jeudi 13 octobre 2016

GEOPOLITIQUE : LE PARTAGE DES PUISSANCES ET LE BASCULEMENT DU MONDE


Après prés de quatre siècles de domination, l’Occident voit aujourd’hui son hégémonie politique remise en question. Durant cette période, il aura imposé son modèle politique, ses valeurs et nombre de ses pratiques à l’ensemble de la planète. Les Etats-Unis et l’Europe observent l’émergence de nouvelles puissances concurrentes à l’heure de la mondialisation, le monde est devenu multipolaire.




La fin du XX siècles se révèle totalement Américaine, tant sur les plans économiques, diplomatiques, militaire et stratégique. La puissance hégémonique des Etats-Unis est alors sans partage, au point de voir se former le néologisme pour qualifier ce qu’aucun Etat ni empire n’avait jamais embrassé jusque-là. La transformation en cours des équilibres politiques et économiques trouve sa traduction dans le passage d’un monde centré sur l’espace Atlantique à un monde centré sur l’espace Pacifique et Asiatique. Outre les puissances déjà établies dans la région que sont les Etats-Unis et le Japon, l’influence de la Chine, de l’Inde et, à une autre échelle, de l’Indonésie fait certes du Pacifique et de l’Asie le nouveau carrefour des puissances, mais également le moteur de la croissance économique mondiale. D’autres puissances, à l’image du Brésil ou de l’Afrique du Sud s’imposent comme des puissances régionales et exigent de faire entendre leur voix sur la scène internationale.

LES ETATS-UNIS UNE PUISSANCE EN DÉCLIN

Effondrés par deux conflits majeurs en dix ans, à l’origine d’une crise financière et économique devenue mondiale, concurrencés par des puissances économiques émergentes, les Etats-Unis ne sont plus en mesure de maintenir leur statut d’hyperpuissance. Commerce, énergie, dette, les Etats-Unis sont pris dans des réseaux et des logiques d’interdépendance qui les rendent vulnérables à l’extérieur. Selon certaines projections économiques, la Chine pourrait rattraper le BIP américain vers 2025. Le rééquilibrage économique et tient donc davantage au développement économique et aux forts taux de croissance que connaissent certains pays émergents qu’à un effondrement de l’économie américaine. Si sur le plan militaire, avec des dépenses qui représentent 44% des dépenses mondiales, les américains n’ont aucun rival, ce maillage militaire unique sur la scène internationale  se double d’une volonté hégémonique. Avec ou sans mandat de l’ONU, de manière unilatérale ou en y entraînant ses alliés de l’OTAN,  les motifs de ces interventions on pu être géopolitiques, géostratégiques, ou géoéconomiques. Dans un monde d’interdépendances économiques, énergétiques, l’unilatéralisme systématique n’est en effet plus de mise. Ces changements n’ont pas mis un terme à la violence en Irak, en Syrie, en Libye, au Mali, en Afghanistan, au Soudan du Sud, et surtout l’interminable génocide des Israéliens en Palestine. A la logique du pouvoir de coercition par la force, l’administration Obama semble avoir préféré le pouvoir de l’intelligence comme principe moteur de son action extérieure. Reste à savoir, dans un futur proche si un tel principe résistera à l’épreuve des grands défis stratégiques, en somme, Obama a jeté les braises sur le monde en attendant qu’il s’enflamme.

L’UNION EUROPÉENNE EN QUÊTE D' INFLUENCE

Traversé par de nombreuses contradictions, soumises à des multiples contraintes, l’union européenne développe une politique internationale pragmatique. Depuis ça création l’UE se cherche un futur à la dimension de son histoire. Elle peine en effet de parler d’une seule voix, peu audible et peu visible pour ses interlocuteurs comme pour ses ressortissants, elle n’est pas active sur la scène internationale, comme le suggèrent ses interventions civiles et militaires dans le monde. Au-delà de la résolution de l’équation financière qu’elle impose à l’Europe, la crise vient rappeler aux européens la nécessité d’adapter leurs structures économiques aux nouvelles exigences du marché mondiale, que fixent désormais les économies émergentes. Affaiblie par les divergences de position des Etats membres et par l’absence de mécanisme d’arbitrage ajusté de la situation et confrontés à un contexte mondial conflictuel. L’UE à décider de relever les défis des prochaines décennies : vieillissement, raréfaction des matières premières, stagnation des ressources communautaires, pression migratoire, réchauffement climatique et la montée de l’extrême droite. Néanmoins, à l’instar des crises récentes qui en eu pour effet de renforcer la gouvernance Européenne, on peut constater que l’intégration de l’union se disloque, discrètement, à mesure que ses membres constatent que l’échelle européenne reste paralysée pour faire face aux enjeux mondiaux. Une panne de discours, c’est en effet aussi à cette condition que l’UE à perdue sa légitimité auprès de ses citoyens.

L’AFRIQUE UN ESPACE STRATÉGIQUE DES PUISSANCES


L’Afrique est en train de devenir un espace économique et stratégique pivot, courtisé par la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la Turquie, la Chine, le Japon, les Etats-Unis, l’Espagne et l’Italie. Si la région connait périodiquement des accès de violence et des troubles sociaux ou politiques, rien à ce jour ne semble cependant pouvoir contrarier le dynamisme économique du continent. Si les inégalités socio-économiques et les conflits persistent encore dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, l’heure n’est pourtant plus à l’Afro-pessimisme. Entre échec et réussite, l’Afrique trace sa voie dans la mondialisation, mais à quel prix ?
 Enjeux énergétiques et conflits d’intérêt
Dans un contexte géopolitique mondial marqué par la hausse continue des cours des hydrocarbures et une forte demande en la matière, les enjeux énergétiques sont plus que jamais au centre des conflits internationaux. Paradoxalement, le Sahel synonyme d’extrême pauvreté et de misère, devient de plus en plus un espace de confrontation géopolitique et géostratégique entre les différentes puissances régionales et internationales pour le trôle des richesses naturelles, qu’il recèle : pétrole, gaz, or, phosphates, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux, eaux douces, poissons, crustacés, diversité biologique, cheptels de bétails, bois précieux, etc. Les revirements des enjeux énergétiques et les conflits d’intérêt dans la région du Sahel, particulièrement riche d’importantes réserves d’énergies fossiles et de gisements de minerais stratégiques attisent les appétits des puissances étrangères à trouver un prétexte pour s’y déployer. La France y est déjà bien avancée avec des troupes positionnées dans la région du Sahel ou à proximité. Elle dispose de quatre bases militaires permanentes : au Sénégal (1200 hommes), au Tchad (1250), en Côte d’Ivoire (2000), au Gabon (900) et à Djibouti (2900), en plus de sa présence limitée et non permanente dans d’autres pays de la sous région comme au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Centre Afrique. Concernant les États-Unis, bien que leur présence militaire officielle au Sahel n’existe pas encore, les câbles diplomatiques récemment dévoilés par WikiLeaks révèlent une autorisation "réticente" de survol accordée par les autorités algériennes à l’US Air Force pour des missions au Sahel contre l’Aqmi. Déjà, les États-Unis avaient lancé dès 2002 l’initiative Pan Sahel et organisent régulièrement les exercices militaires de type Flintlock avec les armées des pays du Sahel. En Décembre 2008, la Force tactique en Europe du Sud (SETAF) a été transformée en US Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), qui est une composante du Commandement Africa (AfriCom) devenu opérationnel depuis octobre 2009. D' après des officiels US, cette transformation constitue une "nouvelle façon de regarder vers l’Afrique". Bien que la base de l’U.S Army Africa soit actuellement à Vicence en Italie, ce corps opérera sur le continent africain avec de petits groupes pour conduire des opérations de "réponse aux crises" en se servant de la 173 ème Brigade aéroportée. Fruit de la reconnaissance américaine de l’importance stratégique croissante de l’Afrique, l’U.S. Army Africa continuera à s’agrandir dans le cadre de commandement des forces navales AfriCom. Le commandement du fameux AfriCom ne trouvant pas encore de place pour s’installer en Afrique du Nord, l’US Army Corps of Engineers, vient de lancer un intriguant appel d’offres pour la construction d’un terrain d’aviation militaire dans un pays d’Afrique du Nord. Sans préciser le nom du pays dont il s’agit, l’objectif serait d’installer une base militaire aérienne américaine dans la région qui servira aux missions d’espionnage que le Pentagone envisage de lancer, officiellement, pour traquer les membres d’Al Qaïda au Sahel. La Chine a également fait ses entrées économiques colossales dans la région du Sahel depuis quelques années déjà. La concurrence chinoise avec les autres pays est en expansion. La Chine est actuellement le second partenaire commercial de l’Afrique, après les États-Unis. Les investissements chinois sont en forte croissance même dans les pays traditionnellement liés aux USA. En Éthiopie, la China Exim Bank a investi récemment 170 millions de dollars pour la construction d’un complexe résidentiel de luxe à Adis Ababa, et une autre société chinoise, Setco, a annoncé la construction de la plus grande usine de pvc dans ce pays. Au Liberia, la China Union Investment Company a investi 2,6 milliards de dollars dans les mines de fer. Des sociétés chinoises ont effectué aussi de gros investissements qui dépassent 2 milliards de dollars par pays, dans les secteurs pétroliers au Nigeria et en Angola, jusque là dominés par les compagnies occidentales. Mais la concurrence chinoise aux États-Unis ne se limite pas au plan économique, Pékin soutient aussi certains gouvernements, comme ceux du Zimbabwe et du Soudan. En plus, elle fournit aussi des armes un peu partout en Afrique. Israël est présente au Sahel elle aussi, l’Iran s’intéresse aux minerais stratégiques du Sahel, l’uranium notamment et, cherche à y réaliser des percées substantielles. La Russie, l’Inde et le Brésil seraient aussi déterminés à être de la partie. L’intensification de la présence économique et militaire des acteurs extérieurs et les conflits d’intérêt qui en découlent, contribuent à déstabiliser davantage les États fragiles et affaiblis dans la région de Sahel. La richesse controversée du Sahel attise les convoitises des puissances étrangères désirant s’en assurer le contrôle. Une véritable géopolitique des tubes, sur fond de rivalités internationales croissantes, commence à se dessiner au Sahel. Les grands États de la planète s’activent depuis quelques années déjà pour organiser progressivement le désenclavement des richesses du Sahel afin de les acheminer ensuite vers les zones de consommation, en Asie via le Soudan, en Amérique via le Golfe de Guinée et vers l’Europe continentale à travers l’Atlantique, le Sahara et le Maghreb. A partir de 2011, l’Afrique sub-saharienne serait susceptible de devenir pour les États-Unis une source d’énergie aussi importante que le Moyen-Orient, disposant de quelques 60 milliards de barils de réserves pétrolières avérées. Les experts s’attendent à ce que 1 sur 5 barils de pétrole entrant dans le circuit de l’économie mondiale proviendrait du golfe de Guinée, et que la part des importations américaines du pétrole africain passera de 20% en 2010 à 25% en 2017. Les investissements des compagnies pétrolières européennes et américaines sont en constante progression depuis 2000. ELF y puise près de 60% de sa production de pétrole. Total et Gazprom s’apprêtent à financer le projet de gazoduc transsaharien de 4000 km pour relier le Nigeria à l’Algérie d’ici à 2018. L’attractivité du golfe de Guinée est de plus en plus grandissante depuis la mise en service, en 2003, de l’oléoduc Tchad-Cameroun qui relie les champs pétrolifères de Komé, dans le sud-ouest du Tchad au terminal maritime camerounais de Kribi, sur un parcours de 1.070 km. Ce pipeline qui draine 250.000 barils de pétrole par jour vers l’Atlantique, donnera accès à terme, aux champs pétroliers du Soudan, bien que l’exploitation du pétrole dans ce pays est fortement dominée par la Chine, dont le Soudan ne couvre pourtant que 5,5% de ses besoins en or noir. La China National Petroleum Company (CNPC) est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec quelque 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Depuis 1999, la Chine a investi au moins 15 milliards de dollars au Soudan. Elle possède 50% d’une raffinerie de pétrole, près de Khartoum, en partage avec le gouvernement soudanais. Le schéma des alliances sous régionales se recoupe curieusement avec celui des antagonismes politico-économiques entre la Chine, la France et les États-Unis pour le contrôle des ressources pétrolières dans beaucoup de pays de la région, comme au Soudan, au Tchad, au Niger et au Cameroun notamment. C’est au gré des intérêts croissants des puissances internationales que la tectonique des frontières conflictuelles sera de plus en plus récurrente dans la région du Sahel. La sécession du Sud Soudan apparaît aujourd’hui plus que jamais probable. Très probablement, cette région extrêmement riche en ressources naturelles, pétrole et gaz notamment, accédera à l’indépendance à l’issue du référendum prochain. Ce résultat ne peut être fortuit, eu égard à l’appui occidental sans précédent qui a été méthodiquement apporté à tous les mouvements séparatistes dans ce pays, durant les quarante de dernières années. La demande mondiale en pétrole et en gaz naturel étant appelée à doubler dans les vingt prochaines années, le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de fournisseur d’énergie. Sans compter le potentiel d’Algérie en pétrole et en gaz, le Mali est troisième producteur d’or du continent, le Niger avec ses gisements d’uranium, qui le placent au second rang mondial, la récente entrée de la Côte-d’Ivoire, du Ghana, du Tchad et de la Mauritanie dans le groupe des pays producteurs de pétrole, confirme la tendance. La production du champ off-shore ghanéen est estimée à 130.000 barils/jour, celle de Côte-d’Ivoire à 90.000 barils/jour. C’est dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement que se définissent des enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de la zone sahélienne. Paradoxalement, l’abondance des ressources naturelles et l’importance de la position géostratégique de la région du Sahel vont de paire avec la fragilité de la plupart de ses États eu égard à leur instabilité et insécurité caractéristique. Avec une démographie galopante, qui devrait atteindre 100 millions d’habitants en 2020 et 150 millions en 2040, avec un taux d’illettrisme qui dépasse 54%, une pauvreté endémique qui touche au-delà de 50% des populations, une corruption généralisée, une conflictualité constante, le Sahel ne décolle pas. La conjugaison de l’ensemble de ces problèmes génère souvent des crises politiques et militaires ou des catastrophes alimentaires, des pénuries, des famines et des disettes récurrentes qui engendrent des déplacements massifs de populations en désordre sous formes de réfugiés et/ou de migrants clandestins. En conséquence, une grande partie les populations pauvres du Sahel, dépourvues de leurs droits à la sécurité humaine au sens élargi du terme, incluant la souveraineté alimentaire, la sécurité sanitaire, l’accès à l’eau potable, etc., se retrouvent souvent contraints de prêter allégeance à des groupes criminels, rebelles et/ou terroristes soit pour bénéficier des retombées des trafics illicites ou pour obtenir une ultime protection. A cela s’ajoutent les effets pervers de la mise en place d’économies parallèles bâties sur la corruption et le racket, et enfin, la sanctuarisation de groupes terroristes délocalisés d’Al Qaïda. Désormais, la connexion opérationnelle de ces réseaux et groupes terroristes est devenue réalité à travers leur alliance au Sahel : le fameux GSPC algérien devenu AQMI à partir de 2006, le Groupe islamique combattant marocain ou GICM, le GICL libyen et GICT tunisien, ainsi que d’autres petits groupuscules terroristes issu de divers pays sahéliens comme celui de Ansarou Allah Al Mourabitoune de Mauritanie, ceux du Mali, du Niger et du Nigeria. Ces groupes terroristes et ces réseaux mafieux sont en quête inlassable pour s’assurer une arrière base territoriale afin de perpétuer leurs activités transnationales, sachant que toutes ses mouvances djihadistes opèrent étroitement avec certains services secrets interne et externe.
Terrorismes franchisés et géopolitique des menaces

Au Sahel toutes les menaces d’insécurité s’entremêlent. L’islamisme combattant va de pair avec le terrorisme international, la piraterie et toutes sortes de trafics illicites. Les anciens réseaux et ceux récemment recréés s’imbriquent pour pérenniser et sécuriser le système de la criminalité internationale organisée en s’affranchissant des distances et des frontières. En pleine mutation, ces différents réseaux transfrontaliers bénéficient grandement des recettes des trafics pour acquérir de nouveau les moyens nécessaires pour pouvoir développer et continuer leurs activités criminelles. C’est pourquoi, il ne peut y avoir de lutte anti-terroriste efficace sans lutte globale contre toutes les autres formes de criminalité, leur interdépendance étant désormais attestée. Il est connu que ces activités se nourrissent les unes des autres au sein d’une alliance objective entre crime organisé et terrorisme sahélien. Guidées principalement par leurs soucis de survivre et leurs intérêts convergents : les organisations criminelles profitent des actions violentes des organisations terroristes et des guérillas ou des rébellions, tandis que ces dernières bénéficient des financements que les activités criminelles sont en mesure de leur fournir. Actuellement, la collaboration entre AQMI et les réseaux mafieux du Sahel se développe plutôt vers une forme de spécialisation de l’entreprise criminelle. Cette tendance a été révélée récemment lors du procès controversé d’Oumar Sahraoui en Mauritanie. Ce malien et ancien du Polisario, reconverti dans le trafic de drogue dans la région du Sahel, était le responsable de l’opération de la prise des otages espagnols en Mauritanie en 2009. Il avait affirmé qu’il agissait pour le compte d’AQMI. Par ailleurs, il existe d’autres hypothèses sur une éventuelle dérive narcotrafiquante signalée depuis quelques temps chez le Front Polisario et aussi chez certains leaders du Front Populaire de Libération de l’Azawad. Cette hypothèse rebondit actuellement dans l’actualité sahélienne, à l’occasion d’une série d’arrestations d’importants groupes de narcotrafiquants, opérées ces dernières semaines par les armées mauritanienne et malienne. Selon certaines sources, les six trafiquants de drogue internationaux sont issus des rangs des groupes locaux. Le chef du groupe, un certain Sultan Ould Bady, serait à la tête de l’un des trois plus gros réseaux qui organisent le trafic de drogues en direction de l’Europe en passant par la région du Sahel. Ould Bady, qui défraye la chronique présentement, serait également impliqué dans l’enlèvement et la revente de plusieurs ressortissants européens en faveur d’AQMI ces dernières années. Infiltrés aussi bien par les services de renseignement des pays riverains comme par les intelligences internationales, la dynamique des réseaux terroristes s’imbrique avec les calculs géopolitiques des rivalités régionales extrêmement sensibles et complexes. Cette attitude alimente l’instrumentalisation de la sécurité comme enjeu majeur dans les rapports de force tout comme dans la gestion des conflits d’intérêts politiques, économiques, et stratégiques à l’échelle régionale. Les cas de figures sont nombreux et diversifiés, allant des subtiles controverses des relations bilatérales entre l’Algérie et la France, fortement marquées par le poids du passé colonial, aux instigations des conflits régionaux ajournés, dont la persistance constitue une source d’inquiétude supplémentaire pour la sécurité de toute la région, notamment, dans les cas du Sahara occidental et celui du mouvement indépendantiste touareg dans le Nord du Mali. L’implication de la communauté internationale (ONU, G8, UE) dans le renforcement des capacités du système régional de sécurité au Sahel se heurte à plusieurs difficultés. Au delà des problèmes d’encrage juridique, institutionnel et politique, de manque de moyens financiers et logistiques, d’absence de réforme du secteur de sécurité, la coordination des efforts de lutte contre les menaces d’insécurité au Sahel prêtent souvent à une tentation d’internationalisation de la menace Al-Qaïda dans cette région par transposition du modèle afghan. Cette perspective est souvent assimilée à une sordide connivence avec des agendas néo-colonialistes dont les objectifs inavoués visent le contrôle par des puissances occidentales, les Américains et les Européens notamment, de la route de l'ouest des flux énergétiques notamment dans les nouveaux sites et réserves récemment découvert dans cette région, au détriment des autres puissances régionales ou internationales comme les Russes, les Chinois et les Brésiliens, etc. Avec l'émergence de la notion de sécurité humaine, qui a été initiée par la diplomatie canadienne à la fin du siècle dernier et adoptée par les Nations Unies à partir de 2004, la région du Sahel n’a cessé de consigner davantage de contre-performances sur son registre déjà épuisé. Dans cette perspective, la problématique d’intégration de la sécurité humaine comme dimension incontournable dans toute approche pour contrer les flux d’insécurité au Sahel, devra contribuer utilement à renouveler les conceptions, les approches et les stratégies relatives globalement à la régulation de la sécurité dans la région. Deux catégories de changements s’avèrent alors indispensables à introduire dans ce schéma de réflexion. La première vise à améliorer les relations souvent brouillées et difficiles entre le gouvernement, la société civile et les institutions de sécurité. La seconde a pour objectif la refonte complète des institutions de sécurité en termes d’organisation, de recyclage, d’introduction et de réhabilitation de culture institutionnelle et de relations avec l’autorité civile sur conçues sur la base des valeurs démocratiques et humanistes fondées sur le profond respect des droits de l’Homme, de l’équité et de la justice. Toutefois, les mesures politico-militaires qui ont été décidées par différents pays du Sahel au cours des dix derniers mois n’augurent pas de vision positive pour la régulation des problèmes insolubles d’insécurité dans un avenir proche. En somme, le constat objectif fait que ces mesures sous-estiment gravement le poids réel des facteurs d’insécurité et compliqueraient en définitive toute stratégie de lutte commune contre la menace terroriste comme problème majeur d’insécurité dans cette région.
UN CONTINENT MULTIPLE PRIS EN OTAGE PAR LA RIVALITÉ DES CLANS
L’Afrique a plusieurs visages, la plupart des Etats Africains sont multiethniques et multilinguistiques. Le découpage colonial de l’Afrique a sa part de responsabilité dans la formation des minorités. Le tracé des frontières a tantôt séparé des identités ethniques, et au même temps il les a rassemblés dans un même territoire des populations sans affinité. Tout comme les ethnies, les minorités sont des constructions historiques, fruit d’un processus relationnel et d’une prise de conscience identitaire généralement couplée à la question du droit. Au sein de ce continent, le pouvoir colonial avait limité l’expression des identités ethniques à la sphère de la culture, étouffant ainsi toutes les revendications politiques. Les situations coloniales et postcoloniales africains ont ainsi biaisé la question des minorités. Au Nord, la dualité entre Arabe et berbères, la plupart localisées dans les montagnes du Maghreb, dessine le canevas général des identités (lire l’analyse sur les berbères). Le tracé au cordeau des frontières Sahariennes a fait éclater les territoires nomades, faisant des Touareg des minorités tentées par la dissidence. L’irrédentisme Somalien résulte d’un partage de la Corne de l’Afrique qui intégra des populations Somalies à l’Ethiopie, au Kenya, à Djibouti. Les rivalités des clans, confortée par les héritages différenciés des colonisations Italienne et Britannique, a conduit la Somaliland à proclamer une Indépendance que la communauté internationale n’a pas reconnu. Elle est pourtant légitime dont la sécession constitue un accroc de taille au principe de l’intangibilité des frontières adopté en 1963 par l’Organisation de l’unité Africaine. Ce précédent ne manquera pas d’encourager les mouvements séparatistes ou indépendantistes, comme le Front Polisario du Sahara occidentale, le mouvement des Diola, etc. 

Le cas des Touareg, anciens maîtres du désert, des minorités marginalisées, tentées par la dissidence, jusqu’à s’allier à une puissance afin de revendiqués  leurs droits. A travers cette tectonique géopolitique, ont déduit que les enjeux de pouvoir et de territoire soulignent le rôle géopolitique des minorités qui restent bloqués entre coexistence, blocage et soumission totale des puissances régionaux et internationales. 
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA 
L'Occident trouve ses origines dans les traditions gréco-romaines et judéo-chrétiennes. Le concept d'Occident est fortement utilisé, il s'agit d'une notion mouvante et imprécise. Elle renvoie historiquement à des réalités différentes à savoir culturelle, religieuse, économique, militaire, et civilisationnelle qui dessinent autant de figures de l'Occident. 




     



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