L’état de
violence qui a fait irruption dans le sillage des contestations
révolutionnaires arabes entre dans sa septième année. Cette durée, qu’on peut
qualifier de moyenne, exerce une stabilisation autoritaire, dans le sens ou les
situations connues et les régimes en place se renforcent. De la Libye à l’Irak,
en passant par la Syrie, l’Egypte et le Yémen, il reste incertain de faire des
prévisions tant l’impulsion donnée par les soulèvements arabes sembles s’orienter
vers un chaos et non la paix.
En Irak,
sans parvenir à enrayer la violence qui secoue le pays de manière chronique, Téhéran
et, d’une manière générale, le chiisme semblent avoir remplacé Israël en tant
qu’ennemis. Il sera difficile de rétablir la confiance entre les différentes
composantes ethniques et religieuses du pays. La réconciliation et le modèle politique
de l’après-Daech et l’ingérence de certains pays, constituent des obstacles
majeurs, sans parler du poids des groupes armées qui tentent autant que
possible de supplanter le pays. Le régime des chiites, au pouvoir depuis 2005,
divisés malgré l’influence dominante de l’Iran. Le pouvoir en place, a échoué à
porter des réformes contre la corruption et le clientélisme, malgré le soutien
de Washington. Moqtada al-Sadar contrôle une grande partie des populations
chiites et entretient une milice qui assassine les minorités sunnites.
LES
SUNNITES ET LES KURDES VISES
L’Iran,
soucieux de remettre de l’ordre dans une maison chiite Irakienne à ses yeux
morcelés, a donné naissance à une purification ethnique visant en premier rang
les sunnites. Si le sunnisme a d’abord été perçu comme le modernisateur de l’Irak, le bâtisseur de l’Etat-nation et
de ses institutions, son identité politico-religieuse n’est apparue que lors de
la guerre contre l’Iran (1980-1988). Daech, instrumentalisé par certains
services secrets et fixé dans la région, avait pour objectif de redéfinir les frontières,
combattre les régimes sunnites modères, et affaiblir la Turquie. En clair, une destruction quasi-totale de la
région habitée majoritairement par les musulmans sunnites, au profit de
certains pays occidentaux et des régimes arabes alliés. Quand aux Kurdes, ils
traversent une trajectoire sans issue. Pourtant, il y a quelques années, Erbil
était proche de proclamer l’indépendance dans une rhétorique internationale favorable.
Mais la mobilisation chiite appuyée par les gardiens de la révolution Iraniens
et le Hezbollah a fait tenir Bagdad face à tout déferlement. En Syrie, le criminel
du siècle Bachar, a renforcé les alliances stratégiques avec les Iraniens, les
Russes et l’Irak. Parallèlement, la situation du Kurdes d’Irak s’est détériorée,
en raison de nombreuses compagnies étrangères qui se sont retirées pour de
non-solvabilité et d’insécurité, dans ses conditions, les Kurdes se sont
retrouvés dans la division et l’impasse. Depuis 2015, Barzani n’est plus
légalement président de la région autonome, et le parlement régional est
paralysé. D’un point de vue politique, il existe trois unités administratives
et militaires Kurdes en Irak. Le territoire contrôlé par Barzani (provinces de
Dahoul et d’Erbil, politiquement mixtes, celui de l’ancien président Jalal
Talabani, Souleimaniye, actuellement tenu par Gorran (mouvement pour le
changement). Quand à la zone de Kirkouk, plurielle sur le plan ethnique,
politique et religieux, gérée par les Kurdes pro-Talabani, les trois entités
sont divisées que se soit avec Bagdad, ou les acteurs régionaux internationaux.
Dans se contexte miné par les conflits internes, en 2017, Massoud Barzani, a relancé à la tenue
d’un référendum sur l’autodétermination du Kurdistan Irakien, mais le poids de
la Turquie et les pays du Golfe ont coupés le mal à sa racine. Le Kurdistan apparaît certes comme une région d’ethnie Kurde, mais il reste sous la
domination des américains, et les Russes, dont les crimes perpétrés contre les
sunnites sont passés sous silence par la communauté internationale.
Le sort
de l’Irak dépend en premier lieux de l’entente entre les puissances mondiales, mais aussi de l’équilibre entre les
composantes ethniques et religieuses, de la situation régionale. Si l’on constate
un rapprochement irano-turc poussé par la Russie, ce n’est pas le cas pour l’Iran
et les Saoudiens, entre lesquels les conflits s’emboitent.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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