lundi 27 août 2012

Les ambitions des saoudiens ou la saoudisation de Bahein


Le royaume de la famille Saoudienne a profité du printemps arabe pour se positionner stratégiquement dans cette nouvelle redistribution des cartes que connaît le Moyen-Orient.


Affaibli par les contestations de 2011, le royaume de Bahreïn a étouffé dans la violence les commémorations de la révolte populaire. Le régime se maintient grâce à ses voisins, notamment
l’Arabie saoudite qui espère une union entre les deux monarchies.


BAHREIN : UN ROYAUME SOUS PRESSION SAOUDIENNE


Bien avant son indépendance en 1971, l’archipel fut le théâtre de contestations à répétition notamment dans les années 1930 , 1970, et 1990. Peuplée à 70% de chiites , l' ancienne province Iranienne de Bahreïn , conquise par la famille sunnite AL-KHLIFA en 1783 , concentre 1,24 million d’habitants sur une superficie de 760 kilomètres carrés. Coincé entre deux puissants voisins , l’Arabie saoudite et l’Iran , le plus petit royaume du conseil de coopération du Golfe ( CCG) est également le plus vulnérable. Frappé de plein fouet par l'épuisement de ses ressources ( pétrolières et gazières) , il n'est plus en mesure d'assumer une redistribution équitable des richesses .Les effets n'ont pas tardé à se faire ressentir au sien de la population chiite , qui connaît un taux de chômage supérieur à 25% , la monarchie privilégie une main-d’œuvre immigrée, soumise aux affres de l'exploitation et un esclavagisme terrifiant . Après le printemps de MANAMA aucune de ces révoltes populaires n'a pu déboucher sur une révolution.


LA STRATEGIE DE L'IRAN

Pour Téhéran la domination du petit royaume constitue un enjeu stratégique de taille. Primo, il s'agit
de maintenir une pression diplomatique en direction des voisins arabes, sur le contrôle des voies de passages dans le golfe, secundo, l'Iran qui avait tenté d'exporter sa révolution en 1979 à Bahreïn
au sein d'un environnement chiite , celui-ci n'avait alors pas réagi. Au clivage confessionnel
qui lézarde le tissu identitaire Bahreïn vient se greffer l' opposition frontale entre populations
rurales et urbaines « sédentaires et essentiellement chiites et tribus bédouines sunnites. »
Lors du sommet de Riyad du CCG, en 2012 , un projet d'union Saoudo- Bahreïn a été fustigé
par l'Ayatollah Issa Qassem , chef spirituel de la communauté chiite de Bahreïn qui ,à son appel , a mobilisé des milliers de personnes pour manifester contre ce plan perçu comme une annexion par le royaume Saoudien .Ce dernier redoute un phénomène de contagion chiite dans sa province orientale, qui englobe la majorité des gisements pétroliers. Au regard de l'aggravation des tensions le Bahreïn est devenu l'épicentre de cette guerre froide qui oppose les mondes « chiites et sunnites » sachant que ce conflit religieux gangrène à petit feu le monde musulman dont les conséquences s’avèrent plus qu' alarmante.

UNE NOUVELLE STRATEGIE MONARCHIQUE ?

Afin d'éviter toute contagion, les riches États pétroliers du golfe sont soucieux de préserver leur sécurité nationale et la stabilité régionale. Déterminés à contrecarrer tout soulèvement dans la péninsule, ils déploient une stratégie diplomatique qui confirme le rôle éminent de l’Arabie Saoudite comme garante de l'ordre, tout en mettant le Qatar comme étant un acteur incontournable.
Riyad appuyée par le ( CCG) , vise à limiter et à affaiblir l'influence iranienne dans la région et à créer un axe sunnite conservateur susceptible de garantir sa sécurité ainsi que sa prédominance.
Pour tenter d'éviter tout soulèvement et prévenir des désordres , elle a opté pour « le contrôle social
par la brutalité de la répression et la redistribution de la rente . » Soucieuse d'un printemps arabe
à l’intérieur de ses frontières , le régime a réprimé toute tentative de protestation.
Les monarques saoudiens adoptaient un éventail de mesures visant à améliorer la situation économique du pays et à acheter la paix sociale. Contrôlant 25% des réserves pétrolières de la planète , ils ont ainsi débloqué 37 milliards en 2011, puis 70 milliards pour canaliser les revendications susceptibles de déboucher sur l'expression de plus grandes frustrations, dont celles liées à l' absence de changements constitutionnels. En somme, ils visent à apaiser les esprits et à préserver la stabilité à un moment où le monde arabe est en proie à l'agitation et à la contestation .
Devant les troubles à Bahreïn , au Yémen et surtout en Syrie, la crainte de l'influence iranienne explique et détermine la politique des pétromonarchies. Redoutant également le soulèvement de leurs minorités chiites qui chercheraient un appui de l’Iran , remettant ainsi en cause l'équilibre
géostratégique de la région. Déterminés à contenir le risque , les pays du golfe resserrent les rangs autour des saoudiens en créant une alliance anti- iranienne basée sur le maintien de la sécurité de la région et la prédominance du royaume, et dont la politique vise à cimenter la suprématie sunnite face aux forces obscures chiites.

LA BIENVEILLANCE DU QATAR


Les autorités de Riyad et Doha , déploient leur volonté afin de s'imposer. Ils veillent à maintenir le statu quo dans la région et fournissent un appui financier et logistique aux mouvements islamistes, et à ceux qui seraient susceptibles de parvenir au pouvoir dans d'autres pays afin de garantir leur pérennité. Autres objectifs déjà tracés , « soutenir toutes les mouvances islamistes montantes dans le monde arabo-musulman qui commence à se dessiner , et surtout étouffer le SALAFISME DJIHADISTE qui menace leurs monarchies. » Le Qatar qui aspire à être reconnu comme une puissance régionale et internationale dont la diplomatie l'a propulsé au devant de la scène arabe lors de la guerre en Libye,la politique saoudienne en apparence indépendante n'est pas différente de celle des américains. Ces derniers sont loin d’être hostiles à un plan visant à contenir l'Iran et à remodeler la région au profit du camp islamo-sunnite incarné par des partis au pouvoir «  tels que Ennahda en Tunisie,le PJD au Maroc, les frères musulmans en Égypte. » Dans les coulisses des officines occultes les désaccords exprimés avec Washington, ces partis demeurent les alliés privilégiés du royaume saoudien et du Qatar , dont ils considèrent avec intérêt et bienveillance la politique anti-iranienne et pro-islamiste.


Du fait de leurs liens stratégiques avec les États-Unis , les monarchies arabes apparaissent comme des pays subordonnées aux intérêts de Washington, et au moment ou le monde arabe revendique
« LIBERTE » ces monarques auto-critiques et patriarcales sont loin de rentrer dans les rangs
néanmoins, les revendications démocratiques qui secouent le monde arabe ne sont qu'à leurs débuts
et le temps sera pire ennemi et meilleur vainqueur.


MOHAMMED CHERIF BOUHOUIA







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire