dimanche 12 août 2012

CHIISMES:LE DEFIT SILENCIEUX


Le monde musulman fut de tout temps un carrefour de peuples et de religions, il est à la fois multiculturel, multinational, multilinguistique, multi religieux et multiconfessionnel.L’Iran et les pays arabes appartiennent conjointement au monde musulman, néanmoins ils diffèrent  culturellement, et religieusement.

Héritier de l’empire Perse, la révolution islamique en 1979 fait de l’Iran un état islamique chiite qui considère les pouvoirs arabes comme illégitimes. En somme, les deux rivaux n’ont jamais été stratégiquement unis. Au fil du temps l’Iran prend conscience des effets négatifs de son isolement  et tente un rapprochement avec le monde sunnite.

Les monarchies du Golfe étaient partagées entre la crainte du programme nucléaire iranien, et les effets déstabilisateurs certains dans la région. Et pire encore, l’influence des minorités chiites  dans ces pays.

Les chiites d’Irak restent moins favorables que les chiites iraniens à l’intervention des religieux dans les affaires politiques. Seul le pouvoir chiite syrien, ayant soutenu l’Iran dans la guerre contre l’Irak, maintient  des relations très particulières avec Téhéran. Les deux pouvoirs chiites partagent les mêmes visions stratégiques, dans leurs  relations avec les autres pays du monde. Depuis son isolement sur la scène internationale, l’Iran veut tourner la situation et adopte une attitude intransigeante dans le conflit israélo-palestinien et cherche à accroître sa popularité dans les opinions arabes tout en essayant d’exporter sa révolution en s’appuyant sur les chiites qui sont minoritaires. Les pays sunnites ciblés sont : l’Egypte ;l’Algérie ;le Maroc ;le Soudan ;le Yémen  et le Bahrein  où des milliers d’étudiants après avoir été endoctrinés, ont pris le chemin vers QUUM, capitale du chiisme.


L’enjeu reste de taille pour ces pays vulnérables ainsi que pour les générations futures, où le chiisme apparaît comme une source de déstabilisation  pour l’ensemble des « états arabes » et surtout l’Algérie où ce phénomène prend des proportions alarmantes.

  

QUI SONT CES CHIITES ?

L’ISMAELISME :

Le 6ème imam JAFAR ALSADIQ a deux fils : Ismail et son cadet Musa Kasim, reconnu comme 7ème  imam par les duodécimains. Les chiites qualifiés de « septimains » ou « ismaéliens » affirment au contraire qu’ISMAIL est le 7ème  imam. A lui seul font suite quatre imams cachés (ayant vécu dans la clandestinité), UBAYD ALLH, fondateur de la dynastie des Fatimides  qui règne en Afrique du nord, puis en Egypte, de 909 à 1171, les souverains s’affirment à la fois imams et califes. Le 6ème  Fatimide, AL –HAKIM, est tenu pour « divin par les Druzes ». A la mort du 8ème  Fatimide, AL- MUTANSIR, en 1094, les ismaéliens se divisent en partisans de chacun de ses deux fils : l’ainé, Al- Nizar (les nizarites, et al Mustali). D’autres ismaéliens se réclament de ce dernier. Diverses scissions ont affecté sa descendance. La branche issue D’al- Hafiz a été éliminée dès le XIII  siècle. Deux branches issues D’AL- TAYYIB demeurent  bien vivantes : les DAWOODI BOHRAS présents en Inde, et les SULAYMANIS, aujourd’hui concentrés dans le sud de L’Arabie saoudite, près de la frontière du Yémen. Parmi les ismaéliens NIZARITES figurent des adeptes de la secte des Assassins, actifs en Iran aux XII et XIII siècle. De nombreux Nizarites ont ensuite migré vers la région du Pamir et vers les Indes. Quant à JAFAR AL SADIQ, né à Médine (80 – 148) son grand- père maternel est ABOU- BAKER le successeur du prophète, et son grand-père paternel est ALI cousin et gendre du prophète. Ce dernier constitue la source du Sunnisme, puisque l’imam MALEK était son disciple, EL CHAFII et AHMED IBN HANBEL. De son vivant, il n’a jamais accepté le califat, ni le chiisme. 

CHIITES DUODECIMAINS

Ils sont ainsi qualifiés car ils reconnaissent douze imams. Selon eux le 12eme imam, MOUHAMED EL MAHDI est  « occulté » depuis 874, mais il est toujours vivant et reviendra en tant que MAHDI (le bien dirigé) à la fin des temps pour rétablir la foi corrompue et la justice sur terre. Cette secte duodécimaine, branche principale du chiisme, est très puissante en Iran, Irak, et au Liban. Concernant le MAHDI, cette croyance est totalement  rejetée par le sunnisme, car le prophète a déjà annoncé  la venue du MAHDI à Médine et relancera la communauté musulmane en tant qu’érudit  avant les six grands signes de la fin du monde.

 DRUZES

Deux Ismaéliens sont à l’origine de la branche Druze ; un turc nommé AD-DARAZI (d’où druzes) et un autre persan nommé HAMZA. Le fatimide AL- HAKIM ayant disparu en 1021, AD-DARAZI proclame qu’il a été « occulté ». Hamza donne au culte D’al- Hakim sa forme druze définitive en proclamant que ce dernier est «  l’incarnation de l’UN ultime »et qu’il doit réapparaitre sur terre (afin d’opérer la distinction entre les croyants et les hypocrites) les druzes sont réparties entre la Syrie, le Liban, et Israël.

LES ALEVIS

L’Alévisme reconnait 12 imams, mais son histoire est différente. A partir du XI siècle, des Turcomans s’installent en Azerbaïdjan et en Anatolie orientale et pratiquent des formes d’islam hétérodoxes. A l’est, elles sont canalisées par la branche Séfévide qui, au début du XVI siècle, impose le chiisme duodécimain en Iran. En Anatolie, en revanche, les Turcomans passent sous la domination des Turcs ottomans sunnites et ennemis jurés des séfévides qui les persécutent. Ainsi prend forme l’Alévisme. Au fil du temps ces derniers accueilleront comme une délivrance la laïcisation de la société voulue par Mustafa Kemal Atatürk.

ALAOUITES

Les alaouites constituent l’exemple rarissime d’une société secrète, l’origine de cette communauté reste mystérieuse et controversée. Certains  pensent qu’ils sont les représentants d’un ancien culte idolâtre qui aurait intégré des éléments des monothéismes présents au proche- Orient. D’autres les lie à MUHAMMED BEN NUSAYR, un chiite irakien du IX siècle, proche des 11 imams qui proclama (la nature divine d’ALI) la doctrine Alaouite est un syncrétisme d’éléments musulmans, chrétiens, juifs mais aussi Iranien. Elle repose sur  la foi en une « trinité » qui se compose de (ALI en premier, MOHAMED le second et SALMAN EL – FARISI le troisième) les trois initiales de leurs noms forment le mot (AMS).Quant à SELMAN , ce sont les chrétiens persécutés, et réfugiés dans des grottes qui l’ont d’abord converti , puis  conseillé de rejoindre la Mecque afin de suivre le dernier des messagers tout en lui donnant  trois signes de reconnaissance ( le prophète n’accepte pas l’aumône, il ne refuse pas les cadeaux, et il a le sceau de la prophétie sur son dos). La plus grande majorité des Alaouites est regroupée dans le nord- ouest de la Syrie. Si on remonte un peu plus dans l’histoire du chiisme il existe encore d’autres branches.

Dans le monde sunnite la rupture avec le chiisme est  indéniable, ALI reste un homme pieux et il n’a jamais inventé le chiisme selon la Sunna (hadith du prophète).

Le prophète a dit à ALI un jour « Ali deux catégories de croyants périront à cause de toi : des amoureux aveuglés, et des fanatiques haineux. »

Des amoureux aveuglés : les chiites se sont divisés sur la personnalité d’ALI, certains le considèrent comme  un DIEU, et d’autres comme étant un prophète.    

Des fanatiques haineux : ce sont les kharijites qui le considèrent comme mécréant.     

En dépit du conflit syrien et l’inflexibilité de la secte Alaouite D’EL ASSAD, l’IRAN fait également peur en raison de son poids démographique supérieur à l’ensemble des Etats arabes du Golfe et surtout  la menace de l’arme nucléaire.

Le spectre de la menace Iranien plane encore, et la carte chiite constitue un réel danger déstabilisateur pour le reste du monde musulman. Les enjeux géopolitiques et géostratégiques actuels, que connaît le monde arabe, n’est que le commencement d’un conflit qui s’avère plus qu’alarmant.    



   MOHAMED CHERIF BOUHOUIA