jeudi 12 juillet 2012

LE MONDE BERBERE:une crispation magrébine

La situation de crise au Mali, où les Touaregs et les islamistes d’Aqmi se retrouvent dans une lutte commune contre le pouvoir de Bamako, fait ressurgir la question de la place et des revendications des Berbères dans le nord de l’Afrique.
Le monde berbère est immense et différencié, notamment sur le plan des insertions géopolitiques. Cette diversité a été accentuée par leur fragmentation géographique depuis l’arabisation de l’Afrique du nord à la suite de la conquête arabe et de l’islamisation des Berbères au début du XIIIème siècle.
Actuellement ils sont présents dans neuf pays de l’ensemble Afrique du nord- Sahara-Sahel ; de L’Egypte au Maroc, de la côte méditerranéenne algérienne (petite et grande Kabylie) à la boucle du Niger (Niger, Mali, Burkina Faso).
L’évaluation démographique des Berbères est difficile compte tenu de l’inexistence de recensement linguistique, ce qui constitue un véritable enjeu politique. Selon les chiffres existants, on peut admettre une proportion de 20% de la population algérienne, 40% pour le Maroc, 1% pour la Tunisie, 10% pour la Libye, sans oublier les 2 millions de Touaregs qui errent à travers l’Algérie, la Libye, le Niger, le Mali, le nord du Burkina Faso, et la Mauritanie.

Concernant la diaspora berbère issue des migrations économiques vers l’Europe ainsi que l’exil forcé, la France à elle seule compte 2 millions de personnes d’origine berbérophone qui s’identifient comme kabyle et se manifestent comme hostile à l’Islam et surtout aux pouvoirs en place.
Réveil identitaire
Les régimes maliens, et nigériens considèrent les Touaregs comme un élément déstabilisateur dans la région où la répression, la misère, et le taux de mortalité ont pris des proportions alarmantes. Ces situations expliquent la révolte armée touareg qui dure depuis 1963 et a transformé cette zone en un terrain de conflit sans issue. Les Berbères du Maghreb (Algérie-Maroc) sont insérés dans un contexte arabo-musulman, et dans des états- nations marqués par un nationalisme arabe, qui rejettent totalement les minorités en leur sein.
L’affirmation identitaire berbère a d’abord concerné la Kabylie en Algérie, puis le Maroc où elle prend la forme d’une revendication posée aux Etats.
Au fil du temps le phénomène s’est consolidé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, au point qu’une large autonomie est devenue incontestable notamment en Algérie. Face à ce réveil identitaire, les deux pays ont été contraints d’assouplir leur position, et sont passés de la défiance à la tolérance contrôlée ; désormais la berbérité y est reconnue comme une composante du patrimoine culturel national.
Les leaders berbères, très actifs en France notamment dans les milieux universitaires et associatifs, se mobilisent sans répit afin que l’autonomie berbère prenne une dimension internationale, ce qui constitue un lobby de taille et un enjeu géopolitique dans la région.
On remarque également que depuis la christianisation de la grande Kabylie par des évangélistes catholiques et protestants, le pouvoir algérien reste perplexe sur la question d’un autre conflit interreligieux dont les conséquences s’avèrent plus que catastrophique pour la stabilité du pays.
Mohamed-Chérif Bouhouia

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