GÉOPOLITIQUE/ ISRAËL/ PALESTINE
Le
gouvernement Netanyahou, sans rejeter officiellement la négociation, continue
la colonisation en jouant sur la politique du fait accompli et en pariant sur
la lassitude des Palestiniens et l’inaction des occidentaux. Le sentiment
d’injustice et de deux poids deux mesures est de plus en plus vivement ressenti
dans le monde musulman, nourrissant l’hostilité à l’égard du monde occidental.
Malgré, les récentes relations diplomatiques avec certains pays arabes,
Arabie-Saoudite, Emirats, Maroc, Bahreïn, le conflit de Gaza remet en cause
toute la stabilité de la région. A mis terme, le conflit reprendra de plus bel,
malgré la mobilisation de l’Union-Européenne et les Etats-Unis.
Aux
origines, la guerre du Golfe de 1990-1991 est un tournant. Les alliés américains
d’Israël comprennent que l’utilisation par Saddam Hussein de l’occupation
israélienne des territoires occupés mobilise largement tous les pays arabes.
George Bush père contraint Israël à changer d’attitude. Des négociations
directes entre Israéliens et Palestiniens conduisent à la signature des accords
d’Oslo. L’OLP reconnait l’existence
d’Israël et Tel-Aviv qui considérait jusqu’ici L’OLP comme une organisation
terroriste, le reconnait comme représentant légitime, comme c’est le cas
actuellement pour le Hamas. Les accords d’Oslo ratifiés à Washington en 1993,
prévoient un retrait par étape d’Israël des territoires occupés devant conduire
à la création d’un Etat palestinien. Les accords d’Oslo créent une perspective
de paix. En 1994, Yasser Arafat, jusqu’ici en exil, est autorisé à revenir en
Palestine. Mais Rabin est assassiné par extrémiste juif, le 4 novembre 1995, ce
qui va entrainer l’enlisement du processus de paix. A la fin de son second
mandat, Bill Clinton essaye d’aboutir à un accord de paix, lors d’un sommet à
Camp David, à l’été 2000. Ce sommet échoue et le cycle de la violence reprend.
Celle-ci conduit les Israéliens à voter en faveur d’Ariel Sharon en février
2001. Opposé aux accords d’Oslo, il s’écarte de la ligne Rabin « pour lui,
c’est la continuité des combats contre le terrorisme comme si il n’y avait pas
de processus de paix » ; poursuivre le programme de paix comme si n’y
avait pas de terrorisme. »Il détruit point par point les accords d’Oslo,
tandis que le terrorisme reprend à une grande échelle. En 2002, la Ligue des
Etats arabes propose un plan de
paix : en échange de la reconnaissance d’Israël par les pays arabes,
Israël se retire des territoires palestiniens pour permettre la création d’un
Etat palestinien. L’évacuation unilatéral de la bande de Gaza, où 7000 colons
Israéliens vivaient entourés de 1400 000 Palestiniens, n’empêche pas la
poursuite de la colonisation en Cisjordanie. Ce blocage pousse les Palestiniens
en janvier 2006 à voter pour le Hamas, considéré comme une organisation
terroriste par les pays Occidentaux et Israël
et qui c’était opposé aux accords d’Oslo. Les Occidentaux coupent les
ponts avec le gouvernement palestinien de Gaza. Les Palestiniens sont divisés
géographiquement entre Gaza et la Cisjordanie. Politiquement entre le Hamas qui
tient Gaza et le Fatah. Si Gaza a été évacué, ce territoire surpeuplé est
soumis à un blocus auquel les Palestiniens répondent par des tirs de roquettes
sur les villes israéliennes. Ceci entraîne une nouvelle intervention militaire
et des bombardements le plus à droite de l’histoire d’Israël en février 2009. Le
grand paradoxe, est qu’une grande majorité des citoyens israéliens et
palestiniens se prononcent pour la paix, ainsi que l’ensemble de la communauté
internationale. Les contours en sont connus et ont été définis dans plusieurs
documents. Création d’un Etat palestinien à côté d’Israël. Droit d’Israël a
existé dans les frontières sûres et reconnues. Jérusalem, capitale des deux
Etats, l’Etat palestinien étant créé peu ou pro dans les frontières de 1967 avec d’éventuelles rectification frontalières
à condition qu’elles soient compensées territorialement et mutuellement
agréées. En 2009, le président Obama exige l’arrêt de la colonisation par
Israël et le dilemme continue pour un peuple apatride.
ISRAËL/ PALESTINE/ PAYS ARABES
Au début,
en 1897, Théodore Herzl publie « l’Etat des Juifs » qui réclame la
création d’un Etat pour le peuple Juif où il serait protégé des persécutions
antisémites. En 1917, le ministre britannique des affaires
étrangères, « Lord Balfour » fait une déclaration en faveur de
la création d’un foyer national Juif en Palestine tout en promettant aux arabes
appartenant à l’Empire Ottoman l’indépendance. Il parle de donner à un
« peuple sans terre, une terre sans peuple », oubliant que la
Palestine était déjà peuplée. Entre 1919 et 1939 alors que la Palestine a été
confiée en mandat aux Britanniques, la colonie juive passe de 65 000 à
425 000 membres soit de 10 à 30% de la population du fait de l’activisme
du mouvement sioniste et de l’exode des Juifs fuyant les persécution en Europe
centrale et en Allemagne. Ceci provoque une forte hostilité arabe à
l’immigration juive. Après la seconde guerre mondiale, l’ONU adopte un plan de
partage de la Palestine attribuant 55% des territoires aux Juifs et 45% aux
Arabes. Ces derniers refusent ce partage et lancent la première guerre
israélo-arabe. Ils sont vaincus et Israël dont l’Etat est proclamé le 14 mai
1948 fait passer son territoire de 55% à 78% de la Palestine. Le reste est
partagé entre l’Egypte et la Jordanie. L’Etat arabe palestinien n’est donc pas
crée. 725 000 Palestiniens doivent fuir et deviennent des réfugies éternelles.
Les pays arabes refusent de reconnaître Israël, qui pour se protéger se
rapproche des pays occidentaux et des Etats-Unis et passe donc comme un allié
des anciennes puissances coloniales. En 1956, Israël participe avec
l’Angleterre et la France à une expédition contre l’Egypte. L’Union-Soviétique
intervient aux côtés de l’Egypte. En 1967, une nouvelle guerre dite de 6 jours
va constituer une victoire totale pour Israël qui occupe Jérusalem Est, la
Cisjordanie et Gaza et prend donc le contrôle totale de l’ancienne Palestine
mandataire. Elle occupe également le Sinaï égyptien et le Golan Syrien. La
défaite rapide et sans appel est vécue comme une humiliation par tous les pays
arabes. L’ONU adopte la résolution 242 qui proclame l’inadmissibilité de l’acquisition
de territoires par la guerre et demande un retrait israélien. Ces territoires
vont devenir des territoires occupés. Pour certains Israéliens, il s’agit de
faire le grand Israël, au sens « biblique » du terme pour d’autres,
c’est une prise de gages territoriaux qui pourra être échangée contre la paix avec les arabes en temps
voulu. « Au sommet de Khartoum de 1967, les pays arabes prônent le triple
non : non à la réconciliation, non à la reconnaissance d’Israël, non aux
négociations. » De leur côté, les Palestiniens prônent la lutte armée. Ils
refusent de reconnaître Israël, qui refuse de dialoguer avec eux. Une nouvelle
guerre va opposer Israël à l’Egypte et à la Syrie en 1973 pour se terminer par
le statu quo. En 1978, le président Égyptien Sadate se rend à Jérusalem et
propose la paix. L’Egypte et Israël se reconnaissent mutuellement. Le Sinaï conquis en 1967 est restitué, mais l’Egypte est exclue de la ligue des
Etats-Arabes pour avoir signé une paix séparée. Elle va s’allier aux Etats-Unis
et obtenir une aide économique. En 1982, Israël intervient au Liban afin de
déloger les combattants Palestiniens qui y sont installés. Yasser Arafat qui a
créé l’OLP en 1964 doit quitter Beyrouth, mais l’image d’Israël est ternie par
les massacres de civils qui ont eu lieu. A partir de 1987 est déclenchée
l’Intifada, ou la révolte de pierres des jeunes Palestiniens contre
l’occupation israélienne.
Les dernières événements qui ont secouées Gaza et l’humiliation d’Israël suscite une multitude de réflexion sur les enjeux du conflit dans toute la région et aussi au sein du monde musulman. Quels enjeux en perspective, les futurs défis, la position de l’Union-Européenne et des Etats-Unis, le Hamas et le Hezbollah, les milices chiites, le président Abbas et son gouvernement, la réaction de l’Iran face à Israël et les monarchies du Golfe ? Je répondrais à toutes ses questions dans la prochaine analyse.
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
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