mercredi 22 juin 2016

GEOPOLITIQUE/ L'EGYPTE, LA RUSSIE, LES PÉTROMONARCHIES ET LES FRÈRES MUSULMANS


Les relations entre l’Egypte et les pétromonarchies connaissent un essor sans précédent depuis le renversement du président Mohamed Morsi par les services des monarques et l’armée Égyptienne. Le président déchu et les leaders de la confrérie sont victimes de l’hégémonie des monarques du golfe, dont les assassinats et les tortures au sein des prisons dépassent les limites de la raison humaine.






Si ce renouveau dispose d’un fort potentiel, le chaos sécuritaire de la région et la précarité de la stabilité intérieure de l’Egypte constituent autant d’obstacles à son épanouissements. Toutefois, si ce partenariat survit à la recomposition du Moyen-Orient, il pourrait ouvrir de nouveaux horizons à l’influence russe. Le rapprochement entre le régime d’Al-Sissi et le Kremlin repose sur une convergence de vues concernant les enjeux sécuritaires régionaux, des rapports personnels entre les deux dictateurs, et un bilan prometteur en matière de coopérations bilatérales. Auxquels les liens tissés entre l’URSS et l’Egypte  (1954-1970) apportent une profondeur historique.


L’EGYPTE, UNE AUTRE DICTATURE DU MONDE ARABE


Tandis que l’ancien président Moubarak s’ajoutait à la liste des dirigeants des régimes emportés par les contestations populaires qui ont affecté le Moyen-Orient, Moscou établissait des contacts avec les frères musulmans à la faveur de l’élection 2012 de Mohamed Morsi au poste de président. Agissant plus par opportunisme que par affinité pour un courant politique islamiste (non voilent), dont l’accession au pouvoir avait été soutenue par les Etats-Unis, le Kremlin  répondait avec prudence aux signaux d’ouverture que lui donnaient les autorités égyptiennes, désireuses d’équilibrer leur indispensable alliance avec Washington. Le coup d’Etat du 3 juillet 2013 orchestré par l’Arabie Saoudite, le Koweït, les Etats-Unis Israël et l’Egypte à changer la donne et fait émerger un nouveau dictateur qui a assassine des milliers d’égyptiens. Ce militaire de carrière, son ascension était surveillée d’un œil bienveillant en Russie, ou l’on pariait sur sa victoire à l’élection présidentielle de 2014. En ce sens, la visite à Moscou en février 2014 d’Al-Sissi, alors ministre de la  défense, et sa rencontre avec Poutine lui ont apporté une envergure internationale nécessaire au soutien de sa candidature à la fonction suprême.

POUTINE ET AL-SISSI, AU SERVICE DU CRIME

Ce partenariat en plein renouveau repose en premier lieu sur une convergence de fond entre les deux pays dans la lecture de l’affrontement idéologico-religieux qui caractérise le Moyen-Orient depuis l’éclatement des printemps arabes. Les deux pays considèrent que ces contestations populaires ont jusqu’à présent profité avant tout aux forces islamistes politiques et radicales que Moscou et le Caire affirment combattre dans la mesure où elles représentent des menaces pour leurs propres stabilité (le califat du Caucase et les frères musulmans). Dans une autre lecture diplomatique machiavélique, les deux pays qui entretiennent chacun pour des raisons spécifiques un rapport conflictuel avec Washington, accusent l’Occident de complaisance vis- à –vis des frères musulmans, les djihadistes en Syrie et les islamistes au Caucase. Par ailleurs, le régime d’Al-Sissi reste étroitement surveillé par la CIA, depuis son alliance avec Poutine, d’où l’assistance financière Américaine apporté au Caire et gelé depuis le coup d’Etat contre Morsi. Le retournement américain contraste avec la constance et la détermination affichées par la Russie dans son appui au régime de Damas depuis 2011, ce qui renforce notamment auprès du régime égyptien l’image de partenariat faible de Moscou ; un partenaire qui, de surcroît, ne s’ingère pas dans ses affaires internes.

NATIONALISME ARABE ET LES FRÈRES MUSULMANS

L’Egypte de Nasser (1954-1970) avait incarné en son temps une autre voie au sein du monde arabe, celle du nationalisme et du 
socialisme, et était alors entrée frontalement en concurrence dans les années 1950-1960 avec la théocratie Saoudienne. Par son poids démographique 91,5 millions d’habitat selon les N-U et la place quelle occupe dans l’islam sunnite en abritant l’université d’El-Azhar, l’âme de l’islam sunnite. Ce potentiel a été compris par le Kremlin, qui verrait bien le Caire rendosser ce rôle de leader une fois sa situation politique stabilisée et son économie assainie. Cette relation entre les deux pays contribuerait selon Moscou à restaurer l’image criminelle de la Russie dans le monde arabe, le Kremlin et Damas ont commis un ethnocide parmi les sunnites de la région. Cette image fait néanmoins abstraction des bonnes relations que la Russie entretient non seulement avec le Caire, mais aussi avec la Jordanie et l’Algérie. En outre le régime constitue un canal pour une coopération froide et discrète entre Riyad et Moscou, tous deux soutenant la dictature d’Al-Sissi, les monarques du Golfe ont investis  durant l’année 2015 plus de 20 milliards de dollars à travers leurs fonds d’investissements souverains. La Russie n’a ni les moyens ni l’ambition de se substituer, elle se contente actuellement d’assassiner des innocents dans cette région.


Russie et l’Arabie Saoudite ont tenté d’améliorer leurs relations à plusieurs reprises, mais ces efforts ont rencontré un succès limité. Car si leurs intérêts ont parfois convergé, ils ont le plus souvent divergé. La présence navale russe en Syrie et le soutien de l’axe chiite ont coupés toutes relations entres les monarchies et la Russie. 

Mohammed chérif Bouhouya         


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