Le soft power islamique peut être conçu comme l’ensemble des stratégies d’influence et de rayonnement qui s’appuient sur le référent religieux musulman. Le rayonnement se réfère à des actions passives, c’est l’image renvoyée par un pays. L’Influence, elle, a un caractère plus actif, elle consiste à créer des réseaux et se rapproche même du clientélisme.
Le prince héritier d’Arabie saoudite, pour vanter son plan de modernisation économique et appeler à ne pas sacraliser le fondateur du Wahhabisme. S’il a rappelé que la constitution de la monarchie est le «Saint Coran», elle l’était, L’est et le restera toujours. Il a ajouté que si Abdel Wahab sortait de sa tombe et voyait que nous sacralisant aujourd’hui ses avis en fermant les portes de l’interprétation, il serait le premier à s’y opposer. En claire, cette phrase serait une carte religieuse habilement utilisée pour légitimer les évolutions en cours, et qui pourrait préparer à d’autres. Les Saoudiens ont eux aussi joué du soft power islamique pour exercer une influence sur les musulmans ne vivant pas sous leur contrôle. On a même pu voir des États dont ce n’était pas la religion majoritaire en jouer sur le mode du soft power. La Russie est un exemple précoce qui n’hésite pas à s’appuyer sur le référent religieux musulman ( les tchétchènes ) instrumentalisé par l’Église Orthodoxe afin de renforcer son influence dans le monde musulman et aussi dans les conflits ( le cas de l’Ukraine .) La vérité des enjeux serait essentiellement socio-économique ou politique, et le religieux appartiendra seulement au registre du discours. Cette stratégie a remplacé le salafisme par le Madkhalisme «1». La monarchie de l’Arabie-Saoudite est le seul État au monde qui porte le nom d’une famille, les Saoud, tribu qui n’a aucune légitimité religieuse car elle n’appartient pas à celle du « Prophète. La caution religieuse leur a été apportée par Mohammed Ibn Abdel Wahab ( 1703-1792), fondateur du salafisme, théologien originaire du Najd comme les Saoud, il prêchait une vision de l’islam rigoriste, qu’il prétendait purifier en le ramenant à ce qu’auraient été les pratiques des Salef, des trois premiers siècles de l’Hégire. Abdel Wahab considérait que l’Islam hors de la péninsule, s’était perverti. Il s’était notamment fait remarquer que les soufis en Afrique et le sectes confrériques de l’Est, du Sud, de l’Ouest et du Nord, aux Balkans, en Syrie, en Turquie, autorisaient les demandes d’intercessions aux saints et donnaient à ceux-ci un statut de divinité susceptible d’influencer «Dieu» lui-même. Il ordonna la destruction de nombreux mausolées, assimilés pour lui à des temples de l’idolâtrie. Les stèles dressées sur les tombes ne pouvaient comporter aucune inscription, pas même le nom d’un personnage célèbre, sous peine d’être détruites afin de couper court à toute forme d’idolâtrie ou d’associanisme. L’œuvre maîtraisse de Abdel Wahab reste son Kitab al- Tawhid ( le livre de l’Unicité), qui pointe le juste et l’illicite, préoccupation constante qu’on retrouve dans la pratique salafiste. Le pacte qu’il instaure avec Mohammed Ibn Saoud appelé aussi pacte de Najd en 1744, est conclu dans la petite principauté de Darya, où Ibn Saoud a accueilli le prédicateur chassé de son oasis familiale Uyana. C’est a partir de ce moment que naît le premier État Saoudien. Le partage du pouvoir entre les Al-ach-Cheikh, descendants d’Abdel-Wahab, à qui son confiés l’organisation du culte, le contrôle des Savants, des institutions religieuses et de l’éducation, et les Saouds, dynastie régnante, se poursuit encore jusqu’à nos jours. L’apport théologique d’Abdel- Wahab a autorisé les Saouds à déclencher le djihad contre d’autres musulmans dans la Péninsule, au motif de l’interdiction de pratiques considérées comme du polythéisme. En revanche, ils se sont soigneusement gardé de participer clairement à la guerre de 1944. L’Empire Ottoman avait dépêché des émissaires dans «le Najd», afin de demander l’appui d’Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, alors sultan de la province. Mais celui ci se déroba, se prétextant incapable de tenir tête aux Anglais et promettant toutefois de ne pas empêcher les commerçants du Najd de fournir de la nourriture aux troupes turques. Ibn Saoud parviendra à louvoyer durant tout le conflit, ne menant des actions militaires qu’en fonction de ses intérêts propres. Quand s’effondre l’Empire Ottoman, avec la complicité des Saouds et le célèbre espion des sables «Laurence d’Arabie» infiltré par les anglais; cinq États indépendants se partagent la Péninsule: le Hedjaz, le Yémen, le Asir entre les deux, le Najd au centre et le Chammar dans le Nord. Le Hedjaz était le plus prestigieux en raison de la présence des lieux saints de l’Islam ( la Mecque et Médine) et jouissait d’une certaine visibilité internationale du fait de la révolte arabe déclenché par le chérif Hussein en 1916. Quand au Najd, il était l’État le plus puissant sur le plan militaire.
LE ROI HUSSEIN, MUSTAFA KAMAL ET LES IKHWANS
L’après-guerre sera marqué par une série de conflits dans la Péninsule, sous le regard de plus en plus distant de Londres, notamment suite au refus du roi Hussein du Hedjaz de reconnaître les dispositions de la conférence de «San Remo», qui établit les mandats français et anglais au Levant, et en particulier le mandat britannique sur la Palestine où s’appliquerait la déclaration de Balfour ( Lettre adressée le 2 novembre 1917 par le ministre des Affaires étrangères du gouvernement britannique, Arthur Balfour, au second Lord Rothschild, dans laquelle le Royaume-Uni apporte son soutien à l’établissement d’un foyer Juif en Palestine.) Il faut se souvenir que l’Occident, après la guerre de 1914, considère que le Royaume saoudien est un nain géopolitique hésitant entre l’un et l’autre camp. Le pétrole saoudien ne sera découvert qu’en 1934 et exploité en 1935. La monarchie change réellement de statut après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le Président américain F. Roosevelt, de retour de la conférence de Yalta, fait étape dans le pays pour signer, à l’insu des Britanniques, le pacte de « Quincy», qui apporte la garantie américaine de la sécurité du Royaume contre l’accès au pétrole jusque-là réservé aux Britanniques. En 1924, Mustafa Kamal, juif des Balkans abolit le califat en Turquie, interdisant le voile, le Coran, l’appel à la prière du vendredi, la fermeture des mosquée et en jetant tous les théologiens en prison. Hussein se proclame alors calife et reçoit l’appui des autorités religieuses du Hedjaz, de Palestine, de Transjordanie et d’Irak, de la seule famille hachémite. Mais le reste du monde musulman et l’Angleterre s’y opposent. Abdelaziz Al-Saoud en profite pour «organiser avec les Ikhwan la compagne de conquête du Hedjaz». Il s’agit d’une milice religieuse islamique créée en 1912 par Ibn Saoud, cette confrérie déclare se dédier à la purification et l’unification de l’Islam. Elle tient le djihad comme principe fondamental et reconnaît l’émir de Riyad comme leur chef suprême religieux et temporel. A partir de 1922, les Ikhwan sous les instructions des Saouds, conquièrent les oasis du Nord-Ouest de la Péninsule, par des raids bédouins impitoyables: Les hommes capturés sont égorgés. Arrivant aux portes d’Amman, les Britanniques souhaitaient une délimitation des frontières dans la Péninsule afin d’éviter les rivalités locales. " Percy Cox", leur envoyé , signe avec Abdelaziz le traité de Mouhammara en 1922, précisant le tracé des frontières entre le Najd et l’Irak, tout en préservant la liberté de circulation des tribus, mais pas dans des buts guerriers. Ces dernières n’ayant pas été consultées, les incidents frontaliers vont se multiplier en différents endroits. Les frontières avec la Transjordanie n’ayant pas fait l’objet d’un accord, au début 1923, un groupe d’Ikhwan attaquera le Royaume. Si Ibn Saoud croit longtemps contrôler le mouvement, les Ikhwan finiront par se rebeller, l’accusant de trahison et laxisme religieux quand il leur interdit les raids dans les États voisins. Le but final des Saouds est atteint avec la prise de la Mecque en 1924, au détriment du monarque légitime, le chérif Hussein, un Hachémite, descendant d’une famille liée au Prophète par le grand-père. Les Hachémites qui avaient collaboré lors de la guerre contre l’Empire Ottoman, évincés de la Mecque, furent récompensés par les couronnes des États nés du dépeçage de l’Empire: (Trans ) Jordanie, Irak et un temps Syrie. Après la conquête de la Mecque, puis celle de Médine et Djeddah en 1925, toute l’Arabie actuelle passe alors sous le contrôle d’Ibn Saoud. Mais le monarque se retrouve a nouveau confronté aux Ikhwan et envers les Chiites de l’Isa a. Un premier conflit en 1916 est déclenché. Mais dans un premier temps il négocie avec les Ikhwan, accepte une baise des impôts mais refuse de bannir les nouvelles technologies. Les Anglais, qui voient en Ibn Saoud le seul interlocuteur légitime en Arabie, lui fourniront l’aide militaire contre les révoltés. Incapables d’affronter Ibn Saoud directement, les Ikhwan attaquent l’Irak sous prétexte que les habitants sont des chiites. Le Roi ne veut pas reconnaître, devant les puissances étrangères , son incapacité à contrôler ses sujets. Mais en prétendant les contrôler, il porterait la responsabilité des hostilités contre l’Irak. En 1929, le Roi va mener une compagne punitive après une nouvelle attaque contre les habitants de Najd. Un des chefs de la fronde, est grièvement blessé et d’autres responsables du mouvement sont faits prisonniers. Croyant la révolte terminée, Ibn Saoud effectue la pèlerinage en 1929. Une seconde fronde éclate, qui devient une véritable guerre civile. Ibn Saoud mettra les Ikhwan en déroute en 1929. De nombreux chefs de la confrérie vont tenter de se réfugier en Irak et dans le Koweït voisins, d’où ils seront refoulés vers l’Arabie par les troupes britanniques. Le Roi Fayçal d’Irak voulait accorder l’asile politique, mais les Britanniques et Abdelaziz refuseront et les chefs de la fronde seront remis à Ibn Saoud en 1930. Ainsi se termine le mouvement des Ikhwan. Les tribus de bédouins se retrouveront alors définitivement sous la coupe des sédentaires. Ce rappel historique est significatif de deux façons. Il illustre d’abord la difficulté du régime saoudien à réprimer une révolte religieuse. Ensuite, il ouvre un précédent historique: les mesures répressives instaurées par Daech recoupent les pratiques religieuses et militaires des Ikhwan. L’Islam salafiste est incontestablement un piler du régime saoudien, s’il ne contrevient pas aux intérêts de la dynastie, comme on a pu le voir en 1979; lorsque la grande mosquée de la Macque est la cible d’une prise d’otages. 50 000 fidèles sont présents dans l’enceinte de la Mosquée par un groupe de 200 fondamentalistes opposés à la famille royale saoudienne. Menés par Juhayman al-Utaybi, le siège a duré du 20 novembre au 4 décembre 1979, pour un bilan officiel de 244 morts ( 117 terroristes et 127 membres des forces de sécurité. Au fil de l’histoire de la monarchie absolue des Saouds, ils ont du se faire reconnaître religieusement comme maîtres incontestables des lieux Sains par les autres pays musulmans. Autrement dit, une chasse gardée qui constitue une manne lucrative non négligeable pour le royaume saoudien. Le pèlerinage était ainsi en 2019 la deuxième source de revenus du royaume après le pétrole. Dans le cadre de son plan « Neom-vision 2030 », la monarchie prévoit d’augmenter le nombre de pèlerins de 9 à 30 millions d’ici 2030. En juin 1926, un congrès islamique s’est tenu à la Mecque avec 69 délégués venus du monde entier: Inde, Égypte, URSS, Java, Palestine, Liban, Soudan, Afghanistan, Yémen, et autres. Certaines délégations se retirèrent comme l’Iran, et celles qui choisirent de rester ne purent que lui reconnaître le nouveau statut de ( protecteur des Lieux Saints.) Le contrôle du pèlerinage donne une légitimité politico-religieuse et aussi un prestige sans égal que le Royaume cultive depuis sa création.
L’IRAN CHIITE ET DE LA DYNASTIE DES SAOUDS
En 2016, le Guide suprême iranien appelait les musulmans à réfléchir sérieusement à la gestion des Lieux Saints. Outre la République des Mollahs, d’autres voix critiques se sont-elles fait entendre dans différents pays musulmans a cause du comportement des Al-Saouds, et actuellement les dérives méphistophéliques du Roi Ben-Salmane. Le jeune roi autorise la vente d’alcool, la mixité des plages, et l’ouverture des discothèques au sein des Lieux Saints. Il achète le tableaux de «Jésus» pour un montant de 500 millions de dollars, et pire encore un yacht estimé à 1 milliards de dollars. Il injecte la somme de 1 milliards dans les jeux vidéos et 63 autres milliards seront alloués a un nouveau ministère dit de loisirs. Il offre la « bague du Prophète» a une chanteuse et une épée en or a un autre chanteur, sans oublier la somme de 360 milliards accordé gratuitement à Donald Trump afin de lui donner ça bénédiction sur le royaume. Au cours de cette année 2022 , 81 prisonniers ont étaient exécutés dont un enfant âgé à peine de sept ans, et deux ans auparavant une soixantaine d’opposants ont eu le même sort. Sans oublier les assassinats ciblés contre les théologiens et les opposants à l’étranger. Depuis sa découverte dans le Golfe Persique au début du XX siècle, le pétrole est un puissant facteur de bouleversement des sociétés de la région. La rente a fait évoluer le système tribal vers un modèle d’État rentier-providence qui s’est traduit par la disparition des communautés de marchands ou de pécheurs et l’affirmation du secteur public. Le pétrole a aussi entraîné des transformations au niveau des pratiques sociales et culturelles. S’il a servi au développement et à l’équipement en infrastructures, une autre mission lui a ensuite été confiée: devenir le moteur d’une nouvelle société construite sur la base d’une diversification des activités, dans le cadre d’une économie mondialisée reposant sur les industries de pointe et les hautes technologies de l’énergie et de l’information. Ainsi, en un demi-siècle, les monarchies du Golfe passent de modes de vie agropastoraux à des sociétés fortement urbanisées, avec un taux de population urbaine qui atteint à la fin du XX siècle 80% en Arabie-Saoudite, 82% aux Émirats, 88% à Bahreïn, et jusqu’à 91% au Qatar et 96% au Koweït. Au fil du temps et de l’histoire, l’Arabie-Saoudite n’a jamais était leader naturel du monde musulman. La question économique n’est pas séparable des questions politique et religieuse. L’image qu’un pays projette conditionne sa pénétration économique dans les pays où son influence s’exerce. Et les réseaux qu’il se bâtit servent parfois des objectifs tant religieux qu’économique. Et pour conserver le soutien des oulémas, le régime politique saoudien leur donne les moyens financiers d’exercer leur mission religieuses à travers le monde. Ce premier impératif se conjugue à un second, de nature plus politique: depuis les années 1960, l’Arabie saoudite fait de l’Islam une sorte de contre-idéologie pour faire front au pays musulmans qui aspirent à la démocratie. Avec un certains succès , les réseaux d’influences mis en place par Riyad et les financements religieux qui les accompagnent dans le monde arabe participent à saper définitivement l’émancipation de toute démocratie au sein du monde musulman, instaurant ainsi le «Madkhalisme» comme nouvelle doctrine qui donne le pouvoir absolue aux monarques, aux chefs d’États sur le peuple ( un Roi, une doctrine et un peuple.) contrairement au dogme islamique qui consiste à imposer la charia et à considérer la connaissance ou le pouvoir politique comme des dons de Dieu qui ne peuvent s’exercer qu’à travers le Coran et la sunna du Prophète.
Le monde arabe est à la croisée de trois continents: Europe, Afrique et Asie. C’est un ensemble culturel uni par la langue arabe, par l’Islam, même s’il y existe de fortes minorités notamment chrétiennes, et par l’histoire. Il présente néanmoins d’importants contrastes politiques et économiques. La ligue des États arabes, qui regroupe 22 membres , lance d’incessantes appels à l’unité, rarement suivis. L’unité du monde arabe est un slogan populaire, mais n’a jamais été une réalité et elle est encore moins aujourd’hui ( voire les analyses sur la Ligue arabe sur le site.) Le monde arabe n’a jamais été maître de son destin géopolitique, car la richesse pétrolière de certains de ses pays en fait un lieu stratégique majeur. Néanmoins, il faut faire la part des choses entre les pays du Maghreb, et du Golfe ( le CCG ou le Conseil de coopération du Golfe créé en 1981, il regroupe les six monarchies du Golfe Arabie-Saoudite, Émirats Arabe-Uni, Oman, Koweït Bahreïn, le Qatar et en catimini, il chapeaute également le Maroc et la Jordanie, deux monarchies non intégrés dans le CCG et les pays non pétroliers.
L’OTAN n’a non seulement pas dépéri, mais s’est au contraire renforcée. Les pays membres ont, en effet, voulu maintenir son existence afin de conserver un élément de stabilité dans une Europe devenue plus instable et vulnérable. Quand aux anciens pays du bloc communiste, toujours craintifs à l’égard de la Russie, ils n’avaient qu’une obsession : adhérer le plus rapidement possible à l’OTAN. Quand aux monarchies du Golfe, les Etats-Unis , l’UE vont renforcer le nucléaire Iranien afin de faire de l’Iran le gendarme de la région, sachant que même Israël et l’Iran sont des jumeaux siamois réaffirmant ensemble l’importance d’un rôle accru dans le Golfe Persique
LE ROI HUSSEIN, MUSTAFA KAMAL ET LES IKHWANS
L’après-guerre sera marqué par une série de conflits dans la Péninsule, sous le regard de plus en plus distant de Londres, notamment suite au refus du roi Hussein du Hedjaz de reconnaître les dispositions de la conférence de «San Remo», qui établit les mandats français et anglais au Levant, et en particulier le mandat britannique sur la Palestine où s’appliquerait la déclaration de Balfour ( Lettre adressée le 2 novembre 1917 par le ministre des Affaires étrangères du gouvernement britannique, Arthur Balfour, au second Lord Rothschild, dans laquelle le Royaume-Uni apporte son soutien à l’établissement d’un foyer Juif en Palestine.) Il faut se souvenir que l’Occident, après la guerre de 1914, considère que le Royaume saoudien est un nain géopolitique hésitant entre l’un et l’autre camp. Le pétrole saoudien ne sera découvert qu’en 1934 et exploité en 1935. La monarchie change réellement de statut après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le Président américain F. Roosevelt, de retour de la conférence de Yalta, fait étape dans le pays pour signer, à l’insu des Britanniques, le pacte de « Quincy», qui apporte la garantie américaine de la sécurité du Royaume contre l’accès au pétrole jusque-là réservé aux Britanniques. En 1924, Mustafa Kamal, juif des Balkans abolit le califat en Turquie, interdisant le voile, le Coran, l’appel à la prière du vendredi, la fermeture des mosquée et en jetant tous les théologiens en prison. Hussein se proclame alors calife et reçoit l’appui des autorités religieuses du Hedjaz, de Palestine, de Transjordanie et d’Irak, de la seule famille hachémite. Mais le reste du monde musulman et l’Angleterre s’y opposent. Abdelaziz Al-Saoud en profite pour «organiser avec les Ikhwan la compagne de conquête du Hedjaz». Il s’agit d’une milice religieuse islamique créée en 1912 par Ibn Saoud, cette confrérie déclare se dédier à la purification et l’unification de l’Islam. Elle tient le djihad comme principe fondamental et reconnaît l’émir de Riyad comme leur chef suprême religieux et temporel. A partir de 1922, les Ikhwan sous les instructions des Saouds, conquièrent les oasis du Nord-Ouest de la Péninsule, par des raids bédouins impitoyables: Les hommes capturés sont égorgés. Arrivant aux portes d’Amman, les Britanniques souhaitaient une délimitation des frontières dans la Péninsule afin d’éviter les rivalités locales. " Percy Cox", leur envoyé , signe avec Abdelaziz le traité de Mouhammara en 1922, précisant le tracé des frontières entre le Najd et l’Irak, tout en préservant la liberté de circulation des tribus, mais pas dans des buts guerriers. Ces dernières n’ayant pas été consultées, les incidents frontaliers vont se multiplier en différents endroits. Les frontières avec la Transjordanie n’ayant pas fait l’objet d’un accord, au début 1923, un groupe d’Ikhwan attaquera le Royaume. Si Ibn Saoud croit longtemps contrôler le mouvement, les Ikhwan finiront par se rebeller, l’accusant de trahison et laxisme religieux quand il leur interdit les raids dans les États voisins. Le but final des Saouds est atteint avec la prise de la Mecque en 1924, au détriment du monarque légitime, le chérif Hussein, un Hachémite, descendant d’une famille liée au Prophète par le grand-père. Les Hachémites qui avaient collaboré lors de la guerre contre l’Empire Ottoman, évincés de la Mecque, furent récompensés par les couronnes des États nés du dépeçage de l’Empire: (Trans ) Jordanie, Irak et un temps Syrie. Après la conquête de la Mecque, puis celle de Médine et Djeddah en 1925, toute l’Arabie actuelle passe alors sous le contrôle d’Ibn Saoud. Mais le monarque se retrouve a nouveau confronté aux Ikhwan et envers les Chiites de l’Isa a. Un premier conflit en 1916 est déclenché. Mais dans un premier temps il négocie avec les Ikhwan, accepte une baise des impôts mais refuse de bannir les nouvelles technologies. Les Anglais, qui voient en Ibn Saoud le seul interlocuteur légitime en Arabie, lui fourniront l’aide militaire contre les révoltés. Incapables d’affronter Ibn Saoud directement, les Ikhwan attaquent l’Irak sous prétexte que les habitants sont des chiites. Le Roi ne veut pas reconnaître, devant les puissances étrangères , son incapacité à contrôler ses sujets. Mais en prétendant les contrôler, il porterait la responsabilité des hostilités contre l’Irak. En 1929, le Roi va mener une compagne punitive après une nouvelle attaque contre les habitants de Najd. Un des chefs de la fronde, est grièvement blessé et d’autres responsables du mouvement sont faits prisonniers. Croyant la révolte terminée, Ibn Saoud effectue la pèlerinage en 1929. Une seconde fronde éclate, qui devient une véritable guerre civile. Ibn Saoud mettra les Ikhwan en déroute en 1929. De nombreux chefs de la confrérie vont tenter de se réfugier en Irak et dans le Koweït voisins, d’où ils seront refoulés vers l’Arabie par les troupes britanniques. Le Roi Fayçal d’Irak voulait accorder l’asile politique, mais les Britanniques et Abdelaziz refuseront et les chefs de la fronde seront remis à Ibn Saoud en 1930. Ainsi se termine le mouvement des Ikhwan. Les tribus de bédouins se retrouveront alors définitivement sous la coupe des sédentaires. Ce rappel historique est significatif de deux façons. Il illustre d’abord la difficulté du régime saoudien à réprimer une révolte religieuse. Ensuite, il ouvre un précédent historique: les mesures répressives instaurées par Daech recoupent les pratiques religieuses et militaires des Ikhwan. L’Islam salafiste est incontestablement un piler du régime saoudien, s’il ne contrevient pas aux intérêts de la dynastie, comme on a pu le voir en 1979; lorsque la grande mosquée de la Macque est la cible d’une prise d’otages. 50 000 fidèles sont présents dans l’enceinte de la Mosquée par un groupe de 200 fondamentalistes opposés à la famille royale saoudienne. Menés par Juhayman al-Utaybi, le siège a duré du 20 novembre au 4 décembre 1979, pour un bilan officiel de 244 morts ( 117 terroristes et 127 membres des forces de sécurité. Au fil de l’histoire de la monarchie absolue des Saouds, ils ont du se faire reconnaître religieusement comme maîtres incontestables des lieux Sains par les autres pays musulmans. Autrement dit, une chasse gardée qui constitue une manne lucrative non négligeable pour le royaume saoudien. Le pèlerinage était ainsi en 2019 la deuxième source de revenus du royaume après le pétrole. Dans le cadre de son plan « Neom-vision 2030 », la monarchie prévoit d’augmenter le nombre de pèlerins de 9 à 30 millions d’ici 2030. En juin 1926, un congrès islamique s’est tenu à la Mecque avec 69 délégués venus du monde entier: Inde, Égypte, URSS, Java, Palestine, Liban, Soudan, Afghanistan, Yémen, et autres. Certaines délégations se retirèrent comme l’Iran, et celles qui choisirent de rester ne purent que lui reconnaître le nouveau statut de ( protecteur des Lieux Saints.) Le contrôle du pèlerinage donne une légitimité politico-religieuse et aussi un prestige sans égal que le Royaume cultive depuis sa création.
L’IRAN CHIITE ET DE LA DYNASTIE DES SAOUDS
En 2016, le Guide suprême iranien appelait les musulmans à réfléchir sérieusement à la gestion des Lieux Saints. Outre la République des Mollahs, d’autres voix critiques se sont-elles fait entendre dans différents pays musulmans a cause du comportement des Al-Saouds, et actuellement les dérives méphistophéliques du Roi Ben-Salmane. Le jeune roi autorise la vente d’alcool, la mixité des plages, et l’ouverture des discothèques au sein des Lieux Saints. Il achète le tableaux de «Jésus» pour un montant de 500 millions de dollars, et pire encore un yacht estimé à 1 milliards de dollars. Il injecte la somme de 1 milliards dans les jeux vidéos et 63 autres milliards seront alloués a un nouveau ministère dit de loisirs. Il offre la « bague du Prophète» a une chanteuse et une épée en or a un autre chanteur, sans oublier la somme de 360 milliards accordé gratuitement à Donald Trump afin de lui donner ça bénédiction sur le royaume. Au cours de cette année 2022 , 81 prisonniers ont étaient exécutés dont un enfant âgé à peine de sept ans, et deux ans auparavant une soixantaine d’opposants ont eu le même sort. Sans oublier les assassinats ciblés contre les théologiens et les opposants à l’étranger. Depuis sa découverte dans le Golfe Persique au début du XX siècle, le pétrole est un puissant facteur de bouleversement des sociétés de la région. La rente a fait évoluer le système tribal vers un modèle d’État rentier-providence qui s’est traduit par la disparition des communautés de marchands ou de pécheurs et l’affirmation du secteur public. Le pétrole a aussi entraîné des transformations au niveau des pratiques sociales et culturelles. S’il a servi au développement et à l’équipement en infrastructures, une autre mission lui a ensuite été confiée: devenir le moteur d’une nouvelle société construite sur la base d’une diversification des activités, dans le cadre d’une économie mondialisée reposant sur les industries de pointe et les hautes technologies de l’énergie et de l’information. Ainsi, en un demi-siècle, les monarchies du Golfe passent de modes de vie agropastoraux à des sociétés fortement urbanisées, avec un taux de population urbaine qui atteint à la fin du XX siècle 80% en Arabie-Saoudite, 82% aux Émirats, 88% à Bahreïn, et jusqu’à 91% au Qatar et 96% au Koweït. Au fil du temps et de l’histoire, l’Arabie-Saoudite n’a jamais était leader naturel du monde musulman. La question économique n’est pas séparable des questions politique et religieuse. L’image qu’un pays projette conditionne sa pénétration économique dans les pays où son influence s’exerce. Et les réseaux qu’il se bâtit servent parfois des objectifs tant religieux qu’économique. Et pour conserver le soutien des oulémas, le régime politique saoudien leur donne les moyens financiers d’exercer leur mission religieuses à travers le monde. Ce premier impératif se conjugue à un second, de nature plus politique: depuis les années 1960, l’Arabie saoudite fait de l’Islam une sorte de contre-idéologie pour faire front au pays musulmans qui aspirent à la démocratie. Avec un certains succès , les réseaux d’influences mis en place par Riyad et les financements religieux qui les accompagnent dans le monde arabe participent à saper définitivement l’émancipation de toute démocratie au sein du monde musulman, instaurant ainsi le «Madkhalisme» comme nouvelle doctrine qui donne le pouvoir absolue aux monarques, aux chefs d’États sur le peuple ( un Roi, une doctrine et un peuple.) contrairement au dogme islamique qui consiste à imposer la charia et à considérer la connaissance ou le pouvoir politique comme des dons de Dieu qui ne peuvent s’exercer qu’à travers le Coran et la sunna du Prophète.
L’INGERENCE DE LA MONARCHIE AU SEINS DE LA
LIGUE DES ÉTATS ARABES
Le monde arabe est à la croisée de trois continents: Europe, Afrique et Asie. C’est un ensemble culturel uni par la langue arabe, par l’Islam, même s’il y existe de fortes minorités notamment chrétiennes, et par l’histoire. Il présente néanmoins d’importants contrastes politiques et économiques. La ligue des États arabes, qui regroupe 22 membres , lance d’incessantes appels à l’unité, rarement suivis. L’unité du monde arabe est un slogan populaire, mais n’a jamais été une réalité et elle est encore moins aujourd’hui ( voire les analyses sur la Ligue arabe sur le site.) Le monde arabe n’a jamais été maître de son destin géopolitique, car la richesse pétrolière de certains de ses pays en fait un lieu stratégique majeur. Néanmoins, il faut faire la part des choses entre les pays du Maghreb, et du Golfe ( le CCG ou le Conseil de coopération du Golfe créé en 1981, il regroupe les six monarchies du Golfe Arabie-Saoudite, Émirats Arabe-Uni, Oman, Koweït Bahreïn, le Qatar et en catimini, il chapeaute également le Maroc et la Jordanie, deux monarchies non intégrés dans le CCG et les pays non pétroliers.
UNE COOPÉRATION MULTILATÉRAL SANS LEADERSHIP
En place des projets. Le CCG est d’abord pensé comme un organisme de coopération militaire, permettant d’assurer la sécurité de la région. Les facteurs de création du CCG sont à la fois externes à ces monarchies. Or, le bouclier de la Péninsule, n’a pas su prévenir l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990 et les Etats du CCG ont préféré signé, de manière bilatérale, des accords de sécurité avec les Etats-Unis. De même, des accords ont été signés individuellement entre le Koweït, le Qatar, les Emirats et le Bahreïn avec les américains, la Grande-Bretagne et la France. Le CCG se caractérise par une structure de sécurité collective très défaillante : Les armées manifestent des compétences inégales, il n’y a pas de culture inter-armée et les rivalités entre les armées sont multiples. Depuis ca création, il n’est ni une alliance ni une réelle intégration régionale mais une simple structure de coopération basée sur un accord politique tacite consistant à réactiver une solidarité et une cohésion en réaction à des menaces extérieures imminentes. L’une des menaces définies par le CCG est l’axe chiite Iranien. Cependant, là encore, des divergences apparaissent entre les monarchies. La perception des risques n’est pas homogène : Les Saoudiens souhaite le maintien de l’isolement diplomatique et économique afin d’éviter l’émergence d’un concurrent sur le marché pétrolier ; les Emiratis sont partisans d’une politique stricte contre l’Iran malgré l’existence d’un conflit territorial à propos de trois iles situées du Détroit d’Ormuz ; Le Bahreïn voit le régime des Mollahs comme une menace existentielle, d’autant plus si le famille régnante est sunnite, 95 % de la population est chiite. Le Koweït et Oman disposent de meilleurs relations avec leur voisin iranien et par crainte de conflits ils restent partisans du dialogue. Le Qatar refuse une diplomatie dure avec l’Iran et il partagent , tous deux, un champ gazier offshore ( le North Dôme).
LE PRINTEMPS ARABES ET LES MONARCHIES
Les
menaces liées au Printemps arabes auraient dopé la coopération
sécuritaire entre les régimes du CCG. Les Emiratis et les Saoudiens
ont mis de coté leur différend frontalier qui existe depuis les
années 1970, afin d’assurer le maintien des monarchies au sein de
la région. Un autre signe de renforcement du multilatéralisme est
visible dans l’intégration de la Jordanie et le Maroc au CCG. La
proximité politique semble expliquer ce projet car il s’agit des
deux autres monarchies, ce qui atteste de l’hypothèse d’un
renforcement d’un front monarchique et conservateur face aux
républiques et démocraties comme l’Egypte, la Tunisie, l’Iran,
le Liban, le Yémen, l’Algérie et la Libye. D’ailleurs, la
tyrannie absolue en Tunisie mené par Kais Saeid et orchestré par les
Saoudiens et les Emiratis afin d’empêcher le parti d’Ennahda
d’accéder au pouvoir ( proche des frères musulmans. ) Les
Printemps arabes ont également multiplier les théâtres de tensions
entre les pays du CCG qui ont abouti en 2017 à la rupture des
relations diplomatiques entre, d’une part, l’Arabie-Saoudite, les
EAU et le Bahreïn et, d’autre part, le Qatar. Ce dernier est
accusé d’être trop laxiste envers l’Iran et surtout les Frères
musulmans, considérés comme des groupes terroristes par les
Saoudiens et les Emiratis car ils excluent totalement les régimes
monarchiques et par conséquent ils souhaitent renverser les
monarques afin d’instaurer un Califat Islamique guidé par la
charia, comme a l’époque des premiers siècles de l’Islam. Doha,
a financé Mohammed Morsi en Egypte, accueilli les leaders des Frères
musulmans exilés, soutenu le parti Ennahda en Tunisie, le Hamas, et
le gouvernement de Tripoli dominé par une composante religieuse en
Libye. Alors que l’Arabie-Saoudite et les EAU soutiennent le Fatah,
les milices en Syrie, et le général « Haftar» encadré par des
groupuscules Medkhalites. L’Algérie qui maintien la diplomatie de
non ingérence, et considérer comme une puissance régionale, elle
subit actuellement des menaces frontaliers orchestrés par le Maréchal Haftar qui a conduit les Azawad ( tribus Touaregs) à l’irrédentisme
revendiquant le partage des frontières et des richesses des
hydrocarbures. Alger, suit avec prudence ces manipulations
subversives et rejette tout conflit avec ses voisins afin d’éviter
un éclatement régional et une coalition mené par les Saoudiens
et les EAU, le Maroc , Israël et d’autres pays a la demande du maréchal Haftar. Les forces de Haftar se sont même emparées d'un poste frontalier entre la Libye et l'Algérie, déclarant ainsi la frontière comme zone militaire fermée.
LES MONARCHIES ARABES, LES ETATS-UNIS, ISRAËL ET LA RUSSIE
Depuis
l’alliance de facto avec Israël sur fond d’hostilité à l’égard
de l’Iran en 2020. Les Émirats arabes unis et Bahreïn ont même
établi des relations diplomatiques avec Tel-Aviv sans que le
gouvernement de ce pays ne fasse aucune concession sur la question
Palestinienne. Le Soudan a suivi pour obtenir la levée des sanctions
américaines. En
décembre 2020, Donald Trump annonçait la normalisation des
relations entre le Maroc et Israël. Rabat obtenait la reconnaissance
par les Etats-Unis de sa souveraineté sur le Sahara occidentale, une
cause sacrée et consensuelle au sein du Royaume et une trahison
ostentatoire pour l’Algérie. Cette normalisation constituait un
succès diplomatique majeur pour Netanyahou et Trump. Les
Palestiniens se sentent abandonnés et la perspective de la création
de leur Etat s’éloigne. Israël estime n’avoir aucun intérêt à
faire des concessions. Mais la cause palestinienne reste sacrée pour
les populations arabes. Depuis
le début de l’invasion de l’Ukraine, l’UE et les Etats-Unis
ont pris diverses mesures à isoler Moscou sur la scène
internationale. De nombreux pays comme la Chine ont refusé de
prendre part à cette stratégie. A la surprise générale, on
retrouve parmi ces récalcitrants deux alliés traditionnels de
Washington dans le Golfe Persique : l’Arabie-Saoudite et les
Emirats arabes unis. Alors que la troisième puissance du Golfe, le
Qatar, adopte, sur ce dossier une position plus proche de Washington,
ce qui peut s’expliquer par le renforcement de son partenariat
stratégique avec les Etats-Unis et sa qualification par
l’administration Biden ( d’allié majeur non OTAN), Riyad et Abou
Dabi se montrent très réticents à suivre les Américains. La
situation illustre leur convergence d’intérêts avec la Russie et
leur volonté de diversifier leurs partenariats afin de renforcer
leur autonomie stratégique, écartant ainsi le déclin de la
tyrannie de Poutine et la décomposition de la Russie a moyen-terme.
Les tensions entre
Washington et ses deux alliés du Golfe ont fini par s’exacerber
lorsque les dirigeants Saoudiens et Emiratis, ont tous deux décliné
une proposition de s’entretenir avec Joe Biden au sujet d’une
augmentation de la production de pétrole pour compenser les hausses
de prix mondiales du brut qui profitent à Moscou. Plus significatif
encore, le ministre des affaires étrangères Emiratis, a déclaré ,
lors de son passage à Moscou, que les Emirats souhaitaient coopérer
avec la Russie pour améliorer la sécurité énergétique mondiale.
Quand à l’Arabie Saoudite, elle entend préserver sa relation avec
le Kremlin et Pékin, et aurait d’ores et déjà entamé des
pourparlers avec la Chine pour abandonner le dollar américain au
profit du Yuan dans les transactions pétrolières, ce qui irait dans
le sens de la dédollarisation souhaitée par Moscou. Il
apparaît clairement que les deux partenaires traditionnels des
américains dans le Golfe n’ont ni intérêt ni le désir de durcir
leurs positions à l’égard de la Russie. La recherche d’une
autonomie stratégique est stimulée à la fois par la politique
régionale de l’administration Biden et par la prise en compte de
la transformation des rapports de force globaux. La
relation Washington-Riyad est également empreinte d’une méfiance
réciproque. Mais c’est principalement la question des garanties
sécuritaires offertes par Washington à ses alliés du Golfe qui est
responsable de la dégradation des relations. La protection
américaine, pierre angulaire de l’alliance, a été mise à mal
par les attaques répétées des Houthis sur le territoire saoudien
et contre les Emirats, ont
conforté ces monarchies dans la conviction qu’ils ne peuvent plus
compter sur leur allié pour garantir leur sécurité. Enfin cette
orientation explique la diversification des alliances et le souci de
ménager les rapports avec la Russie en dépit de la crise qui oppose
celle-ci aux pays occidentaux
LA FIN DU SOFT POWER DE L’OTAN ET LE DÉBUT D’UN HARD POWER
L’Arabie
saoudite et les Emirats sont conscients qu’ils doivent se préparer
à un Moyen-Orient diffèrent, et que leur intérêts réside dans un
rééquilibrage des relations. Afin d’accroitre leur autonomie
diplomatique comme économique, ils refuse de suivre les sanctions
prises par les pays de l’OTAN et de l’UE contre la Russie.
En 2021, les orientations stratégiques américaines ont reflété un
désengagement relatif des Etats-Unis du Moyen-Orient et une
redéfinition des priorités stratégiques en Asie-Pacifique.
L’hégémonie américaine s’appuyait à la fois sur la contrainte
liée à la puissance et sur une capacité d’attraction qui a
permis la construction d’alliances et de larges coalitions. Les
réactions des Saoudiens et Emiratis, à la guerre en Ukraine
révèlent l’affaiblissement du soft power des américains, qui ne
parviennent plus à mobiliser des alliés traditionnels, lesquels
contestent leur rôle de puissance en déclin. Ce changement apparaît
comme un indicateur clair de l’évolution vers l’ordre alternatif
permettant à la Chine
de tirer profit de la guerre en Ukraine pour précipiter le déclin
irrémédiable des Etats-Unis.
L’OTAN n’a non seulement pas dépéri, mais s’est au contraire renforcée. Les pays membres ont, en effet, voulu maintenir son existence afin de conserver un élément de stabilité dans une Europe devenue plus instable et vulnérable. Quand aux anciens pays du bloc communiste, toujours craintifs à l’égard de la Russie, ils n’avaient qu’une obsession : adhérer le plus rapidement possible à l’OTAN. Quand aux monarchies du Golfe, les Etats-Unis , l’UE vont renforcer le nucléaire Iranien afin de faire de l’Iran le gendarme de la région, sachant que même Israël et l’Iran sont des jumeaux siamois réaffirmant ensemble l’importance d’un rôle accru dans le Golfe Persique
MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA
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