Les
relations entre l’Egypte et les pétromonarchies connaissent un essor sans
précédent depuis le renversement du président Mohamed Morsi par les services
des monarques et l’armée Égyptienne. Le président déchu et les leaders de la
confrérie sont victimes de l’hégémonie des monarques du golfe, dont les
assassinats et les tortures au sein des prisons dépassent les limites de la
raison humaine.
Si ce renouveau dispose d’un fort
potentiel, le chaos sécuritaire de la région et la précarité de la stabilité
intérieure de l’Egypte constituent autant d’obstacles à son épanouissements.
Toutefois, si ce partenariat survit à la recomposition du Moyen-Orient, il
pourrait ouvrir de nouveaux horizons à l’influence russe. Le rapprochement
entre le régime d’Al-Sissi et le Kremlin repose sur une convergence de vues
concernant les enjeux sécuritaires régionaux, des rapports personnels entre les
deux dictateurs, et un bilan prometteur en matière de coopérations bilatérales.
Auxquels les liens tissés entre l’URSS et l’Egypte (1954-1970)
apportent une profondeur historique.
L’EGYPTE, UNE AUTRE DICTATURE DU
MONDE ARABE
Tandis que l’ancien président
Moubarak s’ajoutait à la liste des dirigeants des régimes emportés par les
contestations populaires qui ont affecté le Moyen-Orient, Moscou établissait
des contacts avec les frères musulmans à la faveur de l’élection 2012 de
Mohamed Morsi au poste de président. Agissant plus par opportunisme que par
affinité pour un courant politique islamiste (non voilent), dont l’accession au
pouvoir avait été soutenue par les Etats-Unis, le Kremlin répondait avec prudence aux signaux
d’ouverture que lui donnaient les autorités égyptiennes, désireuses
d’équilibrer leur indispensable alliance avec Washington. Le coup d’Etat du 3
juillet 2013 orchestré par l’Arabie Saoudite, le Koweït, les Etats-Unis Israël
et l’Egypte à changer la donne et fait émerger un nouveau dictateur qui a
assassine des milliers d’égyptiens. Ce militaire de carrière, son ascension
était surveillée d’un œil bienveillant en Russie, ou l’on pariait sur sa
victoire à l’élection présidentielle de 2014. En ce sens, la visite à Moscou en
février 2014 d’Al-Sissi, alors ministre de la
défense, et sa rencontre avec Poutine lui ont apporté une envergure
internationale nécessaire au soutien de sa candidature à la fonction suprême.
POUTINE ET AL-SISSI, AU SERVICE DU
CRIME
Ce partenariat en plein renouveau
repose en premier lieu sur une convergence de fond entre les deux pays dans la lecture
de l’affrontement idéologico-religieux qui caractérise le Moyen-Orient depuis
l’éclatement des printemps arabes. Les deux pays considèrent que ces
contestations populaires ont jusqu’à présent profité avant tout aux forces
islamistes politiques et radicales que Moscou et le Caire affirment combattre
dans la mesure où elles représentent des menaces pour leurs propres stabilité
(le califat du Caucase et les frères musulmans). Dans une autre lecture
diplomatique machiavélique, les deux pays qui entretiennent chacun pour des
raisons spécifiques un rapport conflictuel avec Washington, accusent l’Occident
de complaisance vis- à –vis des frères musulmans, les djihadistes en Syrie et
les islamistes au Caucase. Par ailleurs, le régime d’Al-Sissi reste étroitement
surveillé par la CIA, depuis son alliance avec Poutine, d’où l’assistance
financière Américaine apporté au Caire et gelé depuis le coup d’Etat contre
Morsi. Le retournement américain contraste avec la constance et la
détermination affichées par la Russie dans son appui au régime de Damas depuis
2011, ce qui renforce notamment auprès du régime égyptien l’image de
partenariat faible de Moscou ; un partenaire qui, de surcroît, ne s’ingère
pas dans ses affaires internes.
NATIONALISME ARABE ET LES FRÈRES MUSULMANS
L’Egypte de Nasser (1954-1970) avait
incarné en son temps une autre voie au sein du monde arabe, celle du
nationalisme et du
socialisme, et était alors entrée frontalement en
concurrence dans les années 1950-1960 avec la théocratie Saoudienne. Par son
poids démographique 91,5 millions d’habitat selon les N-U et la place quelle
occupe dans l’islam sunnite en abritant l’université d’El-Azhar, l’âme de
l’islam sunnite. Ce potentiel a été compris par le Kremlin, qui verrait bien le
Caire rendosser ce rôle de leader une fois sa situation politique stabilisée et
son économie assainie. Cette relation entre les deux pays contribuerait selon
Moscou à restaurer l’image criminelle de la Russie dans le monde arabe, le
Kremlin et Damas ont commis un ethnocide parmi les sunnites de la région. Cette
image fait néanmoins abstraction des bonnes relations que la Russie entretient
non seulement avec le Caire, mais aussi avec la Jordanie et l’Algérie. En outre
le régime constitue un canal pour une coopération froide et discrète entre
Riyad et Moscou, tous deux soutenant la dictature d’Al-Sissi, les monarques du
Golfe ont investis durant l’année 2015
plus de 20 milliards de dollars à travers leurs fonds d’investissements
souverains. La Russie n’a ni les moyens ni l’ambition de se substituer, elle se
contente actuellement d’assassiner des innocents dans cette région.
Russie et l’Arabie Saoudite ont
tenté d’améliorer leurs relations à plusieurs reprises, mais ces efforts ont
rencontré un succès limité. Car si leurs intérêts ont parfois convergé, ils ont
le plus souvent divergé. La présence navale russe en Syrie et le soutien de
l’axe chiite ont coupés toutes relations entres les monarchies et la Russie.
Mohammed chérif Bouhouya
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