Écartelé entre le Pakistan et l’Afghanistan, le conflit qui se dresse déjà à l’horizon, préoccupe les Etats voisins ou proches, Chine, Iran, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Kazakhstan, Turkménistan, Inde ainsi que la Russie et les Etats-Unis.
Comme les
Kurdes, les Pachtouns constituent un peuple divisé au nationalisme en berne.
Historiquement, ils ne sont pas originaires des régions ou ils habitent
actuellement. Ils sont implantés il y a des milliers d’années. Ce sont des
Indo-Européens, leur langue, le pachto, appartient à la famille indo-iranienne.
Ils ont été islamisés dés le X siècle par des guerriers de langue Turque, eux même convertis par des Arabes. A la fin du XVIII siècle, ils ont connu leur
période de gloire en créant un empire éphémère qui s’étendait de la mer
d’Arabie au Cachemire. Les Sikhs s’emparèrent ensuite de la partie orientale de
la sphère pachtoune. Et les Britanniques, venant du Sud et de l’Est, les en
délogèrent. Leur gouvernement restera lâche car ils durent faire face à des
rébellions quasi permanentes. En Afghanistan, ils représentent plus de 60%,
mais le centre de gravité du peuple pachtoune se trouve au Pakistan. Ils se
considèrent comme les véritables Afghans, néanmoins, tous les Pachtouns ne sont pas des talibans. Ils
méprisent les autres communautés ethniques, comme le turkmènes, ouzbèkes,
tadjikes et surtout les hazâras chiites. Régie par le code pachtounwali inspiré
par l’islam sunnite, il met en exergue le comportement chevaleresque,
l’hospitalité, la séparation des sexes, la vengeance, la défense de l’honneur
et le consensus en cas de conflit interne.
RÉVEIL DU NATIONALISME PACHTOUN
Malgré la volonté du gouvernement Pakistanais en votant une loi fusionnant les zones tribales, les sept agences tribales (Mohmand, Khyber, Orakzai, Kurram, Nord-Waziristan, Sud-Waziristan et Bajaur) depuis Peshawar, les régions dites frontalières forment une ceinture tribale discontinue. Cette décision ait été précipitée par crainte du (Pakhtun Tahaffuz Movement « PTM »), mouvement pour la protection des Pachtouns qui avait organisé avec succès des manifestations dans les plus grandes villes du pays. Il dénonçait les arrestations arbitraires et exigeait surtout la libération des détenus sans procès. Du coté de l’Afghanistan, un scénario sombre pourrait advenir, bien que peu probable à court terme. Éventuelles revendications des ethnies du Nord de l’Afghanistan, Turkmène, Ouzbèke et Tadjike pourraient être tentées de rejoindre respectivement le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan faciliteraient le rapprochement des Pachtouns Afghans et des Pachtouns Pakistanaises. Au fil de l’histoire, l’idée d’un Pachtounistan indépendant n’est pas nouvelle, elle a été formulée de part et d’autre de la ligne « Durand » à diverses reprises. Néanmoins, ils revendiquent un changement de régime aussi bien en Afghanistan qu’au Pakistan et une imposition de la charia, pour les Pachtouns seule l’idéologie islamique prime. Sur le plan géopolitique et géostratégique, l’Inde pourrait apporter un soutien aux mouvements autonomistes voire indépendantistes. Dans l’ensemble, la communauté internationale, en tout premier lieu les Etats-Unis et les pays européens, ne souhaitent aucune modification des frontières. Pour l’Iran, il pourrait en profiter afin d’annexer la partie centrale de l’Afghanistan, le Hazarajat peuplé de Hazaras chiites, créant ainsi un grand Khorasan qui lui donnerait accès au Tadjikistan persanophone et donc à l’Asie centrale. Celle-ci aurait un débouché sur l’océan Indien par un grand Iran interposé. Dans l’immédiat, les Mollahs renforcent la construction et l’entretien de « madrasas chiites » dans la zone chiites, bien qu’en faible nombre, chez les Pachtouns des zones tribales et des plaines qui restent très hostile à l’implantation du chiisme dans la région. La Chine n’envisage nullement une modification de la carte politique. Les relations étroites que Pékin entretient avec Islamabad lui permettent d’espérer de mener à bien son projet de corridor économique devant relier le « Xinjiang » à la mer d’Arabie, plus précisément Kashgar à Gwadar. Les provinces Pachtouns Afghans l’intéressent également dans la mesure où elles sont contiguës au Pakistan et pourrait être incluses dans le corridor économique « Chine-Pakistan ». Sur l’échiquier stratégique, les Pachtouns sont appelés à jouer un rôle majeur dans le développement de l’Afghanistan et du Pakistan. Le gazoduc envisagé Turkestan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI) passera par leur territoire. Et l’aménagement du bassin de la rivière Kaboul, concerne en tout premier lieu les régions Pachtouns. Sollicités par le gouvernement de Kaboul, les Indiens pourraient apporter une aide financière et technique pour la réalisation des infrastructures hydrauliques en projet. Ce serait un autre sujet de discorde entre le Pakistan et l’Inde.
Situés à la jonction de l’Asie du Sud, de l’Asie centrale et du Moyen-Orient. Ils restent écartelés entre deux pays, l’Afghanistan et le Pakistan qui pratiquent des répressions inhumaines au sein de cette minorité. A moyen terme, leur nombre pourrait dépasser 82 millions en 2050 et la solution d’un Pachtounistan indépendant sera probable. sachant enfin, que le conflit interne pour le pouvoir en Afghanistan reste un duel entre les talibans et les pachtouns.
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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