vendredi 14 avril 2017

GÉOPOLITIQUE/ TURQUIE –KURDISTAN : VERS UN NOUVEAU SYKES-PICOT


Le grand Kurdistan, réunirait les Kurdes d’Iran, de Syrie, d'Irak et de Turquie. Actuellement, ils sont entre 25 et 30 millions, leur langue est spécifique, ils ne parlent ni arabe, ni Perse, ni Turc. Musulmans sunnites, ils sont installés depuis le IX siècle avant Jésus-Christ dans une région de montagnes et de hauts plateaux ou ils ont conservé une forte identité. En complément des scénarios conflictuels qui se désignent dans la région, le spectre d’un nouveau Sykes-Picot imposé par les occidentaux se met en place en catimini et suscite la farouche opposition politique et militaire de la Turquie.





A partir du XVI siècle, les émirats Kurdes avaient passé un pacte avec l’Empire Ottoman tout en préservant leurs prérogatives. Le traité de Sèvres de 1920, imposé les Allemands aux Ottomans, prévoyait la création d’un Kurdistan indépendant. Ce dernier fut rejeté par Mustapha Kamel instrumentalisé par la France et l’Angleterre, qui deviendra le futur Atatürk. Repoussant les armés alliés, les vainqueurs reconnurent les frontières de la Turquie en 1923 par le traité de Lausanne. Instaurant un projet radical de modernisation et de laïcisation de la Turquie, Mustapha Kamel a choisi une stricte politique d’assimilation pour les Kurdes. L’identité des Kurdes, était considérait comme des Turcs montagnards, interdisant leurs langues, et leurs droits culturels. En 1978, le PKK est créé lançant en 1984 la lutte armée contre les forces Turques. Cette guerre fait 45000 victimes. Son chef, Ocalan, fidèle au Kémalisme est arrêté en 1999. Le PKK a été placé sur la liste des organisations terroristes par les pays Européens et le régime Turque, voit dans la non-reconnaissance des Kurdes, un élément constitutif de la Turquie moderne.

LE TRAITE DE SÈVRES ET LES PROMESSES DU XX SIÈCLE


Historiquement, la construction d’un Machrek sous domination Française et Britannique après la chute de l’Empire Ottoman en 1923 et dans lequel  la naissance d’un Etat-Nation Kurde ne s’est jamais réalisée. Quelques promesses souveraines ont été menées, comme le Royaume du Kurdistan en Irak « 1922-1924 », la République de Mahabad en Iran « 1946 », et la république d’Ararat en Turquie « 1927-1930 ». Aucune de ses promesses ne survécut face au rejet du séparatisme des dictatures des Etats en présence. Islamisés dés le VII siècle, les Kurdes s’illustrent comme des guerriers impavides, soutenant  les Empires Omeyyade « 661-750 », Abbasside « 750-1258 », puis Ottoman « 1299-1923 ». L’une des grandes figures de l’histoire du Moyen-Orient sont des Kurdes, Nour-Eddine-Zenki puis Saladin « 1138-1193 », qui a mis fin aux croisées à Jérusalem, une occupation qui a durée 90 ans avec la trahison des alaouites en Egypte et qui a fait 10 000 victimes parmi les musulmans et les juifs. Sur le plan religieux, les Kurdes sont majoritairement sunnites « Chaféites », parmi les grands érudits de l’Islam ont peut citer, le grand savant Ibn-Taymiya et Abou-Hamed-El-Ghazali qui ont protégé l’Islam contre le monde confrérique et les rationalistes Moutazilites. Tout au long de l’histoire politique du peuple Kurde qui, au nom de son autonomie, a aussi défendu plusieurs centres de pouvoir à défaut d’une unité transnationale. Ainsi, sous les Ottomans, les Kurdes acceptent de soutenir la sublime condition face à la Perse afin d’être souverains de leur propre territoire, instaurant ainsi plusieurs émirats. Cette revendication disparaît dés la fin du XVIII siècle, c’est alors que commence une longue période de négation et de répression dans les différents Etats, poussant les Kurdes à inscrire leur lutte armée et politique dans des cadres nationaux existants. Le GRK « gouvernement régional du Kurdistan » en Irak, en est l’expression la plus aboutie grâce aux Etats-Unis et ses alliés Européens. En Syrie, si les forces politiques et militaires sont issues du PKK « c’est le cas du PYD parti de l’union démocratique », elles revendiquent une gestion locale de trois cantons formant le Rojava le long de la frontière avec la Turquie : Afryn à l’ouest, Kobané au centre et Djézireh à l’Est. Si leur priorité est de défendre leurs territoires contre l’EI, elles souhaitent aussi obtenir des Occidentaux une autonomie permanente. 


L’autonomie relative dont jouissent les Kurdes d’Irak depuis la guerre du Golfe inquiète les Turcs qui craignent un effet de contagion et d’encouragement à la création d’un ensemble Kurde autonome indépendant. La Turquie s’engage depuis le début du conflit en Syrie, dans un processus de décentralisation administrative, voire de régionalisation, qui permet aux Kurdes de mieux faire valoir leurs aspirations, mais le destin des Kurdes est en marche vers de nouvelles frontières au Moyen-Orient.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA



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