samedi 13 janvier 2018

GÉOPOLITIQUE/ TUNISIE: DE LA DICTATURE DE BEN-ALI A LA TYRANNIE DE CAÏD-ESSEBSI


Malgré une inflation affectant en premier lieu les classes populaires, l’économie Tunisienne ne montre aucuns signes encourageants, notamment sur le front des investissements. Depuis, sont investiture à la tète de l’Etat, le président Essebsi, exerce un pouvoir absolu, pire que celui de Ben-Ali. Dans ce système présidentiel et personnalisé, la censure des médias et des réseaux sociaux est rigoureuse, et les menaces d’arrestations et les tortures policières pèsent sur toute voix qui critique le régime.




Le marché du travail n’évolue donc guère, or le chômage, celui des jeunes en particulier, a été au centre des troubles du nouveau printemps Tunisien, qui a mis le pays au chaos. La perspective d’un retour des djihadistes Tunisiens dans leur pays à la suite du recul que connait Daech en Syrie en 2016 s’inscrit dans un contexte politique national dominé par la question économique et sociale et par l’impasse des autorités à relancer l’économie et à lutter contre les disparités régionales.

LE DÉFI ECONOMIQUE ET LA MAIN MISE DES OLIGARQUES


La croissance s’est élevée à 1% en 2016, contre 0,6% en 2015, et ce grâce à l’agriculture et aux secteurs industriels et de service. L’économie Tunisienne continue de faire preuve de résilience dans une conjoncture nationale et internationale moribonde. La conférence internationale pour l’investissement « Tunisia 2020 », qui s’est tenue à Tunis en novembre 2016 et pendant laquelle ont été annoncées la signature d’accords et des aides pour un montant de 14 milliards d’euros. Si de telles promesses ne préjugent aucunement de leur réalisation, il convient de souligner que le soutien apporté par les institutions Européennes, le Canada et les monarchies du Golfe tranchent avec la morosité de l’année précédente. Cette conférence, dont les avantages tardent à venir, intervient après l’adoption par le parlement tunisien, le 17 septembre 2016, d’un nouveau Code d’investissement plus favorable aux milieux d’affaires, avec la libéralisation de certains pans de l’économie devant encourager la croissance. En dépit de ce tableau sombre, le pays reste toujours enchainé de redoutables défis macroéconomiques, et un déficit budgétaire s’élevant respectivement à plus de 70 et 5% du PIB en 2016. L’administration et les entreprises publiques représentent prés de 900 000 salariés sur une population active qui dépasse 4 millions. Le taux de chômage officiel au premier trimestre 2017, est estimé à 20%. Les jeunes diplômés étant la catégorie la plus touchée « 40% », et la persistance de la crise économique, avivée par un contexte sécuritaire régional persistant, a ainsi aggravé le climat social tunisien. En janvier 2016, de nombreuses mobilisations ont eu lieu à l’intérieure du pays, autour du bassin minier de Gafsa ou à El-Kamour, au sud de Tataouine, zone de production pétrolière et gazière, ainsi qu’à El- Kef ou à Kairouan. Si les émeutes de janvier 2016 ont souligné que les villes du Nord du pays pouvaient être la proie de contestations sociales hautement virulentes, celui des périphéries intérieures délaissées par le gouvernorat de Tataouine, concentrent l’essentiel des réserves en hydrocarbures. Les retards du développement économiques, la résorption du chômage endémique, sont les principaux facteurs qui secouent actuellement le pays. En décidant la répression policière et le déploiement de la garde nationale, le président Essebsi, tient sont peuple avec une main de fer à l’image des pétromonarchies du Golfe. Plusieurs des centaines voire des milliers, des tunisiens ont étaient gravement blessés, lors des récentes émeutes d’autres sont torturés par la police, et une dizaine de morts circulent déjà dans les réseaux sociaux.

LE RETOUR DE LA DICTATURE


Le nouveau régime Tunisien ne renoue pas encore avec les pratiques de Ben-Ali, et les méthodes de militarisation des zones défavorisées et de la question sociale. Celles du recours à la force lors de crise qui affecte actuellement le pays. Par-ailleurs, les forces de sécurité, font l’objet d’une modernisation qui s’est traduite par une augmentation des dépenses. Le retour du projet de loi sur la réconciliation économique, en avril 2017, deux ans après sa première présentation, a soulevé les tensions politiques. Porté par le nouveau tyran, ce projet machiavélique d’amnistie des hauts fonctionnaires et des hommes d’affaires corrompus sous le régime du dictateur Ben-Ali (1987-2011) représente le déclic primordial des dernières émeutes meurtrières. En 2013, l’arrestation d’une grappe d’hommes d’affaires qui se sont enrichis sur le dos du peuple,  intervient dans un double contexte de contestation. Celui du projet d’amnistie du président visant à protéger les corrompus et les virus du pays et les protestations des damnées du pays.



A quelques mois d’élections municipales, prévues le 17 décembre 2017, et la démission du président de l’instance électorale tunisienne, déclarant qu’il ne pouvait pas assumer sa mission dans un milieu mafieux, le président Essebsi et la coalition au pouvoir risquent d’être mis aux bancs des accusés pour haute trahison.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA



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