samedi 17 octobre 2020

GÉOPOLITIQUE/ CHINE/ INDE : LUTTE 

D'INFLUENCE DANS L’OCEAN INDIEN

L’Inde a besoin d’investissement pour son développement économique et va les chercher chez son partenaire commercial, tandis que la Chine veut affirmer sa puissance dans l’océan Indien, en s’appuyant sur le Pakistan et non sur le géant aux pieds d’argile. Si la rencontre entre les deux présidents a abouti à la signature de 21 accords commerciaux et de coopération pour un total de 22 milliards de dollars, elle intervient dans un contexte diplomatique illustrant les rivalités entre les deux géants asiatique.


Les relations bilatérales remontent aux années 1950 quand, après l’indépendance de l’Inde en 1947 et la naissance de la Chine deux ans plus tard, les deux pays tentent de se rapprocher par affinités idéologiques. Mais le statut du Tibet réveille les premières tensions.

LE TIBET/  ORIGINES 

Les autorités de Pékin considèrent que le  Tibet fait partie de l’empire depuis le VII siècle, suite au mariage d’une princesse Chinoise et du roi du Tibet. Culturellement, la région était en fait beaucoup plus sous influence Indienne du fait de la philosophie Bouddhiste qui y avait été répandu au VIII siècle. Le Tibet est devenu au fur et à mesure une véritable théocratie. Au XVIII siècle, les Lamas se reconnurent comme vassaux de l’empereur de Chine. Ils ne constituaient pas une entité étatique indépendante mais n’étaient pas non plus formellement rattachés à la Chine. Les Chinois sont chassés du Tibet à la chute de la dynastie Mandchoue en 1911. Après la prise du pouvoir par les communistes en 1949, les forces Chinoises rentrent au Tibet et l’annexe officiellement. Ils dénoncent le servage auquel les Tibétains étaient réduits au profit du clergé, et imposent leur propre dictature. En 1959, après la répression violente d’un soulèvement, le Dalaï-lama, autorité religieuse et politique suprême, s’enfuit du Tibet et se réfugie en Inde où il constitue un gouvernement Tibétain en exil. Lors de la révolution culturelle (1965-1975), toutes activités religieuses sont interdites et des milliers de temples sont détruits. A la fin des années 1970 Deng Xiaoping lance une politique de modernisation économique du Tibet qui s’accompagne de l’installation de nombreux Chinois-Hans, vus par les Tibétains comme des colons afin de modifier l’équilibre démographique de la région. A la suite d’un soulèvement violent et avec des soutiens Occidentaux, le Tibet arrache son indépendance. Scénario hautement improbable. Craignant la contagion de cette sécession dans les immenses régions non-Han de la Chine, au Xinjiang, pour les Ouighours  musulmans comme l’ont montré les émeutes de 2009 et voulant garder le contrôle de cette région frontière et stratégique, les Chinois feront tout afin que ce scénario ne se réalise jamais.  Le Dalaï-lama reçoit le prix Nobel  de la paix en 1989. Il ne peut rentrer au Tibet. Il bénéficie d’un vaste soutien dans l’opinion Occidentale, en Inde,  chez les adversaires stratégiques de la Chine et ceux qui partagent ses doctrines philosophiques (bouddhisme, non violence). Après l’annexion passée sous silence, les autorités Chinoises font tout pour réduire cette audience internationale.  La Chine ne relâche pas la pression sur le Tibet. Les protestations internationales se poursuivent. Pour préserver leurs relations et intérêts économiques avec Pékin, les gouvernements étrangers s’accommodent de la situation. Autre scénario, à la mort de l’actuel Dalaï-lama, les Chinois font désigner un successeur qui leur est soumis, espérant étouffer ainsi la protestation Tibétaine. Ce futur Dalaï-lama Chinois serait privé de toute légitimité auprès des Tibétains et la révolte prendra son destin en main.

INDE/ CHINE : DES TENSIONS ENCORE VIVACES ET DES LUTTES D'INFLUENCES

L’inde considère toujours que Maurice, Seychelles et le Sri Lanka, comme appartenant à son étrange voisin, notamment pour la diaspora indienne y résidant. Narendra Modi a signé avec ces îles des accords commerciaux et de défense. De son côté, Xi Jinping s’appuie sur le Pakistan dont il a promis entre 28 milliards et 46 milliards de dollars d’investissements. L’océan Indien, cœur des grandes routes commerciales mondiales entre Europe, l’Afrique et l’Asie, est le théâtre des enjeux d’influence entre l’Inde et la Chine. Depuis 1993-2003, les tensions se sont apaisées concernant le Tibet et le Cachemire. Toutefois les différents territoriaux continuent de générer de la méfiance de chaque côté de la frontière. Pendant que l’Inde était concentrée à gérer ses relations avec ses voisins directs, surtout le Pakistan et le Bangladesh, elle en a oublié d’affirmer sa puissance dans l’océan indien, alors qu’elle dispose de 7000 kilomètres de côtes et d’un commandement interarmées à Port Blair, sur les îles Andaman. La Chine en a profité pour s’installer dans les pays riverains, avec des infrastructures portuaires depuis la Thaïlande jusqu’aux Seychelles, archipel où l’utilisation d’une base de ravitaillement pour ses navires chargés de la lutte contre la piraterie est en discussion depuis 2011. Le Pakistan, avec le port de Gwadar, est un maillon essentiel de cette vision stratégique et doit accueillir un corridor économique ouvrant la Chine aux eaux de la mer d’Oman. Ce partenariat est aussi vu comme la volonté de Pékin d’être un acteur de poids, notamment dans la question Afghane, terrain traditionnellement réservé à l’Inde.

MODÈLE ECONOMIQUE ENTRE FASCINATION ET MÉFIANCE


Le modèle économique Chinois est regardé avec grande attention à New Delhi, en particulier pour ça capacité à développer des infrastructures et à gérer la question urbaine, deux problématiques primordiales en Inde, ou les routes restent très mauvaises et l’exode rural fera arriver dans les villes 270 millions de personnes d’ici à 2050. Cette nécessité explique le boom des échanges entre les deux géants démographiques (ils rassemblent 2,61 milliards d’habitants en 2015). Malgré un déficit enregistré qui dépasse les 40 milliards, a cause de la fermeture du marché Chinois a l’informatique et aux produits pharmaceutiques, le président Chinois, a promis d’ouvrir son pays à ce dernier secteur ainsi que des investissements de 20 milliards de dollars dans des zones industrielles de Gujarat et du Maharashtra.

 

Au fil des années, les deux puissances voient les motifs de compétitions augmenter. Du côté Indien, on a besoin de la Chine, tout en s’inquiétant de son avancée dans l’océan indien. Du côté Chinois, on ne craint que de façon limitée les ambitions Indiennes, car ce dernier reste la première puissance économique et militaire de toute la région, avec un budget de la défense de 130 milliards de dollars et 2,9 millions de soldats contre 38,6 milliards et 1,33 million pour l’Inde.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

 

 

 

 

 

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