mardi 9 janvier 2018

GÉOPOLITIQUE/ L'IRAK/ ENTRE STABILISATION AUTORITAIRE ET DES CONFLITS DANS LA DURÉE


L’état de violence qui a fait irruption dans le sillage des contestations révolutionnaires arabes entre dans sa septième année. Cette durée, qu’on peut qualifier de moyenne, exerce une stabilisation autoritaire, dans le sens ou les situations connues et les régimes en place se renforcent. De la Libye à l’Irak, en passant par la Syrie, l’Egypte et le Yémen, il reste incertain de faire des prévisions tant l’impulsion donnée par les soulèvements arabes sembles s’orienter vers un chaos et non la paix.




En Irak, sans parvenir à enrayer la violence qui secoue le pays de manière chronique, Téhéran et, d’une manière générale, le chiisme semblent avoir remplacé Israël en tant qu’ennemis. Il sera difficile de rétablir la confiance entre les différentes composantes ethniques et religieuses du pays. La réconciliation et le modèle politique de l’après-Daech et l’ingérence de certains pays, constituent des obstacles majeurs, sans parler du poids des groupes armées qui tentent autant que possible de supplanter le pays. Le régime des chiites, au pouvoir depuis 2005, divisés malgré l’influence dominante de l’Iran. Le pouvoir en place, a échoué à porter des réformes contre la corruption et le clientélisme, malgré le soutien de Washington. Moqtada al-Sadar contrôle une grande partie des populations chiites et entretient une milice qui assassine les minorités sunnites.

LES SUNNITES ET LES KURDES VISES

L’Iran, soucieux de remettre de l’ordre dans une maison chiite Irakienne à ses yeux morcelés, a donné naissance à une purification ethnique visant en premier rang les sunnites. Si le sunnisme a d’abord été perçu comme le modernisateur  de l’Irak, le bâtisseur de l’Etat-nation et de ses institutions, son identité politico-religieuse n’est apparue que lors de la guerre contre l’Iran (1980-1988). Daech, instrumentalisé par certains services secrets et fixé dans la région, avait pour objectif de redéfinir les frontières, combattre les régimes sunnites modères, et affaiblir la Turquie. En  clair, une destruction quasi-totale de la région habitée majoritairement par les musulmans sunnites, au profit de certains pays occidentaux et des régimes arabes alliés. Quand aux Kurdes, ils traversent une trajectoire sans issue. Pourtant, il y a quelques années, Erbil était proche de proclamer l’indépendance dans une rhétorique internationale favorable. Mais la mobilisation chiite appuyée par les gardiens de la révolution Iraniens et le Hezbollah a fait tenir Bagdad face à tout déferlement. En Syrie, le criminel du siècle Bachar, a renforcé les alliances stratégiques avec les Iraniens, les Russes et l’Irak. Parallèlement, la situation du Kurdes d’Irak s’est détériorée, en raison de nombreuses compagnies étrangères qui se sont retirées pour de non-solvabilité et d’insécurité, dans ses conditions, les Kurdes se sont retrouvés dans la division et l’impasse. Depuis 2015, Barzani n’est plus légalement président de la région autonome, et le parlement régional est paralysé. D’un point de vue politique, il existe trois unités administratives et militaires Kurdes en Irak. Le territoire contrôlé par Barzani (provinces de Dahoul et d’Erbil, politiquement mixtes, celui de l’ancien président Jalal Talabani, Souleimaniye, actuellement tenu par Gorran (mouvement pour le changement). Quand à la zone de Kirkouk, plurielle sur le plan ethnique, politique et religieux, gérée par les Kurdes pro-Talabani, les trois entités sont divisées que se soit avec Bagdad, ou les acteurs régionaux internationaux. Dans se contexte miné par les conflits internes,  en 2017, Massoud Barzani, a relancé à la tenue d’un référendum sur l’autodétermination du Kurdistan Irakien, mais le poids de la Turquie et les pays du Golfe ont coupés le mal à sa racine. Le Kurdistan apparaît certes comme une région d’ethnie Kurde, mais il reste sous la domination des américains, et les Russes, dont les crimes perpétrés contre les sunnites sont passés sous silence par la communauté internationale.


Le sort de l’Irak dépend en premier lieux de l’entente entre les puissances mondiales,  mais aussi de l’équilibre entre les composantes ethniques et religieuses, de la situation régionale. Si l’on constate un rapprochement irano-turc poussé par la Russie, ce n’est pas le cas pour l’Iran et les Saoudiens, entre lesquels les conflits s’emboitent.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA



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