dimanche 5 mars 2023

 GÉOPOLITIQUE DE L’ÉNERGIE EN AFRIQUE : LA MALEDICTION DE LA RENTE


L’Afrique suscite des intérêts croissants de la part de l’étranger depuis plusieurs décennies. Outre sa position stratégique facilitant les échanges avec les pays occidentaux et asiatiques, le manque d’infrastructures des pays d’Afrique a favorisé l’implication des compagnies étrangères dans l’exploitation du pétrole africain. Un eldorado énergétique, l’Afrique est au cœur de nombreux enjeux économiques et géopolitiques. Toutefois, au fil de l’histoire, l’énergie est toujours une cause directe des dynamiques conflictuelles préexistantes sur le continent.



Tandis que la Russie perd son levier de pression sur l’Europe et souhaite désormais vendre son pétrole et son gaz en Asie, que l’Europe se tourne vers d’autres partenaires dans l’attente d’assurer son indépendance énergétique, et que le Moyen-Orient s’affranchit de la tutelle américaine, les États-Unis s’activent pour façonner un nouveau système énergétique mondial à leur avantage. La transition énergétique en cours va inévitablement bouleverser les équilibres géopolitiques mondiaux, à travers le retour en grâce du nucléaire ou le développement massif de l’hydrogène pour se substituer aux énergies fossiles.

L’AFRIQUE / UN LEVIER ÉNERGÉTIQUE ET UN ENJEU STRATÉGIQUE

L’Afrique est un continent riche en ressources énergétiques, aussi bien non renouvelables ( pétrole, gaz, uranium, charbon, etc. ..) que renouvelables ( biomasse, énergies hydroélectrique, solaire, éolienne). D’après les données publiées par « Statistical Review of World Energy » la production pétrolière de l’Afrique a atteint 344,7 millions de tonnes, soit 8,2% de l’offre mondiale et un taux de croissance annuel de 4,5%. La production africaine de gaz naturel s’élevait quant à elle à 257,5 milliards de mètres cubes en 2021, soit 6,4% de l’offre mondiale pour un taux de croissance annuel de 11,7%. Le continent abrite de grands pays producteurs de pétrole et de gaz tels l’Angola, la Libye, le Nigéria, et l’Algérie. Les réserves pétrolières africaines prouvées sont passées de 75 milliards de barils en 1997 à 125, 3 milliards en 2021. Le potentiel énergétique du continent est d’autant plus important qu’il est sous-exploité. Le golfe de Guinée, en particulier, contiendrait encore de vastes réserves intactes de brut léger restant à être trouvées. Ces dernières années, de nouveaux gisements ont été découverts ou mis en production, y compris dans des pays où la production d’hydrocarbures était jusqu’alors nulle, grâce aux progrès réalisés dans la production et l’exploration en offshore profond et ultra-profond. Au Mozambique, des gisements de gaz naturel sont très importants ainsi qu’ au sud du Sahara estimée à 5000 milliards de mètres cubes dans la province du Cabo Delgado en 2010. Cette province a vu naître plusieurs projets dont le champ gazier de Coral Sul, exploité par un consortium mené par la société pétrolière italienne ENI. Première installation flottante de gaz naturel liquéfié ( GNL) opérant en eaux ultra-profondes en Afrique, elle peut produire 3,4 millions de tonnes de GNL par an. Avec ce projet, le Mozambique ambitionne à terme de rentrer dans le club fermé des principaux exportateurs de GNL dans le monde. Le continent suscite donc des intérêts croissants de la part de l’étranger depuis plusieurs décennies. Outre sa position stratégique facilitant les échanges avec les pays occidentaux et asiatiques, les producteurs africains ayant des capacités matérielles et techniques limitées, ils tendent à céder aux investisseurs étrangers un contrôle plus large de leurs ressources pétrolières. Ainsi, le continent offre des perspectives séduisantes pour les investisseurs extérieurs, en vertu d’un coûts/ressources exploitable plus intéressant. L’impératif de diversification et de sécurisation des approvisionnements énergétiques a en outre poussé de plus en plus des pays dont les États-Unis, la Chine, le Japon, la Turquie, l’Inde et les membres de l’Union européenne à se tourner vers l’Afrique, mais à quel prix? Entre 2010 et 2015, les investissements chinois dans le secteur énergétique ont représenté 13 milliards de dollars des investissements totaux dans ce secteur dans la région. Les réserves d’uranium du continent qui abrite trois des dix plus grands détenteurs mondiaux de ressources en uranium ( Namibie, Niger, Afrique du Sud, suscitent un intérêt extérieur croissant. De même, le conflit Ukrainien est venu rebattre les cartes de la géopolitique de l’énergie, en rappelant notamment aux Européens la nécessité de réduire leur dépendance aux hydrocarbures russes. Les pays les plus dépendants se tournent actuellement davantage vers les pays exportateurs africains comme l’Algérie, le Nigéria, la Libye, l’Angola, le Mozambique et l’Égypte. L’Italie, dont 45% du gaz importé proviennent de Russie, a signé en 2022, des accords avec l’Algérie, l’Égypte, l’Angola, et le Congo. En conséquence, les majors internationales en collaboration avec les compagnies pétrolières nationales restent les principaux acteurs de production en Afrique, couvrant prés de 75% de la production d’hydrocarbures du continent depuis une décennie.

UNE MANNE POUR LES DIRIGEANTS ET UNE MALÉDICTION POUR LES PEUPLES



Les peules en Afrique, ne profite pas de ses propres ressources, bien qu’abondantes. Alors que les populations Subsahariennes constituent environ 17% de la population mondiale, elles ne consomment que 3,4% de l’énergie primaire mondiale. La part de l’Afrique dans la consommation mondiale de combustibles fossiles est inférieure à sa part dans la production, soit environ 4% et 8% selon les combustibles. En outre, la majorité des populations reste dépendante de la biomasse traditionnelle pour accéder à l’énergie de base et n’a pas accès aux sources modernes d’énergie telles que le butane et l’électricité. 25 des 54 pays d’Afrique se trouvaient en situation de crise énergétique en 2020, et le taux d’accès à l’électricité en 2022, n’était que de 47%, chiffre recouvrant de nombreux pays du continent font face à des factures très élevées, des coupures régulières ou des vols d’énergie. Le cas du Nigeria est emblématique, premier pays africain en termes d’économie et de population ( 220 millions H), il connaît toutefois de vastes pannes de courant, en raison d’infrastructures obsolètes et d’une corruption endémique touchant de nombreux secteurs du pays. Bien que premier producteur de pétrole en Afrique, le pays importe plus de 90% de son carburant en raison de capacités de raffinage insuffisantes, causant des difficultés fréquentes d’approvisionnement. Le cas nigérien illustre bien le phénomène bien connu de la malédiction des ressources, selon lequel les revenus importants générés par l’exportation pétrolière ne produisent pas pour autant de développement économique. La majorité des pays africains exportateurs de pétrole sont souvent condamnés à la mono- production d’exportation, avec des ventes de pétrole représentant plus de 90% des recettes totales d’exportations. Quand la rente pétrolière n’est pas détournée par les acteurs corrompus, elle est souvent utilisée pour des dépenses improductives ou la mise en place de tarifs sociaux très coûteux. Afin de maintenir des prix à la pompe artificiellement bas, l’État nigérien subventionne le carburant depuis les années 1970. Malgré le coût exorbitant de ces systèmes de subventions pour certains États, ils leur permettent d’assurer un semblant de paix sociale, dans des sociétés marquées par de fortes inégalités socio-économiques. Cela étant, les consommateurs restent exposés à la volatilité des prix du pétrole, ce qui croit la fragilité des économies pétrolières sur le mi- terme. En août 2022, le Nigeria a perdu sa place de premier producteur pétrolier au profit de l’Angola, en raison de sabotages et de vols de pétrole brut. Ses exportations de pétrole et de condensats sont principalement destinées à l’Inde ( 20%) et à l’Europe, qui représente prés de 50% du total ( Espagne 11%; Pays-Bas 10%; France 9%, alors que les États-Unis et les autres pays africains comptent pour 10% chacun. Le flux de gaz naturel suivent un peu les mêmes chemins : Inde 15%, Europe 45%, dont 15% pour l’Espagne et 13% pour la France, la part de l’Asie étant toutefois plus grande 25% hors Inde, celle de l’Afrique plus réduite 4% et celle des États-Unis totalement absente. Ces différences s’expliquent largement par les modes de transport utilisés, le Nigeria exportant son gaz naturel principalement sous forme de GNL en raison de contraintes liées à l’exportation par conduites vers les pays voisins, et l’unique gazoduc existant étant le West african gas pipeline ( WAGP), traversant le Bénin, le Togo, le Niger et le Ghana. Pour y parvenir, le Nigeria a des projets ambitieux : construire deux gazoducs vers l’Afrique du Nord. Le premier longerait la côte du continent et devrait transporter du gaz jusqu’au Maroc tout en connectant 14 pays de la zone entre eux. Si l’accord de principe a été signé en 2016, ce n’est qu’en décembre 2022 mémorandum d’entrer pour la construction de ce gazoduc ont été signés à Rabat entre, d’une part, le Maroc et le Nigeria et, d’autre part, entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO) et sept pays de la zone en leur nom propre, la décision finale d’investissement devant être prise en début de l’année 2023. Le gazoduc Nigéria-Maroc  NMGP), long de 6000 km, à la fois offshore et onshre, qui prend appui sur l’actuel West-African gas pipeline ( WAGP), permettrait d’acheminer annuellement plus de 5000 milliards de mètres cubes de gaz naturel jusqu’au Maroc puis, via la connexion avec le gazoduc Maghreb-Europe ( GME), jusqu’au réseau gazier européen. Le second gazoduc, porté dés les années 1980 par l’Algérie, qui y a toujours vu un moyen de renforcer son rôle central dans l’approvisionnement en gaz de l’Europe, est uniquement terrestre. Long de 4128 km, le Trans-Sahara gas pipeline ( TSGP), appelé également Nigal ( des initiales du Nigéria et de l’Algérie), devrait relier les gisements du Delta du Niger aux installations gazières de Hasi-R’mel ( Algérie). Ce gazoduc a été relancé depuis la crise énergétique européenne par un mémorandum d’entente signé en juillet 2022 entre le Nigéria, le Niger et l’Algérie. Deux obstacles subsistent cependant : le financement et, surtout, le risque sécuritaire. En effet, le TSGP devrait traverser des zones infectées par des groupes armés.

L’ALGÉRIE AU CŒUR DES DÉFIS



Bien que le pays ait des ambitions communes avec le Nigéria, sa situation diffère. Certes, il est le premier producteur de gaz de l’Afrique et le quatrième producteur de pétrole et de condensats, derrière le Nigéria, la Libye et l’Angola. Toutefois, son pétrole, et surtout son gaz, occupent une place importante dans les relations géopolitiques et économiques méditerranéennes nord-sud. Avant la guerre en Ukraine, l’Algérie était le troisième fournisseur à la fois de pétrole et de gaz en Europe, après la Russie et la Norvège. Les principaux pays importateurs de pétrole sont la France, la Grèce, les Pays-Bas et le Royaume-Unis; et pour le gaz, l’Italie, l’Espagne et la France. Il est donc logique qu’en 2022, les Européens se soient tournés vers l’Algérie comme vers la Norvège. Alger a ainsi vu défiler de nombreux chefs d’États européen. Le gazoduc le plus important et le plus ancien est le TransMed, qui permet l’exploitation de gaz vers l’Italie via la Tunisie. Long de 2500 km, il fut l’un des premiers grands gazoducs sous-marins du monde. Agrandi et modernisé entre 1991-1997, il part d’Hassi-R’Mel, traverse la Sicile puis remonte la totalité de la péninsule italienne, pour finalement rejoindre le réseau italien préexistant à Minerbio, prés de Bologne. En contrepartie de la traversée de son territoire et de l’entretien qu’elle assure sur sa section, la Tunisie reçoit environ 6% du gaz transporté. En outre, depuis janvier 2023, ce même gazoduc fournit du gaz naturel à la Slovénie. Mis en activité dés 1996, le GME, qui apporte du gaz à l’Espagne ( Cordoue) en transitant par le Maroc et le détroit de Gibraltar, a en revanche cessé ses livraisons depuis 2021 en raison du conflit de l’Algérie avec le Maroc sur le Sahara occidental. Mais ce gazoduc sert depuis 2022 à acheminer de l’Espagne vers le Maroc du GNL acheté par ce dernier sur les marchés internationaux et regazéifié en Espagne, ce dernier pays disposant de six unités de liquéfaction-regazéification. Le gaz algérien à destination de l’Espagne passe aujourd’hui par le Medgaz, un gazoduc également sous-marin, qui relie les installations algériennes de Béni-Saf au port d’Almeria en Espagne sans transiter par le Maroc. Quant à la Franc et au Portugal, ils sont approvisionnés en gaz algérien via l’Espagne. L’Algérie exporte aussi du gaz liquéfié. Elle dispose de trois usines de liquéfaction à Arzew, d’une à Skikda et de huit méthaniers. L’Usine construite à Arzew fut la première usine au monde de liquéfaction de gaz, plus de 95% de ce GNL sont exportés en Europe, dont principalement en Turquie et en France. Actuellement, l’Algérie exporte la moitié du gaz qu’elle produit et ambitionne de doubler ses exportations en 2023. Pourtant, sa demande domestique ne cesse de grimper et augmente plus vite que la production, ce qui pourrait, à terme, éroder les exportations. Le pays pourrait ainsi risquer de devenir, en 2030, un importateur net. Autre défi, les Marocains et les Israéliens ont commencés les prospections au sein du Sahara occidental en catimini malgré les alertes de l'ONU. considérant ces pratiques comme illégales et scandaleuses. Soutenues par les Etats-Unis, le but principal et d'affaiblir l'Algérie sur le plan pétrolier et gazier à mi ou à long terme et l'affaiblir notamment sur le plan économique et international. 

L’ÉNERGIE / UN FACTEUR DE CONFLIT CONSTANT EN AFRIQUE



Au sein de plusieurs pays africains, l’accès des populations à l’énergie, sont au cœur de nombreuses mobilisations et des coups-d 'Etats. Le Ghana en 2015, le Cameroun en 2017, et des manifestations monstres au nord-ouest de la Guinée qui ont fait plusieurs morts, à la suite d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. En août dernier, en Afrique du Sud, une grève nationale a eu lieu pour dénoncer les coupures d’électricité, dues à la vétusté des centrales à charbon. Tout le continent, ne peut échapper aux problèmes d’approvisionnement en énergie alimentant ainsi la rupture entre les élites dirigeantes et les populations. Parfois, ces tensions sociales peuvent déboucher sur des violences sécuritaires allant même jusqu'à l’embrassement généralisé. Par ailleurs, la compétition pour l’accès aux ressources énergétiques favorise les conflits interétatiques. A l’intérieur des États, les déficits de gouvernance et faiblesses des structures étatiques exacerbent les luttes de pouvoir pour le contrôle de la rente. Les ressources pétrolières ont ainsi alimenté des conflits internes en Libye, au Soudan et au Tchad avec la bénédiction des puissances occidentales et les ingérences des Émiratis, les Saoudiens et les Qataris. Au Niger, le sentiment de marginalisation des populations de la région pétrolière du Dalta à contribué à l’appariions, entre 2004- 2005, du Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger ( MEND). Multipliant les actions violentes contre l’État Nigérien et les compagnies pétrolières, sabotages d’oléoducs, occupation d’installation, les actions du MEND ont favorisé une chute de pétrole nigérien depuis 2009. Dans le cas de litiges frontaliers entre deux États, la présence des réserves énergétiques ont pu constituer un enjeu, comme dans le conflit entre la Nigéria et le Cameroun; ce qui permis à des pays producteurs de financer leurs efforts armés comme en Angola, Biafra, le Soudan, la Libye, le Niger et autres. Beaucoup d’autres facteurs, comme l’insécurité, la présence des milices armées, tensions communautaires, et la corruption, sont autant de facteurs pouvant paralyser les investissements potentiels sur le continent. En 2022, le projet de gazoduc transsaharien, reliant sur 4100 km le Nigéria à l’Algérie en passant par le Niger, était en sommeil depuis prés de dix ans, en raison des problèmes sécuritaires dans la région sahélo-saharienne. AQMI, Boko Haram et l’État islamique sont implantés sur le passage du gazoduc en Afrique de l’Ouest, au nord du Nigéria. Shell, principal opérateur au Nigéria, a été contraint de se retirer de certaines zones du pays. Des employés d’Areva et de Satom sont enlevés par Al-Qaida dans la ville d’Arlit, au Niger où est extrait l’uranium exploité pour les centrales nucléaires françaises. En 2021, une attaque de l’État islamique contre la ville portuaire de Palma dans le Cbo Delgado a poussé TotalEnegies à suspendre son projet gazier Mozambique LNG du site d’Afungi. Seul le projet offshore d’ENI semble pour l’heure épargné. Paradoxalement, les conflits africains découlent souvent de dynamiques complexes où se mêlent facteurs politique, socio-économiques, culturels et régionaux. Plutôt que le pétrole lui-même, la gestion des ressources s’avère plus déterminante, les problèmes de gouvernance étant aussi à l’origine de nombreux conflits sur le continent.

LA FRANCE SE TOURNE VERS L’ASIE-CENTRALE



On entendra par Asie centrale les quatre républiques turcophones du Kazakhstan, du Kirghiztan, d'Ouzbékistan et du Turkménistan, ainsi de la république persanophone du Tadjikistan. Emmanuel Macron, qui mène un soft power diplomatique au sein de ses pays proche de Poutine, la France s'oriente depuis quelques temps au Kazakhstan. Premier producteur mondial de minerai d'uranium, assurant 42% du total mondial. Dans un contexte marqué par la décarbonation de la production énergétique dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et du regain d'intérêt que suscite l'énergie nucléaire, la place de ce pays d'Asie central est stratégique. Pour un pays comme la France, dont 41% de l'énergie totale produite provient du nucléaire, cette importance est d'autant plus forte, surtout que le président Français a annoncé en février 2021 la construction de six nouveaux réacteurs EPR2. La sécurisation des approvisionnements en uranium est dés lors une nécessité afin d'assurer la pérennité des ambitions nationales. Le Kazakhstan est un partenaire privilégié de la France dans ce cadre-ci. Selon Euratom, la part de ce pays dans les importations de minerais entre 2005 et 2020 s'élevait à 20,1% du total, suivie de l'Australie 18,7%, du Niger 17, 9% et de l'Ouzbékistan 16,1%. Ajoutons que le Khazakhstan est le deusiéme fournisseur de pétrole brut de la France. Astana et Paris sont liés par un partenariat stratégique remontant à 2008, et les relations bilatérales sont trés bon nivau. Ainsi, le président tout juste réélu, a-t-il été recu à l'Elysée par son son homologue francais fin 2022, notamment pour conforter les activités du groupe francais Orano ( ex-Aerva) au Kazakhstan, où il est présent sous la forme d'une coentreprise, KATCO, avec Kazatomprom. Bien que le systéme politique local ait été longtemps décrié, les réformes mises en place courant 2022 par Tokaiev rend le pays plus fréquentable aux yeux de certains observateurs. Le Middle Corridor devient ainsi stragéique pour la France si l'évacuation du minerai ne transite plus par la Russie. Le fait qu'un autre pays d'Asie centrale, l'Ouzbékistan, figure aussi parmi les principaux fournisseurs d'uranium de la France ne peut qu'accroitre l'importance de cette route médiane. 


Toutefois, l’énergie reste une arme à double tranchant au cœur de nombreux enjeux de pouvoir et d’aspects fondamentaux de l’avenir de l’Afrique. En outre, l’explosion démographique sur le continent rend exponentielle la demande en ressources vitales, si bien que l’incapacité des États à répondre aux besoins croissants de leurs populations sera source de tensions politico-sécuritaires.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA


A RETENIR

Trois types d’enjeux relatifs à l’énergie dans un conflit ou un rapport de force peuvent être identifiées.

Premièrement, l’énergie comme cause de conflit ou comme but de guerre, c’est-à-dire que l’action des belligérants vise à prendre le contrôle ou à défendre l’accès à un territoire riche en ressources ou ses voies d’approvisionnement ou d’exportation. Deuxièmement, l’énergie comme arme ou levier, qui peut être de nature physique, géopolitique ou économique. Les infrastructures énergétiques critiques , par exemple des centres de production, de transformations d’énergie ou des réseaux de transport représentent des cibles physiques stratégiques à réduire ou à endommager. Les sanctions à l’encontre d’un État producteur et exportateur d’énergies forment des leviers économiques visant à affaiblir l’adversaire. La diminution ou l’arrêt des exportations d’énergies vers des pays importateur, dépourvus de ressources sur leurs territoires, constituent un levier géopolitique pour les pays producteurs. Troisièmement, l’énergie comme moyen pour faire la guerre, l’énergie est le socle de toute action et de tout mouvement militaire car un déplacement de troupes par voies terrestres, maritimes ou aérienne nécessite de l’énergie pour la mobilité, et les communications militaires et le travail en état-major nécessitent de l’électricité.






















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