mercredi 28 septembre 2022

GÉOPOLITIQUE DES MINORITÉS IRANIENS / DE L’EMPIRE PERSE A LA HIEROCRATIE DES MOLLAHS

La conquête arabe de l’Iran dix ans après la mort du Prophète de l'Islam, lorsque Rome et la Perse, deux empires qui dominaient à l'époque le monde, ont encercler Médine de l’Est et de l’Ouest afin d’anéantir cette nouvelle religion au sein de son propre territoire. La guerre entre les Perses et les musulmans, à suscité une résistance généralisée et un écrasement de l’identité Perse. Les Iraniens se sont convertis à l’Islam de maniéré massive, le « Zoroastrisme n’ayant pas opposé une cohérence assez forte aux lumières de la nouvelle religion monothéiste. Depuis, le chiisme Iranien joue un rôle de clergé d'autorité dont l'influence dépasse largement le strict domaine religieux. Financièrement autonomes grâce aux offrandes qu'ils reçoivent et aux biens ( Waqf ) dont ils ont la garde, les Mollahs contrôlent un réseau de mosquées et d'écoles grâce auquel leur autorité se fait partout entendre. 

Ainsi, loin de disparaître face à l’envahisseur, la culture persane s’est perpétuée, et la langue persane est la première qui s’imposa comme langue écrite dans le monde islamique. Le fait minoritaire, occupe aussi une place centrale dans les esprits que périphérique. Les populations non persanes ou non chiites s’y trouvaient concentrées dans les anciennes marches des empires safavide ( 1501- 1722) puis Qadar ( 1789-1925). Ainsi, en prenant le chiisme comme religion d’État, l’empire fondé par Shah Ismail  en 1501précipita l’Iran dans un processus irréversible et le sépara du reste du monde islamique. Le chiisme faisant déjà figure d’hérésie révolutionnaire, mais on vit l’éclosion à l’intérieur du nouveau Empire Safavide, des traditions spéculatives chiites sorties de la dissimulation et de la clandestinité. A Ispahan, bientôt capitale florissante, mais aussi à Qazvin, à Shiraz, à Qom, des nouveaux écoles revivifient la doctrine Imâmite, tracés déjà par les Sabbaites «1» et les ulémas iraniens représentent désormais une véritable hierocratie rivalisant avec le pouvoir royal. Cette renaissance est illustré notamment par des penseurs de l’école d’Ispahan, tels Mir Dàmàd mort en 1631 et Mollà Sadrà mort en 1640. En reprenant des nouveaux thèmes enrichie du sophisme d’Ibn-Arabi et El-Romi et en cherchant à continuer l’œuvre de Sohra Wardi, ils proposent une théosophie original toujours vivante aujourd’hui en marge des écoles théologiques traditionnelles. Khomeini lui-même enseigna à Qom la doctrine de Mollà Sadrà, et dans son livre ( la république islamique) il qualifie l’Imam comme le représentant de Dieu sur terre, et de surcroît il est plus favoris que les Prophètes, les Messagers, les anges et même les atomes de l’univers. L’Islam savant est représenté en Iran par un appareil clérical financièrement et politiquement autonome. En effet, la coutume chiite de verser les taxes religieuses à ceux qui se présentent au nom du souverain légitime ( mais absent), le Douzième Imàm, caché depuis 13 siècles, fait des ulémas des intermédiaires régulièrement nantis à la différence des ulémas sunnites qui dépendent du pouvoir civil. D’autres part, la mutuelle reconnaissance de leurs prérogatives respectives par le clergé et par la monarchie donne aux religieux un statut quasi politique. Cette force fut accentué dés lors que, depuis le XVIII siècle, les lieux saints chiites situés à Nadjef et Kerbala dans le territoire irakien sous domination Ottomane, où étaient basés les principaux chefs religieux chiites, échappaient au contrôle et aux pressions du pouvoir iranien. Cette autonomie relative de la hierocratie lui a permis, depuis la fin du XIX siècle, d’intervenir dans certains conflits politiques, notamment chaque fois qu’un mouvement populaire luttant contre l’absolutisme cherchait à se structurer efficacement. Un pouvoir exorbitant fut ainsi donné aux clercs dans la Constitution qui établit une monarchie parlementaire en 1906, mais l’esprit de cette constitution était laïc et le clergé renonça à entrer dans les institutions. C’est seulement au terme d’une période d’une cinquantaine d’années de sécularisation intense sous la dynastie ( Pahlavi 1921-1979 ) que les ulémas les plus politisés, sous la conduite de l’ayatollah Khomeini, ont pu prendre leur revanche et que la Révolution islamique a défini, dans la Constitution de 1979, un système parfaitement cléricalisé, celui du « gouvernorat du juriste- théologien ou wilayat el- faaqih », qui en est la clef de voûte. Lorsque les Safavide ont encouragé le développement du pèlerinage de Meched, tombeau du Huitième Imàm, qui prit en quelques sorte la place des pèlerinages à la Mecque ou aux lieux saint chiites d’Irak, ils accentuèrent la tendance des Iraniens à développer leur particularisme et leur indépendance. La légende concernant le mariage de Hosseyn fils d'Ali,  et Troisième Imàm, avec Shahrbànu, fille du dernier empereur Sassanide,  symbolise pour les chiites la parfaite harmonie qui s’est créée entre l’Islam et l’iranité traditionnelle. L’Iran tient, de fait, une place à part dans les pays musulmans. Il y a peu de contacts entre les ulémas chiites et les grands centres islamiques que sont l’université d’al-Azhar au Caire ou les écoles théologiques de la péninsules arabique qui les considèrent comme des apostats à part entière. Toutefois, l’interpénétration de l’Islam et de l’Iran a commencé de manière notable à partir du califat Abbasside en 750 en fondant sa capitale à Bagdad. Si quelques grands penseurs et savants de la haute époque se trouvent être des Iraniens, tels le grammairien ( Sibawah), l’historien ( Tabari ), le philosophe et médecin (Avicenne), l’encyclopédiste ( Biruni), le grand théologien et philosophe  (Mohammed el-Ghazali). Même s’ils écrivaient en arabe, ils étaient tous issus du terreau culturel iranien, mais sunnites et non chiites. Dans le domaine de la mystique, où les penseurs cherchent à exprimer l’indicible, les mots de la langue maternelle viennent plus naturellement sous la plume. Aussi, nombreux sont les Iraniens qui, depuis ( Abù Said-e Abo’l-Kheyer mort en 1049 et Ahmed Ghazàli en 1273 et Hafez de Shiràz mort vers 1390, ont illustré le génie mystique iranien allant même à l’incarnation du Divin, au profond de la tradition sunnite; ils ont réussi à faire revivre de nombreux symboles « Zoroastriens » en les islamisant, ce qui donner plus tard à la naissance des confréries liées à l' associationnisme  et autres cultes totalement contraires aux directives du Coran et de la Sunna. Quand à la prose, utilisée pour le développement discursifs et spéculatifs, elle a été éminemment enrichie par les récits mystiques de Sohrawardi exécuté en 1191 pour hérésie, et qui intégra à l’Islam la théosophie des sages de l’ancienne Perse ou les traités de Ruzbehàn de Shiràz mort en 1209. C’est donc dans les formes les plus mystiques et les plus variées, du quatrain aphoristique au " masnavi " narratif, en passant par les récits d’initiation Sophie que l’islam a pénétré le cœur des Iraniens. Cette tendance s’est perpétuée de nos jours, et on la retrouve aussi bien dans les formes de poésie populaire que dans les spéculations philosophiques les plus sophistiquées. Car l’Iran, notamment depuis qu’il a adopté le chiisme, est aujourd’hui le dernier refuge du mysticisme, le sophisme varié afin de combattre l’Islam sunnite dans ses fondements propres.

LES MINORITÉS EN IRAN/ ENTRE RÉPRESSION ET ENDOCTRINEMENT MASSIVE


Entre Azéris, Kurdes de Kermanshah ou de Khorassan, Arabes du Khozistan et du Golfe, et Sanandaj, Turkmènes, Aymaqs et Baloutches. Cantonnées au XX siècle dans une marginalité géographique voire socioéconomique, elles semblent avoir alimenté a contrario les idéologies de l’État qui se sont succédé en Iran, où elles ne cessent d’alimenter une aporie historique entre destins politiques impérial et républicain. Les empires safavide et qadjar, aux mains de maison régnantes issues du monde nomade turc, se sont réclamés à partir du XVI siècle d’héritage culturels et administratifs persiques, articulés à une identité confessionnelle chiite. Le schisme politique se développait en parallèle comme ferment de résistance au pouvoir, avant de s’opposer aux impérialismes britannique, russe puis états-unien. Il est au cœur des révolutions iraniennes de 1906 et de 1979. Entre-temps, la dynastie Pahlvi ( 1925-1979) favorisait une ethnicisation de l’identité nationale, valorisant sa composante persique, sur le modèle européen de l’État-nation post-impérial, germanique en particulier. Il en va de même d’une autre minorité tantôt vitupérée, tantôt mobilisée pour la communauté sunnite d’Iran. Née de la révolution de 1979, elle profite alors de la répression qui s’abat sur les partis nationalistes de gauche, kurdes à l’ouest, baloutches à l’est. Contre ceux-ci, Khomeini joue la carte d’une organisation frère musulmane kurde et d’un réseau de madrasas baloutche qui s’unissent, un temps, dans un Conseil central sunnite. Après bien des vicissitudes, ceux-ci parviennent à s’imposer comme acteurs du jeu électoral, des présidentielles surtout, dans lesquelles ils soutiennent les réformistes. Au tournant des années 2000 et 2010, fréristes kurdes et oulémas baloutches deviennent en outre, à l’international, un instrument de la grande stratégie de Téhéran, vers la Tunisie de Ghannouchi ou vers l’Asie centrale post-soviétique. Portés à l’échelle nationale par des auteurs de premier rang, ces discours reflètent la centralité de la question des minorités pour la société civile iranienne et, par extension, pour les observateurs extérieurs. Sur le plan international, les cartes actuelles présentent souvent l’Iran comme avatar de l’URSS et possible d’un éclatement à cause des minorités. Représentant les groupes ethniques en vastes aplats de couleur aux contours nets, parsemés de logos indiquant une majorité chiite ou sunnite, elles essentialisent les identités en ignorant un demi-siècle d’histoire démographique. Une histoire faite d’une colonisation chiite mais aussi d’un exode centripète depuis ces derniers vers Téhéran, dont le satellite Karaj, chef-lieu d’une nouvelle région de l’Alborz, est devenue une métropole kurde. Relayée et commentée par les réseaux sociaux iranien, cette situation impacte la vision populaire du passé national, encore marquée par le souvenir des sécessions kurde et azérie d’après la Seconde Guerre mondiale. Mettant au jour une fragilité supposée, elle entretient à Téhéran l’idée de la diversité ethno-confessionnelle de l’Iran comme tendon d’Achille.  La politique religieuse étatique, qui promeut un idéal collectif de justice sociale, se fonde sur une lecture apologétique et idéologique de l’islam chiite, centrée sur la loi et le droit de la sphère régnante des Mollahs. Depuis déjà quelques temps, nous nous concentrons sur les résultats récentes. Selon l’étude de 2022, 78% des Iraniens croient en Dieu ; 30 % se déclarent chiites, 9 % sunnites, 10 % zoroastriens, 8 % spirituels et 9 % agnostiques. Certains ont perdu leur foi dont 12 % se déclarent athées. La société, qui aspire au changement, se trouve en conflit avec la politique religieuse étatique.


La pression économique a conduit des millions de jeunes à manifester dans les rues suite à la hausse du prix de l’essence en novembre (2019). Une violente répression a été menée par les forces de l’ordre, provoquant la mort de 1500 personnes et menant à plus de 7000 arrestation. Ces violences se sont déroulées dans l’ignorance totale du reste du monde. Hypocrisie, corruption du régime, luxe et la luxure des dirigeants ; cette vie souterraine est révélatrice de la difficulté du régime iranien à maintenir la société sous sa chape de plomb est dirigés le peuple comme un troupeaux de batailles est une page qui doit être tournée soit par une nouvelle révolution soit par le morcellement du pays par les minorités.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA

























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