Le grand
Kurdistan, réunirait les Kurdes d’Iran, de Syrie, d'Irak et de Turquie. Actuellement,
ils sont entre 25 et 30 millions, leur langue est spécifique, ils ne parlent ni
arabe, ni Perse, ni Turc. Musulmans sunnites, ils sont installés depuis le IX siècle
avant Jésus-Christ dans une région de montagnes et de hauts plateaux ou ils ont
conservé une forte identité. En complément des scénarios conflictuels qui se désignent
dans la région, le spectre d’un nouveau Sykes-Picot imposé par les occidentaux
se met en place en catimini et suscite la farouche opposition politique et
militaire de la Turquie.
A partir du XVI siècle, les émirats Kurdes
avaient passé un pacte avec l’Empire Ottoman tout en préservant leurs
prérogatives. Le traité de Sèvres de 1920, imposé les Allemands aux Ottomans,
prévoyait la création d’un Kurdistan indépendant. Ce dernier fut rejeté par Mustapha Kamel instrumentalisé par la France et l’Angleterre, qui deviendra le
futur Atatürk. Repoussant les armés alliés, les vainqueurs reconnurent les frontières
de la Turquie en 1923 par le traité de Lausanne. Instaurant un projet radical
de modernisation et de laïcisation de la Turquie, Mustapha Kamel a choisi une
stricte politique d’assimilation pour les Kurdes. L’identité des Kurdes, était
considérait comme des Turcs montagnards, interdisant leurs langues, et leurs droits
culturels. En 1978, le PKK est créé lançant en 1984 la lutte armée contre les
forces Turques. Cette guerre fait 45000 victimes. Son chef, Ocalan, fidèle au
Kémalisme est arrêté en 1999. Le PKK a été placé sur la liste des organisations
terroristes par les pays Européens et le régime Turque, voit dans la
non-reconnaissance des Kurdes, un élément constitutif de la Turquie moderne.
LE TRAITE DE SÈVRES ET LES PROMESSES DU XX SIÈCLE
Historiquement,
la construction d’un Machrek sous domination Française et Britannique après la
chute de l’Empire Ottoman en 1923 et dans lequel la naissance d’un Etat-Nation Kurde ne s’est
jamais réalisée. Quelques promesses souveraines ont été menées, comme le
Royaume du Kurdistan en Irak « 1922-1924 », la République de Mahabad
en Iran « 1946 », et la république d’Ararat en Turquie « 1927-1930 ».
Aucune de ses promesses ne survécut face au rejet du séparatisme des dictatures
des Etats en présence. Islamisés dés le VII siècle, les Kurdes s’illustrent
comme des guerriers impavides, soutenant
les Empires Omeyyade « 661-750 », Abbasside « 750-1258 »,
puis Ottoman « 1299-1923 ». L’une des grandes figures de l’histoire
du Moyen-Orient sont des Kurdes, Nour-Eddine-Zenki puis Saladin « 1138-1193 »,
qui a mis fin aux croisées à Jérusalem, une occupation qui a durée 90 ans avec
la trahison des alaouites en Egypte et qui a fait 10 000 victimes parmi
les musulmans et les juifs. Sur le plan religieux, les Kurdes sont
majoritairement sunnites « Chaféites », parmi les grands érudits de l’Islam
ont peut citer, le grand savant Ibn-Taymiya et Abou-Hamed-El-Ghazali qui ont protégé
l’Islam contre le monde confrérique et les rationalistes Moutazilites. Tout au
long de l’histoire politique du peuple Kurde qui, au nom de son autonomie, a
aussi défendu plusieurs centres de pouvoir à défaut d’une unité transnationale.
Ainsi, sous les Ottomans, les Kurdes acceptent de soutenir la sublime condition
face à la Perse afin d’être souverains de leur propre territoire, instaurant
ainsi plusieurs émirats. Cette revendication disparaît dés la fin du XVIII siècle,
c’est alors que commence une longue période de négation et de répression dans
les différents Etats, poussant les Kurdes à inscrire leur lutte armée et
politique dans des cadres nationaux existants. Le GRK « gouvernement
régional du Kurdistan » en Irak, en est l’expression la plus aboutie grâce
aux Etats-Unis et ses alliés Européens. En Syrie, si les forces politiques et militaires
sont issues du PKK « c’est le cas du PYD parti de l’union démocratique »,
elles revendiquent une gestion locale de trois cantons formant le Rojava le
long de la frontière avec la Turquie : Afryn à l’ouest, Kobané au centre
et Djézireh à l’Est. Si leur priorité est de défendre leurs territoires contre
l’EI, elles souhaitent aussi obtenir des Occidentaux une autonomie permanente.
L’autonomie
relative dont jouissent les Kurdes d’Irak depuis la guerre du Golfe inquiète
les Turcs qui craignent un effet de contagion et d’encouragement à la création
d’un ensemble Kurde autonome indépendant. La Turquie s’engage depuis le début
du conflit en Syrie, dans un processus de décentralisation administrative,
voire de régionalisation, qui permet aux Kurdes de mieux faire valoir leurs
aspirations, mais le destin des Kurdes est en marche vers de nouvelles frontières
au Moyen-Orient.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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