pour dynamiser les liens d’amitié qui doivent davantage rapprocher Israël des pays africains. Les enjeux sont multiples et Israël a tout intérêt à développer une offensive diplomatique en direction des Etats africains, déclenchant une grande hostilité de la part de la France. Dans ce contexte, ont observe une habileté diplomatique. Israël cherche en premier lieu à assurer le soutien des pays africains au sein des institutions internationales. Un soutien qui serait décisif au moment où Tel Aviv fait l’objet de vives critiques sur la scène internationale et où l’Autorité Palestinienne se rapproche de plus en plus des institutions panafricaines. Il faut préciser que de nombreux Etats africains se sont montrés hostiles à l’occupation des territoires palestiniens. Pour une meilleure adhésion des Etats africains à la politique étrangère israélienne, l’Etat hébreu, suit avec grand intérêt le processus d’intégration économique et politique en Afrique et ambitionne d’accompagner et de soutenir les initiatives africaines relatives au renforcement des institutions régionales.
DIASPORA JUIVE ENTRE LOBBYING
ET INTERCESSION
La manière dont les organisations communautaires juives de diaspora peuvent influencer la décision politique peut s’appliquer à deux types de situations : celles des juifs dans leur rapport à leur pays de nationalité, à leurs droits civils et à leur liberté religieuse notamment, ceci incluant la question de l’antisémitisme ; celle des juifs dans leur rapport à Israël et au conflit israélo-palestinien. Autrement dit, à des questions de politique intérieure ou extérieure, sans que les deux s’excluent, par exemple lorsque il s’agit de définir la frontière entre antisémitisme et antisionisme. La question de l’influence politique des communautés juives vivant en diaspora, a vu le jour après la réunification de l’Europe et la chute de l’ex-URSS modifiant ainsi le paysage démographique juif. Estimée à un peu moins de 14 millions de personnes, dont 6,3 millions en Israël et 5,7 millions aux Etats-Unis et environ 450 000 en France, la population juive a retrouvé le contact avec les importantes communautés de Russie et d’Ukraine, pour lesquelles les chiffres varient de respectivement 180 000 et 60 000 à plus de 300 000 dans chacun des deux pays. L’ouverture des pays de l’ex-CEI à l’immigration a changé la population israélienne, et fait remonter le nombre de juifs vivant en Allemagne à plus de 100 000. La forte augmentation de la population s’explique aussi, dans une proportion importante, par l’immigration des juifs d’Egypte, d’Irak, du Yémen, de Turquie, d’Iran, du Maroc, de Tunisie, ou d’Algérie, des Druzes et juifs arabes, soit de pays arabes, ou majorité musulmane, où la décolonisation et le nationalisme s’affirment à l’encontre des minorités non musulmanes. Si le poids politique des communautés d’Europe de l’Est reste sans commune mesure avec celui des juifs américains, les autorités de Moscou comme Kiev, et même la Hongrie de Viktor Orban, ont rapidement compris tout le parti qu’elles pouvaient tirer, en termes d’image en Amérique et en Europe, du soutien appuyé qu’elles pouvaient apporter à divers organisations juives, comme la Fédération des communautés juives de Russie, ou l’Union des organisations juive d’Ukraine. En contrepartie d’une aide à la revitalisation de leurs communautés et d’un contrôle plus au moins efficace des organisations ultranationalistes antisémites, acceptent de joué le rôle d’obligé, voire de défenseur sur la scène internationale. De même, la puissance financière et parfois politique de certains oligarques d’origine juive dans l’ex-CEI a conduit à une redistribution des rôles dirigeants dans laquelle la Russie en particulier, trouve son compte. Le président du Congrès juif européen (CJE) est désormais le Russe Mosshe Kantor, le grand rabbin d’Ukraine Yaacov Bleich, d’origine américaine occupe la vice-présidence du CJM et du CJE, tandis que les communautés de Géorgie et surtout d’Azerbaïdjan jouent un rôle moteur dans le délicat dossier des interjetés sécuritaires israéliens dans le (Caucase et son étranger proche.) Concernant le concept exclusif entre coopération stratégique et synergie politique, le partenariat israélo-russe reste en plein essor. Après avoir célébré en grande pompe les vingt-cinq ans du rétablissement de leur relation bilatérale l’année précédente, la Fédération russe et l’Etat hébreu poursuivent leur coopération soutenue dont les performances actuelles sont mues par une communauté d’intérêts partagés à forte valeur ajoutée dans de nombreux secteurs a la fois géopolitiques, géoéconomiques et géostratégiques. Concernant le déploiement de LAFRICOM en Afrique, notamment en Libye, la Tunisie, le Niger, le Mali, la Mauritanie, et le Maroc, la trajectoire d’Israël se confirme aux cotés des américains tout en installons des menaces permanentes faces aux autres Etats de la région. Pour Israël, il existe un défi de taille, les pays qui ne reconnaissent pas Israël restent imprudent face à des intérêts stratégiques menées par Tel-Aviv et Washington, mais, tout en restons coincés dans l’évolution à l’épreuve des contraintes géostratégiques.
ARMES ISRAÉLIENNES ET
ATROCITÉS EN AFRIQUE
Concernant l’expertise militaire israélien, autour des deux dernières décennies, les Israéliens ont participé à la formation des premiers pilotes de chasse du Zaïre, du Kenya de l’Ouganda et de la Tanzanie, mais aussi des officiers dont les plus connus sont « Josef Mobutu et Idi Amin Dada ». Malgré l’absence de relations officielles avec certains pays, des « agents du Mossad », des émissaires militaires et des spécialistes de la protection reprochée ont systématiquement été sollicités par des autorités africaines. Les experts israéliens assurent presque régulièrement des formations auprès des services de sécurité présidentiels. Depuis la montée du terrorisme, l’expertise technologique militaire de l’Etat hébreu et son expérience sur le plan opérationnel devraient lui offrir de nouveaux débouchés auprès des régimes africains. Il faut noter que si les exportations militaires israéliennes se sont élevées à 6,7 milliards de dollars, les augmentations restent en hausse pour l’avenir. Les échanges observée est notamment centrée sur l’amélioration des avions et des systèmes aériens, ce qui représente 21% des exportations militaires, les équipements d’observation et d’otique (19%), les systèmes de défense antiaérien et antimissile (16%), les minutions (14%), et les renseignements (9%). Pour les observateurs, cette manœuvre favorise la croissance des conflit aux sein des Etats africains, et surtout la course au armements parmi les pays proche des étincelles des conflits.
Aujourd’hui, avec les besoins croissants en matiére de sécurité, et la présence d’Israël sur le continent grâce au soutien de Trump et les monarques du Golfe, y compris la Jordanie et le Maroc, les ventes d’armes de fabrication Israélienne sont en constante augmentation. Une tendance qui inquiète l’Union Européenne, notamment la France qui considère le continent comme une chasse gardée inviolable.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
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