Le monde musulman fut de tout temps un carrefour de
peuples et de religions, il est à la fois multiculturel, multinational,
multilinguistique, multi religieux et multiconfessionnel.L’Iran et les pays arabes appartiennent conjointement au
monde musulman, néanmoins ils diffèrent culturellement,
et religieusement.
Héritier de l’empire Perse, la révolution islamique en
1979 fait de l’Iran un état islamique chiite qui considère les pouvoirs arabes
comme illégitimes. En somme, les deux rivaux n’ont jamais été stratégiquement
unis. Au fil du temps l’Iran prend conscience des effets négatifs de son
isolement et tente un rapprochement avec
le monde sunnite.
Les monarchies du Golfe étaient partagées entre la
crainte du programme nucléaire iranien, et les effets déstabilisateurs certains
dans la région. Et pire encore, l’influence des minorités chiites dans ces pays.
Les chiites d’Irak restent moins favorables que les
chiites iraniens à l’intervention des religieux dans les affaires politiques.
Seul le pouvoir chiite syrien, ayant soutenu l’Iran dans la guerre contre l’Irak,
maintient des relations très
particulières avec Téhéran. Les deux pouvoirs chiites partagent les mêmes
visions stratégiques, dans leurs relations
avec les autres pays du monde. Depuis son isolement sur la scène
internationale, l’Iran veut tourner la situation et adopte une attitude
intransigeante dans le conflit israélo-palestinien et cherche à accroître sa
popularité dans les opinions arabes tout en essayant d’exporter sa révolution
en s’appuyant sur les chiites qui sont minoritaires. Les pays sunnites ciblés
sont : l’Egypte ;l’Algérie ;le Maroc ;le Soudan ;le
Yémen et le Bahrein où des milliers d’étudiants après avoir été endoctrinés,
ont pris le chemin vers QUUM, capitale du chiisme.
L’enjeu reste de taille pour ces pays vulnérables ainsi
que pour les générations futures, où le chiisme apparaît comme une source de
déstabilisation pour l’ensemble des « états
arabes » et surtout l’Algérie où ce phénomène prend des proportions
alarmantes.
QUI
SONT CES CHIITES ?
L’ISMAELISME :
Le 6ème imam JAFAR ALSADIQ a deux fils :
Ismail et son cadet Musa Kasim, reconnu comme 7ème imam par les duodécimains. Les chiites
qualifiés de « septimains » ou « ismaéliens » affirment au
contraire qu’ISMAIL est le 7ème imam. A lui seul font suite quatre imams
cachés (ayant vécu dans la clandestinité), UBAYD
ALLH, fondateur de la dynastie des Fatimides
qui règne en Afrique du nord, puis en Egypte, de 909 à 1171, les
souverains s’affirment à la fois imams et califes. Le 6ème Fatimide, AL –HAKIM, est tenu pour
« divin par les Druzes ». A la mort du 8ème Fatimide, AL- MUTANSIR, en 1094, les
ismaéliens se divisent en partisans de chacun de ses deux fils : l’ainé, Al-
Nizar (les nizarites, et al Mustali). D’autres ismaéliens se réclament de ce
dernier. Diverses scissions ont affecté sa descendance. La branche issue D’al-
Hafiz a été éliminée dès le XIII siècle.
Deux branches issues D’AL- TAYYIB demeurent bien vivantes : les DAWOODI BOHRAS
présents en Inde, et les SULAYMANIS, aujourd’hui concentrés dans le sud de L’Arabie
saoudite, près de la frontière du Yémen. Parmi les ismaéliens NIZARITES
figurent des adeptes de la secte des Assassins, actifs en Iran aux XII et XIII siècle.
De nombreux Nizarites ont ensuite migré vers la région du Pamir et vers les
Indes. Quant à JAFAR AL SADIQ, né à Médine (80 – 148) son grand- père maternel
est ABOU- BAKER le successeur du prophète, et son grand-père paternel est ALI
cousin et gendre du prophète. Ce dernier constitue la source du Sunnisme,
puisque l’imam MALEK était son disciple, EL CHAFII et AHMED IBN HANBEL. De son
vivant, il n’a jamais accepté le califat, ni le chiisme.
CHIITES
DUODECIMAINS
Ils sont ainsi qualifiés car ils reconnaissent douze
imams. Selon eux le 12eme imam, MOUHAMED EL MAHDI est « occulté » depuis 874, mais il est
toujours vivant et reviendra en tant que MAHDI (le bien dirigé) à la fin des temps
pour rétablir la foi corrompue et la justice sur terre. Cette secte
duodécimaine, branche principale du chiisme, est très puissante en Iran, Irak,
et au Liban. Concernant le MAHDI, cette croyance est totalement rejetée par le sunnisme, car le prophète a
déjà annoncé la venue du MAHDI à Médine
et relancera la communauté musulmane en tant qu’érudit avant les six grands signes de la fin du
monde.
DRUZES
Deux Ismaéliens sont à l’origine de la branche
Druze ; un turc nommé AD-DARAZI (d’où druzes) et un autre persan nommé
HAMZA. Le fatimide AL- HAKIM ayant disparu en 1021, AD-DARAZI proclame qu’il a
été « occulté ». Hamza donne au culte D’al- Hakim sa forme druze
définitive en proclamant que ce dernier est « l’incarnation de l’UN ultime »et
qu’il doit réapparaitre sur terre (afin d’opérer la distinction entre les
croyants et les hypocrites) les druzes sont réparties entre la Syrie, le Liban,
et Israël.
LES
ALEVIS
L’Alévisme reconnait 12 imams, mais son histoire est différente.
A partir du XI siècle, des Turcomans s’installent en Azerbaïdjan et en Anatolie
orientale et pratiquent des formes d’islam hétérodoxes. A l’est, elles sont
canalisées par la branche Séfévide qui, au début du XVI siècle, impose le
chiisme duodécimain en Iran. En Anatolie, en revanche, les Turcomans passent
sous la domination des Turcs ottomans sunnites et ennemis jurés des séfévides
qui les persécutent. Ainsi prend forme l’Alévisme. Au fil du temps ces derniers
accueilleront comme une délivrance la laïcisation de la société voulue par
Mustafa Kemal Atatürk.
ALAOUITES
Les alaouites constituent l’exemple rarissime d’une
société secrète, l’origine de cette communauté reste mystérieuse et controversée.
Certains pensent qu’ils sont les
représentants d’un ancien culte idolâtre qui aurait intégré des éléments des
monothéismes présents au proche- Orient. D’autres les lie à MUHAMMED BEN
NUSAYR, un chiite irakien du IX siècle, proche des 11 imams qui proclama (la
nature divine d’ALI) la doctrine Alaouite est un syncrétisme d’éléments
musulmans, chrétiens, juifs mais aussi Iranien. Elle repose sur la foi en une « trinité » qui se
compose de (ALI en premier, MOHAMED le second et SALMAN EL – FARISI le troisième)
les trois initiales de leurs noms forment le mot (AMS).Quant à SELMAN , ce sont
les chrétiens persécutés, et réfugiés dans des grottes qui l’ont d’abord
converti , puis conseillé de rejoindre
la Mecque afin de suivre le dernier des messagers tout en lui donnant trois signes de reconnaissance ( le prophète n’accepte
pas l’aumône, il ne refuse pas les cadeaux, et il a le sceau de la prophétie
sur son dos). La plus grande majorité des Alaouites est regroupée dans le nord-
ouest de la Syrie. Si on remonte un peu plus dans l’histoire du chiisme il
existe encore d’autres branches.
Dans le monde sunnite la rupture avec le chiisme est indéniable, ALI reste un homme pieux et il n’a
jamais inventé le chiisme selon la Sunna (hadith du prophète).
Le prophète a dit à ALI un jour « Ali deux
catégories de croyants périront à cause de toi : des amoureux aveuglés, et
des fanatiques haineux. »
Des amoureux aveuglés :
les chiites se sont divisés sur la personnalité d’ALI, certains le considèrent
comme un DIEU, et d’autres comme étant un
prophète.
Des fanatiques haineux :
ce sont les kharijites qui le considèrent comme mécréant.
En dépit du conflit syrien et l’inflexibilité de la secte
Alaouite D’EL ASSAD, l’IRAN fait également peur en raison de son poids
démographique supérieur à l’ensemble des Etats arabes du Golfe et surtout la menace de l’arme nucléaire.
Le spectre de la menace Iranien plane encore, et la carte
chiite constitue un réel danger déstabilisateur pour le reste du monde musulman.
Les enjeux géopolitiques et géostratégiques actuels, que connaît le monde arabe,
n’est que le commencement d’un conflit qui s’avère plus qu’alarmant.
MOHAMED
CHERIF BOUHOUIA