samedi 18 mars 2017

GEOPOLITIQUE/MOSCOU ET LE NUCLEAIRE IRANIEN : UN SOUTIEN PROTEIFORME


Moscou reste obsédé par sa quête de parité avec les Etats-Unis, les élites russes demeurant profondément antiaméricaines. Craignant une érosion de son statut de grande puissance, la Russie s’est appuyée sur la carte syrienne pour tenté d’opérer un retour stratégique au Moyen-Orient, sur fond de confrontation entre les occidentaux. Ce défi lancé à Washington trouve son prolongement dans l’opposition du Kremlin à toute forme d’ingérence étrangère. Mais quand est-il du nucléaire Iranien ?





Si le programme nucléaire Iranien est né dans les années 1950 dans le cadre d’une coopération avec les Etats-Unis, force et de constater que, dés la décennie 1970, la Russie a ouvert des négociations avec l’Iran dans ce domaine stratégique hautement sensible. Cette opportunité Soviétique allait de paire avec l’ambition du Shah Mohammed Reza « 1941-1979 » de mettre en œuvre une politique étrangère autonome vis-à-vis de Washington. En conséquence, on a dés lors observé un développement significatif des échanges économiques entre Téhéran et Moscou. En revanche, avec les pays Européens, en particulier la France et l’Allemagne, des accords de coopération concernant le nucléaire civil ont été conclus : ils prévoyaient la construction de la centrale de Bouchehr par Kraftwerk Union ou KWU, une filiale de Siemens, qui débuta en 1974, et de celle de Darkhovine « Framatome, devenue Areva Nuclear Power en 2006. Ces projets étaient pour Paris et Berlin un facteur de rapprochement stratégique. Après la révolution islamique de 1979, la France a pris acte de la suspension du programme nucléaire du pays. Pourtant, les élites Iraniennes n’ont pas hésité à cité l’exemple de la non-application du contrat pour la construction de la centrale de Darkhovine comme un signe de l’absence de fiabilité du gouvernement français. La politique nucléaire de l’Iran révolutionnaire se traduisit par l'allègement du programme atomique. Les projets de centrales de Bouchehr et de Darkhovine furent abandonnés pour des raisons stratégiques. La prise de conscience par certains dirigeants révolutionnaires de l’intérêt, pour l’Iran, d’avoir un programme nucléaire date de 1982. Mais ce n’est qu’au début des années 1990 qu’un dialogue fut établi avec les Russes pour poursuivre la construction de la première tranche de 1000 mégawatts. Entre 1984 et 1988, les installations nucléaires de Bouchehr ont été bombardées à plusieurs reprises par l’armée Irakienne. Au lendemain de la guerre, en 1990, l’Iran signa un mémorandum d’entente avec la Russie pour terminer la construction de la centrale de Bouchehr entreprise par les Allemands. Cette coopération Irano-Russe était alors l’un des principaux projets qui permettaient la construction des relations bilatérales à partir de la fin des années 1980. Depuis lors, cette alliance dans un secteur d’activité à la fois sensible est soumise à l’alternance de périodes de crises et de rapprochements que traverse la relation bilatérale. Si cette coopération a été un signe de l’entrée dans une nouvelle ère, il convient de remarquer que, depuis la signature de l’accord final en 1995, chaque période de tensions bilatérales a affecté négativement la réalisation des projets nucléaires russe en Iran. Le contrat d’un montant d’environ un milliards de dollars, stipulait que la centrale devait être mise en service dans un délai de 55 mois. En 2009, les autorités russes ont annoncé qu’un nouveau report serait nécessaire. La réaction des Iraniens face à ce nouveau contretemps dans la coopération nucléaire bilatérale a été d’accuser la partie russe de duplicité, d’hypocrisie et surtout de trahison.

L’IRAN, LA RUSSIE, LA CHINE, ET LES ETATS-UNIS



En 2011, le début de la production d’électricité à Bouchehr, mit fin à cette situation paradoxale entre, d’un coté, un investissement massif dans la filiale nucléaire, déclarée cause nationale et, de l’autre, des résultats jusqu’alors limités en matière de réalisation effective. De plus, les deux états ont crée une coentreprise de gestion de la centrale avec, du coté russe, la société Atomstroyexport et, du coté iranien, la compagnie Nuclear Power Production and Development. La gestion de la centrale sera donc assurée de manière conjointe pendant les premières années, ensuite, l’Iran disposera de personnel qualifié, la formation d’agents ayant été prise en charge en Russie. Par-ailleurs, le vote en faveur des sanctions de Moscou au Conseil de sécurité, deux ans avant le lancement de la centrale, donne une impression d’imprévisibilité de la Russie. Enfin les observateurs voient en se sens que l’idée selon laquelle investir en Iran est un gage d’indépendance vis-à vis des Etats-Unis n’est partiellement pertinente. Sur le plan juridique, ces coopérations ne semblent pas en contradiction avec les dispositions prévues par l’article IV du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1968 « 1 ». La position diplomatique Iranienne est donc conforme à la lettre du traité et le droit de l’Iran à maîtriser l’intégralité du cycle nucléaire civil est reconnue par l’accord de Vienne du 14 juillet 2015. De même les tentatives Chinoises de prendre pied dans un secteur hautement stratégique doivent être comprises dans un contexte de normalisation de la situation internationale de la république islamique. Si les Chine à l’avantage de pouvoir financer ses projets, la technologie Russe reste, dans ce domaine, très performante. Pour l’instant, vu les craintes des monarchies du Golfe et Israël, les occidentaux n’ont pas la capacité de financer des programmes dans le nucléaire en Iran en raison du maintien des sanctions primaires des américains. Le texte sur le nucléaire revêt pour Moscou autant d’inconvénients que d’avantages. On peut noter des perspectives nouvelles dans les coopérations stratégiques sensibles en raison de la nécessité pour Téhéran d’accéder à des technologies militaires ou dans le domaine du nucléaire civil que seule la Russie peut lui offrir. De plus, un Iran normalisé est un partenaire plus fiable dans les coopérations régionales. Néanmoins, le retour des entreprises Européennes ne peut se faire qu’au détriment des intérêts Russes, en particulier dans le secteur de l’aéronautique. Il en est de même de la perspective évoqué par Téhéran d’une reprise des relations économiques avec les Etats-Unis à long terme. Le corridor international Nord-Sud et l’axe entre l’Inde et la Scandinavie passant par l’Iran et la Russie. A travers le port de Chabahar, la République islamique peut contribuer au désenclavement des pays d’Asie centrale. Autrement dit, l’accord sur le nucléaire et la levée graduelle et conditionnelle des sanctions favoriseraient les échanges commerciaux entre l’Iran et ses voisins, dont la Russie. S'agissant de la relation irano-russe au Caucase du Sud, l’Arménie profiterait de la normalisation de la situation internationale de l’Iran. En effet, la fin des sanctions liées au programme nucléaire pourrait conduire à une augmentation du PIB Arménien de 3%, l’objectif étant de faire passer les échanges bilatéraux annuels de 400 millions à un milliard de dollars par an. En raison de l’enclavement du pays et de l’embargo de la Turquie, les Etats-Unis font preuve de flexibilité s’agissant des coopérations économiques Arméno-Iraniennes. En revanche, la diplomatie américaine reste en mesure de limiter les intérêts entre Téhéran et les Etats Européens, en particulier sur le plan économique. La Russie, en dépit de son affaiblissement géopolitique, elle a une capacité de résilience plus forte que les Européens face aux pressions américaines, qui s’explique à la fois par sa stratégie diplomatique et par la nature de ses relations économiques avec les Etats-Unis, qui ne touche pas des domaines sensibles comme le nucléaire, ou l’armement. La Russie conserve toujours une attitude ambivalente sur le dossier Iranien. D’un coté, elle s’oppose aux mesures Onusiennes, de l’autre, elle s’oppose aux mesures unilatérales américaines et européennes.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
1-    
Les parties au traité en mesure de le faire devront aussi coopérer en contribuant au développement plus poussé des applications de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il consacre le droit inaliénable de toutes les Parties au traité de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiste.  
  




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