mardi 26 décembre 2017

GÉOPOLITIQUE/ GÉOSTRATÉGIE: PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE DANS LE MONDE: LA FIN DE L' HÉGÉMONISME AMÉRICAIN


Conçu durant la guerre froide, le dispositif américain à l’étranger s’est maintenu après la fin de celle-ci. Ce maillage militaire mondial, unique sur la scène internationale se double d’une volonté hégémonique qui a conduit les Etats-Unis à intervenir militairement aux quatre coins de la planète. Avec ou sans mandat de l’ONU, de manière unilatérale ou en y entrainant ses alliés de l’OTAN, les motifs de ces interventions ont pu être tantôt politiques, stratégiques, énergétiques ou géopolitiques, mais jamais humanitaires.  




Malgré la concurrence des puissances émergentes, le poids des Etats-Unis sur la scène internationale demeure majeur. Néanmoins,  ces ambitions ont pris des formes très agressives sous la présidence de Donald Trump, illustrées par des changements formels dans les discours et la mise en place d’une logique du hard power. Dans un monde d’interdépendances économique, énergétique et politique, l’unilatéralisme systématique est en effet de mise. Dans cette optique, les violences dans le monde, notamment le conflit israélo-palestinien a fiat discrédité l’image des américains dans le monde musulman et autres pays. A la logique du hard power, Trump et ses officines occultes, ont préférés d’opter dans cette vision, comme principe moteur de leurs actions extérieures. Reste à savoir, si un tel principe résistera à l’épreuve des grands défis stratégiques mondiaux que sont, par exemple, la question du nucléaire Iranien ou Nord-coréen.

LE SECOND AGE NUCLÉAIRE

Au delà de la menace des Etats proliférants, c’est l’ensemble de l’ordre nucléaire mondial qui se trouve aujourd’hui en débat, à commencer par la question du désarmement nucléaire.  Plusieurs catégories d’Etats doivent être distinguées. Sur 192 Etats membre de l’ONU Huit Etats disposent de l’arme nucléaire. Parmi eux, il existe cinq puissances nucléaires dites officielles (Etats-Unis, Russie, Royaume-Unis, France, et Chine.), ces derniers ayant réalisé des essais nucléaires avant 1967, et trois Etats dits du seuil (Inde, Pakistan, et Israël), ces Etats n’étant pas en infraction avec le TNP puisqu’ils ont refusé de le signer. On trouve ensuite les pays proliférants (Corée du Nord et l’Iran), à la fois signataires du TNP et en infraction avec le traité puisque candidats à l’acquisition de ce type d’armes.  Alors que 189 pays ont signé le TNP, le régime nucléaire mondial qu’il instaure repose sur une inégalité stratégique entre les 5 Etats autorisés à détenir l’arme nucléaire et le reste du monde, pour qui l’arme atomique est proscrite. Malgré la dissémination d’armes nucléaires sur la surface du globe, il existe six zones dénucléarisées dans le monde, issues de la signature de traités régionaux prévoyant la non-fabrication, la non- transit et le non-stockage d’armes nucléaires. L’ordre nucléaire mondial se fonde sur le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Signé en 1968, il est entré en vigueur en 1970 et repose sur trois piliers. La non-prolifération, le désarmement et l’accès aux usages civils de l’énergie nucléaire. Dans le cadre de la non-prolifération nucléaire horizontale, c’est-a-dire empêcher l’accès de nouveaux pays à l’arme nucléaire, mais aussi la prolifération verticale, c’est-a-dire freiner l’accroissement et le perfectionnement des arsenaux des pays déjà dotés de la bombe. Désormais, depuis la fin de la guerre froide, les stocks d’armements nucléaires n’ont jamais été réduits. Et au même temps, le phénomène de prolifération nucléaire s’est révélé des plus inquiétants, suscitant la crainte de voir le régime nucléaire mondial ainsi que le concept de dissuasion remis en cause.

LA QUESTION DE L’ETAT DU TNP ?


Le renouvellement du TNP en 1995 pour une durée illimitée, donne lieu tous les cinq ans à une conférence dite de révision qui réunit l’ensemble des pays parties au traité. En 2005, la conférence de révision s’est soldée par un échec faute d’accord entre les puissances nucléaires et les autres pays. En 2010, la conférence qui s’est tenue à New York a débouché sur mince succès, les Etats parties obtenant un accord final réaffirmant l’importance du TNP et prévoyant des plans d’actions dans les trois domaines couverts par le traité. Parmi les éléments de l’accord, les 189 pays parties, dont l’Iran et la Syrie, ont convenu de la tenue en 2012 d’une autre conférence internationale sur l’établissement d’un Moyen-Orient sans armes nucléaires. Un tel accord crucial pour la région, va avoir pour conséquence de placer l’arsenal stratégique Israélien au cœur des préoccupations alarmantes. Soutenu par Washington,  Israël est l’unique Etat de la région à ne pas être signataire du TNP et à disposer de l’arme atomique sans le reconnaître officiellement afin de maintenir l'ambiguïté vis-à-vis de ses ennemis potentiels. Quarante ans depuis sa signature, les cinq puissances nucléaires officiellement reconnues par le traité, seuls trois Etats l’Inde, Pakistan et Israël et deux potentiels Corée du Nord et l’Iran ont développé un arsenal nucléaire à des fins militaires.

L’IRAN ET LA CORÉE DU NORD DÉFIENT WASHINGTON

La Corée du Nord a ratifié le TNP en 1985, avant d’en sortir en 2003 après la découverte de l’AIEA sur l’état du programme nucléaire du pays. Le pays a réalisé un premier essai souterrain en 2006, puis un deuxième en 2009, loin des yeux et les oreilles de la CIA. Quant à l’Iran, il s’est lancé dans un programme nucléaire civil dans les années 1960, à l’époque du Shah, puis repris à la suite de l’agression de l’Irak contre l’Iran en 1980. En 2012, certains services secrets, mettent en lumière la construction d’une usine d’enrichissement d’uranium par centrifugation à Natanz. Contrairement à la Corée du Nord, l’Iran a réaffirmé son attachement au traité, revendiquant un usage civil du nucléaire. Téhéran, a ainsi autorisé les inspections de l’AIEA qui a alors découvert des activités clandestines non déclarées.  Durant les années 2009, l’Iran a annoncé posséder 5612 centrifugeuses pour l’enrichissement de l’uranium, de quoi produire une quantité d’uranium suffisante pour  fabriquer une arme nucléaire. Cette prolifération fait craindre une dissémination de l’arme atomique.  L’opinion international et l’inquiétude de voir la bombe tomber entre les mains d’organisations criminelles a été renforcée, notamment par le docteur « Kahn », père de la bombe nucléaire Pakistanaise, qui a reconnu en 2004 avoir alimenté un réseau d’exportation de technologies nucléaires.  


Depuis le premier essai nucléaire américain en 1945, on estime à 2060 les essais nucléaires ayant été réalisés par les puissances officielles ou « non », en surface, sous terrains ou en zones sous-marines. Les Etats maintiennent en effet une certaine opacité sur les volumes d’armes en leur possession.  Une absence de transparence sur laquelle repose la stratégie de la dissuasion en maintenant l’adversaire dans l’incapacité d’évaluer le risque qu’il encourt à déclencher une attaque.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA






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