Depuis la
fin des années 1990, le peuple algérien a était soumis à une monarchie absolue
imposée par le président Bouteflika, son frère et un clan mafieux qui a
dépouiller toutes les richesses de l’Etat. Corruption, népotisme, la mafia des
députés et sénateurs, spoliation des biens de l’Etat, une justice impitoyable
et expéditive dictée par le ministre en personne au détriment des magistrats, impunité pour les élites et répression pour le
reste de la population. Un spectacle médiatique qui arrange le régime, et un
rideau de fumée pour ne pas s’attaquer aux autres grands fléaux du pays. A
travers toutes ces pratiques staliniennes, le cri du peuple algérien résonne à
travers le monde entier, afin de prendre finalement son destin en main.
Cette
mobilisation nationale, qui gangrène l’Algérie depuis le 22 février, devienne
un triomphe voire une victoire présidentielle dans les mois qui suivent. Le
clan du régime ne reconnait pas le caractère politique du peuple et le qualifie
de menace terroriste. Le système de petits partis autrefois instrumentalisés
par les services secrets, suivent une discipline partisane. Le président
Bouteflika avait composé en permanence avec un nombre important de petites
entreprises électorales qui siègent au Parlement. Au fil des vingt années de
règne sans partage, la société civile était soumise à une paix à l’écran dont
les processus deviennent des œuvres théâtrales sans fin. La reconduction de Bouteflika pour un
cinquième mandat a été soutenue par les deux partis majoritaires du pays (FLN-
RND). Néanmoins, la limitation constitutionnelle à deux mandats a été
introduite initialement lors de la réversion constitutionnelle du 7 décembre
1996 (article 74, alinéa 2). Elle fut ensuite supprimée par la loi de révision
du 15 novembre 2008, afin de permettre au président Algérien de se présenter à
un troisième mandat, après avoir augmenté les indemnités des parlementaires
vireux par une ordonnance du 1 septembre
précédent. Une fois réélu pour un quatrième mandat en 2014, Bouteflika est
revenu par la loi de révision constitutionnelle du 6 mars 2016 à la limite des
deux mandats présidentiels ( article 88, alinéa 9). L es partisans du cinquième mandat
soutiennent que cette limite ne serait pas rétroactive, ce qui permettrait au
président de briguer une nouveau mandat. Pour les observateurs, ce cinquième mandat n’en serait pas moins institutionnel. Si la question venait à se poser,
ce serait au chef du gouvernement actuel ( Ahmed Ouyahia), le ministre de la
justice ( Tayeb louh), le président du conseil constitutionnel ( Tayeb Belaiz) ,
le président du Conseil de la Nation ( Abdelkader Bensalah) et les deux frères du président d’y répondre. Outre ces violations constitutionnelles, se pose la
question de la légitimité démocratique de Bouteflika. Président de la
république depuis 1999, celui-ci était déjà ministre en 1962, suite au coup de
force de son protecteur, le colonel Boumediene, à la tète de l’Etat-major
général ( EMG), contre le Gouvernement provisoire de la république Algérienne
(GPRA). Il a ainsi été membre du gouvernement à partir de l’indépendance, en
tant que ministre de la jeunesse, des sports et du tourisme, puis à partir de
1963, au titre de ministre des Affaires étrangères.
LA
MOBILISATION DU PEUPLE ET LE BILAN INQUIÉTANT DE BOUTEFLIKA
Malgré
l’amélioration sans cesse rappelée par le régime Algérien de nombreux
indicateurs et indices, l’Algérie n’a pas tourné la page de la décennie noire.
Nécessaires après l’aphatie politique de la crise Algérienne, les réformes
engagées n’ont finalement pas touché les principaux enjeux nationaux. Depuis
son retour au pouvoir, les différentes élections à l’issue desquelles il fut
élu et réélu ont été critiquées pour les répressions qui les ont marquées. C’est
ainsi que dés 1999, les six autres candidats se désistèrent à la veille du scrutin pour dénoncer des élections jouer d’avance. Après les révélations de
Wikileaks, si le taux officiel de participation aux élections présidentielles
de 2009 était de 74, 54% le taux réel de participation était estimé par les
Américains entre 25 et 30%. Sa présidence fut entachée par de graves violences,
notamment lors du printemps noir en Kabylie, qui fit entre 2001 et 2002 prés de
130 morts. Plusieurs scandales financiers et de corruption ont, par ailleurs,
marqué ses quatre mandats, tels que les affaires Khalifa, Sonatrach et les 1200
milliards. Le poids de l’armée dans ces futures élections est lui aussi sujet à
interrogation. Le DRS fut démembré en septembre 2013, puis il fut violemment pris à parti par le secrétaire général du FLN. En septembre 2015, le patron des
services Médiane a fini par partir à la retraite et remplacé dans ses fonctions
par le général Tartag. L’actuel chef Etat-major Gaid Salah depuis 2004,
parait le fidèle serviteur de Bouteflika. La police politique, qui gère le pays
depuis le président Boumédiene serait toujours aux commandes. Les différentes
attaques visant le DRS n’étant qu’une diversion de l’Etat profond afin de se
maintenir au pouvoir. Sur le plan économique et sociale, la remontée du prix
des hydrocarbures dans les années 2000 a permis à l’Algérie d’engranger entre
1999 et 2016 prés de 800 milliards de dollars. Si cette somme a rendu possible
la construction d’importantes infrastructures, l’émergence des oligarques
algériens avec une certaine influence politique à tout les niveaux, ont suscités la haine et le mépris du peuple par les vols, la corruption et surtout le transfert de leurs milliards à l’étranger. Actuellement, la balance
commerciale algérienne est déficitaire depuis 2014. Face à la versatilité du
prix des hydrocarbures et à une population qui de 42,4 millions d’habitants en
2018 devrait passer, selon les estimations des Nations-Unies à 57, 4 millions
en 2050, le danger d’une guerre civile apparaît comme une évidence, si ce
régime reste encore sur place.
DÉFI GÉOPOLITIQUE ET RELATION DIPLOMATIQUE
Les
menaces d’un terrorisme qualifié de résiduel subsiste encore et menace la
stabilité du pays. En effet, différents événements sont venus raviver les
groupes du GSPC et AQMI. Qui a été
l’occasion pour les djihadistes algériens de récupérer une partie de l’armement
de la Libye et de trouver une nouvelle base arrière à leurs opérations au Mali
et l’officialisation de leur Califat à partir de 2014. Sur le plan
diplomatique, l’Algérie entretient des rapports cordiaux avec les dictatures du
monde comme la Syrie, l'Iran, l’Egypte,
la Corée du Nord, l’Arabie-Saoudite, les Émirats-Arabes-Unis et même le Hezbollah Libanais. La diplomatie
algérienne au Moyen-Orient, parquée par le principe de neutralisme, remet ainsi
en cause la dichotomie chiite-sunnite dans les conflits de la région. Ce neutralisme
algérien s’est ressenti dans les relations avec le Maroc. C’est ainsi que le
ministre des Affairs étrangères marocain, a accusé l’Algérie d’abriter sur son territoire
des échanges entre le Hezbollah et le Front Polisario. Quand aux rapports avec
la France, cette dernière est désormais largement distancée dans ses relations
commerciales avec l’Algérie par la Chine, devenue le premier fournisseur du
pays depuis 2013. Au Sahel, l’Algérie est un partenaire central pour l’Hexagone,
à la fois en raison des frontières sahariennes qu’elles partage avec le Mali,
la Libye et le Niger, Alger ayant permis
en 2013 le survol de son territoire pour l’opération « Serval », et l’installation
d’une base Américaine à Tamanrasset. Pour autant, l’Algérie n’est pas un pays
sans histoire, mais c’est une histoire de confins, dissidente et très brutale.
Depuis son Indépendance, le bruit de sa dictature a d’ailleurs rompu le mur de
l’ignorance et du silence. Le cycle de la démocratie est apparemment clos
depuis le premier coup d’Etat militaire orchestré par Boumediene et le clan de
Ouajda. Il a paradoxalement été dominée par le parti unique « FLN »,
qui a en effet géré les présidentielles organisées depuis six décennies sans partage.
LE DÉFI IDENTITAIRE
ET LE RISQUE D’UNE ESCALADE DES MINORITES
La
constitution algérienne proclame l’Islam religion de l’Etat et dispose que la
liberté de conscience et la liberté d’opinion sont inviolable. Les Ibadites qui
pratiquent un rite de l’Islam suivi par prés d’1% de la population, connaissent des conflits récurrents dans le « Mzab » avec leurs voisins sunnites.
Ces affrontements ont culminé à prés d’une trentaine de morts en 2015. Quant aux
néo-évangéliques, leur prosélytisme est poursuivi pénalement en vertu d’une
ordonnance du 28 février 2006. Historiquement, l’Algérie a acquis son indépendance grâce a la promotion d’un réformisme islamique hérité des Oulémas.
Sous Ben Bella, les premières années de l’indépendance avaient été marquées par
une lutte acharnée contre les confréries religieuses. Depuis l’éclatement du
FIS, Bouteflika et le DRS ont fait marche arriéré, ce qui s’est particulièrement ressenti avec les généraux comme ( El-Arbi Belkhier, Khaled Nezar, Touati,
Mohammed Lamari, et Ismaël Lamari). C’est également dans ce sens qu’il faut
comprendre l’émergence des Zaouïas, le soufisme confrérique et même la présence
des fractions chiites venus de tout les horizons durant la décennie noire afin
de combattre les tenants de l’Islam politique.
LES BERBÉROPHONES ET L’AUTONOMIE DE LA KABYLIE/ UN ENJEU A LONG TERME
Qualifié
de minorité majoritaire, les berbérophones représentent actuellement 16 à 26%
de la population algérienne. La revendication berbère est apparue initialement
en Kabylie, principale région berbérophone du pays avec les Aurés. Malgré l’attachement
des premiers berbéristes à l’unité de l’Algérie, la lutte armée pour la
libération du pays et la revendication d’une identité berbère au niveau
national, à coté et non contre l’arabité, ces derniers furent violemment
réprimés pour avoir été partisans de l’Algérie algérienne, à la suite de la
crise berbériste de 1949 et même après l indépendance, notamment sous
Boumédiene. L’évolution de la conscientisation autour du fait berbère au niveau
national, l’officialisation de la langue amazighe, ainsi que la radicalisation
du ( MAK) fondé en 2001 et renommé en 2013 Mouvement pour l’autodétermination
de la Kabylie, ont favorisé la reconnaissance du berbère comme langue
officielle par la loi de révision constitutionnelle du 6 mars 2016. Fortement
soutenu par Israël, les Emirats-Arabes-Unis et l’Arabie-Saoudite pour des
raisons géopolitiques et géostratégiques ciblés, l’Algérie reste confrontée à
un conflit de minorité à long terme.
La
population algérienne reste encore marquée par le cauchemar des années 1990, ou
après une première ouverture démocratique en 1989, l’arrét du processus
électoral en 1992, qui allait conduire le FIS au pouvoir, engendra la répression militaire, période durant laquelle 200 000 innocents trouveront la mort. A moins de quelques mois du prochain scrutin
présidentiel, la succession de Bouteflika parait impossible. Le peuple refuse d’être
assimilé aux années de plomb et se mobilise à travers le monde afin d’enterrer
à jamais ce régime mafieux. La répression du régime était d’ordre politique, la
guerre civile n’avait rien de religieux. En revanche, soit le clan au pouvoir accepte
des élections libres, soit le pays plongera encore dans des affrontements armés
sans fin.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
En cas de non-représentation de Bouteflika, au sein même des cercles dirigeants, Ahmed Ouyahia apparaît comme un successeur éventuel. A nouveau premier ministre depuis 2017, aprés avoir occupé ce poste de 1996, ainsi que secrétaire général du RND, cet énarque était sous la loupe des services algériens. Durant toute ça carrière, il a était impliqué dans la sanglante décennie noire avec les généraux et les assassinats des islamistes. Sous Bouteflika, l'homme de paille des généraux, a fait émerger une grappe d’oligarques qui ont spolier les richesses du pays tout en manipulant les décisions du pouvoir avec le frère du président. Cet énarque était présenté dans les câbles de la diplomatie américaine comme un possible successeur au président Bouteflika, en raison du soutien que lui apportait l'ancien patron du DRS. Suite au soulèvement populaire grandissant, l'homme du sérail qui voulait être président, doit rendre des comptes au peuple Algérien.
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