Malgré
une inflation affectant en premier lieu les classes populaires, l’économie
Tunisienne ne montre aucuns signes encourageants, notamment sur le front des investissements.
Depuis, sont investiture à la tète de l’Etat, le président Essebsi, exerce un
pouvoir absolu, pire que celui de Ben-Ali. Dans ce système présidentiel et personnalisé,
la censure des médias et des réseaux sociaux est rigoureuse, et les menaces d’arrestations
et les tortures policières pèsent sur toute voix qui critique le régime.
Le marché
du travail n’évolue donc guère, or le chômage, celui des jeunes en particulier,
a été au centre des troubles du nouveau printemps Tunisien, qui a mis le pays
au chaos. La perspective d’un retour des djihadistes Tunisiens dans leur pays à
la suite du recul que connait Daech en Syrie en 2016 s’inscrit dans un contexte
politique national dominé par la question économique et sociale et par l’impasse
des autorités à relancer l’économie et à lutter contre les disparités
régionales.
LE DÉFI ECONOMIQUE ET LA MAIN MISE DES OLIGARQUES
La
croissance s’est élevée à 1% en 2016, contre 0,6% en 2015, et ce grâce à l’agriculture
et aux secteurs industriels et de service. L’économie Tunisienne continue de
faire preuve de résilience dans une conjoncture nationale et internationale moribonde.
La conférence internationale pour l’investissement « Tunisia 2020 », qui s’est tenue à Tunis en novembre
2016 et pendant laquelle ont été annoncées la signature d’accords et des aides
pour un montant de 14 milliards d’euros. Si de telles promesses ne préjugent
aucunement de leur réalisation, il convient de souligner que le soutien apporté
par les institutions Européennes, le Canada et les monarchies du Golfe
tranchent avec la morosité de l’année précédente. Cette conférence, dont les
avantages tardent à venir, intervient après l’adoption par le parlement
tunisien, le 17 septembre 2016, d’un nouveau Code d’investissement plus
favorable aux milieux d’affaires, avec la libéralisation de certains pans de l’économie
devant encourager la croissance. En dépit de ce tableau sombre, le pays reste
toujours enchainé de redoutables défis macroéconomiques, et un déficit
budgétaire s’élevant respectivement à plus de 70 et 5% du PIB en 2016. L’administration
et les entreprises publiques représentent prés de 900 000 salariés sur une
population active qui dépasse 4 millions. Le taux de chômage officiel au
premier trimestre 2017, est estimé à 20%. Les jeunes diplômés étant la
catégorie la plus touchée « 40% », et la persistance de la crise
économique, avivée par un contexte sécuritaire régional persistant, a ainsi
aggravé le climat social tunisien. En janvier 2016, de nombreuses mobilisations
ont eu lieu à l’intérieure du pays, autour du bassin minier de Gafsa ou à
El-Kamour, au sud de Tataouine, zone de production pétrolière et gazière, ainsi
qu’à El- Kef ou à Kairouan. Si les émeutes de janvier 2016 ont souligné que les
villes du Nord du pays pouvaient être la proie de contestations sociales
hautement virulentes, celui des périphéries intérieures délaissées par le
gouvernorat de Tataouine, concentrent l’essentiel des réserves en
hydrocarbures. Les retards du développement économiques, la résorption du chômage
endémique, sont les principaux facteurs qui secouent actuellement le pays. En
décidant la répression policière et le déploiement de la garde nationale, le
président Essebsi, tient sont peuple avec une main de fer à l’image des
pétromonarchies du Golfe. Plusieurs des centaines voire des milliers, des
tunisiens ont étaient gravement blessés, lors des récentes émeutes d’autres
sont torturés par la police, et une dizaine de morts circulent déjà dans les réseaux
sociaux.
LE RETOUR
DE LA DICTATURE
A
quelques mois d’élections municipales, prévues le 17 décembre 2017, et la
démission du président de l’instance électorale tunisienne, déclarant qu’il ne
pouvait pas assumer sa mission dans un milieu mafieux, le président Essebsi et
la coalition au pouvoir risquent d’être mis aux bancs des accusés pour haute
trahison.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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