dimanche 31 décembre 2017

GÉOPOLITIQUE/ OMAN: ENTRE LE CCG ET L'IRAN: LES LIAISONS DANGEUREUSES


Le sultan maintient sa prudente diplomatie d’équilibre entre le CCG et Téhéran, tout en évitant de s’impliquer dans les enjeux géopolitiques qui pourraient fâcher l’Iran. Le sultanat partage avec l’Iran une cosouveraineté stratégique sur le détroit d’Ormuz. Le monarque Qabous s’éloigne de plus en plus du sommet du CCG, ou il se fait représenter par un vice-ministre. Cette diplomatie a double vitesse, inquiète les autres monarchies, qui observent déjà une hostilité envers le sultanat.




Oman n’a jamais participé aux opérations militaires en Irak ou en Syrie, surtout, il veille à ne pas s’impliquer dans le conflit qui ravage le Yémen voisin. Alors que l’Arabie- saoudite pilote depuis 2015 la coalition antihouthiste avec le soutien du Koweït, de Bahreïn et du Qatar, et que les Emirats arabes unis sont très engagés dans des opérations terrestres, tout en recrutant des mercenaires Colombiens, Chiliens et Australiens dans le Sud du Yémen. Les relations bilatérales avec l’Iran sont prometteuses et sur tout les plans. Très encadré par la visite officielle d’Hassan Rohani en 2017, les points à l’ordre du jour  se sont fixés sur la Syrie et le Yémen. Ses revirements diplomatiques avec l’Iran irritent les tenants régionaux du refus de toute concession avec Téhéran. Mais le sultanat, s’appuie sur les larges facilités des Etats-Unis et surtout le Royaume –Unis, les deux pourvoyeurs d’armes de Mascate, qui consacre un PIB très important à ses forces armées.

INGERENCES ET TENSIONS SOCIALES

Le sultan ibn Saïd al-Saïd, chef d’Etat et premier ministre, sans héritier direct ni successeur désigné, il règne sans partage et exerce un pouvoir absolu. Au sein de cette monarchie qui semble loin de tout conflit, Oman est le plus autocratique des régimes du Golfe. Dans ce régime despotique, toute opposition, est réprimée dans le sang. La légitimité de la succession ne peut s’exprimer publiquement. Dans le cadre d’une législation antiterroriste faite sur mesure et renforcée depuis 2012, la censure des médias et des réseaux sociaux est rigoureuse et parfois passible à la peine de mort. Les menaces d’arrestations et de déchéance de nationalité pèsent sur toute voix qui critique le monarque, notamment pour les corruptions endémiques qui alimentent les clientélismes tribaux. Depuis la faiblesse persistante du prix du pétrole, le sultanat mise sur l’austérité en mettant en place un impôt de 20% sur les sociétés. L’Etat providence se tari de plus en plus, les subventions de l’essence, de l’eau, de l’électricité et plusieurs produits de base sont remis en cause. Les salaires des fonctionnaires se sont fragilisés, l’attribution d’un terrain, d’un logement ou d’un véhicule sont interdits. Le monarque,  entend développer un tourisme haut de gamme comme celui de ses voisins. Il se penche également sur l’accord conclu avec l’Iran pour la fourniture de gaz et plates-formes pétrochimiques. Néanmoins, ses projets tardent à venir, vue la levée des sanctions après l’accord sur le nucléaire pesant sur la capacité de l’Iran à respecter ses engagements restés imprécis en matière de calendrier. Le marché du travail est sans issue. Le chômage, notamment des jeunes diplômés, a été au centre des troubles du printemps Omanais, qui se sont virés vers un embrassement social. Le sultan Qabous, met à l’index l’ingérence de ses voisins du CCG qui lui reproche ses liaisons dangereuses  avec Téhéran.


Indépendante depuis 1971 et une population de 4,48 millions d’habitants, depuis la chute du baril, le taux du chômage à passé de 15 a 20% avec un PIB de 47%. Ces principaux clients restent la Chine, la Corée du Sud, les Emirats et l’Arabie saoudite. La monarchie,  consacre un budget de défense de 13% du PIB et ne dépense que 5% à l’éducation. Sur le plan religieux, l’islam Ibadite représente 76%, ce qui maintient le Sultan Qabous sur le trône. Cependant, le soulèvement récent des Iraniens contre le régime des mollahs, entraînerait une autre menace contre le sultan Qabous, déjà mis dans le collimateur saoudien et le CCG.  

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA



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