GÉOPOLITIQUE/ RUSSIE/UKRAINE/ PAYS BALTES
En dépit
des croyances occidentales des trente dernières années sur le dépassement des
Etats par le marché et la société civile, les premiers acteurs des relations
internationales et donc aussi des conflits restent, de loin, les Etats, même s’ils
se meuvent dans un cadre multipolaire et multilatéral, au milieu d’un champ de
forces également marqué par l’action concurrente des entreprises globales, des
ONG de toutes sortes, des grands médias globaux, et d’une multitude d’acteurs
atypiques, sans omettre l’économie illégale, mondialisée depuis longtemps, ni
les acteurs infra-étatiques dont l’action vise avant tout les Etats.
RUSSIE/
UKRAINE
De 860 au
XII siècle, l’Etat de Kiev, situé à l’emplacement de l’actuelle Ukraine, à été,
sous le nom de (Rus), la première Russie avant que ne s’impose le grand-duché
de Moscovie, qui allait devenir la Russie. Brezinski a décrit l’Ukraine comme
un pivot entre la Russie et l’Europe. Sans l’Ukraine, la Russie cesse selon lui
d’être un empire en Europe. Intégrée à l’empire de « Pierre le Grand »,
n’à été indépendante que de 1918 à 1920, avant d’être rattachée de force à l’URSS.
Le nationalisme ukrainien a toujours été vivement réprimé. Les Ukrainiens ont
aidé Eltsine, président de la Russie, à mettre fin à l’Union soviétique, en décembre
1991, afin d’obtenir leur propre indépendance. L’Ukraine est partagée
géographiquement et politiquement entre pro-russes et slavophiles à l’Est et
pro- Occidentaux à l’Ouest. La Crimée, où réside à Sébastopol une bonne partie de la flotte russe,
la seule qui puisse avoir accès aux mers chaudes, est majoritairement peuplée
de Russes. Elle avait été rattachée par l’ukrainien « Khrouchtchev »
à l’Ukraine en 1945 mais tout cela au sein de l’URSS. Après la disparition de l’URSS,
la Russie et l’Ukraine ont coopéré sans trop de difficultés au règlement de la
question des armes nucléaires soviétiques basées sur le territoire ukrainien,
qui ont été attribuées à la Russie. La situation se dégrade en 2005 lorsque le
président Poutine, fort de l’augmentation des prix mondiaux de l’énergie,
cherche à restaurer une certaine puissance russe, tandis que la révolution
orange amène le pro-occidental Louchtchenko au pouvoir à Kiev au détriment du pro-russes
Ianoukovitch. L’Ukraine entre alors dans une période d’instabilité politique.
Les législatives amènes par la suite au gouvernement une coalition pro-russe
entre le président Louchtchenko et le Premier ministre Timochenko. A la
division géographique et politique s’ajoutent une division institutionnelle et
une cohabitation conflictuelle. Le président ukrainien veut se rapprocher de l’Union-européenne
et, surtout par l’administration Bush, adhérer à l’OTAN, ce qui est vu comme
une manœuvre d’encerclement par la Russie. Celle-ci veut obtenir des garanties
pour la présence à long terme de sa flotte en Crimée et y refuse toute
implantation de base américaine ou de l’OTAN. Un scénario de sécession de la
Crimée est parfois évoqué en cas d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. L’essentiel
du gaz vendu à l’Europe par la Russie transite par l’Ukraine. Moscou ne veut
plus que cette dernières bénéficie de tarifs préférentiels soviétiques,
largement inférieurs aux prix du marché. Elle menace régulièrement de couper le
robinet de gaz, mais elle a besoin de vendre son gaz. Avec l’acharnement de
Poutine sur un conflit militaire aux frontières Ukrainienne, ce dernier, s’est retrouvé
prisonnier dans son propre camp face aux sanctions américaines et européennes
et un conflit armé n’aura jamais lieu.
RUSSIE/
PAYS BALTES :
Les Etats baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) ont été sous domination russe depuis le XVIII siècle. Après avoir été indépendant une courte période après la révolution bolchévique, ils ont été occupés par l’URSS avant de redevenir indépendants en 1920 en vertu du pacte Molotov-Ribbentrop. Ils ont ensuite été occupés par le II Reich de 1941- à 1944, et de nouveau intégrés à l’URSS à l’issue de la seconde Guerre mondiale. Moscou y a ensuite mené une politique de soviétisation et de russification, faisant grimper les pourcentages de Russes jusqu’à 40% de la population en Estonie. Les Russes estiment que les Estoniens leur sont redevables parce qu’ils les ont libérés du nazisme. Ils participent à l’industrialisation du pays et se considèrent comme l’élite de la nation. Russes et Estoniens ne parlent pas la même langue et se mélangent peu. Après l’éclatement de l’URSS, les pays baltes redeviennent indépendants mais vivent dans la crainte d’une reprise de contrôle par la Russie ; l’estonien devient la langue officielle en Estonie. Le nouveau gouvernement restreint les possibilités d’acquisition de la nationalité estoniennes aux personnes résident sur le territoire national depuis 1940 ou à leurs descendants. Les Russes doivent demander un permis de séjour de deux ans et passer un examen de connaissance Linguistique. La politique de libéralisation économique suivie après l’indépendance entraine des privatisations et des fermetures d’usines qui touchent principalement les Russes. En 1993, le Parlement estonien adopte une loi sur les étrangers aux termes de laquelle ceux-ci doivent choisir entre la citoyenneté estonienne et rester étranger, avec un titre de séjour. La question mémorielle empoisonne les relations. Pour les Russes, le 9 mai représente la victoire de l’armée rouge, sur le nazisme en 1945 ; pour les Estoniens c’est le début de l’occupation et de l’annexion soviétique. L’Estonie est le seul des trois Etats baltes à ne pas avoir réglé la question de ses frontières avec la Russie. Moscou voit dans l’adhésion des Etats baltes à l’OTAN en 2004 la confirmation d’une politique occidentale d’encerclement. Les Etats baltes craignent que les Russes ne veuillent les dominer à nouveau et comptent d’abord sur les Etats-Unis pour leur protection. Dans cet échiquier géopolitique interminable, la relation entre la Russie et les Etats baltes dépendra pour beaucoup de la relation générale de Moscou avec les Etats-Unis et avec l’Union européenne, mais à quel prix ?
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
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