Au –delà
des tensions entre Russes et Américains dans les Balkans, l’hypothèse d’une
guerre hybride ourdie par Moscou dans les pays baltes, ou réside une forte
minorité russophone, constitue une source de préoccupation majeur pour la
sécurité du continent Européen.
L’UE possède environ 2500 km de frontière
communes avec la Russie, non sécurisées. Néanmoins, se trouve aux portes de
l’Union deux territoires surarmés ou la présence militaire Russe inquiète énormément
l’enclave de Kaliningrad et la Transnistrie. Les deux bases, frontière de la
Pologne et de la Lituanie sont équipées de missiles nucléaires, constituant de
fait une menace concrète pour toute la région. Pour
l’avenir de l’équilibre international dans son ensemble, et, celui du continent
Européen en particulier, l’évolution de la Russie et de ses rapports de force
avec le reste du monde continue de jouer un rôle déterminant. Le conflit Syrien
et celui de l’Ukraine ont modifié les relations de l’OTAN et la Fédération de
Russie. Trouvant en Europe et en méditerranée le terrain fertile de cette
nouvelle confrontation. L’intégration en catimini du Monténégro dans l’OTAN,
malgré la vive opposition de Moscou et les menaces des représailles, rend
désormais l’organisation de l’Atlantique Nord maître de tout le littoral Nord
de la Méditerranée, de Gibraltar à la frontière Turco-Syrienne. Pour le moment,
le risque élevé de confrontation militaire directe entre l’UE et la Russie
n’existe pas, mais le bras de fer se trouve durablement engagé. La relance du
projet soutenu par Angela Merkel et Macron, de défense Européenne destiné à encourager la
recherche militaire et l’acquisition d’armement Européens, témoigne d’une prise
de conscience salutaire, au moment même ou les déclarations de Donald Trump
font douter sur la capacité de l’OTAN à assurer la sécurité de ses Etats
membres. L’Europe redécouvre actuellement la guerre, elle est à la veille des nouveaux
conflits armés et elle est d’ores et déjà prise dans plusieurs guerres sur son
territoire. Le continent subit la réémergence de conflits armés visant à
prendre le contrôle d’un territoire,
d’une population ou de ses ressources et à faire plier la souveraineté d’un
Etat rival. En Ukraine et dans le Caucase, dans la Baltique et en Moldavie,
mais aussi au cœur même de ses villes, l’Europe se vit en état de guerre.
Continent belliqueux, elle s’est reconstruite sur la base du refus de la guerre
comme moyen de règlement des différents et comme continuation de la politique
par la violence pour détourner la célèbre définition de « Clausewitz ».
Mais au fil des changements géopolitiques, géostratégiques, et géoéconomiques
grandissantes, les théories et les tabous s’effondrent. Le principe
d’intangibilité des frontières Européenne a changé, après les guerres en
Géorgie, aux Balkans et en Ukraine, des territoires ont éclaté et de nouvelles
frontières ont été redessinées par l’ingérence et la violence. Plusieurs
actions armées ont été entreprises et sont menées actuellement sur le continent
Européen pour infléchir les politiques de certains gouvernements. D’autres
batailles, se livrent aussi dans le champ économique, cyberespace, dans le
domaine idéologique, linguistique,
médiatique, qui nourrit tensions et forces centrifuges, surtout dans
l’Est de l’Europe.
L’INFLUENCE
RUSSE AU SEIN DE L’UE
Depuis
les années 1990, L’Union-Européenne a admis la réalité de la guerre en son sein
et dans son voisinage immédiat, elle a été contrainte à la violence armée comme
instrument du rapport de force interétatique. Tous les conflits orchestrés par
la Russie, ont conduits à rogner la
souveraineté d’Etats, à en faire émerger d’autres et à redessiner des nouvelles
frontières. La reconnaissance des nouveaux Etats est garantie par la communauté
internationale, malgré certaines réticences initiales. Finalement, elle fait
consensus en Europe, comme la Croatie, la Slovénie et le Monténégro. Dans d’autres cas, le statut juridique de ces
nouvelles entités est la source même de tensions durables. Les indépendances du
Kosovo et de l’Ossétie du Sud, consécutives à des conflits armés, sont encore
des sujets de désaccord entre la Russie et l’UE. Pour la Russie et la Serbie,
l’indépendance du Kosovo est illégitime. Concernant l’UE, c’est l’indépendance
de l’Ossétie du Sud qui est illégale. Le statut juridique lui-même issue des
opérations militaires demeure source de conflit diplomatique permanant. Dans le
cas de l’Ukraine, après son déclanchement, le conflit armé dans le Donbass
semble relégué au second plan de l’actualité et des préoccupations
internationales. Il constitue pourtant toujours une menace majeure pour la
sécurité du continent Européen. La France, a travers ca diplomatie accélère
cette prise de conscience notamment en insistant, dans les enceintes
Européennes, sur la nécessité de consacré à la défense un effort budgétaire
plus important. La spirale de la guerre est d’autant plus forte que les
institutions de la paix sont aujourd’hui largement grippées. L’OSCE, issue de
l’Acte final d’Helsinki et destinée à assurer la réduction des armements et les
préventions des conflits en Europe, est bloquée depuis l’annexion de la Crimée.
Quant aux enceintes de coopération économiques, elles sont soit peu productives
(OMC et G 20), soit suspendues (G8). Le conseil de sécurité des Nations-Unies,
cercle mondial mettant en dialogue des acteurs majeurs de la sécurité en Europe
(Russie, Etats-Unis, France, Royaume-Unis), entérine le désalignement
stratégique des Européens avec l’hégémonie de la Russie.
L’Europe
est moins à la veille d’un conflit continental qu’à un tournant de son
histoire. Durant plusieurs décennies, elle a cru pouvoir reléguer la guerre au
statut de corps étranger et externe. Elle se résout actuellement à une évidence
déterminante, dont la guerre et la paix ne se succèdent pas dans l’histoire des
nations. Mais elles cohabitent constamment.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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