vendredi 18 décembre 2020

 GÉOPOLITIQUE/ ISRAËL/ RUSSIE/ AZERBAÏDJAN : AU CŒUR DES INTÉRÊTS STRATÉGIQUES FONDÉES SUR DES LIAISONS DANGEREUSES

Les relations Israélo-Azerbaïdjanaises s’inscrivent dans le cadre de la stratégie de la politique étrangère multivectorielle de l’Azerbaïdjan. Annoncée par le président Heydar Aliyev lors de son discours en 1993 devant les élus du Parlement, cette stratégie insiste sur le maintien de bons rapports avec les pays, voisins ou non, l’élimination des malentendus et le renforcement de la capacité de l’Etat de faire face aux défis du monde globalisé.


En 2016,  la rencontre également avec  Ilham Aliyev,  constitue l’un des rares pays à majorité musulmane (chiite) à entretenir des relations bilatérales avec Israël. Et pourtant, lors du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, Israël a bien soutenue militairement Bakou avec la Turquie, alors que l’Iran aussi chiite était au côté des forces militaires Arméniennes. Dans cette région du Caucase, Moscou est venue témoigner de l’excellence des relations Israélo-Russes dans un climat de confiance mutuelle et durable. Cette relation entre les deux pays, renforcent une relation stratégique et synergie politique en plein essor. Le Kremlin, convoite avidement la haute technologie Israélienne qui lui fait encore largement défaut. Notamment dans le cadre de ses activités prioritaires visant à contenir la menace terroriste dans les régions du Nord-Caucase et de l’Oural, ainsi que dans les confins centrasiatiques.

LA HAUTE TECHNOLOGIE ISRAÉLIENNE AU SERVICE DE LA RUSSIE ET L’AZARBAIDJAN

La collaboration militaro-technique entre Moscou et Tel Aviv remonte aux années 1997, lorsque le ministre de l’industrie Israélien Natan Sharansky, ancien soviétique immigré en Israël ; souhaite amarrer la Russie à son nouveau port d’attache Israélien. Il s’agissait d’obtenir, selon le rationnel Israélien, un accès privilégié au marché Russe de l’armement. De nos jours, l’imbrication quasi symbiotiques du complexe militaro-industriel israélien et russe relève plus particulièrement d’un effet de complémentarité entre les créneaux de production respectifs des deux pays. L’Etat Hébreux dispose d’un savoir-faire mondialement réputé en terme de technologie de pointe (logiciels ultra-performants, produits nano- technologiques, armes laser) ; la Russie se spécialise, quant à elle, dans la production de matériels lourds (avions, hélicoptères, chars d’assaut, sous-marins). En dépit du risque direct de transfert technologique à des ennemis déclarés d’Israël importateurs d’armement Russe, cette collaboration technique vise en premier lieu, pour les industriels israéliens, la fidélisation du client russe, assurant ainsi la récurrence du chiffre d’affaires et d’investissements dans l’innovation. Sans oublier, la bonification de l’offre commerciale, notamment grâce aux nouveaux produits codéveloppés et l’ouverture de nouveaux débouchés commerciaux, au sein du groupe de clients anciennement affiliés au partenaire soviétique. Quand à Moscou, l’appui technologique Israélien s’insère dans une stratégie globale de modernisation du matériel aux normes de l’OTAN et d’élargissement des différentes gammes de produits que la Russie peut escompter vendre. En somme, l’acquisition de nouvelles technologies attise par ailleurs les convoitises des autorités militaro-russes. C’est en ce sens qu’a été signé en 2009 un contrat portant sur l’achat de drones tactiques israéliens à hauteur de 54 millions de dollars. Un second contrat estimé à 100 millions a été signé quelques mois plus tard pour la fourniture de trente six drones supplémentaires. Cette collaboration a notamment permis la réactualisation de nombreux équipements militaires Russes, dont le radar A-50, les hélicoptères Kamov 50-02 ou encore les avions de transport de classe Iliouchine IL-76. Ces derniers étaient destinés à une commande du gouvernement Indien. Selon encore le centre d’analyse du commerce mondial d’armes basé à Moscou, Israël se serait engagé à fournir à l’armée Russe deux Bird-Eye 400, huit I-Viem MK 150 et deux Searcher MK-2.  L’étroitesse des liens israélo-russes dans ce domaine s’est une fois confirmé lors d’un déplacement en Israël du premier ministre Russe, à l’occasion de la visite d’un centre de recherche, le ministre de l’agriculture Israélien, qui l’accompagnait, lui a offert un drone d’une valeur de 50 000 dollars, dont les composantes techniques sensibles n’étaient pourtant pas destinées à être partagées. Cette entente sectorielle israélo-russe n’aurait pas été aussi sincère sans la présence en sol Israélien d’une communauté russophone très importante. Sachant que cette communauté constitue le groupe ethnico-culturel de loin avec plus d’un million et demi de personnes, soit environ 15% de la population. Cette forte présence  tend à faire de l’Etat Israélien un « nouveau monde russe » dont l’influence est devenue incontournable dans la vie politique et sociale israélienne. Quelque 1,1 million d’immigrations issu de l’empire  russe, de l’Union soviétique ou de la Fédération Russe ont afflué vers Israël au cours du XX siècle, surtout dans les années 1990. A ce portrait démographique doivent également s’ajouter les 160 000 Juifs russophones arrivés en Israël entre 2000 et 2009.  Communauté au solde naturel positif, les russophones d’Israël rassurent d’autre part les autorités israéliennes quant au renouvellement futur des générations Juives et du maintien de l’équilibre démographique entre Juifs et non Juifs, jugé primordial par l’Etat Hébreux pour la pérennité d’Israël en tant qu’Etat Juif. Plus de 25% des soldats de Tsahal seraient russophones, pour le Mossad, l’expérience acquise sur les fronts Tchétchènes ou Géorgien apporte une valeur ajoutée du point de vue stratégique.

ISRAËL  ET AZERBAÏDJAN : VERS LA  CONQUÊTE DU CAUCASE


La coopération avec Israël s’est renforcé depuis l’indépendance de l’Azerbaïdjan dans différentes domaines tel que l’économie, la technologie, l’agriculture, l’énergie, ce qui a jeté les bases solides d’un partenariat stratégique répondant aux intérêts des deux pays. Les officiels des deux parties se rendent régulièrement visite. Israël et Bakou, s’attache à développer les  liens bilatéraux sur la base des avantages comparatifs. Si Israël souhaite développer un partenariat pour créer un pont vers d’autres pays musulmans et assurer la pérennité de ses sources d’importations/exportations, l’Azerbaïdjan cherche à bénéficier de la capacité technologique Israélienne afin de moderniser son économie. Cette relation a une dimension historique, liée à la présence d’une diaspora Juif en Azerbaïdjan. Actuellement, les Juifs (50 000 personnes), réparties en trois communautés sont essentiellement installés dans le Nord du pays. Ils disposent de sept synagogues, dont l’une a été récemment construite grâce au financement public dans le centre de Bakou, et énormément de Juifs ont immigrés vers Israël. Concernant le couple Iranien et Israélien, ou la plus forte communauté juive vivent en Iran, quel sera l’avenir de cette diaspora ? Peut-ont s’attendre encore à une immigration massive ?


Enfin, Trump demeure imprévisible et plus craint qu’Obama, il n’est pas à exclure qu’il a réussit à émerger Israël dans le monde arabo-musulman et plus précisément au sein des  monarchies du Golfe et même en Afrique  là ou ses prédécesseurs ont échoué. En attendant le « MESSIE »,  selon les prophéties bibliques,  les protestants américains comme les orthodoxes Juifs, renforcent l’influence du judaïsme afin de recevoir « le Messie attendu » avec un Etat hébreux dominant le monde. 

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

 

N.B/  Il reste important de préciser que si le désaccord initial entre les sionistes et les orthodoxes non-sionistes portait à l’origine sur la licéité, au regard de la « Torah », de fonder un Etat Juif, il ne concernait nullement l’autorisation, religieusement parlant, d’émigrer en Palestine et d’y vivre. C’est de cette différence subtile mais fondamentale que découle l’existence, dans Israël contemporain, de partis orthodoxes critiques envers ce qui, dans le fonctionnement du pays, va à l’encontre de la « Torah », mais sans en prôner le démantèlement. A l’exception de petits groupes, cette option n’est pas envisagée et le monde orthodoxe vit dans une attitude d’acceptation conditionnelle de l’Etat.

 

 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire