mercredi 22 février 2017

GEOPOLITIQUE/ EGYPTE : UN SECOND CANAL DE SUEZ, ET UNE PUISSANCE GAZIERE EN MEDITERRANEE


Les autorités égyptiennes ont inauguré un canal de Suez transformé. Cette transformation symbolise à elle seule les enjeux de la nouvelle Égypte. Il a fallu percer un canal parallèle au précédent sur 350 kilomètres et élargir le chenal existant sur une portion de 37 kilomètres. Concernant le gisement de gaz, ce dernier peut-il bouleverser la situation énergétique régionale ?




Les travaux, réalisés en un temps record d’un an au lieu des cinq prévus initialement, permettent aux navires de se croiser, alors que les convois nord-sud étaient contraints d’attendre dans le Grand lac Amer que ceux en provenance du sud se dirigent vers la méditerranée. A l’heure de la concurrence internationale entre les voies maritimes, cette réalisation se veut le pendant arabe de l’extension du canal de Panama, inaugurée en juin 2016. Inauguré en 1869, le canal de Suez est une source de revenus considérable pour la junte militaire, environ 5 milliards de dollars par an. Depuis sa nationalisation en 1956 et les nouvelles élargissements, les autorités estiment que le trafic « 17596 navires en 2014 sera doublé », tous comme le droit de passage. Une bouffée d’oxygène pour une économie exsangue et affaiblie par la chute de sa fréquentation touristique. Toutefois, les spécialistes de la question s’interrogent sur la pertinence d’une telle infrastructure qui ne devrait réduire que de quelques heures le trajet des navires. Le contexte à la Baisse du marché mondial du pétrole, la réorientation des échanges par oléoducs entre les foyers de production et de consommation ne légitiment pas cette ambitieuse transformation. Sans oublier la piraterie dans le Golfe d’Aden et le défi du terrorisme face à l’Etat dans le Sinaï.  Soutenue par l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unies et Israël, le nouveau pharaon d’Egypte espère s’emparer du symbole le plus fort du nationalisme égyptien afin de lancer la reconstruction du pays. Dans une posture qui rappelle celle de Nasser, il entretient l’image d’un nouveau père de la nation, alors que des milliers d’opposants croupissent dans les prisons et les assassinats sont devenus le mot d’ordre de l’institution judiciaire sans oublier le sort du  président déchu Mohammed Morsi. La brutalité des régimes militaires qui se succèdent plonge l’Egypte dans le marasme économique et l’organe exécutif militaire au pouvoir depuis la chute de la monarchie passe la main à de nouveau généraux, chargés de piloter la succession.   

LE GAZ ÉGYPTIEN UN ENJEU RÉGIONALE LIMITE

En 2015, la compagnie Italienne ENI a annoncé la découverte, au large de l’Egypte, du plus grand gisement de gaz naturel en mer Méditerranée, bouleversant la situation énergétique régionale. Ses réserves sont estimées à 850 milliards de mètres cubes de gaz, répartis sur une surface sous-marine de 100 kilomètres carrés, détrônant Léviathan en Israël et ses 650 milliards de mètres cubes. Cette découverte ne permet pas à l’Égypte de rivaliser avec les géants gaziers que sont l’Iran 34000 milliards de mètres cubes, la Russie 32700 milliards le Qatar 24600 milliards et même l’Algérie. Depuis 2009 et la découverte de Tamar 250 milliards, le premier site d’envergure en méditerranée orientale, Israël s’est imposé comme un acteur incontournable. Palestiniens et Jordaniens ont déjà signé des accords avec l’Etat hébreu, tandis que la Grèce et Chypre sont en cours de validation.


Le Caire pourrait s’entendre désormais avec Tel a Vive pour les contrats d’exportation, tout en négligeant totalement l’opinion arabe et son hostilité à Israël. Les deux pays pourront également avoir des prix attractifs, afin d’exporter leur gaz naturel à travers l’Arab Gas Pipeline, mais aussi vers d’autres continents grâce à des usines de liquéfaction. Pour l’Egypte, c’est toujours l’éternel recommencement, quelques soit la nature des richesses, le profit revient toujours à la junte despotique.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA   

   


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