lundi 8 mai 2023

GÉOPOLITIQUE DU MONDE ARABE/ LA LIGUE ARABE 

Depuis plus d'un demi-siècle qu'elle existe,  la Ligue des États arabes a été caractérisée par un hiatus spectaculaire entre ses prises de position fortes, notamment vis-à-vis d'Israël, et ses divisions, responsables de son inefficacité chronique à réaliser ses objectifs de coopération et d'unité régionale. 



Chapeautée actuellement par les Saoudiens et les Émiratis pour leurs propres intérêts géopolitiques, ils s'immiscent au sein du monde arabe avec une main de fer dans les crises conflictuelles et s'imposent avec autoritarisme par une multitude de facteurs ayant trait aussi bien aux intérêts monarchiques qu'à la politique intérieure de chaque pays membre. L'Égypte, pourtant à l'origine de la création de la Ligue, fut bannie de l'organisation pendant une dizaine d'années (1979-1989) après sa signature du traité de paix avec Israël. Au fil du temps, les disputes tactiques l'ont emporté sur les objectifs stratégiques de long terme. La Ligue des États arabes, ou Ligue arabe, fut créée en 1945. Elle comptait sept pays membres lors de son Lancement et en totalise 22 aujourd'hui. Les sept pays fondateurs sont L'Arabie-Saoudite, l'Égypte, l'Irak, le Liban, la Syrie, la Jordanie, le Yémen, auxquels se sont joints ensuite l'Algérie, Bahreïn, les Comores, Djibouti, les Émirats arabes unis, le Koweït, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, Oman, la Palestine, le Qatar, la Somalie, le Soudan et la Tunisie. Comme la plupart des institutions régionales, la Ligue arabe est un organisme de coopération interétatique où les États membres sont représentés par un conseil constitué au niveau des ministres des Affaires étrangères. Le pacte de la Ligue vise à une coopération étroite entre ses membres et à une coordination politique ; il cherche à fixer un code de bonne conduite entre les États arabes. Comme la plupart des pactes régionaux, celui-ci est fondé sur le principe de souveraineté nationale et celui de non-ingérence, principe qui, en pratique, n'a toujours été respecté. L'incorporation (1950) dans le pacte d'une convention sur la défense, aboutissant à la création du Conseil de défense commune et sur la coopération économique, permet à la Ligue arabe de fonctionner théoriquement selon les principes généraux d'un régime de sécurité collective. En pratique, ce régime sécuritaire se définit en grande partie à travers la lutte contre un État, Israël, c'est-à-dire selon des principes plus proches de la politique de puissance classique que la sécurité collective. Néanmoins, depuis les accords d'Abraham et l'intégration d'Israël au sein des monarchies du golfe, le Maroc et la Jordanie, l'échiquier des rapports des forces a pris une autre tournure hégémonique, notamment les États membres vulnérables, comme la Libye, le Soudan, la Tunisie, et le Yémen. La poudrière soudanaise qui s'accentue à une vitesse dévastatrice et qui pourrait aller au-delà de ses frontières, profite aux intérêts des Saoudiens et des Émiratis qui financent les deux camps pour la prise du pouvoir. Le même scénario se joue en Libye, au Yémen et bientôt en Tunisie, le Nigéria, le Niger et le Liban. La Ligue arabe a démontré au fil des décennies que les divergences entre les intérêts politiques nationaux et les disparités entre les divers régimes politiques et économiques des États membres ont une importance supérieure à une solidarité régionale, culturelle, religieuse ou linguistique illusoire, voire éphémère.  La lutte contre un ennemi commun, si elle est parvenue à cimenter certaines alliances au sein du groupe, a aussi contribué aux dissensions. Chacun se drape dans le drapeau de la cause palestinienne en songeant à son intérêt particulier. En tout état de cause, cet objectif s'est révélé insuffisant pour engendrer une réelle coopération politico-économique comparable à celle de l'Union-Européenne. Il est probable que dans un avenir proche la Ligue arabe puisse évoluer de manière significative. Et tout porte à croire que le conflit israélo-palestinien va continuer à dominer les débats sans permettre de réaliser des objectifs concrets.  Les printemps arabes de 2011, ont traduit l'exaspération de sociétés soumises à des régimes autocratiques, répressifs et prédateurs. L'aspiration à la dignité, au changement économique et social, parfois au changement politique, s'est partout exprimée, en particulier dans des jeunesses privées de perspectives. Les espoirs de changement social et politique de 2011 se sont évanouis. Les islamistes en Égypte ont recueilli les fruits électoraux. Mais les monarques du Golfe ont fait long feu. La Libye s'est déchirée. La Syrie a été plongée dans une atroce guerre civile, qui a jeté des millions de Syriens dans l'exil, et faisant plus de deux millions de morts, avec la complicité de la Russie et l'Iran. D'autres conflits perdurent, mais de basse intensité. 

LES MONARCHIES DU GOLFE/ QUELLE SÉCURITÉ ? 


La question sécuritaire hante depuis 1979 les monarques du Golfe. Le conseil de coopération du Golfe (1981) a été incapable d'assurer la sécurisation des régimes et des routes du pétrole. D'où une indépendance constante au parapluie ouvert par les Américains, Britanniques, Français et Turcs sont également présents dans le Golfe, où les pétromonarchies consacrent des budgets colossaux aux achats d'armement.  Source d'inquiétude renforcée, le programme nucléaire militaire iranien explique largement la signature par les monarques du Golfe les accords d'Abraham avec Israël en 2020. D'origine tribale, ils sont en rivalité permanente. Enlisé au Yémen, MBS a profité de la guerre en Ukraine pour utiliser l'arme du pétrole en accord avec Moscou, en réduisant la production pour faire remonter les cours du baril. 


Principal cliente des hydrocarbures du Golfe, la Chine a étendu au Moyen-Orient son grand projet de nouvelles routes de la soie terrestres et maritimes. Par principe indifférent à la question de la démocratie et des droits humains, et affichant, en matière de relations internationales, son respect de la souveraineté des régimes en place et des frontières, ainsi que du principe de non-ingérence, elle traite économiquement avec tous les États et tous les régimes. 

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA 



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