Les
autorités égyptiennes ont inauguré un canal de Suez transformé. Cette transformation
symbolise à elle seule les enjeux de la nouvelle Égypte. Il a fallu percer un
canal parallèle au précédent sur 350 kilomètres et élargir le chenal existant
sur une portion de 37 kilomètres. Concernant le gisement de gaz, ce dernier
peut-il bouleverser la situation énergétique régionale ?
Les
travaux, réalisés en un temps record d’un an au lieu des cinq prévus
initialement, permettent aux navires de se croiser, alors que les convois
nord-sud étaient contraints d’attendre dans le Grand lac Amer que ceux en
provenance du sud se dirigent vers la méditerranée. A l’heure de la concurrence
internationale entre les voies maritimes, cette réalisation se veut le pendant
arabe de l’extension du canal de Panama, inaugurée en juin 2016. Inauguré en
1869, le canal de Suez est une source de revenus considérable pour la junte militaire,
environ 5 milliards de dollars par an. Depuis sa nationalisation en 1956 et les
nouvelles élargissements, les autorités estiment que le trafic « 17596
navires en 2014 sera doublé », tous comme le droit de passage. Une bouffée
d’oxygène pour une économie exsangue et affaiblie par la chute de sa
fréquentation touristique. Toutefois, les spécialistes de la question
s’interrogent sur la pertinence d’une telle infrastructure qui ne devrait
réduire que de quelques heures le trajet des navires. Le contexte à la Baisse
du marché mondial du pétrole, la réorientation des échanges par oléoducs entre
les foyers de production et de consommation ne légitiment pas cette ambitieuse
transformation. Sans oublier la piraterie dans le Golfe d’Aden et le défi du
terrorisme face à l’Etat dans le Sinaï. Soutenue par l’Arabie Saoudite, le Qatar, les
Emirats arabes unies et Israël, le nouveau pharaon d’Egypte espère s’emparer du
symbole le plus fort du nationalisme égyptien afin de lancer la reconstruction
du pays. Dans une posture qui rappelle celle de Nasser, il entretient l’image
d’un nouveau père de la nation, alors que des milliers d’opposants croupissent
dans les prisons et les assassinats sont devenus le mot d’ordre de
l’institution judiciaire sans oublier le sort du président déchu Mohammed Morsi. La brutalité
des régimes militaires qui se succèdent plonge l’Egypte dans le marasme
économique et l’organe exécutif militaire au pouvoir depuis la chute de la
monarchie passe la main à de nouveau généraux, chargés de piloter la
succession.
LE GAZ ÉGYPTIEN UN ENJEU RÉGIONALE LIMITE
En 2015,
la compagnie Italienne ENI a annoncé la découverte, au large de l’Egypte, du
plus grand gisement de gaz naturel en mer Méditerranée, bouleversant la
situation énergétique régionale. Ses réserves sont estimées à 850 milliards de
mètres cubes de gaz, répartis sur une surface sous-marine de 100 kilomètres
carrés, détrônant Léviathan en Israël et ses 650 milliards de mètres cubes. Cette
découverte ne permet pas à l’Égypte de rivaliser avec les géants gaziers que
sont l’Iran 34000 milliards de mètres cubes, la Russie 32700 milliards le Qatar
24600 milliards et même l’Algérie. Depuis 2009 et la découverte de Tamar 250
milliards, le premier site d’envergure en méditerranée orientale, Israël s’est
imposé comme un acteur incontournable. Palestiniens et Jordaniens ont déjà signé
des accords avec l’Etat hébreu, tandis que la Grèce et Chypre sont en cours de validation.
Le Caire
pourrait s’entendre désormais avec Tel a Vive pour les contrats d’exportation,
tout en négligeant totalement l’opinion arabe et son hostilité à Israël. Les
deux pays pourront également avoir des prix attractifs, afin d’exporter leur
gaz naturel à travers l’Arab Gas Pipeline, mais aussi vers d’autres continents grâce
à des usines de liquéfaction. Pour l’Egypte, c’est toujours l’éternel
recommencement, quelques soit la nature des richesses, le profit revient
toujours à la junte despotique.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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