Cette
nouvelle stratégie est une réponse au défi posé par la Chine, en particulier
autour de la question des îles Senkaku, en mer de chine orientale, revendiquées
par Pékin et Taiwan, à proximité desquelles l’Armée populaire de libération a
mené des incursions aérienne et maritimes répétées.
Alors que
des différends territoriaux se développent avec ses voisins Russe, Coréen et
surtout Chinois, le Japon change de stratégie tout en mettant le pays sur le
devant de la scène internationale et le grand retour du rôle de l’armée dans la
région. Soixante-dix ans après sa défaite, l’archipel Nippon, entend tourner
ses principes dans la constitution de 1947, qui renonce à toute politique
militaire et diplomatique, dans un contexte de tension géostratégique avec la
chine. Ce changement de paradigme est le fruit du parti libéral-démocrate et de
l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, qui selon sa vision est de restaurer le
patriotisme et étendre l’influence de Tokyo sur la scène international. Afin d’y
parvenir, il prône un renforcement de grande envergure de l’alliance avec les Etats-Unis
et la revalorisation des forces d’autodéfense des armées Japonaise. Depuis l’adoption
des lois de défense et l’augmentation des dépenses militaires, l’armée pourra
intervenir dans le cadre des Nations-Unies et peut désormais exporter des
équipements militaires. A travers cette nouvelle stratégie géopolitique et
géostratégique, le Japon a déjà redéployé ses capacités militaires dans l’archipel
des Ryukyu. Les forces d’autodéfense maritimes nippones, se dotent de six
sous-marins et sept destroyers ultramodernes ainsi qu’un porte-hélicoptères, le
plus grand bâtiment de guerre japonais et un second qui sera opérationnel en
2017. Grace au soutien des américains, le Japon envisage une présence durable
sur son territoire de la première puissance militaire mondiale pour défendre
ses intérêts nationaux face à l’hégémonie chinoise dans la région. Dans un
contexte régional incertain, et contrairement à de nombreux alliés historiques
des américains, notamment l’Union-Européenne, le japon a refusé de rejoindre la
Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures lancés par Pékin en
2014. L’archipel des Ryukyu qui abrite Okinawa s’étire sur plus de 1000 k entre
Taiwan et Kyushu, ce qui constitue un rempart à la chine pour l’accès au
Pacifique.
LE DÉFI DE LA CHINE/ VERS UN ORDRE FINANCIER MONDIAL
Depuis le
ralliement du Royaume-Uni à l’AIIB en mars 2015, de nombreux pays européens,
dont la France, ont décidé d’en devenir membres, malgré l’hostilité et la méfiance
des Etats-Unis et le Japon. Au total, seize puissances du G20 ont rallié la
nouvelle banque, les grands absents de cette coalition financière : les
Etats-Unis, le Canada, le Mexique et le Japon. La puissance financière
chinoise, avec sa réserve de change d’environ 4000 milliards de dollars, s’impose
comme un acteur de premier plan, cherchant à soutenir non seulement le développement
régional pour les besoins de son économie, mais surtout pour cerner les
contours de ses ambitions stratégiques. Les bénéfices de cette banque pour
Pékin, va de pair avec l’internationalisation du « Yuan » et l’augmentation
du rendement de ses réserves financiers. Sur le plan stratégique, l’organisation
lui permet de structurer en sa faveur l’ordre régional en matière économique et
financier, ce qui rend vulnérable l’influence des Etats-Unis et le Japon et
contribuer à un système financier international multipolaire, dominé depuis les
accords de « Bretton Woods en 1944 par les américains et l’Europe ». D'autre part, certains pays émergents asiatiques comme l’Inde, la Malaisie et l’Indonésie
craignent que la chine par le biais de l’AIIB ne serve d’enjeux géopolitique à
grand échelle.
Du coté
des Etats Européens et vu le contexte économique et sociale fragilisé depuis
quelques années, l’enthousiasme domine avec la perspective de nouveaux contacts
et le renforcement de leur présence dans la région la plus dynamique de la planète.
Bien que le succès de la Chine ait isolé les américains, ils gardent une
influence majeure grâce au partenariat transpacifique, qui fixe les bases d’une
zone de libre-échange entre les économies des régions Asie et Pacifique sans la
Chine.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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