lundi 27 mars 2017

GEOPOLITIQUES/ GEOSTRATEGIQUES : LE NUCEAIRE ENTRE PROLIFERATION ET DESARMEMENT : UNE PLANETE EN SURSIS


Selon leurs déclarations d’avril 2009, les Etats-Unis possèdent 550 missiles balistiques intercontinentaux « basés à terre », 432 missiles sur 14 sous-marins, et 216 bombardiers, soit au total 5576 tètes nucléaires. Les Russes possèdent 469 missiles intercontinentaux, 268 missiles sur 8 sous-marins, et 80 bombardiers, soit une capacité totale de 3909 têtes nucléaires. Ces chiffres ne font pas la distinction entre celles en service et celles qui ne le sont pas. Sur la plupart des grands dossiers internationaux, les deux anciens ennemis de la guerre froide se regardaient avec une méfiance brûlante. Affectée par des contentieux persistants, élargissement de l’OTAN, bouclier antimissile, la relation entre les deux pays est tombée à son plus bas niveau ces dernières années. 





Le système de contrôle des armements conventionnels et nucléaires n’avait jamais été aussi relâché. L’accord sur la réduction des armes nucléaires stratégiques « START », dont l’échéance était fixée en 2009, était suspendu dans le vide, aucun autre accord n’ayant été prévu pour lui succéder. En 2002, les Etats-Unis étaient sortis unilatéralement du traité antimissile « ABM » de 1972. Les deux parties négocient sans relâche à Genève une suite au traité Start, la conclusion d’un nouvel accord a beau être décrite comme imminente, car les obstacles demeurent à l’échelle internationale. Washington voit les relations avec la Russie comme un système hégémonique qui peut être restauré en appuyant sur un bouton. Mais cela ne donne pas les résultats escomptés. Le système peut connaitre de nouveaux blocages, c’est ce que nous voyons actuellement avec les négociations russo-américaines sur le désarmement. Global Zero propose un plan en quatre étapes pour parvenir à un monde sans armes nucléaires en 2030. D’abord une réduction progressive entre les américains et la Russie pour arriver à 500 têtes chacun en 2021, la phase suivante verrait l’entrée en jeu des autres puissances nucléaires y compris les non-signataires du traité comme l’Inde, le Pakistan et Israël.

ISRAËL DÉFEND SA DOCTRINE NUCLÉAIRE


L’Etat Hébreu n’a jamais admis posséder l’arme atomique, et persiste à défendre une doctrine de dissuasion dite « ambiguïté nucléaire ». Selon les experts de l’association américaine Arms Control, l’Etat Hébreu possède entre 75 et 200 tètes nucléaires. D’abord, les missiles balistiques Jéricho-2 (portée d’environ 1500 kilomètres) ; des efforts seraient en cours pour développer des missiles intercontinentaux. Ensuite, Israël a acheté des missiles de croisières Harpoon (portée 120 km)  aux Etats-Unis, lesquels,  selon certains spécialistes, auraient été modifiés pour emporter une arme non conventionnelle. D’autre part, Israël dispose d’une flotte d’avions de combat F 15 et F 16 ayant une capacité nucléaire. Enfin, trois sous-marins à propulsion classique de classe Dolphin ont été achetés à l’Allemagne, et deux autres livraient en 2012. Tel-Aviv, souhaiterait acquérir un sixième submersible, sachant que les Dolphin israéliens ont été modifiés pour emporter des missiles à tête nucléaires.

LE NUCLÉAIRE CORÉEN ET LA VENTE DE SA TECHNOLOGIE


La Corée du Nord défie l’Occident et démontre sa capacité atomique, depuis plus d’un quart de siècle les ambitions nucléaires nord-coréennes constituent le phénomène le plus déstabilisant en Asie Orientale. A la suite de ces essais des capacités nucléaires, la Corée du Nord s’est déclarée puissance nucléaire. Malgré ses démonstrations de force, elle ne maîtrise pas les techniques de miniaturisation nécessaires à la fabrication d’une ogive nucléaire ; le risque que représente actuellement est la prolifération horizontale par la vente de sa technologie. Depuis 1953, la Corée est confrontée à la menace nucléaire américaine. Ce n’est qu’en 1991 que les Etats-Unis ont retiré leurs armes atomiques de Corée du Sud, mais Washington n’a jamais exclu le recours à de telles armes. Le programme nucléaire nord-coréen date de la fin des années 1960, grâce à l’assistance soviétique, d’un réacteur expérimental au nord de Pyongyang, alimenté avec l’uranium naturel dont dispose ce pays riche en minerais. En 1985, la RPDC a signé le traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Mais au début des années 1990, des photographies satellite révélèrent qu’elle était en train d’extraire du « plutonium » à des fins militaires. Une intervention américaine fut évitée de justesse en 1994, suivie de la signature d’un accord par lequel la RPDC s’engageait à geler son programme nucléaire sous la surveillance d’AIEA. En 2003, commença un cycle de négociations à six (Chine, Etats-Unis, Russie, RPDC, Corée du Sud, et le Japon). Qui allait aboutir à un accord reprenant les grandes lignes, mais la RPDC faisant imprimer de faux dollars par l’entremise de banques à Macao, le Trésor américain protesta et l’accord fut bloqué. En 2007, nouvel accord sur la désactivation des installations nucléaires en échange de la levée des sanctions américaines. Pyongyang détruit symboliquement la tour de refroidissement du réacteur, et les négociations achoppent à nouveau sur les procédures de vérifications.

L’ARSENAL PAKISTANAIS ET LA MENACE ISLAMISTE




Aux cotés de l’Inde et de la Chine, le Pakistan fait partie de ce trio d’Etats Asiatiques dotés de l’arme atomique. Islamabad s’est lancé dans l’aventure nucléaire en 1972, au lendemain de la défaite infligée par l’Inde lors de la guerre indépendance du Bangladesh. Au fil des années, les scientifiques Pakistanais ont appris à maîtriser, auprès de partenaires Européens, la technologie de l’enrichissement de l’uranium, tout en obtenant l’assistance Chinoise pour les plans de la bombe et la technologie des missiles. En 1998, le seuil est franchi. Le Pakistan devient officiellement nucléaire, après avoir opéré six essais en riposte à la décision Indienne de procéder à des explosions souterraines. La quête de la parité nucléaire avec New Delhi, le rival historique, est au cœur de la stratégie militaire d’Islamabad. L’Inde refusant d’adhérer au Traité de non-prolifération « TNP » tout comme au Traité d’interdiction complète des essais nucléaire « CTBT », le Pakistan veut garder les mains libres. Son potentiel est estimé de 80 à 100 armes nucléaires, l’expansion a été notable ces dernières années. Tous les services secrets, observent avec inquiétude les soubresauts agitant ce Pakistan nucléaire. La sécurité de l’arsenal fait l’objet de toutes les attentions, le pire serait à craindre s’il devait tomber entre les mains d’Al-Qaïda ou l’EI. Les experts indépendant, admettent que les mesures prises par Islamabad-segmenter et compartimenter les différents pôles-sont sérieuses ? Ce qui n’élimine pas à leurs yeux l’éventualité de failles. Au cœur du complexe nucléaire d’Islamabad, le Dr Abbul Qadeer Khan, un des pères de la bombe pakistanaise, a parrainé jusqu’en 2003 un réseau de prolifération au profit de la Libye, de l’Iran et de la Corée du Nord. Tout le matériel vendu était lié à l’enrichissement de uranium. Depuis 2004, le Dr Khan est en résidence surveillée mais la CIA, le M-6 et la DGSE, savent que plus  qu’une conquête par le haut, c’est plutôt le risque de fuite par le bas qui inquiète en ce Pakistan tourmenté. Seul Etat musulman à posséder la bombe, le Pakistan ne pourra aisément s’affranchir de cette fâcheuse suspicion qui lui vaut son instabilité récurrente. A chaque flambée de violence orchestrée par des groupes djihadistes, l’interrogation refait surface  obsédante, à Washington comme à New Delhi.

L’IRAN ET LE SITE DE QOM QUE LES MOLLAHS VOULAIENT CACHER


Jusqu’ou l’Iran ira-t-il dans ses travaux nucléaires ? La question continue de tarauder la communauté internationale, puisque les renseignements occidentaux savent que le pays a la capacité de produire de la matière fissile. Le choc de la révélation en 2009, d’un nouveau site Iranien d’enrichissement d’uranium à Qom, tenu secret pendant des années, a entraîné un raidissement de part et d’autre. A cela s’est ajouté le refus du pays d’accepter un projet d’échange d’uranium enrichi, conçu par l’administration américaine pour abaisser les tensions. Il lui était également proposé de se séparer durant un an de la majeure partie de son stock d’uranium enrichi, transformé en Russie puis en France en combustible pour le réacteur de Téhéran. Mais l’Iran ne pouvait se résoudre à cet échange, qui l’empêchait de produire de la matière fissile. L’Iran a refermé le piège, tendu, sur les occidentaux, en expliquant que faute d’accord, il était contraint d’aller de l’avant. Au final, l’Iran a pris les devants, malgré la surveillance des agences de renseignements. Le site de Qom a la particularité, par sa taille réduite, de ne pas permettre de fabriquer du combustible pour centrale nucléaire. Il est configuré pour accueillir 3000 centrifugeuses alors que l’usine de « Natanz » peut en héberger 50 000. Il pourrait, en revanche, être destiné à la production d’uranium hautement enrichi, la matière fissile utilisable dans les armes nucléaires. Passé sous silence pendant des années, le site de Qom appelé aussi Fordow, a été révélé au public en 2009 lors d’une conférence de presse des présidents Obama, Sarkozy et le premier ministre Britannique, en marge du G 20 de Pittsburgh. Le régime Iranien, a réagi en annonçant en 2010, le passage à la production d’uranium enrichi à 20%. Les américains ont estimé qu’ils s’agissaient d’une nouvelle avancée dans la militarisation du programme iranien, le compte à rebours semble ainsi se poursuivre entre d’une part les travaux nucléaire iraniens, menés sous l’égide de la puissante organisation des gardiens de la révolution, et d’autre part une diplomatie occidentale cherchant à manier à la fois offres de dialogue et pressions extérieurs. Malgré les nombreuses zones d’ombres, la voie empruntée par l’Iran semble consister à s’approcher d’un seuil nucléaire, en créant une situation de fait accomplit basée sur l’accumulation d’un grand stock d’uranium enrichi. Ce scénario, similaire au choix fait par la Corée du Nord, permet à l’Iran de négocier en position de force avec Israël et emprunter un équilibre de force dans la région notamment parmi les pétromonarchies. De l'Algérie au Yémen, en passant par la Turquie, il n’existe à ce jour aucune centrale nucléaire en fonctionnement. Une exception, la centrale iranienne de Bouchehr, construite par la Russie. La France a pris le risque de s’isoler sur le plan diplomatique. Du moins d’être critiquée pour un certain dogmatisme. Le Royaume-Unis, lui se prête plus volontiers aux discours publics sur le bannissement de l’arme suprême, même s’il débat de la modernisation de son arsenal. La Russie a fait mine d’envisager l’option zéro, tout en valorisant le rôle des armes nucléaires dans sa nouvelle doctrine militaire. De leur coté, les dirigeant chinois prononcent des discours de non-emploi de l’arme destructrice, tout en maintenant le secret sur l’accroissement de leur arsenal. Autant d’hypocrisies ? Le message de la race humaine peut se résumer ainsi : que chacun passe des mots aux actes ! La résolution de l’ONU 1887, qui prévoit un monde sans armes nucléaires, ceci s’explique que nous vivons dans un monde virtuel et non un monde réel.

LA PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE, L’ESCLAVE ET LE MAÎTRE

Plusieurs catégories d’Etats doivent être distinguées. 8 Etats sur 192 Etats membres de l’ONU disposent de l’arme nucléaire. Parmi eux, il existe 5 puissances nucléaires dites officielles (Etats-Unis, Royaume-Unis, France, Russie et Chine), ces Etats ayant réalisé des essais nucléaires avant 1967, 3 Etats dits du seuil ( Inde, Pakistan, Israël) ,ces Etats n’étant pas en infraction avec le TNP puisqu’ils ont toujours refusé de le signer. On trouve ensuite les Etats proliférants ( Corée du Nord et l’Iran), à la fois signateures du TNP et en fraction avec le traite puisque candidats à l’acquisition de ce type d’armes. Alors que 189 Etats ont signé le TNP, le régime nucléaire mondial qu’il instaure repose sur une inégalité stratégique entre les 5 Etats  autorisés à détenir l’arme nucléaire et le reste du monde,pour qui l’arme atomique est proscrite. Malgré la dissémination d’armes nucléaires sur la surface du globe, il existe 6 zones dénucléarisées dans le monde, issues de la signature de traités régionaux prévoyant la non-fabrication, le non-transit et le non-stockage de cette arme.


On ne dispose que de peu de données précises sur l’état des arsenaux des 8 Etats officiellement détenteurs de l’arme nucléaire. Les pays maintiennent en effet une certaine opacité sur les volumes d’armes en leur possession, une absence de transparence sur laquelle repose la stratégie de la dissuasion en maintenant l’adversaire dans l’incapacité d’évaluer le risque qu’il encourt à déclencher une attaque. Depuis le premier essai nucléaire américain en 1945, on estime à 2060 les essais nucléaires ayant été réalisés par les puissances nucléaires, officielles ou non, en surface, souterrains ou en zones sous-marines.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA

  


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