Conçu
durant la guerre froide, le dispositif américain à l’étranger s’est maintenu
après la fin de celle-ci. Ce maillage militaire mondial, unique sur la scène
internationale se double d’une volonté hégémonique qui a conduit les Etats-Unis
à intervenir militairement aux quatre coins de la planète. Avec ou sans mandat
de l’ONU, de manière unilatérale ou en y entrainant ses alliés de l’OTAN, les motifs
de ces interventions ont pu être tantôt politiques, stratégiques, énergétiques
ou géopolitiques, mais jamais humanitaires.
Malgré la
concurrence des puissances émergentes, le poids des Etats-Unis sur la scène
internationale demeure majeur. Néanmoins,
ces ambitions ont pris des formes très agressives sous la présidence de
Donald Trump, illustrées par des changements formels dans les discours et la
mise en place d’une logique du hard power. Dans un monde d’interdépendances
économique, énergétique et politique, l’unilatéralisme systématique est en
effet de mise. Dans cette optique, les violences dans le monde, notamment le
conflit israélo-palestinien a fiat discrédité l’image des américains dans le
monde musulman et autres pays. A la logique du hard power, Trump et ses
officines occultes, ont préférés d’opter dans cette vision, comme principe
moteur de leurs actions extérieures. Reste à savoir, si un tel principe
résistera à l’épreuve des grands défis stratégiques mondiaux que sont, par
exemple, la question du nucléaire Iranien ou Nord-coréen.
LE SECOND
AGE NUCLÉAIRE
Au delà
de la menace des Etats proliférants, c’est l’ensemble de l’ordre nucléaire
mondial qui se trouve aujourd’hui en débat, à commencer par la question du
désarmement nucléaire. Plusieurs
catégories d’Etats doivent être distinguées. Sur 192 Etats membre de l’ONU Huit
Etats disposent de l’arme nucléaire. Parmi eux, il existe cinq puissances
nucléaires dites officielles (Etats-Unis, Russie, Royaume-Unis, France, et
Chine.), ces derniers ayant réalisé des essais nucléaires avant 1967, et trois
Etats dits du seuil (Inde, Pakistan, et Israël), ces Etats n’étant pas en infraction
avec le TNP puisqu’ils ont refusé de le signer. On trouve ensuite les pays
proliférants (Corée du Nord et l’Iran), à la fois signataires du TNP et en
infraction avec le traité puisque candidats à l’acquisition de ce type d’armes.
Alors que 189 pays ont signé le TNP, le
régime nucléaire mondial qu’il instaure repose sur une inégalité stratégique
entre les 5 Etats autorisés à détenir l’arme nucléaire et le reste du monde,
pour qui l’arme atomique est proscrite. Malgré la dissémination d’armes nucléaires
sur la surface du globe, il existe six zones dénucléarisées dans le monde,
issues de la signature de traités régionaux prévoyant la non-fabrication, la
non- transit et le non-stockage d’armes nucléaires. L’ordre nucléaire mondial
se fonde sur le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Signé en 1968, il est entré en vigueur en 1970 et repose sur trois piliers. La
non-prolifération, le désarmement et l’accès aux usages civils de l’énergie
nucléaire. Dans le cadre de la non-prolifération nucléaire horizontale,
c’est-a-dire empêcher l’accès de nouveaux pays à l’arme nucléaire, mais aussi
la prolifération verticale, c’est-a-dire freiner l’accroissement et le
perfectionnement des arsenaux des pays déjà dotés de la bombe. Désormais, depuis
la fin de la guerre froide, les stocks d’armements nucléaires n’ont jamais été
réduits. Et au même temps, le phénomène de prolifération nucléaire s’est révélé
des plus inquiétants, suscitant la crainte de voir le régime nucléaire mondial
ainsi que le concept de dissuasion remis en cause.
LA
QUESTION DE L’ETAT DU TNP ?
Le renouvellement du TNP en 1995 pour une durée illimitée, donne lieu tous les cinq
ans à une conférence dite de révision qui réunit l’ensemble des pays parties au
traité. En 2005, la conférence de révision s’est soldée par un échec faute
d’accord entre les puissances nucléaires et les autres pays. En 2010, la conférence
qui s’est tenue à New York a débouché sur mince succès, les Etats parties
obtenant un accord final réaffirmant l’importance du TNP et prévoyant des plans
d’actions dans les trois domaines couverts par le traité. Parmi les éléments de
l’accord, les 189 pays parties, dont l’Iran et la Syrie, ont convenu de la
tenue en 2012 d’une autre conférence internationale sur l’établissement d’un
Moyen-Orient sans armes nucléaires. Un tel accord crucial pour la région, va
avoir pour conséquence de placer l’arsenal stratégique Israélien au cœur des
préoccupations alarmantes. Soutenu par Washington, Israël est l’unique Etat de la région à ne pas
être signataire du TNP et à disposer de l’arme atomique sans le reconnaître officiellement afin de maintenir l'ambiguïté vis-à-vis de ses ennemis
potentiels. Quarante ans depuis sa signature, les cinq puissances nucléaires
officiellement reconnues par le traité, seuls trois Etats l’Inde, Pakistan et
Israël et deux potentiels Corée du Nord et l’Iran ont développé un arsenal
nucléaire à des fins militaires.
L’IRAN ET
LA CORÉE DU NORD DÉFIENT WASHINGTON
La Corée
du Nord a ratifié le TNP en 1985, avant d’en sortir en 2003 après la découverte
de l’AIEA sur l’état du programme nucléaire du pays. Le pays a réalisé un
premier essai souterrain en 2006, puis un deuxième en 2009, loin des yeux et
les oreilles de la CIA. Quant à l’Iran, il s’est lancé dans un programme
nucléaire civil dans les années 1960, à l’époque du Shah, puis repris à la
suite de l’agression de l’Irak contre l’Iran en 1980. En 2012, certains
services secrets, mettent en lumière la construction d’une usine
d’enrichissement d’uranium par centrifugation à Natanz. Contrairement à la
Corée du Nord, l’Iran a réaffirmé son attachement au traité, revendiquant un
usage civil du nucléaire. Téhéran, a ainsi autorisé les inspections de l’AIEA
qui a alors découvert des activités clandestines non déclarées. Durant les années 2009, l’Iran a annoncé
posséder 5612 centrifugeuses pour l’enrichissement de l’uranium, de quoi
produire une quantité d’uranium suffisante pour
fabriquer une arme nucléaire. Cette prolifération fait craindre une
dissémination de l’arme atomique.
L’opinion international et l’inquiétude de voir la bombe tomber entre
les mains d’organisations criminelles a été renforcée, notamment par le docteur
« Kahn », père de la bombe nucléaire Pakistanaise, qui a reconnu en
2004 avoir alimenté un réseau d’exportation de technologies nucléaires.
Depuis le
premier essai nucléaire américain en 1945, on estime à 2060 les essais
nucléaires ayant été réalisés par les puissances officielles ou
« non », en surface, sous terrains ou en zones sous-marines. Les
Etats maintiennent en effet une certaine opacité sur les volumes d’armes en
leur possession. Une absence de
transparence sur laquelle repose la stratégie de la dissuasion en maintenant
l’adversaire dans l’incapacité d’évaluer le risque qu’il encourt à déclencher
une attaque.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire