Moscou
reste obsédé par sa quête de parité avec les Etats-Unis, les élites russes
demeurant profondément antiaméricaines. Craignant une érosion de son statut de
grande puissance, la Russie s’est appuyée sur la carte syrienne pour tenté d’opérer
un retour stratégique au Moyen-Orient, sur fond de confrontation entre les
occidentaux. Ce défi lancé à Washington trouve son prolongement dans l’opposition
du Kremlin à toute forme d’ingérence étrangère. Mais quand est-il du nucléaire
Iranien ?
Si le
programme nucléaire Iranien est né dans les années 1950 dans le cadre d’une
coopération avec les Etats-Unis, force et de constater que, dés la décennie
1970, la Russie a ouvert des négociations avec l’Iran dans ce domaine
stratégique hautement sensible. Cette opportunité Soviétique allait de paire
avec l’ambition du Shah Mohammed Reza « 1941-1979 » de mettre en œuvre
une politique étrangère autonome vis-à-vis de Washington. En conséquence, on a
dés lors observé un développement significatif des échanges économiques entre
Téhéran et Moscou. En revanche, avec les pays Européens, en particulier la France
et l’Allemagne, des accords de coopération concernant le nucléaire civil ont
été conclus : ils prévoyaient la construction de la centrale de Bouchehr
par Kraftwerk Union ou KWU, une filiale de Siemens, qui débuta en 1974, et de
celle de Darkhovine « Framatome, devenue Areva Nuclear Power en 2006. Ces
projets étaient pour Paris et Berlin un facteur de rapprochement stratégique. Après
la révolution islamique de 1979, la France a pris acte de la suspension du
programme nucléaire du pays. Pourtant, les élites Iraniennes n’ont pas hésité à
cité l’exemple de la non-application du contrat pour la construction de la
centrale de Darkhovine comme un signe de l’absence de fiabilité du gouvernement
français. La politique nucléaire de l’Iran révolutionnaire se traduisit par l'allègement du programme atomique. Les projets de centrales de Bouchehr et de Darkhovine
furent abandonnés pour des raisons stratégiques. La prise de conscience par certains dirigeants révolutionnaires de l’intérêt, pour l’Iran, d’avoir un programme
nucléaire date de 1982. Mais ce n’est qu’au début des années 1990 qu’un
dialogue fut établi avec les Russes pour poursuivre la construction de la première
tranche de 1000 mégawatts. Entre 1984 et 1988, les installations nucléaires de
Bouchehr ont été bombardées à plusieurs reprises par l’armée Irakienne. Au
lendemain de la guerre, en 1990, l’Iran signa un mémorandum d’entente avec la
Russie pour terminer la construction de la centrale de Bouchehr entreprise par
les Allemands. Cette coopération Irano-Russe était alors l’un des principaux
projets qui permettaient la construction des relations bilatérales à partir de
la fin des années 1980. Depuis lors, cette alliance dans un secteur d’activité
à la fois sensible est soumise à l’alternance de périodes de crises et de rapprochements
que traverse la relation bilatérale. Si cette coopération a été un signe de l’entrée
dans une nouvelle ère, il convient de remarquer que, depuis la signature de l’accord
final en 1995, chaque période de tensions bilatérales a affecté négativement la
réalisation des projets nucléaires russe en Iran. Le contrat d’un montant d’environ
un milliards de dollars, stipulait que la centrale devait être mise en service
dans un délai de 55 mois. En 2009, les autorités russes ont annoncé qu’un nouveau
report serait nécessaire. La réaction des Iraniens face à ce nouveau
contretemps dans la coopération nucléaire bilatérale a été d’accuser la partie
russe de duplicité, d’hypocrisie et surtout de trahison.
L’IRAN,
LA RUSSIE, LA CHINE, ET LES ETATS-UNIS
En 2011, le début de la production d’électricité
à Bouchehr, mit fin à cette situation paradoxale entre, d’un coté, un
investissement massif dans la filiale nucléaire, déclarée cause nationale et,
de l’autre, des résultats jusqu’alors limités en matière de réalisation
effective. De plus, les deux états ont crée une coentreprise de gestion de la
centrale avec, du coté russe, la société Atomstroyexport et, du coté iranien,
la compagnie Nuclear Power Production and Development. La gestion de la
centrale sera donc assurée de manière conjointe pendant les premières années,
ensuite, l’Iran disposera de personnel qualifié, la formation d’agents ayant
été prise en charge en Russie. Par-ailleurs, le vote en faveur des sanctions de
Moscou au Conseil de sécurité, deux ans avant le lancement de la centrale, donne
une impression d’imprévisibilité de la Russie. Enfin les observateurs voient en
se sens que l’idée selon laquelle investir en Iran est un gage d’indépendance
vis-à vis des Etats-Unis n’est partiellement pertinente. Sur le plan juridique,
ces coopérations ne semblent pas en contradiction avec les dispositions prévues
par l’article IV du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de
1968 « 1 ». La position diplomatique Iranienne est donc conforme à la
lettre du traité et le droit de l’Iran à maîtriser l’intégralité du cycle
nucléaire civil est reconnue par l’accord de Vienne du 14 juillet 2015. De même
les tentatives Chinoises de prendre pied dans un secteur hautement stratégique
doivent être comprises dans un contexte de normalisation de la situation
internationale de la république islamique. Si les Chine à l’avantage de pouvoir
financer ses projets, la technologie Russe reste, dans ce domaine, très performante.
Pour l’instant, vu les craintes des monarchies du Golfe et Israël, les
occidentaux n’ont pas la capacité de financer des programmes dans le nucléaire
en Iran en raison du maintien des sanctions primaires des américains. Le texte
sur le nucléaire revêt pour Moscou autant d’inconvénients que d’avantages. On peut
noter des perspectives nouvelles dans les coopérations stratégiques sensibles
en raison de la nécessité pour Téhéran d’accéder à des technologies militaires
ou dans le domaine du nucléaire civil que seule la Russie peut lui offrir. De
plus, un Iran normalisé est un partenaire plus fiable dans les coopérations
régionales. Néanmoins, le retour des entreprises Européennes ne peut se faire
qu’au détriment des intérêts Russes, en particulier dans le secteur de l’aéronautique.
Il en est de même de la perspective évoqué par Téhéran d’une reprise des
relations économiques avec les Etats-Unis à long terme. Le corridor international
Nord-Sud et l’axe entre l’Inde et la Scandinavie passant par l’Iran et la
Russie. A travers le port de Chabahar, la République islamique peut contribuer
au désenclavement des pays d’Asie centrale. Autrement dit, l’accord sur le
nucléaire et la levée graduelle et conditionnelle des sanctions favoriseraient
les échanges commerciaux entre l’Iran et ses voisins, dont la Russie. S'agissant
de la relation irano-russe au Caucase du Sud, l’Arménie profiterait de la
normalisation de la situation internationale de l’Iran. En effet, la fin des
sanctions liées au programme nucléaire pourrait conduire à une augmentation du
PIB Arménien de 3%, l’objectif étant de faire passer les échanges bilatéraux
annuels de 400 millions à un milliard de dollars par an. En raison de l’enclavement
du pays et de l’embargo de la Turquie, les Etats-Unis font preuve de
flexibilité s’agissant des coopérations économiques Arméno-Iraniennes. En
revanche, la diplomatie américaine reste en mesure de limiter les intérêts
entre Téhéran et les Etats Européens, en particulier sur le plan économique. La
Russie, en dépit de son affaiblissement géopolitique, elle a une capacité de
résilience plus forte que les Européens face aux pressions américaines, qui s’explique
à la fois par sa stratégie diplomatique et par la nature de ses relations
économiques avec les Etats-Unis, qui ne touche pas des domaines sensibles comme
le nucléaire, ou l’armement. La Russie conserve toujours une attitude ambivalente
sur le dossier Iranien. D’un coté, elle s’oppose aux mesures Onusiennes, de l’autre,
elle s’oppose aux mesures unilatérales américaines et européennes.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
1-
Les parties
au traité en mesure de le faire devront aussi coopérer en contribuant au
développement plus poussé des applications de l’énergie nucléaire à des fins
pacifiques. Il consacre le droit inaliénable de toutes les Parties au traité de
développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire
à des fins pacifiste.
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