Contre toute attente,
le système politique Chinois est en plein essor. En revanche le modèle
Américain n’est plus capable de forger son discours sur l’exceptionnalisme
américain, sans prétendre que les Etats-Unis peuvent occupaient la même place
que celle qu’ils occupaient avant l’essor de la Chine. L’Amérique n’est plus un
guide pour tous ceux qui aspirent à la liberté.
Au cours de la première décennie du
XXI siècle, on a assisté à un spectaculaire renversement de situation dans le
prestige relatif des différents modèles politiques et économiques. À la veille
de l’éclatement de la bulle internet, les Etats-Unis étaient en position de
force : leur démocratie faisait beaucoup d’émules, la technologie américaine
régnait sur la planète, et le capitalisme anglo-saxon, peu réglementé,
apparaissait comme la tendance du futur. Ils ont trouvé le moyen de gaspiller
ce capital moral en un temps extrêmement court : le conflit Irakien et le
lien étroit qu’elle a créé entre l’invasion militaire et la promotion de la
démocratie ont terni l’image de cette dernière, alors que la crise de Wall
Street infirmait l’idée que l’on peut compter sur les marchés pour se réguler
d’eux-mêmes. J’ai soutenu par le passé que le déclin américain était le spectre
qui hante la politique américaine et que cette phobie pourrait fragiliser
Obama, il a décidé de relever le défi en embrassant l’idée que son pays est une
nation exceptionnelle prête à conquérir l’avenir. La Chine a le vent en poupe,
ils voient la crise financière comme une légitimation de leur propre système et
le début d’une ère ou les idées libérales à l’américaine ne domineront plus
jamais le monde. Ils ont développé au fil du temps une vision plus nuancée et
surtout plus critique des vulnérabilités des Etats-Unis qui, frise le mépris,
il n’est donc pas surprenant que les Chinois ont pris le rôle de première
puissance du monde.
UN CENTRALISME PERFERMANT
Un grand nombre d’observateurs ont
tendance à ranger le modèle Chinois un peu facilement dans la même case
capitaliste autoritaire, comme celui des Russe, Iranien, et autres. Mais son
mode de gouvernement est difficile à définir que ce soit sur le plan
géoéconomique, géopolitique ou géostratégique, on comprend mieux qu’il n’est
pas fait pour s’exporter. La principale force du système est ça capacité à
prendre rapidement des décisions importante et à la fois complexe, notamment en
matière économique. Loin de l’hégémonisme messianique américain, les dirigeants
chinois se sentent dans l’obligation de rendre des comptes à la population. Si
ses derniers imposent des limites aux
critiques de l’opinion publique, ils restent attentifs aux manifestations de
mécontentement populaire et y font face en changeant de politique. Ils sont à
l’écoute aux intérêts de la classe moyenne urbaine et des entreprises qui génèrent
des emplois dans le monde, et se préoccupent aussi aux tollés provoqués par d’énormes
affaires de corruption ou par l’incompétence des cadres inférieurs du régime.
Les Américains dans leur stratégie ont espéré que le Chine s’orienterait vers
une transition démocratique une fois qu’elle se serait enrichie et avant de
devenir assez puissante pour représenter une menace stratégique et politique.
Les dirigeants communistes au pouvoir maîtrisent les intérêts de l’élite
chinoise et de la classe moyenne naissante, et ils tirent parti de leur peur de
populisme. C’est la raison pour laquelle les Chinois manifestent peu
d’enthousiasme pour une démocratie multipartite. Fait paradoxal pour un pays
qui s’assoie sur la pyramide communiste et qui est devenue la première
puissance mondiale, la Chine est devenue inégalitaire, un grand nombre de
paysans et d’ouvriers bénéficient très peu de la croissance et d’autres sont
durement exploités. La corruption est omniprésente, ce qui exacerbe les
inégalités existantes, on relève un nombre incalculable de cas de collusion
entre le gouvernement et les promoteurs pour récupérer les terres des paysans pauvres.
Cette situation a engendré une colère larvée qui chaque année donne lieu à des
milliers d’actes de protestation sociale, très violentes. Pour faire face aux
inégalités, le parti communiste a inversé sa rhétorique par une grande
réactivité de sa hiérarchie aux tensions populaire. L’exploit historique
accompli par la chine au cours des deux derniers millénaires a été la création
d’un gouvernement centralisé plus efficace que les autres régimes autoritaires
afin de stimuler la consommation et éviter une explosion sociale, a l’inverse
des Etats-Unis qui des failles racistes furent laissées ouvertes pour que s’y
engouffre le mal, et son haleine putride souffle librement à travers le monde.
L'HÉGÉMONISME AMÉRICAIN A BOUT DE
SOUFFLE
Les Américains doivent reconnaître leurs erreurs, au cours de la dernière décennie, la politique étrangère de
Washington a été trop militarisée et trop unilatérale, ce qui n’a fait
qu’engendrer un antiaméricanisme contre-productif. Dans le domaine économique,
ils ne produisent que des déficits budgétaires, des réductions d’impôts
inconsidérées et des réglementations financières insuffisantes. Sur le plan
diplomatique, les Etats-Unis ne font plus peur. L’évolution des printemps
Arabes a illustré de manière éclatante les limites de l’influence américaine
face aux dérapages non démocratiques au Caire, la Palestine, les monarchies du
Golfe, la Syrie, l’Irak, le Caucase du Nord et en Ukraine ou en Libye. La
volte-face des américains sur le processus de paix israélo-palestinien exigeant
un gel de la décolonisation puis
renonçant aux préconditions a nui à leur crédibilité sur le plan international.
L’état poussif de la démocratie américaine, enchaînée par une guerre de mille
ans entre démocrates et républicains, a été observé dans le monde entier. Obama
a inscrit des priorités qui sont pour la plupart des poursuites d’initiatives
lancées pendant son premier mandat : renforcement du régime de
non-prolifération, rééquilibrage commerciale avec la Chine, et la mise en place
d’un arsenal l’législatif pour encadrer les opérations spéciales et les
attaques de drones vu l’importance prise par la guerre de l’ombre (services
secrets.)Au proche Orient, dès sa réélection au lieu de s’aliéner les
israéliens, il a cherché à leur inspirer confiance, conscient que le compromis
ne peut venir que d’un pays suffisamment rassuré sur sa sécurité. Dans les
coulisses John Kerry reconnait qu’il est incapable de maintenir en vie les
traités israélo-égyptiens et Jordanien. Sur l’Iran, Washington qui a engagée
des offres de réconciliations, Téhéran a tout rejetée en bloc même s’il se dote
de l’arme nucléaire et soutien le régime Syrien, Irakien et le Hezbollah qui
vise a déstabilisé toute la région. D’un point de vue géostratégique,
l’administration Obama est consciente que ses priorités sont à la merci de
l’évolution des révolutions en « Afrique du Nord » dont les
conflits vont se produire avec récurrence, en claire l’idéologie dominante
actuellement n’est plus le capitalisme mais les intérêts (entre autre gaz de
schiste en Algérie).
LES ASSASSINATS DE LA CIA LES PRISONS
ET LES TORTURES
Des questions se posent encore sur le
caractère extrajudiciaire des opérations menées par la CIA et les centres de
tortures ouvertes dans certains pays (Danemark, la Suède, la Finlande, la Belgique,
l’Espagne, l’Arabie saoudite, l’Egypte, le Canada, la Malaisie, Hong-Kong, le Maroc, l’Afghanistan, la Pologne,
la Roumanie, et l’Algérie. Obama a intensifie de façon inédite une nouvelle
forme de combats, sans risque et plus discrète. Les assassinats ciblés de
suspects de terroristes parfois innocents, par drones armés depuis des bases
situées en Arabie saoudite, en Afghanistan et à Djibouti, les engins
télécommandés décollent vers des cibles localisées à une cadence jamais vue
auparavant. Pendant le seul premier mandat du président Obama, les frappes
auraient causé au total entre 7856 morts, dont 1200 civils. En 2012
l’implication personnelle du président dans la confection des listes ciblés
envisagées, la montée des interrogations sur l’énormité de son pouvoir
personnel et sur le caractère flou des bases juridiques de celui-ci ont conduit
à accepter le principe d’un encadrement de ces opérations. Leur existence non
reconnue pendant une décennie, a alors été admise de fait. Durant ses deux
derniers mois, le gendarme du monde est éclaboussé par son hégémonisme
messianique et la politique d’assassinats ciblés de la maison blanche ce qui
fait le bonheur des républicains qui veulent mettre un terme à la carrière
politique d’Obama .Douze ans après le 11 septembre, les américains exigent un
débat public sur ses pratiques d’élimination physique qui peuvent exacerber le
sentiment antiaméricain, voire susciter elles-mêmes des vocations terroristes.
A travers ce carnage machiavélique ont compte des milliers d’innocents qui
paient de leur vie, et pire encore la souveraineté des Etats qui sont soumis à
l’impérialisme américain, la CIA est à la fois le procureur, le juge et surtout
le bourreau. Les multinationales et les lobbyistes des armes sélectionnent les
sénateurs républicains afin de préserver leurs intérêts à travers le monde,
depuis 30 ans la mondialisation au nom du libre-échange pour le développement a
favorisé le pillage des firmes
internationales pour les pays en développement. Le principe de la politique et
de l’impôt de David Ricardo et la vision d’Adam Smith en mis en œuvre la chaîne infernale du FMI et l’OMS pour fracturer les pays en développement, un déluge
silencieux qui engendre des accumulations des crises et des tornades
économiques imposés par les armes, à titre d’exemple les semences OGM imposés à
l’Inde ont fait plus de 270, 000 suicides en un temps records. Au titre du
pivot rebaptisé rééquilibrage dans les discours officiels, par égard pour l’UE(1),
l’Oncle Sam a décidé de l’installation d’une base de 25000 marines à Darwin,
dans le nord de l’Australie, et de l’ouverture d’une base dans les îles Cocos.
Il a autorisé la vente de chasseurs F-35 au Japon et à l’Australie. Le but est
d’orientés 60%des bâtiments de la Navy vers le pacifique, d’autres bases ont
été désignées aux Philippines, au Vietnam, à Singapour. Il s’agit de faire
évoluer le dispositif américain du Moyen-Orient en privilégiant la marine et
l’aviation tout en développant des tactiques et des capacités adaptées aux
menaces que présent la Chine (sous-marins, destruction de satellites,
missiles).Après cette démonstration de force, le pivot n’est plus au premier
plan, on s’interroge actuellement sur la capacité des Etats-Unis à mettre en
œuvre un programme de telle ampleur, sans une remise en ordre du péril
économique. Les années terroristes ont relégué le commerce au second plan. Une
nation qui accuse un déficit colossale et une croissance fragile, a entrepris
de remettre l’économie au centre de sa diplomatie. En d’autres termes le retour
à l’équilibre budgétaire est devenu un enjeu de politique étrangère, la
diplomatie américaine et au service de son économie mais à quel prix ? Pour
un pays qui a financé ses guerres sur « l’emprunt », suppose de
remettre les finances en ordre. Si ils ne veulent pas à dépendre de la Chine et
les pétromonarchies, ils sont contraints de réduire leur dette qui se monte
« à 16000 Milliards de dollars soit 12200 milliards d’euros ».Dans
la cadre du partenariat Trans pacifique « TPP », qui inclut les
(Etats-Unis-le Canada, le Mexique, le Pérou, le Chili, la
Nouvelle-Zélande-Singapour-l ’Australie-la Malaisie-et le Vietnam),et au fait
un mécanisme d’exclusion de Pékin et instauré le TPP a des implications
purement géostratégiques. Néanmoins il est inconcevable et hypocrite de
s’adresser aux autres pays afin de résoudre leurs économies si l’Amérique est
déjà dans les vagues scélérates. Pour maintenir son statut de première
puissance commerciale, la Chine se montre agressive envers les Etats-Unis, sa
priorité primordiale est la quête de marchés et de matières premières. La Chine
a dépassé les américains pour devenir la première puissance commerciale
mondiale, un rôle dans l’économie mondiale, elle est devenue le plus important
partenariat bilatéral d’un grand nombre de pays. Cette évolution n’est pas
anodine, la quête de ressources et de marchés à travers le monde motive le
déploiement géostratégique mondial de la Chine qui s’articule autour du concept
de « l’émergence pacifique ».
Les deux seules
puissances planétaires dominent le siècle, mais comment les deux géants
vont-ils cohabiter ?et quelle place occuperont les émergents et les
organisations supranationales dans ce fragile équilibre ? Sur l’échiquier
économique mondial et militaire l’avenir s’écrit en Asie, les Etats-Unis n’est
plus une puissance sans rivale, l’hégémonie américaine sera bientôt sur la poubelle
de l’histoire.
MOHAMED CHÉRIF BOUHOUIA
-lire également l’analyse sur le
traité de libre-échange avec l’Europe « transatlantic
partnership ».
(1) L’UE : Usée, finie, pour le
reste du monde les Européens forment un ensemble hétéroclite gouverné par une
gérontocratie timorée. Mais son modèle supranational pourrait inspirer d’autres
régions du monde.
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