Pour le
Japon meurtrie, l’après-seconde Guerre mondiale a constitué le renoncement à
toute politique militaire et diplomatique imposé notamment par les Etats-Unis
et le Royaume-Unis ; entérinés dans la constitution de 1947. Pourtant, Soixante-dix
ans après sa défaite, l’archipel nippon, porté par un gouvernement nationaliste
et dans un contexte de tensions avec la Chine, entend tourner la page d’une
période fortement marquée par le pacifisme.
Depuis
2012, le retour de Shinzo Abe au pouvoir, après un premier mandat avorté en
2006-2007, a constitué une rupture dans l’histoire récente du Japon. Alors que
des différends territoriaux se développent avec ses voisins russes, coréens et
surtout chinois, cette stratégie passe primordialement par la reconsidération du
rôle de la puissance militaire de l’armée. Ce changement de paradigme est le
fruit de la victoire, du parti libéral démocrate et de l’arrivée de Shinzo Abe.
Nationaliste convaincu et adhérent de la Conférence du Japon, premier lobby
conservateur et révisionniste du pays, le premier ministre restaure le
patriotisme longtemps confisqué afin d’étendre l’influence du Japon sur la
scène internationale. En parallèle, il renforce ses liens stratégiques avec
Washington, la revalorisation des forces d’autodéfenses (FAD), et prône sur
l’échiquier diplomatique le grand retour d’un Japon fort militairement. Pour y parvenir, le Parlement a adopté des
lois de défense modifiant l’interprétation de l’article 9 de la Constitution,
qui fixe le cadre d’intervention des FAD, redéfinissant ainsi leurs
prérogatives. Jusqu'à sa réinterprétation, la Constitution du Japon ancrait le
renoncement du pays à la guerre et l’abandon de son potentiel offensif.
Dorénavant, l’armée pourra intervenir dans le cadre des Nations-Unis, et utiliser
la force à fin de mener ses propres missions et prendre des positions
stratégiques avec leurs alliés afin de contrer les ambitions russes et
chinoises. Néanmoins, certaines conditions devront être réunies. Il faudra
qu’une attaque armée contre un pays étranger allié avec le Japon ait pour
résultat de menacer la survie de l’archipel, que l’emploi de la force se fasse
au minimum requis ; qu’il n’existe pas d’autres moyen que le recours à la
force « pour le pays menacé » et surtout, Tokyo puisse exporter des
équipements militaires. Cette posture est une réponse en premier lieu au défi
posé par la chine, en particulier autour de la question des « iles
Senkaku, en mer de chine orientale », revendiqué par Pékin et Taiwan, à
proximité desquelles l’Armée chinoise a mené des incursions aériennes et
maritimes répétées. En réponse à ses
défis géostratégiques, les forces maritimes japonaises ont intensifiées leurs
capacités en se dotant de nouveaux matériels ; notamment six sous-marin et
sept destroyers ultramodernes. Tokyo a aussi mis en service le premier porte-hélicoptères
de la classe « Izumo », le plus grand bâtiment de guerre japonais construit
depuis la Seconde Guerre mondiale ; un autre est déjà opérationnel depuis
2017. Les FAD disposent de cinq autres porte-hélicoptères, mais les deux classe
Izumo pourront accueillir 17 aéronefs MV-22 Osprey commandés aux Etats-Unis.
Cette alliance entre les deux ennemis éternelle, vise essentiellement le poids
du défi chinois en Asie Oriental et
maintenir à la fois un rapport de force sur le plan géostratégique.
PÉKIN ET WASHINGTON/ RENFORCEMENT STRATÉGIQUE ET ALLIANCE DURABLE
Le Japon
considère qu’une présence militaire américaine durable sur son territoire est
la meilleure configuration a fin de défendre ses intérêts nationaux face à la
chine. Par ailleurs, contrairement à de nombreux alliés historiques des
Etats-Unis, notamment européens, le Japon s’est abstenu de rejoindre la Banque
asiatique d’investissement pour les infrastructures lancée par Pékin ;
toutefois, pour certaines officines occultes Japonaise, la présence américaine
dans l’archipel reste indésirable, voir inacceptable. C’est le cas à Okinawa ou
l’opposition s’alarme contre la construction d’une nouvelle base, dénonçant les
effets négatifs sur l’environnement, mais également le danger potentiel que
représente l’imposante présence armée américaine. Théâtre de la guerre du
Pacifique et sous administration des américains de 1945-1972, l’ile abrite en
effet plus de la moitié des 45 000 militaires déployés en 2015 au Japon et
prés d’un cinquième de
sa superficie est
occupée par des infrastructures militaires.
De fait,
l’archipel des Kyushu, qui abrite Okinawa, est stratégique. S’étirant sur prés
de 1000 kilomètres entre Taiwan et Kyushu, il bloque à la chine l’accès au
Pacifique et englobe les iles contestées des Senkaku, ce qui constitue un
épineux obstacle pour Shinzo Abe. En somme, l’intérêt Japonais dans cet espace
géopolitique, n’est pas nouveau ; ce qui change, c’est l’ampleur des opportunités
géostratégiques que les Etats-Unis a décidé d’accorder au Japon quelle
considère comme stratégique.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
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