GÉOPOLITIQUE/ LA COURSE AUX ARMEMENTS DES ETATS AFRICAINS : LE FAIBLE ET LE FORT
Depuis la
fin des guerres d’indépendance dans les années 1960 et 1970, l’Afrique reste
soumise à de nombreux conflits régionaux déstabilisateurs à long terme. Avec le
Congo, la Libye, le Mali, le Nigeria, le deux Soudain, où les situations
politiques ont des conséquences directes pour les pays voisins, les obligeant à
moderniser leurs armements. Ainsi, plusieurs pays Africains augmentent leur budget
de défense au pris même du sort de leurs populations, pauvreté, malnutrition, chômage
latent, restrictions économiques, et autres.
Le
secteur d’armement dans le continent, traverse un véritable boom. Elle est la
région du monde où les dépenses militaires ont le plus augmenté en 2018-2019,
avec 60 milliards de dollars, soit une hausse de 10% par rapport à 2017-2018. Si
le chiffre reste loin des sommes dépensées, il devrait continuer à augmenter
dés la décennie prochaine. Trois acteurs se détachent, l’Algérie, le Maroc et
le Tchad, déterminés à apparaître comme des puissances régionales. Pour N’Djamena, la secte Boko Haram représente un facteur déstabilisation à sa frontière
sud-ouest, avec notamment l’arrivée de réfugiés, et une menace à l’économie d’un
pays enclavé. Par ailleurs, le Tchad se trouve à moins de 100 kilomètres des
territoires contrôlés par Boko Harem au Nigéria. C’est dans ce contexte que le
Tchad a envoyé son armée (trois régiments de 800 hommes) au Cameroun en 2015.
Ces soldats peuvent passer les frontières avec le Nigeria sans autorisation
préalable. N'djamena accueille le quartier général de la Force multinationale
mixte, décidée en février 2015 et forte de 8700 militaires du Bénin, du
Cameroun, du Niger, du Nigeria et du Tchad. Outre l’enjeu régional, la hausse
des dépenses militaires s’explique par la volonté de protéger des sites
stratégiques, notamment pétroliers. C’est le cas du Ghana et de l’Angola qui
ont enregistré les plus fortes hausses 130% et 40% respectivement. Un autre
acteur important est l’Afrique du Sud, qui accueille tous les deux ans l’Africa
Aerospace & Defense, l’occasion de montrer le dynamisme de l’industrie
locale. Les transferts de technologie accompagnant les contrats de vente sont
de plus en plus fréquents, notamment avec des compagnies Russes ou Airbus Hélicoptères.
Reste à s’interroger sur les conséquences d’une course aux armements dans des
régions où les Etats centraux sont parfois défaillants.
LE COMMERCE
DES ARMES : LE FORT ET LE FAIBLE
Parmi les fonctions régaliennes dévolues aux Etats, la défense nationale reste, avec la justice, l’une des moins contestées. En hausse de 60% sur la décennie 2010-2020, les dépenses militaires ont atteint 3000 milliards de dollars, soit prés de 3% du PIB mondial. Rapporté à la population mondiale, cela représente une dépense moyenne de 300 dollars par habitant. Plus qu’à l’entretien des millions de soldats mobilisés, les budgets militaires servent surtout à l’achat de nouveau matériel, et tout particulièrement d’armes. Les 100 premières firmes productrices d’armes au monde affichent un chiffre d’affaires de 500 milliards de dollars, soit 40% d’un marché total estimé à 2055 milliards de dollars. Parmi elles, 44 sont installées aux Etats-Unis et 25 dans l’Union européenne, le haut du tableau étant presque occupé par des groupes américains, comme Boeing et Lockheed Martin. Malgré un léger ralentissement, le secteur de l’armement a été relativement épargné par la crise de 2008, et celle du Covid 19, son activité ayant continué de croître même au plus fort de la tourmente. Avec un volume d’affaires de 70 milliards de dollars sur la décennie 2000, les Etats-Unis confortent leur rang de premier exportateur mondial, juste devant la Russie. En retrait, la France « 4 » et le Royaume-Unis « 5 » exportent pour des montants respectifs quatre et six fois inférieurs, quand la Chine « 7 » peine à atteindre la barre des 5 milliards. Les cinq membres permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies comptent ainsi pour 74% des exportateurs, les Etats-Unis et la Russie pesant à eux seuls 60%. Avec une facture à l’import dépassant 30 milliards de dollars sur la décennie 2000, la Chine s’impose comme la première destination des transferts internationaux d’armement devant l’Inde et la Corée du Sud. Malgré l’émergence de nouveaux acteurs très contesté : les 15 premiers exportateurs mondiaux réalisent 96% des livraisons d’armes et les 15 principaux importateurs comptabilisent 63% des achats. Confrontées à l’opacité d’une grande partie des contrats, les Nations-Unies tentent depuis peu d’élaborer des normes internationales sur l’exportation, l’importation et le transport des armes. Pour l’heure, les négociations achoppent à la fois sur les catégories d’armes et de munitions concernées, et sur le traitement de la corruption et du blanchiment qui entourent les transactions. Avec ou sans traité, les efforts de réglementation se limiteront au commerce légal et n’auront que peu d’impact sur les marchés noir et gris. Les armes de petit calibre de seconde main continueront donc de circuler d’une région à l’autre, d’un conflit à l’autre et d’échapper à tout contrôle. La Mauritanie, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Nigeria, la Libye, le Burkina Faso, sont les pays les plus directement concernés par les menaces. A l’exception du Nigeria, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc. Mais, pour les Nations-Unies, ils n’ont pas les moyens de fournir les services de base à leur population, comme l’accès à la santé, à l’éducation et à la sécurité
En somme, en Afrique il ne s’agit pas de conflits inter étatiques, ni de guerre civiles, mais ils font face à des insurrections à caractère politico-mafieux, et les menaces à la stabilité des pays sont parfois internes, comme les tentatives de coups d’Etat ou de coup de force constitutionnel.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
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