dimanche 23 mai 2021

GÉOPOLITIQUE/ ISRAËL/ PALESTINE 

Le gouvernement Netanyahou, sans rejeter officiellement la négociation, continue la colonisation en jouant sur la politique du fait accompli et en pariant sur la lassitude des Palestiniens et l’inaction des occidentaux. Le sentiment d’injustice et de deux poids deux mesures est de plus en plus vivement ressenti dans le monde musulman, nourrissant l’hostilité à l’égard du monde occidental. Malgré, les récentes relations diplomatiques avec certains pays arabes, Arabie-Saoudite, Emirats, Maroc, Bahreïn, le conflit de Gaza remet en cause toute la stabilité de la région. A mis terme, le conflit reprendra de plus bel, malgré la mobilisation de l’Union-Européenne et les Etats-Unis.

Aux origines, la guerre du Golfe de 1990-1991 est un tournant. Les alliés américains d’Israël comprennent que l’utilisation par Saddam Hussein de l’occupation israélienne des territoires occupés mobilise largement tous les pays arabes. George Bush père contraint Israël à changer d’attitude. Des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens conduisent à la signature des accords d’Oslo.  L’OLP reconnait l’existence d’Israël et Tel-Aviv qui considérait jusqu’ici L’OLP comme une organisation terroriste, le reconnait comme représentant légitime, comme c’est le cas actuellement pour le Hamas. Les accords d’Oslo ratifiés à Washington en 1993, prévoient un retrait par étape d’Israël des territoires occupés devant conduire à la création d’un Etat palestinien. Les accords d’Oslo créent une perspective de paix. En 1994, Yasser Arafat, jusqu’ici en exil, est autorisé à revenir en Palestine. Mais Rabin est assassiné par extrémiste juif, le 4 novembre 1995, ce qui va entrainer l’enlisement du processus de paix. A la fin de son second mandat, Bill Clinton essaye d’aboutir à un accord de paix, lors d’un sommet à Camp David, à l’été 2000. Ce sommet échoue et le cycle de la violence reprend. Celle-ci conduit les Israéliens à voter en faveur d’Ariel Sharon en février 2001. Opposé aux accords d’Oslo, il s’écarte de la ligne Rabin « pour lui, c’est la continuité des combats contre le terrorisme comme si il n’y avait pas de processus de paix » ; poursuivre le programme de paix comme si n’y avait pas de terrorisme. »Il détruit point par point les accords d’Oslo, tandis que le terrorisme reprend à une grande échelle. En 2002, la Ligue des Etats arabes propose un plan  de paix : en échange de la reconnaissance d’Israël par les pays arabes, Israël se retire des territoires palestiniens pour permettre la création d’un Etat palestinien. L’évacuation unilatéral de la bande de Gaza, où 7000 colons Israéliens vivaient entourés de 1400 000 Palestiniens, n’empêche pas la poursuite de la colonisation en Cisjordanie. Ce blocage pousse les Palestiniens en janvier 2006 à voter pour le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les pays Occidentaux et Israël  et qui c’était opposé aux accords d’Oslo. Les Occidentaux coupent les ponts avec le gouvernement palestinien de Gaza. Les Palestiniens sont divisés géographiquement entre Gaza et la Cisjordanie. Politiquement entre le Hamas qui tient Gaza et le Fatah. Si Gaza a été évacué, ce territoire surpeuplé est soumis à un blocus auquel les Palestiniens répondent par des tirs de roquettes sur les villes israéliennes. Ceci entraîne une nouvelle intervention militaire et des bombardements le plus à droite de l’histoire d’Israël en février 2009. Le grand paradoxe, est qu’une grande majorité des citoyens israéliens et palestiniens se prononcent pour la paix, ainsi que l’ensemble de la communauté internationale. Les contours en sont connus et ont été définis dans plusieurs documents. Création d’un Etat palestinien à côté d’Israël. Droit d’Israël a existé dans les frontières sûres et reconnues. Jérusalem, capitale des deux Etats, l’Etat palestinien étant créé peu ou pro dans les frontières de 1967  avec d’éventuelles rectification frontalières à condition qu’elles soient compensées territorialement et mutuellement agréées. En 2009, le président Obama exige l’arrêt de la colonisation par Israël et le dilemme continue pour un peuple apatride.

ISRAËL/ PALESTINE/ PAYS ARABES

Au début, en 1897, Théodore Herzl publie « l’Etat des Juifs » qui réclame la création d’un Etat pour le peuple Juif où il serait protégé des persécutions antisémites. En 1917, le ministre britannique des affaires étrangères, « Lord Balfour » fait une déclaration en faveur de la création d’un foyer national Juif en Palestine tout en promettant aux arabes appartenant à l’Empire Ottoman l’indépendance. Il parle de donner à un « peuple sans terre, une terre sans peuple », oubliant que la Palestine était déjà peuplée. Entre 1919 et 1939 alors que la Palestine a été confiée en mandat aux Britanniques, la colonie juive passe de 65 000 à 425 000 membres soit de 10 à 30% de la population du fait de l’activisme du mouvement sioniste et de l’exode des Juifs fuyant les persécution en Europe centrale et en Allemagne. Ceci provoque une forte hostilité arabe à l’immigration juive. Après la seconde guerre mondiale, l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine attribuant 55% des territoires aux Juifs et 45% aux Arabes. Ces derniers refusent ce partage et lancent la première guerre israélo-arabe. Ils sont vaincus et Israël dont l’Etat est proclamé le 14 mai 1948 fait passer son territoire de 55% à 78% de la Palestine. Le reste est partagé entre l’Egypte et la Jordanie. L’Etat arabe palestinien n’est donc pas crée. 725 000 Palestiniens doivent fuir et deviennent des réfugies éternelles. Les pays arabes refusent de reconnaître Israël, qui pour se protéger se rapproche des pays occidentaux et des Etats-Unis et passe donc comme un allié des anciennes puissances coloniales. En 1956, Israël participe avec l’Angleterre et la France à une expédition contre l’Egypte. L’Union-Soviétique intervient aux côtés de l’Egypte. En 1967, une nouvelle guerre dite de 6 jours va constituer une victoire totale pour Israël qui occupe Jérusalem Est, la Cisjordanie et Gaza et prend donc le contrôle totale de l’ancienne Palestine mandataire. Elle occupe également le Sinaï égyptien et le Golan Syrien. La défaite rapide et sans appel est vécue comme une humiliation par tous les pays arabes. L’ONU adopte la résolution 242 qui proclame l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre et demande un retrait israélien. Ces territoires vont devenir des territoires occupés. Pour certains Israéliens, il s’agit de faire le grand Israël, au sens « biblique » du terme pour d’autres, c’est une prise de gages territoriaux qui pourra être échangée  contre la paix avec les arabes en temps voulu. « Au sommet de Khartoum de 1967, les pays arabes prônent le triple non : non à la réconciliation, non à la reconnaissance d’Israël, non aux négociations. » De leur côté, les Palestiniens prônent la lutte armée. Ils refusent de reconnaître Israël, qui refuse de dialoguer avec eux. Une nouvelle guerre va opposer Israël à l’Egypte et à la Syrie en 1973 pour se terminer par le statu quo. En 1978, le président Égyptien Sadate se rend à Jérusalem et propose la paix. L’Egypte et Israël se reconnaissent mutuellement. Le Sinaï conquis en 1967 est restitué, mais l’Egypte est exclue de la ligue des Etats-Arabes pour avoir signé une paix séparée. Elle va s’allier aux Etats-Unis et obtenir une aide économique. En 1982, Israël intervient au Liban afin de déloger les combattants Palestiniens qui y sont installés. Yasser Arafat qui a créé l’OLP en 1964 doit quitter Beyrouth, mais l’image d’Israël est ternie par les massacres de civils qui ont eu lieu. A partir de 1987 est déclenchée l’Intifada, ou la révolte de pierres des jeunes Palestiniens contre l’occupation israélienne.


Les dernières événements qui ont secouées Gaza et l’humiliation d’Israël  suscite une multitude de réflexion sur les enjeux du conflit dans toute la région et aussi au sein du  monde musulman. Quels enjeux en perspective, les futurs défis, la position de l’Union-Européenne et des Etats-Unis, le Hamas et le Hezbollah,  les milices chiites, le président Abbas et son gouvernement,  la réaction de l’Iran face à Israël  et les monarchies du Golfe ? Je répondrais à toutes ses questions  dans la prochaine analyse. 

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

 

 

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