lundi 27 mai 2019

GEOPOLITIQUE/ L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE : VERS UNE RÉGIONALISATION DES CONFLITS



Alors que l’Afrique subsaharienne est l’une des régions du monde qui enregistre le plus grand nombre de conflits, les zones conflictuelles régionales sont rongées par un amalgame complexe de menaces, souvent interdépendants, mêlant affrontements communautaires, terrorismes, criminalité organisée et insécurité maritime. Le conflit Libyen, déclenché depuis la chute de Kadhafi, tend à la fois à muter et à s’étendre aux pays voisins comme la Tunisie, l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc, et le Tchad. Sachant que l’Afrique de l’Ouest comme l’Afrique centrale se trouvent aujourd’hui confrontées à des conflits majeurs.

Résultat de recherche d'images pour "zone subsaharienne conflit"





Les zones conflictuelles subsahariennes restent de nature transrégionale, ou j’ajoute le drame que constituent les cycles de violences quasi ininterrompus qui affectent toute la région. L’Afrique de l’Ouest comme l’Afrique centrale se trouvent confrontées à des conflits majeurs. D’une part, autour de la bande Sahélienne (le conflit Nord-Mali et l’Ouest Nigérien et le Nord du Burkina Faso). D’autre part, autour du bassin du Lac Tchad, ou le groupe Boko Haram sévit au Cameroun et au Nigéria, Pour endiguer ces menaces, sont récemment apparus des arrangements sécuritaires « ad hoc », se situant hors de architecture Africaine de paix et de sécurité ( African Peace and Security « APSA ») définie dans le cadre de l’Union africaine « UA » et des Communautés économiques régionales « CER » : ont ainsi mises sur pied la Force multinationale mixte « FMM » dans le cadre de la commission du Basin du Lac Tchad « CBLAT », puis la force conjointe du G5 Sahel, forces auxquelles contribuent des Etats appartenant à trois communautés économiques régionales différentes ( CEDEAO, CEEAC et UMA. On a également assisté à la mise en place de mécanismes interrégionaux de coopération, entre la CEDEAO et la CEEAC en matière de lutte contre l’insécurité maritime et la piraterie. Cela révèle une certaine inadaptation de l’APSA, qui doit se réformer pour prendre en compte le caractère fondamentalement transnational et asymétrique des menaces prévalant sur le continent, mais a quel prix ? Certes, la pertinence et l’efficacité des outils mobilisés par les partenaires internationaux, aussi bien multilatéraux que bilatéraux, se trouvent elles aussi défiées, qu’il s’agissent des opérations de maintien de la paix déployées par les N-U, des interventions militaires menées par certains Etats ou des multiples programmes d’assistance en matière de prévention des crises, d’alerte précoce, de gestion des conflits, de consolidation de la paix, de désarmement, et la démobilisation réintégration/ réinsertion « DDR », de contrôle des armements. Dans cet espace immense et incontrôlable, les périmètres ethniques pèsent bien davantage que les frontières nationales. De plus l’allégeance à la communauté est primordiale et supplante bien souvent l’allégeance citoyenne aux Etats. Ces logiques sociologiques favorisent l’implantation de Boko Haram de manière durable. La FMM constitue une riposte internationale impliquant le Nigéria, le Cameroun, le Bénin, le Niger et le Tchad dans le cadre de la CBLT. Mais l’approche adoptée par l’armée Nigérienne ainsi que les violences qui sont imputées à certains contingents ont contribué à nourrir la défiance des populations, ce qui sape l’efficacité de la lutte engagée. En RDC, voilà plus de deux décennies que les provinces de l’Est sont la proie de violences de la part de groupes armés aux contours mouvants, sur fond de pillage, de meurtre et de viols, tandis que la transition politique n’a cessé d’être repoussée ( de telles scénarios s' intensifient également au Soudan et en Algérie).  Depuis 2016, de terribles atrocités ont été commises dans la région du Kasaï. Le conflit a éclaté lorsque les forces de sécurité Congolaises ont tué « Jean-Pierre Mpandi, un chef coutumier, poussant ses partisans à créer une milice antigouvernementale appelée « Kamuina Nsapu ».

DES CONFLITS MOUVANTS ENTRE RUPTURE ET CONTINUETE


Résultat de recherche d'images pour "confli en afrique"

Les opérations de paix ont fait l’objet de nombreux débats doctrinaux aux cours des 25 dernières années. L’Agenda pour la paix commandé par Boutros –Ghali, préconisait déjà leur réforme dans le contexte de sortie de la guerre froide. Il sera suivi du rapport Brahmi en 2000, puis du document «  Blue Horizon en 2009 », et enfin du rapport produit par le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (HIPPO) en 2015. Ce dernier a été plus récemment encore complété par les observations du rapport Cruz préconisant une approche plus robuste du maintien de la paix a vu le jour en 2018. Après l’organisation par la présidence Néerlandaise du Conseil de sécurité des N-U d’un débat visant à améliorer l’efficacité et le fonctionnement des opérations de maintien de la paix. La déclaration d’engagements communs signés, en 2018, par 151 Etats sur les 139 membres de l’ONU, inclut sept objectifs qui réaffirment la primauté des solutions politiques aux conflits, poussant à un renforcement de la protection des civils mais aussi du personnel engagé par les missions de maintien de la paix. Invitent aussi à améliorer l’efficacité des dispositifs ( meilleure performance notamment en matière de formation et de planification, aide à l’adaptation nationale des processus, correction des défaillances, en particulier éthiques) ainsi que la bonne cohésion des partenaires internationaux relatifs au maintien de la paix, dans et en dehors du cadre Onusien. Au fil des années de braises qui embrassent toute ces régions, les propositions contenus dans cette nouvelle initiative n’ont jamais vus le jour.

Résultat de recherche d'images pour "le nouvel ordre mondial"

Des tractations diplomatiques sans cesse annoncées sont toujours repoussés  dans la continuité des conflits. A travers se continent, le conflit de pouvoir se transforme toujours en sale guerre et à moyen terme, il sera appelé à durer dans d’autres pays. Paradoxalement, aucune puissance ne cherche à éviter un embrassement conflictuel dans ses régimes fragiles et dont la reconstruction reste très lointaine. Dans ses conflits asymétriques à multiplicité d’acteurs, l’hégémonie des puissances ont fait de l’Afrique le point d’ancrage de leur retour sur la scène internationale mettant en avant l'émergence d'un nouvel ordre mondial. Loin d'aboutir à une période de paix, notre époque s'est en réalité patiemment édifiée autour d'antagonismes larvés et de failles coupables laissant désormais la place à des radicalités mortifères

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire