Le sultan
maintient sa prudente diplomatie d’équilibre entre le CCG et Téhéran, tout en
évitant de s’impliquer dans les enjeux géopolitiques qui pourraient fâcher l’Iran.
Le sultanat partage avec l’Iran une cosouveraineté stratégique sur le détroit d’Ormuz.
Le monarque Qabous s’éloigne de plus en plus du sommet du CCG, ou il se fait
représenter par un vice-ministre. Cette diplomatie a double vitesse, inquiète
les autres monarchies, qui observent déjà une hostilité envers le sultanat.
Oman n’a
jamais participé aux opérations militaires en Irak ou en Syrie, surtout, il
veille à ne pas s’impliquer dans le conflit qui ravage le Yémen voisin. Alors
que l’Arabie- saoudite pilote depuis 2015 la coalition antihouthiste avec le
soutien du Koweït, de Bahreïn et du Qatar, et que les Emirats arabes unis sont très
engagés dans des opérations terrestres, tout en recrutant des mercenaires Colombiens,
Chiliens et Australiens dans le Sud du Yémen. Les relations bilatérales avec l’Iran
sont prometteuses et sur tout les plans. Très encadré par la visite officielle d’Hassan
Rohani en 2017, les points à l’ordre du jour
se sont fixés sur la Syrie et le Yémen. Ses revirements diplomatiques
avec l’Iran irritent les tenants régionaux du refus de toute concession avec
Téhéran. Mais le sultanat, s’appuie sur les larges facilités des Etats-Unis et surtout le Royaume –Unis, les deux pourvoyeurs d’armes de Mascate, qui consacre un PIB très
important à ses forces armées.
INGERENCES
ET TENSIONS SOCIALES
Le sultan
ibn Saïd al-Saïd, chef d’Etat et premier ministre, sans héritier direct ni
successeur désigné, il règne sans partage et exerce un pouvoir absolu. Au sein
de cette monarchie qui semble loin de tout conflit, Oman est le plus autocratique
des régimes du Golfe. Dans ce régime despotique, toute opposition, est réprimée
dans le sang. La légitimité de la succession ne peut s’exprimer publiquement.
Dans le cadre d’une législation antiterroriste faite sur mesure et renforcée
depuis 2012, la censure des médias et des réseaux sociaux est rigoureuse et
parfois passible à la peine de mort. Les menaces d’arrestations et de déchéance
de nationalité pèsent sur toute voix qui critique le monarque, notamment pour
les corruptions endémiques qui alimentent les clientélismes tribaux. Depuis la
faiblesse persistante du prix du pétrole, le sultanat mise sur l’austérité en
mettant en place un impôt de 20% sur les sociétés. L’Etat providence se tari de
plus en plus, les subventions de l’essence, de l’eau, de l’électricité et
plusieurs produits de base sont remis en cause. Les salaires des fonctionnaires
se sont fragilisés, l’attribution d’un terrain, d’un logement ou d’un véhicule
sont interdits. Le monarque, entend
développer un tourisme haut de gamme comme celui de ses voisins. Il se penche également
sur l’accord conclu avec l’Iran pour la fourniture de gaz et plates-formes pétrochimiques.
Néanmoins, ses projets tardent à venir, vue la levée des sanctions après l’accord
sur le nucléaire pesant sur la capacité de l’Iran à respecter ses engagements
restés imprécis en matière de calendrier. Le marché du travail est sans issue.
Le chômage, notamment des jeunes diplômés, a été au centre des troubles du
printemps Omanais, qui se sont virés vers un embrassement social. Le sultan
Qabous, met à l’index l’ingérence de ses voisins du CCG qui lui reproche ses
liaisons dangereuses avec Téhéran.
Indépendante
depuis 1971 et une population de 4,48 millions d’habitants, depuis la chute du
baril, le taux du chômage à passé de 15 a 20% avec un PIB de 47%. Ces
principaux clients restent la Chine, la Corée du Sud, les Emirats et l’Arabie
saoudite. La monarchie, consacre un
budget de défense de 13% du PIB et ne dépense que 5% à l’éducation. Sur le plan
religieux, l’islam Ibadite représente 76%, ce qui maintient le Sultan Qabous
sur le trône. Cependant, le soulèvement récent des Iraniens contre le régime des mollahs, entraînerait une autre menace contre le sultan Qabous, déjà mis dans le collimateur saoudien et le CCG.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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