Après
prés de quatre siècles de domination, l’Occident voit aujourd’hui son hégémonie
politique remise en question. Durant cette période, il aura imposé son modèle politique,
ses valeurs et nombre de ses pratiques à l’ensemble de la planète. Les
Etats-Unis et l’Europe observent l’émergence de nouvelles puissances
concurrentes à l’heure de la mondialisation, le monde est devenu multipolaire.
La fin du XX siècles se révèle totalement
Américaine, tant sur les plans économiques, diplomatiques, militaire et
stratégique. La puissance hégémonique des Etats-Unis est alors sans partage, au
point de voir se former le néologisme pour qualifier ce qu’aucun Etat ni empire
n’avait jamais embrassé jusque-là. La transformation en cours des équilibres
politiques et économiques trouve sa traduction dans le passage d’un monde
centré sur l’espace Atlantique à un monde centré sur l’espace Pacifique et
Asiatique. Outre les puissances déjà établies dans la région que sont les
Etats-Unis et le Japon, l’influence de la Chine, de l’Inde et, à une autre
échelle, de l’Indonésie fait certes du Pacifique et de l’Asie le nouveau
carrefour des puissances, mais également le moteur de la croissance économique
mondiale. D’autres puissances, à l’image du Brésil ou de l’Afrique du Sud
s’imposent comme des puissances régionales et exigent de faire entendre leur
voix sur la scène internationale.
LES
ETATS-UNIS UNE PUISSANCE EN DÉCLIN
Effondrés
par deux conflits majeurs en dix ans, à l’origine d’une crise financière et
économique devenue mondiale, concurrencés par des puissances économiques
émergentes, les Etats-Unis ne sont plus en mesure de maintenir leur statut
d’hyperpuissance. Commerce, énergie, dette, les Etats-Unis sont pris dans des
réseaux et des logiques d’interdépendance qui les rendent vulnérables à
l’extérieur. Selon certaines projections économiques, la Chine pourrait
rattraper le BIP américain vers 2025. Le rééquilibrage économique et tient donc
davantage au développement économique et aux forts taux de croissance que
connaissent certains pays émergents qu’à un effondrement de l’économie
américaine. Si sur le plan militaire, avec des dépenses qui représentent 44%
des dépenses mondiales, les américains n’ont aucun rival, ce maillage militaire
unique sur la scène internationale se
double d’une volonté hégémonique. Avec ou sans mandat de l’ONU, de manière
unilatérale ou en y entraînant ses alliés de l’OTAN, les motifs de ces interventions on pu être
géopolitiques, géostratégiques, ou géoéconomiques. Dans un monde d’interdépendances
économiques, énergétiques, l’unilatéralisme systématique n’est en effet plus de
mise. Ces changements n’ont pas mis un terme à la violence en Irak, en Syrie,
en Libye, au Mali, en Afghanistan, au Soudan du Sud, et surtout l’interminable
génocide des Israéliens en Palestine. A la logique du pouvoir de coercition par
la force, l’administration Obama semble avoir préféré le pouvoir de
l’intelligence comme principe moteur de son action extérieure. Reste à savoir, dans
un futur proche si un tel principe résistera à l’épreuve des grands défis
stratégiques, en somme, Obama a jeté les braises sur le monde en attendant
qu’il s’enflamme.
L’UNION EUROPÉENNE EN QUÊTE D' INFLUENCE
Traversé
par de nombreuses contradictions, soumises à des multiples contraintes, l’union
européenne développe une politique internationale pragmatique. Depuis ça création l’UE se cherche un futur à la dimension de son histoire. Elle peine en
effet de parler d’une seule voix, peu audible et peu visible pour ses
interlocuteurs comme pour ses ressortissants, elle n’est pas active sur la
scène internationale, comme le suggèrent ses interventions civiles et
militaires dans le monde. Au-delà de la résolution de l’équation financière
qu’elle impose à l’Europe, la crise vient rappeler aux européens la nécessité
d’adapter leurs structures économiques aux nouvelles exigences du marché
mondiale, que fixent désormais les économies émergentes. Affaiblie par les
divergences de position des Etats membres et par l’absence de mécanisme
d’arbitrage ajusté de la situation et confrontés à un contexte mondial
conflictuel. L’UE à décider de relever les défis des prochaines
décennies : vieillissement, raréfaction des matières premières, stagnation
des ressources communautaires, pression migratoire, réchauffement climatique et
la montée de l’extrême droite. Néanmoins, à l’instar des crises récentes qui en
eu pour effet de renforcer la gouvernance Européenne, on peut constater que
l’intégration de l’union se disloque, discrètement, à mesure que ses membres constatent
que l’échelle européenne reste paralysée pour faire face aux enjeux mondiaux.
Une panne de discours, c’est en effet aussi à cette condition que l’UE à perdue
sa légitimité auprès de ses citoyens.
L’AFRIQUE
UN ESPACE STRATÉGIQUE DES PUISSANCES
L’Afrique est en train de devenir un espace économique
et stratégique pivot, courtisé par la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la
Turquie, la Chine, le Japon, les Etats-Unis, l’Espagne et l’Italie. Si la
région connait périodiquement des accès de violence et des troubles sociaux ou
politiques, rien à ce jour ne semble cependant pouvoir contrarier le dynamisme
économique du continent. Si les inégalités socio-économiques et les conflits
persistent encore dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, l’heure n’est
pourtant plus à l’Afro-pessimisme. Entre échec et réussite, l’Afrique trace sa
voie dans la mondialisation, mais à quel prix ?
Enjeux énergétiques et conflits d’intérêt
Dans un contexte
géopolitique mondial marqué par la hausse continue des cours des hydrocarbures
et une forte demande en la matière, les enjeux énergétiques sont plus que
jamais au centre des conflits internationaux. Paradoxalement, le Sahel synonyme
d’extrême pauvreté et de misère, devient de plus en plus un espace de
confrontation géopolitique et géostratégique entre les différentes puissances
régionales et internationales pour le trôle des richesses naturelles, qu’il
recèle : pétrole, gaz, or, phosphates, diamants, cuivre, fer, charbon,
nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome,
étain, sels minéraux, eaux douces, poissons, crustacés, diversité biologique,
cheptels de bétails, bois précieux, etc. Les revirements des enjeux
énergétiques et les conflits d’intérêt dans la région du Sahel,
particulièrement riche d’importantes réserves d’énergies fossiles et de
gisements de minerais stratégiques attisent les appétits des puissances
étrangères à trouver un prétexte pour s’y déployer. La France y est déjà bien
avancée avec des troupes positionnées dans la région du Sahel ou à proximité.
Elle dispose de quatre bases militaires permanentes : au Sénégal (1200
hommes), au Tchad (1250), en Côte d’Ivoire (2000), au Gabon (900) et à Djibouti
(2900), en plus de sa présence limitée et non permanente dans d’autres pays de
la sous région comme au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Centre
Afrique. Concernant les
États-Unis, bien que leur présence militaire officielle au Sahel n’existe pas
encore, les câbles diplomatiques récemment dévoilés par WikiLeaks révèlent une
autorisation "réticente" de survol accordée par les autorités
algériennes à l’US Air Force pour des missions au Sahel contre l’Aqmi. Déjà,
les États-Unis avaient lancé dès 2002 l’initiative Pan Sahel et organisent
régulièrement les exercices militaires de type Flintlock avec les armées des
pays du Sahel. En Décembre 2008, la Force tactique en Europe du Sud (SETAF) a
été transformée en US Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), qui est une
composante du Commandement Africa (AfriCom) devenu opérationnel depuis octobre
2009. D' après des officiels US, cette transformation constitue une
"nouvelle façon de regarder vers l’Afrique". Bien que la base de
l’U.S Army Africa soit actuellement à Vicence en Italie, ce corps opérera sur
le continent africain avec de petits groupes pour conduire des opérations de
"réponse aux crises" en se servant de la 173 ème Brigade aéroportée.
Fruit de la reconnaissance américaine de l’importance stratégique croissante de
l’Afrique, l’U.S. Army Africa continuera à s’agrandir dans le cadre de
commandement des forces navales AfriCom. Le commandement du fameux AfriCom ne
trouvant pas encore de place pour s’installer en Afrique du Nord, l’US Army
Corps of Engineers, vient de lancer un intriguant appel d’offres pour la
construction d’un terrain d’aviation militaire dans un pays d’Afrique du Nord.
Sans préciser le nom du pays dont il s’agit, l’objectif serait d’installer une
base militaire aérienne américaine dans la région qui servira aux missions
d’espionnage que le Pentagone envisage de lancer, officiellement, pour traquer
les membres d’Al Qaïda au Sahel. La Chine a également fait ses entrées
économiques colossales dans la région du Sahel depuis quelques années déjà. La
concurrence chinoise avec les autres pays est en expansion. La Chine est
actuellement le second partenaire commercial de l’Afrique, après les
États-Unis. Les investissements chinois sont en forte croissance même dans les
pays traditionnellement liés aux USA. En Éthiopie, la China Exim Bank a investi
récemment 170 millions de dollars pour la construction d’un complexe
résidentiel de luxe à Adis Ababa, et une autre société chinoise, Setco, a
annoncé la construction de la plus grande usine de pvc dans ce pays. Au
Liberia, la China Union Investment Company a investi 2,6 milliards de dollars
dans les mines de fer. Des sociétés chinoises ont effectué aussi de gros
investissements qui dépassent 2 milliards de dollars par pays, dans les
secteurs pétroliers au Nigeria et en Angola, jusque là dominés par les
compagnies occidentales. Mais la concurrence chinoise aux États-Unis ne se
limite pas au plan économique, Pékin soutient aussi certains gouvernements,
comme ceux du Zimbabwe et du Soudan. En plus, elle fournit aussi des armes un
peu partout en Afrique. Israël est présente au
Sahel elle aussi, l’Iran s’intéresse aux minerais stratégiques du Sahel,
l’uranium notamment et, cherche à y réaliser des percées substantielles. La
Russie, l’Inde et le Brésil seraient aussi déterminés à être de la partie.
L’intensification de la présence économique et militaire des acteurs extérieurs
et les conflits d’intérêt qui en découlent, contribuent à déstabiliser
davantage les États fragiles et affaiblis dans la région de Sahel. La richesse
controversée du Sahel attise les convoitises des puissances étrangères désirant
s’en assurer le contrôle. Une véritable géopolitique des tubes, sur fond de
rivalités internationales croissantes, commence à se dessiner au Sahel. Les grands
États de la planète s’activent depuis quelques années déjà pour organiser
progressivement le désenclavement des richesses du Sahel afin de les acheminer
ensuite vers les zones de consommation, en Asie via le Soudan, en Amérique via
le Golfe de Guinée et vers l’Europe continentale à travers l’Atlantique, le
Sahara et le Maghreb. A partir de 2011, l’Afrique sub-saharienne serait
susceptible de devenir pour les États-Unis une source d’énergie aussi
importante que le Moyen-Orient, disposant de quelques 60 milliards de barils de
réserves pétrolières avérées. Les experts s’attendent à ce que 1 sur 5 barils
de pétrole entrant dans le circuit de l’économie mondiale proviendrait du golfe
de Guinée, et que la part des importations américaines du pétrole africain passera
de 20% en 2010 à 25% en 2017. Les investissements des compagnies pétrolières
européennes et américaines sont en constante progression depuis 2000. ELF y
puise près de 60% de sa production de pétrole. Total et Gazprom s’apprêtent à
financer le projet de gazoduc transsaharien de 4000 km pour relier le Nigeria à
l’Algérie d’ici à 2018. L’attractivité du golfe de Guinée est de plus en plus
grandissante depuis la mise en service, en 2003, de l’oléoduc Tchad-Cameroun
qui relie les champs pétrolifères de Komé, dans le sud-ouest du Tchad au
terminal maritime camerounais de Kribi, sur un parcours de 1.070 km. Ce
pipeline qui draine 250.000 barils de pétrole par jour vers l’Atlantique,
donnera accès à terme, aux champs pétroliers du Soudan, bien que l’exploitation
du pétrole dans ce pays est fortement dominée par la Chine, dont le Soudan ne
couvre pourtant que 5,5% de ses besoins en or noir. La China National Petroleum
Company (CNPC) est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec quelque 5
milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Depuis 1999,
la Chine a investi au moins 15 milliards de dollars au Soudan. Elle possède 50%
d’une raffinerie de pétrole, près de Khartoum, en partage avec le gouvernement
soudanais. Le schéma des alliances sous régionales se recoupe curieusement avec
celui des antagonismes politico-économiques entre la Chine, la France et les
États-Unis pour le contrôle des ressources pétrolières dans beaucoup de pays de
la région, comme au Soudan, au Tchad, au Niger et au Cameroun notamment. C’est
au gré des intérêts croissants des puissances internationales que la tectonique
des frontières conflictuelles sera de plus en plus récurrente dans la région du
Sahel. La sécession du Sud Soudan apparaît aujourd’hui plus que jamais
probable. Très probablement, cette région extrêmement riche en ressources
naturelles, pétrole et gaz notamment, accédera à l’indépendance à l’issue du
référendum prochain. Ce résultat ne peut être fortuit, eu égard à l’appui
occidental sans précédent qui a été méthodiquement apporté à tous les
mouvements séparatistes dans ce pays, durant les quarante de dernières années. La
demande mondiale en pétrole et en gaz naturel étant appelée à doubler dans les
vingt prochaines années, le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de
fournisseur d’énergie. Sans compter le potentiel d’Algérie en pétrole et en
gaz, le Mali est troisième producteur d’or du continent, le Niger avec ses
gisements d’uranium, qui le placent au second rang mondial, la récente entrée de
la Côte-d’Ivoire, du Ghana, du Tchad et de la Mauritanie dans le groupe des
pays producteurs de pétrole, confirme la tendance. La production du champ
off-shore ghanéen est estimée à 130.000 barils/jour, celle de Côte-d’Ivoire à 90.000
barils/jour. C’est dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise
de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement que se définissent des
enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de la zone sahélienne. Paradoxalement,
l’abondance des ressources naturelles et l’importance de la position
géostratégique de la région du Sahel vont de paire avec la fragilité de la
plupart de ses États eu égard à leur instabilité et insécurité caractéristique.
Avec une démographie galopante, qui devrait atteindre 100 millions d’habitants
en 2020 et 150 millions en 2040, avec un taux d’illettrisme qui dépasse 54%,
une pauvreté endémique qui touche au-delà de 50% des populations, une
corruption généralisée, une conflictualité constante, le Sahel ne décolle pas.
La conjugaison de l’ensemble de ces problèmes génère souvent des crises
politiques et militaires ou des catastrophes alimentaires, des pénuries, des
famines et des disettes récurrentes qui engendrent des déplacements massifs de
populations en désordre sous formes de réfugiés et/ou de migrants clandestins. En
conséquence, une grande partie les populations pauvres du Sahel, dépourvues de
leurs droits à la sécurité humaine au sens élargi du terme, incluant la
souveraineté alimentaire, la sécurité sanitaire, l’accès à l’eau potable, etc.,
se retrouvent souvent contraints de prêter allégeance à des groupes criminels,
rebelles et/ou terroristes soit pour bénéficier des retombées des trafics
illicites ou pour obtenir une ultime protection. A cela s’ajoutent les effets pervers
de la mise en place d’économies parallèles bâties sur la corruption et le
racket, et enfin, la sanctuarisation de groupes terroristes délocalisés d’Al Qaïda. Désormais, la connexion opérationnelle de ces réseaux et groupes
terroristes est devenue réalité à travers leur alliance au Sahel : le
fameux GSPC algérien devenu AQMI à partir de 2006, le Groupe islamique
combattant marocain ou GICM, le GICL libyen et GICT tunisien, ainsi que
d’autres petits groupuscules terroristes issu de divers pays sahéliens comme
celui de Ansarou Allah Al Mourabitoune de Mauritanie, ceux du Mali, du Niger et
du Nigeria. Ces groupes terroristes et ces réseaux mafieux sont en quête
inlassable pour s’assurer une arrière base territoriale afin de perpétuer leurs
activités transnationales, sachant que toutes ses mouvances djihadistes opèrent
étroitement avec certains services secrets interne et externe.
Terrorismes franchisés
et géopolitique des menaces
Au Sahel toutes les
menaces d’insécurité s’entremêlent. L’islamisme combattant va de pair avec le
terrorisme international, la piraterie et toutes sortes de trafics illicites.
Les anciens réseaux et ceux récemment recréés s’imbriquent pour pérenniser et
sécuriser le système de la criminalité internationale organisée en s’affranchissant
des distances et des frontières. En pleine mutation, ces différents réseaux
transfrontaliers bénéficient grandement des recettes des trafics pour acquérir
de nouveau les moyens nécessaires pour pouvoir développer et continuer leurs
activités criminelles. C’est pourquoi, il ne peut y avoir de lutte
anti-terroriste efficace sans lutte globale contre toutes les autres formes de
criminalité, leur interdépendance étant désormais attestée. Il est connu que
ces activités se nourrissent les unes des autres au sein d’une alliance
objective entre crime organisé et terrorisme sahélien. Guidées principalement
par leurs soucis de survivre et leurs intérêts convergents : les
organisations criminelles profitent des actions violentes des organisations
terroristes et des guérillas ou des rébellions, tandis que ces dernières
bénéficient des financements que les activités criminelles sont en mesure de
leur fournir. Actuellement, la collaboration entre AQMI et les réseaux mafieux
du Sahel se développe plutôt vers une forme de spécialisation de l’entreprise
criminelle. Cette tendance a été révélée récemment lors du procès controversé
d’Oumar Sahraoui en Mauritanie. Ce malien et ancien du Polisario, reconverti
dans le trafic de drogue dans la région du Sahel, était le responsable de
l’opération de la prise des otages espagnols en Mauritanie en 2009. Il avait
affirmé qu’il agissait pour le compte d’AQMI. Par ailleurs, il existe d’autres
hypothèses sur une éventuelle dérive narcotrafiquante signalée depuis quelques
temps chez le Front Polisario et aussi chez certains leaders du Front Populaire
de Libération de l’Azawad. Cette hypothèse rebondit actuellement dans
l’actualité sahélienne, à l’occasion d’une série d’arrestations d’importants
groupes de narcotrafiquants, opérées ces dernières semaines par les armées
mauritanienne et malienne. Selon certaines sources, les six trafiquants de
drogue internationaux sont issus des rangs des groupes locaux. Le chef du
groupe, un certain Sultan Ould Bady, serait à la tête de l’un des trois plus
gros réseaux qui organisent le trafic de drogues en direction de l’Europe en
passant par la région du Sahel. Ould Bady, qui défraye la chronique
présentement, serait également impliqué dans l’enlèvement et la revente de
plusieurs ressortissants européens en faveur d’AQMI ces dernières années. Infiltrés
aussi bien par les services de renseignement des pays riverains comme par les
intelligences internationales, la dynamique des réseaux terroristes s’imbrique
avec les calculs géopolitiques des rivalités régionales extrêmement sensibles
et complexes. Cette attitude alimente l’instrumentalisation de la sécurité
comme enjeu majeur dans les rapports de force tout comme dans la gestion des
conflits d’intérêts politiques, économiques, et stratégiques à l’échelle
régionale. Les cas de figures sont nombreux et diversifiés, allant des subtiles
controverses des relations bilatérales entre l’Algérie et la France, fortement
marquées par le poids du passé colonial, aux instigations des conflits
régionaux ajournés, dont la persistance constitue une source d’inquiétude
supplémentaire pour la sécurité de toute la région, notamment, dans les cas du
Sahara occidental et celui du mouvement indépendantiste touareg dans le Nord du
Mali. L’implication de la
communauté internationale (ONU, G8, UE) dans le renforcement des capacités du
système régional de sécurité au Sahel se heurte à plusieurs difficultés. Au
delà des problèmes d’encrage juridique, institutionnel et politique, de manque
de moyens financiers et logistiques, d’absence de réforme du secteur de
sécurité, la coordination des efforts de lutte contre les menaces d’insécurité
au Sahel prêtent souvent à une tentation d’internationalisation de la menace
Al-Qaïda dans cette région par transposition du modèle afghan. Cette
perspective est souvent assimilée à une sordide connivence avec des agendas
néo-colonialistes dont les objectifs inavoués visent le contrôle par des
puissances occidentales, les Américains et les Européens notamment, de la route
de l'ouest des flux énergétiques notamment dans les nouveaux sites et réserves
récemment découvert dans cette région, au détriment des autres puissances
régionales ou internationales comme les Russes, les Chinois et les Brésiliens,
etc. Avec l'émergence de la notion de sécurité humaine, qui a été initiée par
la diplomatie canadienne à la fin du siècle dernier et adoptée par les Nations
Unies à partir de 2004, la région du Sahel n’a cessé de consigner davantage de
contre-performances sur son registre déjà épuisé. Dans cette perspective,
la problématique d’intégration de la sécurité humaine comme dimension
incontournable dans toute approche pour contrer les flux d’insécurité au Sahel,
devra contribuer utilement à renouveler les conceptions, les approches et les
stratégies relatives globalement à la régulation de la sécurité dans la région.
Deux catégories de changements s’avèrent alors indispensables à introduire dans
ce schéma de réflexion. La première vise à améliorer les relations souvent
brouillées et difficiles entre le gouvernement, la société civile et les
institutions de sécurité. La seconde a pour objectif la refonte complète des
institutions de sécurité en termes d’organisation, de recyclage, d’introduction
et de réhabilitation de culture institutionnelle et de relations avec l’autorité
civile sur conçues sur la base des valeurs démocratiques et humanistes fondées
sur le profond respect des droits de l’Homme, de l’équité et de la justice.
Toutefois, les mesures politico-militaires qui ont été décidées par différents
pays du Sahel au cours des dix derniers mois n’augurent pas de vision positive
pour la régulation des problèmes insolubles d’insécurité dans un avenir proche.
En somme, le constat objectif fait que ces mesures sous-estiment gravement le
poids réel des facteurs d’insécurité et compliqueraient en définitive toute
stratégie de lutte commune contre la menace terroriste comme problème majeur
d’insécurité dans cette région.
UN CONTINENT MULTIPLE
PRIS EN OTAGE PAR LA RIVALITÉ DES CLANS
L’Afrique a plusieurs
visages, la plupart des Etats Africains sont multiethniques et
multilinguistiques. Le découpage colonial de l’Afrique a sa part de
responsabilité dans la formation des minorités. Le tracé des frontières a
tantôt séparé des identités ethniques, et au même temps il les a rassemblés
dans un même territoire des populations sans affinité. Tout comme les ethnies,
les minorités sont des constructions historiques, fruit d’un processus
relationnel et d’une prise de conscience identitaire généralement couplée à la
question du droit. Au sein de ce continent, le pouvoir colonial avait limité
l’expression des identités ethniques à la sphère de la culture, étouffant ainsi
toutes les revendications politiques. Les situations coloniales et postcoloniales
africains ont ainsi biaisé la question des minorités. Au Nord, la dualité entre
Arabe et berbères, la plupart localisées dans les montagnes du Maghreb, dessine
le canevas général des identités (lire l’analyse sur les berbères). Le
tracé au cordeau des frontières Sahariennes a fait éclater les territoires
nomades, faisant des Touareg des minorités tentées par la dissidence.
L’irrédentisme Somalien résulte d’un partage de la Corne de l’Afrique qui
intégra des populations Somalies à l’Ethiopie, au Kenya, à Djibouti. Les
rivalités des clans, confortée par les héritages différenciés des colonisations
Italienne et Britannique, a conduit la Somaliland à proclamer une Indépendance que la communauté internationale n’a pas reconnu. Elle est pourtant légitime
dont la sécession constitue un accroc de taille au principe de l’intangibilité
des frontières adopté en 1963 par l’Organisation de l’unité Africaine. Ce précédent
ne manquera pas d’encourager les mouvements séparatistes ou indépendantistes,
comme le Front Polisario du Sahara occidentale, le mouvement des Diola, etc.
Le
cas des Touareg, anciens maîtres du désert, des minorités marginalisées,
tentées par la dissidence, jusqu’à s’allier à une puissance afin de revendiqués
leurs droits. A travers cette tectonique
géopolitique, ont déduit que les enjeux de pouvoir et de territoire soulignent
le rôle géopolitique des minorités qui restent bloqués entre coexistence,
blocage et soumission totale des puissances régionaux et internationales.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
L'Occident trouve ses origines dans les traditions gréco-romaines et judéo-chrétiennes. Le concept d'Occident est fortement utilisé, il s'agit d'une notion mouvante et imprécise. Elle renvoie historiquement à des réalités différentes à savoir culturelle, religieuse, économique, militaire, et civilisationnelle qui dessinent autant de figures de l'Occident.
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