vendredi 24 mars 2017

GEOPOLITIQUE/ MOSCOU ET LA MONARCHIE DES SAOUDS



Sur le plan géopolitique, Moscou sort gagnant car, à part la France et l’Arabie Saoudite, qui ne cessent de crier au loup en prononçant le nom du dictateur Syrien, les autres, y compris Washington, voient ce dernier comme un acteur légitime de la solution. Poutine a ainsi redoré le blason de l’ours impérial russe, comme au temps de l’opposition, au XIX  siècle, à l’empire Ottoman, au nom de la chrétienté orientale.





Dans les couloirs du Kremlin depuis 1998, date à laquelle il prend les rênes des services de renseignements intérieurs « FSB » avant d’accéder, dés l’année suivante, aux plus hautes fonctions de l’Etat, Poutine est un fin stratège car, ce faisant, il montre que la Russie, en puissance réaffirme, maîtrise le calendrier quand il est question de la Syrie et même au delà. On n’a jamais su précisément le nombre d’hommes et de matériels militaires engagés sur le terrain. Le nouveau Staline de Moscou, a clairement rappelé que des effectifs resteront en Syrie. L’une des leçons que les Européens n’ont pas tirées de l’Ukraine, c’est que le Kremlin possède une formidable capacité à laisser un conflit pourrir, à gérer des Etats faillis à long terme. Tout en tapant sur les éléments les moins radicaux pour donner raison à hégémonie. La communauté internationale se réveille alors avec l’obligation de devoir choisir entre deux Satans. Si la Russie sait maintenir un conflit sous tension, saura-elle montrer son engagement pour la paix afin de répondre aux exigences de l’économie russe ? Rien n’est moins sur, tant les aspirations de puissance du chef du Kremlin semblent sans limites.

L'INCERTITUDE DES RELATONS- RUSSO-SAOUDIENNES

Durant la guerre froide, les relations Saoudo-Soviétiques furent très hostiles. Riyad joua en effet un rôle déterminant pour empêcher l’Armée rouge de pacifier l’Afghanistan entre 1979 et 1989, finançant les moudjahidines venus de tous les horizons du monde sunnite. Avec le retrait russe du pays centre-asiatique, le soutien de Gorbatchev, dernier dirigeant de l’URSS, aux résolutions du Conseil de sécurité des nations-unies contre l’Irak après invasion du Koweït en 1990 et la perte d’influence de Moscou au Moyen-Orient juste avant et après 1991, les liens s’améliorent quelques peu. Toutefois, plusieurs questions firent encore l’objet de tensions. Ainsi, de façon récurrente et encore aujourd’hui, Riyad n’apprécie guère les ventes d’armes russes à l’Iran et critique l’accord pour achever le réacteur Kraftwerk Union ( KWU, filiale de Siemens), qui a dù cesser ses activités après la révolution islamique de 1979. La famille des Saouds reproche également à la Russie de ne pas se rallier aux efforts de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole « OPEP » pour jouer sur les prix du brut. Enfin, lors des conflits en Tchétchénie « 1994-1996 et 1999-2009 », les responsables russes accusèrent régulièrement les Saoudiens de soutenir les combattants islamistes.

L’ERE DU ROI SALMANE

Il existe de nombreux points de la politique étrangère de Washington, que Riyad et Moscou désapprouvent. Ainsi, aucun des deux n’apprécie le soutien des Etats-Unies à Israël sur la question Palestinienne. En outre, ni la Russie ni l’Arabie-Saoudite ne sont à l’aise avec les efforts américains de promotion de la démocratie. A cet égard, Moscou et Riyad ont critiqué le lâchage de Moubarek en 2011, puis son soutien à élection de Morsi en 2012 et le gel de l’aide militaire au régime d’al-Sissi après le coup d’Etat de 2013. La Russie a tout de suite fait des offres d’armement au Caire, tandisque l’Arabie Saoudite a proposé de payer les factures. On a perçu à l’époque, un déplacement des alliances du royaume et de l’Egypte avec Washington vers Moscou. Cette impression s’est illustrée quand Riyad a, refusé de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie pour la situation en Ukraine et en Crimée. En ce début d’année 2017, l’avenir des relations saoudo-russes est incertain. Tant la coopération que la confrontation sont possibles, parfois même simultanément. Pour compliquer la tache, ces liens n’obéissent pas seulement à des questions bilatérales, les deux pays faisant face à des défis économiques et sécuritaires intérieurs qui peuvent avoir une incidence sur leur capacité à agir en Syrie. 

Ils sont par ailleurs chacun engagés dans un autre conflit, l’Ukraine pour la Russie, le Yémen pour la monarchie saoudienne, les détournent de la scène syrienne. Enfin, la relation avec les Etats-Unis, l’Europe et l’Iran est sans doute plus importante que leur coopération bilatérale. En somme, le Kremlin ne s’attendait pas à ce que Riyad condamne si fermement son action, considérant qu’elle menace la sécurité du Royaume.


MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

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