Le centre
de gravité géopolitique se déplace, avec lui le théâtre des grands enjeux de l’avenir.
Il s’annonce comme celui d’un bouleversement majeur dans la répartition du
pouvoir, celui du déclin de l’Occident-Europe et Amérique, bref la fin d’une
prépondérance multiséculaire s’inscrit à l’horizon du futur. La Russie devient
son propre gendarme face à un OTAN qui ressemble à une vieille dame dépassée.
Moscou cherche
à consolider son retour militaire en force en Afrique du Nord, notamment en
Libye. En violation du principe de l’après-guerre froide, qui veut que les frontières
ne soient pas modifiées par la force, les rencontres entre Russes et l’Union-Européenne
ont toutes échoués. La nouvelle doctrine russe de défense, place l’OTAN en tète
de liste des menaces extérieures, bien avant la prolifération nucléaire et l’islamisme
radical dans le Caucase.
LIBYE :
UN COMPLEXE MILITARO-TRIBAL ET L' INGÉRENCE DE LA RUSSIE
La Libye
est en proie à de nombreux défis, tandis que l’armée régulière ne représente
pas un symbole d’unité nationale, les milices révolutionnaires refusent de se
dissoudre. Lorsque des officiers ont tenté d’imposer le général Belgacem Haftar
à la tête des forces armées, les milices se sont opposées à la désignation d’un
militaire dont le long exil de vingt ans aux Etats-Unis après la guerre du
Tchad le rendait suspect de pro américanisme et d’être un agent de la CIA. La
question sécuritaire demeure toujours sensible et fait l’objet d’un bras de fer
et de négociations entre autorités intérieures et dépositaires proclamés de la
révolution. L’Arabie Saoudite, l’Egypte et Israël imposés comme le gendarme du
Moyen-Orient, y compris l’Afrique du Nord, ont instrumentalisé en coulisse avec
d’autres puissances l’invasion des militaires russes en Libye. L’armée de
Poutine qui est déployée en Syrie, au Yémen et actuellement en Libye défie l’Union-Européenne
qui peine à se doter d’une défense commune. L’inquiétude des pays arabes face
aux ambitions de la Russie, et Moscou qui cherche à consolider son retour
militaire dans les conflits prouve que les relations russo-américaines sont de
plus en plus structurantes. Décomplexé, le Kremlin impose son hégémonisme face
à un monde arabe toujours en manque d’un leader. Entre puissance et influence,
la Russie dicte sa propre stratégie globale grâce aux ambitions discrètes des
américains. Pour la Libye, c’est l’année de tout les dangers sans oublier l’Algérie
enlisé dans ses crises multidimensionnelles et la fragilité de ses frontières
du coté Malin Libyen.
Si la Russie s’effondre démographiquement et n’est
pas capable d’exporter autre chose que des hydrocarbures, elle reste un géant
nucléaire militaire. L’Europe parait durablement inapte à se projeter à l’extérieure,
mais elle est à l’intérieure, un modèle de règlement des conflits, qui pourrait
exercer une influence bien au-delà de ses frontières. Cette analyse offre le
chaos de l’heure, de dresser l’état des lieux de l’ingérence grandissante de la
Russie, des conflits en cours et des dangers à venir.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
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