dimanche 3 mai 2020

GÉOPOLITIQUE/ ETHIOPIE: DES PROTAGONISTES CONTROVERSES ET UNE RÉCONCILIATION ENTROPIQUE

Depuis 2018, avec un nombre de déplacés à l’intérieur du pays avoisinant officiellement les 3 millions, dont plus d’un million et demi de nouveaux cas recensés depuis janvier 2018, l’Ethiopie est devenue le pays comptant le plus de réfugiés internes dans le monde devant le Yémen ou la Syrie.

Résultat de recherche d'images pour "réfugiés ethiopien"

La multiplication des violences intercommunautaires dans le pays, et plus particulièrement dans la région « Oromia », constitue un défi de taille pour la transition démocratique amorcée en Ethiopie. L’origine des violences observées, deviennent très complexes en raison de leur éruption dans des configurations locales diverses. A l’Est, elles rentrent dans les raids sanglants menés par les forces paramilitaires de la région Somali voisine ; au Sud, les affrontements meurtriers entre agriculteurs Ormo et minorités Gedeo seraient davantage le produit des rivalités économiques centrées sur les cultures caféières. A l’Ouest, les violences commises relèveraient de la corruption des administrations locaux et des privilèges qu’ils auraient accordés aux habitants originaires des régions adjacentes. Ces dynamiques conflictuelles s’articulent néanmoins toutes autour de revendications territoriales concurrentes relativement anciennes, concentrées dans les zones frontalières. Loin d’être endigués par l’instauration de la « RPDE » au début des années 1990, ces conflits locaux ont été nourris par l’accumulation des injustices foncières générées par le règne sans partage et la dictature de la coalition gouvernementale du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens « FDRPE ». Liées à l’éviction de terre familiale et à l’inégalité qui caractérisent la gestion des ressources foncières, elles restent encrées dans le flou original et les controverses récurrentes autour des découpages administratifs régionaux.  Cultivées et exacerbées durant des décennies par le laxisme assourdissant et la corruption généralisées des élites du régime, la région Oromia représente la plus vaste,  la plus peuplée, et la plus prospère des régions créées dans le cadre du découpage administratif établi par la constitution de 1995.

LA DICTATURE INTERNE ET LA CRISE DES DÉPLACES

La plupart des populations déplacées se trouvent en région Oromia. Soumis aux expulsions sanglantes et meurtrières menées par la police spéciale régionale, prés d’un million d’individus ont quittés leur terre et habitations dans la région ou dans la capitale régionale somali, « Djidjiga. Depuis la nomination du premier ministre « Abiy Ahmed », des milliers de Gedeo ont été chassés des villages ou ils résidaient et des champs qu’ils cultivaient dans des zones frontalières régionales, par des groupes Oromo revendiquant leur statut d’indigène sur ces territoires à la propriété disputée. L’exfiltration obscure et confuse de l’exubérant autocrate de Djidjiga par les autorités étatiques témoigne des relations ténues qui l’unissent à son encombrant allié somali, déchu pour ses excès à répétition. Porté à la tête de la région Somali en 2010 par la junte militaire du FDRPE afin de contrer la progression des groupes terroristes comme al-Shabaab, Abdi Illey a démontré sa faiblesse au régime éthiopien durant les protestations populaires de ces trois dernières années en mobilisant la Somali Liyu Police aux cotés des troupes fédérales dans les villes et compagnes de l’Est de la région Oromia. L’administration Abiy fait le pari que les comités de justice traditionnelle, l’intervention des forces armées et le boom socioéconomique attendu de l’ouverture de l’économie nationale aux investisseurs étrangers mettront un terme à ces violences intercommunautaires transrégionales. En se sens, le gouvernement peut compter sur le soutien de la communauté internationale et de ses partenaires Occidentaux, sans oublier le chantage des Saoudiens et des Emiratis qui imposent déjà les conditions des expropriations des terres cultivables a tous pris.  Sachant, que les Emirats ont déjà octroyé 100 millions de dollars pour le régime en place, afin de faciliter les expropriations des terres et pour boucler la boucle, la monarchie envisage d’envoyer plus de 50 000 travailleurs pour un esclavagisme de type nouveau. 
Le 'land grabbing', nouvelle facette du colonialisme
Attisées par l’incapacité du gouvernement Abiy d’adresser les injustices foncières majeures qui en sont à l’origine, ces exactions reflètent également la dangereuse exaltation des rivalités ethniques du passé, après presque une année de réconciliation nationale. A moyen termes, l’instrumentalisation des violences pourrait exacerber les tensions régionales croissantes à l’égard d’une « transition démocratique » autoritaire, et populiste, orchestrée afin d’assurer la survie du régime dictatoriale du FDRPE.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
  

1 commentaire:

  1. Ou va les Emirats? Financements des conflits externes, expropriations des terres en Afrique, envoie des armes là ou sa chauffe, ingérence directe, responsable de la famine qui touche des millions de personnes ? le minuscule Émirat agit par procuration pour les puissances, mais pas pour longtemps. L’échiquier du nouvel ordre mondial va renverser toute la géopolitique mondiale et les vents sombres de l’hégémonie planétaire seront classées dans la poubelle de l'histoire.

    RépondreSupprimer