PROTECTION DE L'ENFANCE EN FRANCE :
L'ENFANCE SUR LE BUCHER DES INNOCENTS
Bétharram, Châteauroux, l’affaire Le Scouarnec… Trois noms devenus symboles d’un système français de protection de l’enfance incapable de protéger les plus vulnérables, comme une chronique des désastres annoncés. À Bétharram, d’anciens élèves et enseignants racontent des violences répétées, des humiliations et des agressions sexuelles remontant aux années 1960-1970. Ce n’est qu’en 2024 que des plaintes massives font émerger la vérité : des internats devenus « refuges pour prédateurs sexuels », selon The Guardian. Le cas du chirurgien Joël Le Scouarnec, reconnu coupable d’abus sur environ 300 mineurs entre 1984 et 2014, illustre une autre facette de l’impunité. Malgré des signaux d’alerte et une condamnation en 2005 pour détention d’images pédopornographiques, il a continué à opérer et à agresser, parfois même des enfants sous anesthésie. The Australian parle d’une « bombe de pédophilie » révélant les failles du système médical français. Enfin, à Châteauroux, entre 2010 et 2017, des enfants confiés par l’Aide sociale à l’enfance à des familles d’accueil non agréées ont subi violences physiques, abus sexuels et surdosages médicamenteux. Le drame éclate en 2017, lorsqu’un adolescent de 15 ans est hospitalisé dans un état critique. En 2024, le procès révèle un véritable « scandale d’État », selon RFI. Trois affaires, un même constat : la vulnérabilité des enfants placés, des signalements ignorés, et une impunité institutionnelle qui dure parfois des décennies.
Les promesses de l’État : commissions, lois et plans à répétition
Sous la pression médiatique et judiciaire, l’État français a multiplié les réformes. La loi de 2007 crée les observatoires départementaux de protection de l’enfance, mais son application reste inégale. En 2016, une nouvelle loi ambitionne d’améliorer les signalements et la coordination entre services sociaux et justice. La vague #MeToo et #MeTooInceste pousse les gouvernements à aller plus loin : la loi Schiappa de 2018 durcit la répression des violences sexuelles, et la CIIVISE, créée en 2019, recueille plus de 27 000 témoignages de victimes d’inceste et d’abus sexuels sur mineurs. En 2021, la loi Santiago fixe l’âge du consentement sexuel à 15 ans (18 ans en cas d’inceste) et interdit les violences éducatives ordinaires. En 2022, un plan interministériel renforce la prévention et annonce la création de juridictions spécialisées. Les scandales de 2024, à Bétharram et à Châteauroux, poussent le gouvernement à promettre des mesures plus fortes : contrôles systématiques dans les internats et familles d’accueil, registre national des professionnels interdits d’exercice, procédures d’alerte obligatoires. En 2025, une proposition de loi pour une « protection intégrale des enfants » est discutée au Parlement, incluant la responsabilisation pénale des institutions et la création d’un fonds d’indemnisation des victimes.
Les limites des politiques publiques : le constat international
Derrière les discours et annonces, les limites sont patentes. Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, dans ses observations de 2025, souligne que la France reste en défaut d’application systématique : les enfants restent insuffisamment protégés dans les institutions et familles d’accueil, et les signalements peinent à déboucher sur des mesures concrètes. L’UNICEF France tire la sonnette d’alarme : toutes les trois minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle. L’organisation reproche au gouvernement de multiplier les annonces symboliques, sans garantir les moyens humains et financiers pour accompagner, soigner et protéger durablement les victimes. Les ONG pointent un autre écueil : les plans gouvernementaux restent trop souvent centrés sur la dimension répressive, au détriment de la prévention et du soutien aux familles. Résultat : la parole des victimes est reconnue, mais la protection effective demeure insuffisante.
Quand protéger devient criminel: le scandale des parents protecteurs
En 2002 l'Express titrait "Exil suisse pour mère en fuite". Interrogé par l'Express, Georges Glatz, président du Cide et député du canton de Vaud, expliquait qu'"une trentaine de femmes françaises sont passées, depuis un an, par son association, sans compter celles qui restent clandestines. «Ce n'est plus un simple fait divers, affirme-t-il, mais un phénomène de société. Un véritable exode!» La plupart des femmes fuient des décisions de la justice française, généralement sur des accusations d'abus sexuels." Ces affaires révèlent un paradoxe glaçant : les parents cherchant à protéger leurs enfants victimes de violences sexuelles ou d’inceste se retrouvent eux-mêmes sanctionnés par la justice. L’affaire Priscilla Majani, exilée en Suisse pour protéger sa fille et condamnée en 2022 à cinq ans de prison, illustre ce drame. En 2025, même scénario: Le Canard enchaîné révèle le dossier des « mères désenfantées », privées de leurs enfants après avoir dénoncé des violences. Parmi elles, Sophie Abida, fondatrice du Mouvement des Mères en Révolte, privée de ses quatre enfants confiés à un père pourtant condamné pour violences. Ces cas montrent que non seulement l’institution peut se détourner de sa mission et, loin de protéger, exposer encore davantage les enfants, mais encore qu'en 25 ans rien n'a changé!
En 2002 l'Express titrait "Exil suisse pour mère en fuite". Interrogé par l'Express, Georges Glatz, président du Cide et député du canton de Vaud, expliquait qu'"une trentaine de femmes françaises sont passées, depuis un an, par son association, sans compter celles qui restent clandestines. «Ce n'est plus un simple fait divers, affirme-t-il, mais un phénomène de société. Un véritable exode!» La plupart des femmes fuient des décisions de la justice française, généralement sur des accusations d'abus sexuels." Ces affaires révèlent un paradoxe glaçant : les parents cherchant à protéger leurs enfants victimes de violences sexuelles ou d’inceste se retrouvent eux-mêmes sanctionnés par la justice. L’affaire Priscilla Majani, exilée en Suisse pour protéger sa fille et condamnée en 2022 à cinq ans de prison, illustre ce drame. En 2025, même scénario: Le Canard enchaîné révèle le dossier des « mères désenfantées », privées de leurs enfants après avoir dénoncé des violences. Parmi elles, Sophie Abida, fondatrice du Mouvement des Mères en Révolte, privée de ses quatre enfants confiés à un père pourtant condamné pour violences. Ces cas montrent que non seulement l’institution peut se détourner de sa mission et, loin de protéger, exposer encore davantage les enfants, mais encore qu'en 25 ans rien n'a changé!
Le réveil citoyen : une société qui se lève
Face à ces défaillances, les citoyens s’organisent. Des associations de victimes, comme le collectif de Bétharram, multiplient les actions médiatiques et juridiques. Le Mouvement des Mères en Révolte (MMR), le Collectif Enfantiste, Mouv Enfant, l’association CARL ou encore Incesticide France mobilisent régulièrement dans les rues, sur les réseaux sociaux et dans les médias. Le 15 novembre 2025, une mobilisation nationale organisée par le Collectif Enfantiste prévoit de rassembler des milliers de personnes dans plusieurs villes de France pour dénoncer l’inceste, les violences institutionnelles et l’inaction de l’État.
Conclusion : vers un manifeste citoyen
Trente ans d’alertes ignorées, des centaines de milliers de victimes, des institutions souvent défaillantes. La France, longtemps accusée de déni, assiste aujourd’hui à un réveil citoyen qui prend le relais de l'incurie de la justice. « Nous avons eu le manifeste des 262. À quand le manifeste des 60 millions ? » s’interroge une militante. La question résume l’enjeu : transformer l’indignation en un mouvement collectif capable d’imposer enfin une protection réelle et durable des enfants en France.
FRANCE VIOLENCES SEXUELLES SUR MINEURS
30 ans d’alertes internationales ignorées -30 ans de déni- Tableau des Alertes internationales.
Sources principales :
Haut Conseil de la santé publique – 1995, « Maltraitance faite aux enfants »
UN Committee on the Rights of the Child – 1999
CNCDH – 2004
Haut Comité de la santé publique – 2004
Rapport Juan Miguel Petit – ONU, 2005
CNCDH – 2012
GREVIO – Rapport d’évaluation de la France, 2014
Amnesty International – Les violences sexistes et sexuelles en France, 2015
Human Rights Watch – Rapport mondial 2016 – France
CNCDH – 2018
UNICEF France – Violences et agressions sexuelles
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