samedi 9 mai 2020

GÉOSTRATÉGIE/ JAPON/ UN GRAND RETOUR SUR LA SCÈNE MILITAIRE FACE A LA CHINE


Pour le Japon meurtrie, l’après-seconde Guerre mondiale a constitué le renoncement à toute politique militaire et diplomatique imposé notamment par les Etats-Unis et le Royaume-Unis ; entérinés dans la constitution de 1947. Pourtant, Soixante-dix ans après sa défaite, l’archipel nippon, porté par un gouvernement nationaliste et dans un contexte de tensions avec la Chine, entend tourner la page d’une période fortement marquée par le pacifisme.  
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Depuis 2012, le retour de Shinzo Abe au pouvoir, après un premier mandat avorté en 2006-2007, a constitué une rupture dans l’histoire récente du Japon. Alors que des différends territoriaux se développent avec ses voisins russes, coréens et surtout chinois, cette stratégie passe primordialement par la reconsidération du rôle de la puissance militaire de l’armée. Ce changement de paradigme est le fruit de la victoire, du parti libéral démocrate et de l’arrivée de Shinzo Abe. Nationaliste convaincu et adhérent de la Conférence du Japon, premier lobby conservateur et révisionniste du pays, le premier ministre restaure le patriotisme longtemps confisqué afin d’étendre l’influence du Japon sur la scène internationale. En parallèle, il renforce ses liens stratégiques avec Washington, la revalorisation des forces d’autodéfenses (FAD), et prône sur l’échiquier diplomatique le grand retour d’un Japon fort militairement.  Pour y parvenir, le Parlement a adopté des lois de défense modifiant l’interprétation de l’article 9 de la Constitution, qui fixe le cadre d’intervention des FAD, redéfinissant ainsi leurs prérogatives. Jusqu'à sa réinterprétation, la Constitution du Japon ancrait le renoncement du pays à la guerre et l’abandon de son potentiel offensif. Dorénavant, l’armée pourra intervenir dans le cadre des Nations-Unis, et utiliser la force à fin de mener ses propres missions et prendre des positions stratégiques avec leurs alliés afin de contrer les ambitions russes et chinoises. Néanmoins, certaines conditions devront être réunies. Il faudra qu’une attaque armée contre un pays étranger allié avec le Japon ait pour résultat de menacer la survie de l’archipel, que l’emploi de la force se fasse au minimum requis ; qu’il n’existe pas d’autres moyen que le recours à la force «  pour le pays menacé » et surtout, Tokyo puisse exporter des équipements militaires. Cette posture est une réponse en premier lieu au défi posé par la chine, en particulier autour de la question des « iles Senkaku, en mer de chine orientale », revendiqué par Pékin et Taiwan, à proximité desquelles l’Armée chinoise a mené des incursions aériennes et maritimes répétées.  En réponse à ses défis géostratégiques, les forces maritimes japonaises ont intensifiées leurs capacités en se dotant de nouveaux matériels ; notamment six sous-marin et sept destroyers ultramodernes. Tokyo a aussi mis en service le premier porte-hélicoptères de la classe « Izumo », le plus grand bâtiment de guerre japonais construit depuis la Seconde Guerre mondiale ; un autre est déjà opérationnel depuis 2017. Les FAD disposent de cinq autres porte-hélicoptères, mais les deux classe Izumo pourront accueillir 17 aéronefs MV-22 Osprey commandés aux Etats-Unis. Cette alliance entre les deux ennemis éternelle, vise essentiellement le poids du défi chinois en Asie Oriental  et maintenir à la fois un rapport de force sur le plan géostratégique.

PÉKIN ET WASHINGTON/ RENFORCEMENT STRATÉGIQUE ET ALLIANCE DURABLE

Le Japon considère qu’une présence militaire américaine durable sur son territoire est la meilleure configuration a fin de défendre ses intérêts nationaux face à la chine. Par ailleurs, contrairement à de nombreux alliés historiques des Etats-Unis, notamment européens, le Japon s’est abstenu de rejoindre la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures lancée par Pékin ; toutefois, pour certaines officines occultes Japonaise, la présence américaine dans l’archipel reste indésirable, voir inacceptable. C’est le cas à Okinawa ou l’opposition s’alarme contre la construction d’une nouvelle base, dénonçant les effets négatifs sur l’environnement, mais également le danger potentiel que représente l’imposante présence armée américaine. Théâtre de la guerre du Pacifique et sous administration des américains de 1945-1972, l’ile abrite en effet plus de la moitié des 45 000 militaires déployés en 2015 au Japon et prés d’un cinquième de
sa superficie est  occupée par des infrastructures militaires.

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De fait, l’archipel des Kyushu, qui abrite Okinawa, est stratégique. S’étirant sur prés de 1000 kilomètres entre Taiwan et Kyushu, il bloque à la chine l’accès au Pacifique et englobe les iles contestées des Senkaku, ce qui constitue un épineux obstacle pour Shinzo Abe. En somme, l’intérêt Japonais dans cet espace géopolitique, n’est pas nouveau ; ce qui change, c’est l’ampleur des opportunités géostratégiques que les Etats-Unis a décidé d’accorder au Japon quelle considère comme stratégique.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

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