GÉOPOLITIQUE/ ISRAËL/ RUSSIE/ AZERBAÏDJAN : AU CŒUR DES INTÉRÊTS STRATÉGIQUES FONDÉES SUR DES LIAISONS DANGEREUSES
Les
relations Israélo-Azerbaïdjanaises s’inscrivent dans le cadre de la stratégie
de la politique étrangère multivectorielle de l’Azerbaïdjan. Annoncée par le
président Heydar Aliyev lors de son discours en 1993 devant les élus du
Parlement, cette stratégie insiste sur le maintien de bons rapports avec les
pays, voisins ou non, l’élimination des malentendus et le renforcement de la
capacité de l’Etat de faire face aux défis du monde globalisé.
En 2016, la rencontre également avec Ilham Aliyev, constitue l’un des rares pays à majorité musulmane
(chiite) à entretenir des relations bilatérales avec Israël. Et pourtant, lors
du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, Israël a bien soutenue
militairement Bakou avec la Turquie, alors que l’Iran aussi chiite était au côté
des forces militaires Arméniennes. Dans cette région du Caucase, Moscou est
venue témoigner de l’excellence des relations Israélo-Russes dans un climat de
confiance mutuelle et durable. Cette relation entre les deux pays, renforcent
une relation stratégique et synergie politique en plein essor. Le Kremlin,
convoite avidement la haute technologie Israélienne qui lui fait encore
largement défaut. Notamment dans le cadre de ses activités prioritaires visant
à contenir la menace terroriste dans les régions du Nord-Caucase et de l’Oural,
ainsi que dans les confins centrasiatiques.
LA HAUTE
TECHNOLOGIE ISRAÉLIENNE AU SERVICE DE LA RUSSIE ET L’AZARBAIDJAN
La
collaboration militaro-technique entre Moscou et Tel Aviv remonte aux années 1997,
lorsque le ministre de l’industrie Israélien Natan Sharansky, ancien soviétique
immigré en Israël ; souhaite amarrer la Russie à son nouveau port d’attache
Israélien. Il s’agissait d’obtenir, selon le rationnel Israélien, un accès
privilégié au marché Russe de l’armement. De nos jours, l’imbrication quasi
symbiotiques du complexe militaro-industriel israélien et russe relève plus particulièrement
d’un effet de complémentarité entre les créneaux de production respectifs des
deux pays. L’Etat Hébreux dispose d’un savoir-faire mondialement réputé en
terme de technologie de pointe (logiciels ultra-performants, produits nano-
technologiques, armes laser) ; la Russie se spécialise, quant à elle, dans
la production de matériels lourds (avions, hélicoptères, chars d’assaut,
sous-marins). En dépit du risque direct de transfert technologique à des
ennemis déclarés d’Israël importateurs d’armement Russe, cette collaboration
technique vise en premier lieu, pour les industriels israéliens, la
fidélisation du client russe, assurant ainsi la récurrence du chiffre d’affaires
et d’investissements dans l’innovation. Sans oublier, la bonification de l’offre
commerciale, notamment grâce aux nouveaux produits codéveloppés et l’ouverture
de nouveaux débouchés commerciaux, au sein du groupe de clients anciennement
affiliés au partenaire soviétique. Quand à Moscou, l’appui technologique Israélien
s’insère dans une stratégie globale de modernisation du matériel aux normes de
l’OTAN et d’élargissement des différentes gammes de produits que la Russie peut
escompter vendre. En somme, l’acquisition de nouvelles technologies attise par
ailleurs les convoitises des autorités militaro-russes. C’est en ce sens qu’a
été signé en 2009 un contrat portant sur l’achat de drones tactiques israéliens
à hauteur de 54 millions de dollars. Un second contrat estimé à 100 millions a
été signé quelques mois plus tard pour la fourniture de trente six drones
supplémentaires. Cette collaboration a notamment permis la réactualisation de
nombreux équipements militaires Russes, dont le radar A-50, les hélicoptères
Kamov 50-02 ou encore les avions de transport de classe Iliouchine IL-76. Ces
derniers étaient destinés à une commande du gouvernement Indien. Selon encore
le centre d’analyse du commerce mondial d’armes basé à Moscou, Israël se serait
engagé à fournir à l’armée Russe deux Bird-Eye 400, huit I-Viem MK 150 et deux
Searcher MK-2. L’étroitesse des liens
israélo-russes dans ce domaine s’est une fois confirmé lors d’un déplacement en
Israël du premier ministre Russe, à l’occasion de la visite d’un centre de
recherche, le ministre de l’agriculture Israélien, qui l’accompagnait, lui a
offert un drone d’une valeur de 50 000 dollars, dont les composantes
techniques sensibles n’étaient pourtant pas destinées à être partagées. Cette
entente sectorielle israélo-russe n’aurait pas été aussi sincère sans la présence
en sol Israélien d’une communauté russophone très importante. Sachant que cette
communauté constitue le groupe ethnico-culturel de loin avec plus d’un million
et demi de personnes, soit environ 15% de la population. Cette forte présence tend à faire de l’Etat Israélien un « nouveau
monde russe » dont l’influence est devenue incontournable dans la vie
politique et sociale israélienne. Quelque 1,1 million d’immigrations issu de l’empire russe, de l’Union soviétique ou de la Fédération
Russe ont afflué vers Israël au cours du XX siècle, surtout dans les années 1990.
A ce portrait démographique doivent également s’ajouter les 160 000 Juifs
russophones arrivés en Israël entre 2000 et 2009. Communauté au solde naturel positif, les
russophones d’Israël rassurent d’autre part les autorités israéliennes quant au
renouvellement futur des générations Juives et du maintien de l’équilibre
démographique entre Juifs et non Juifs, jugé primordial par l’Etat Hébreux pour
la pérennité d’Israël en tant qu’Etat Juif. Plus de 25% des soldats de Tsahal
seraient russophones, pour le Mossad, l’expérience acquise sur les fronts Tchétchènes
ou Géorgien apporte une valeur ajoutée du point de vue stratégique.
ISRAËL ET AZERBAÏDJAN : VERS LA CONQUÊTE DU CAUCASE
La coopération avec Israël s’est renforcé depuis l’indépendance de l’Azerbaïdjan dans différentes domaines tel que l’économie, la technologie, l’agriculture, l’énergie, ce qui a jeté les bases solides d’un partenariat stratégique répondant aux intérêts des deux pays. Les officiels des deux parties se rendent régulièrement visite. Israël et Bakou, s’attache à développer les liens bilatéraux sur la base des avantages comparatifs. Si Israël souhaite développer un partenariat pour créer un pont vers d’autres pays musulmans et assurer la pérennité de ses sources d’importations/exportations, l’Azerbaïdjan cherche à bénéficier de la capacité technologique Israélienne afin de moderniser son économie. Cette relation a une dimension historique, liée à la présence d’une diaspora Juif en Azerbaïdjan. Actuellement, les Juifs (50 000 personnes), réparties en trois communautés sont essentiellement installés dans le Nord du pays. Ils disposent de sept synagogues, dont l’une a été récemment construite grâce au financement public dans le centre de Bakou, et énormément de Juifs ont immigrés vers Israël. Concernant le couple Iranien et Israélien, ou la plus forte communauté juive vivent en Iran, quel sera l’avenir de cette diaspora ? Peut-ont s’attendre encore à une immigration massive ?
Enfin, Trump demeure imprévisible et plus craint qu’Obama, il n’est pas à exclure qu’il a réussit à émerger Israël dans le monde arabo-musulman et plus précisément au sein des monarchies du Golfe et même en Afrique là ou ses prédécesseurs ont échoué. En attendant le « MESSIE », selon les prophéties bibliques, les protestants américains comme les orthodoxes Juifs, renforcent l’influence du judaïsme afin de recevoir « le Messie attendu » avec un Etat hébreux dominant le monde.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
N.B/ Il reste important de préciser que si le désaccord
initial entre les sionistes et les orthodoxes non-sionistes portait à l’origine
sur la licéité, au regard de la « Torah », de fonder un Etat Juif, il
ne concernait nullement l’autorisation, religieusement parlant, d’émigrer en
Palestine et d’y vivre. C’est de cette différence subtile mais fondamentale que
découle l’existence, dans Israël contemporain, de partis orthodoxes critiques
envers ce qui, dans le fonctionnement du pays, va à l’encontre de la « Torah »,
mais sans en prôner le démantèlement. A l’exception de petits groupes, cette
option n’est pas envisagée et le monde orthodoxe vit dans une attitude d’acceptation
conditionnelle de l’Etat.
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