Ni le
protocole additionnel aux conventions de Genève de 1977, ni la convention de
l’Organisation de l’unité Africaine sur l’élimination du mercenariat en
Afrique, ni la convention de l’ONU contre le recrutement, l’utilisation, le
financement et l’instruction des mercenaires en 1989, ni le document de Montreux,
signé par les 17 Etats en 2008, ne sont jusqu’à présent parvenus à réglementer
ce secteur d’activité. En Libye, le maréchal s’appuie sur les chiens de guerre
(les mercenaires) afin de transformer la région en poudrière, notamment en
Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Tchad, la Mauritanie, le Soudan, le Mali et le Nigéria.
A la fin de la guerre
froide, les guerres conventionnelles ont laissé place aux conflits
asymétriques, dans lesquels des armées régulières sont opposées à des troupes
armée non étatiques. La diminution des dépenses militaires des Etats dans les
années 1990 ainsi que la baisse des effectifs militaires ont créé les
conditions pour que des fonctions et des services jusque-là assurés par des
militaires nationaux soient désormais externalisés et réalisés par des services
privés. C’est à la fin des années 1980 que les SMP vont se multiplier, la
société sud-africaine Executive Outcomes, fondée en 1989, ses agents sont
d’abord intervenus au début des années 1990 en Angola et en Sierra Leone afin
de protéger les intérêts pétroliers et miniers d’entreprises multinationales,
avant de prendre en charge la sécurité des gouvernements de ces mêmes Etats.
Depuis, des centaines de sociétés militaires privées, surtout Anglo-Saxonnes et
européennes, assurant des fonctions de plus en plus larges, notamment les
renseignements, sécurisation des sites stratégiques, entrainement des
mercenaires, force de combat, et autres. Ces mercenaires sont souvent d’anciens
militaires attirés par des rémunérations bien plus conséquentes. Le conflit
Afghan puis Irakien marquent un changement de la part des Américains dans le
recours aux sociétés de sécurité. En 2005, on estimait le chiffre d’affaires de
l’ensemble de ces SMP à prés de 100 milliards de dollars ; depuis, ce montant
aurait doublé. Fin 2009, en Irak, on
comptait 170 000 contractuels privés américains. En Afghanistan, le
personnel privé embauché par le département de la défense américaine
représentait 57% des forces américaines présentes. Au fil du temps, la
privatisation de nombreuses fonctions militaires et sécuritaires régaliennes
pose encore de nombreux problèmes juridiques.
LES MERCENAIRES AU CŒUR
DU CONFLIT ET LE RISQUE RÉGIONAL
L’effectif total de
ces formations se situerait entre 3500 et 4500 hommes, selon un rapport du
groupe d’experts des NU sur la Libye publié début 2018. Le fait que nombre d’entre
eux soient mis au service rémunéré, des factions Libyennes antagonistes leur a
valu l’appellation de mercenaires étrangers. Les combattants Tchadiens ont
ainsi pris part à nombre d’opération militaires aux cotés de la troisième Force
et de la brigade de défense de Benghazi, dont ils ont intervenus sur le
croissant pétrolier situé en bordure du golfe de Syrte chapeauté par le
maréchal Haftar. Toutefois, le sort des groupes tchadiens en Libye connait un
profond bouleversement, alors que la troisième force se retire progressivement
du Fezzan, affaiblie par le grignotage de Haftar épaulé par l’aviation des
Emirats arabes unis, avec le repli des Misratis disparaît un précieux protecteur ;
dés lors, certains mouvements tchadiens sont forcés de composer avec le
maréchal Libyen. La récente dégradation de la situation sécuritaire en Libye, due
notamment à la multiplication d’enlèvement assortis de demandes de rançon, découle
à l’évidence de cette reconversion de rebelles tchadiens dans des activités
criminels menaçant ainsi les pays voisins. Le paradoxe est que le maréchal
Haftar, qui cherche à exploiter ce dilemme à son profit, n’hésite pas lui-même
à recourir aux services des mercenaires, notamment des rebelles « Darfouris »
en lutte contre le régime Soudanais. L’un des principaux groupes darfouris, l’armée
de libération du Soudan (SLA-MM), est ainsi déployé pour garder des installations
du croissant pétrolier, dont Haftar s’était emparé en 2016.
Sur le plan
international, Haftar utilise un double langage, il dénonce et utilise à la
fois les mercenaires étrangers en Libye, tout en mettant les pays voisins sous
haute tension. Le désordre a donné naissance à des mercenaires qui ont pris
pied dans différentes régions du pays avec des allégeances diverses. L'Algérie, la Tunisie, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Niger, et le Maroc se retrouvent dans un paroxysme à la fois diplomatique et sécuritaire de haute tensions.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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