mercredi 14 octobre 2020

 GÉOSTRATÉGIE/ NUCLÉAIRE : LE GRAND 

DÉFI DE LA CORÉE DU NORD

De 1895 à 1945, la Corée est occupée par le Japon qui maltraite et exploite la population. En 1945, Soviétique et Américain se partagent au 38 e parallèle.  La Corée qu’ils ont libérée chacun d’eux y installe un régime proche. En 1950 la Corée du Nord essaye avec l’aide de la Chine d’envahir la Corée du Sud, défendue par les Etats-Unis. Cette « guerre de Corée », le plus grave conflit de la guerre froide, s’achève en 1935 par la confirmation du statu quo territorial.


Deux régimes dictatoriaux émergent : l’un communiste au Nord, soutenu par Pékin et Moscou, l’autre, militaire au Sud, protégé par Washington. Dans les années 1980 la Corée du Sud devient une démocratie. Les deux Corée sont admises ensemble à l’ONU en 1991. Mais si la Corée du Sud a connu un très fort développement économique au point de devenir le 13 e PNB mondial et de faire partie du G 20, la Crée du Nord est resté un régime totalitaire autarcique et de pénurie, sans autre ressource que l’aide internationale. L’essentiel de ses moyens passe dans la constitution d’une capacité balistique et nucléaire capable d’inquiéter la Corée du Sud, Le Japon et les Occidentaux. A partir de 1998, la Corée du Sud a mené une politique de rapprochement avec la Corée du Nord. La réunification reste l’objectif mais elle n’est pas désirée d’urgence, car elle bouleverserait la Corée du Sud économiquement et socialement. La Corée du Sud cherche plutôt un atterrissage en douceur de la Corée du Nord qui s’ouvrirait et se moderniserait très progressivement en évitant les deux chocs brutaux que seraient l’affrontement militaire et la réunification rapide par implosion du régime nord-coréen. Ce dernier tente de survivre en faisant jouer sa capacité de nuisance.

LA LONGUE MARCHE VERS LE NUCLÉAIRE


Intervenant après ceux de 2006 et de 2009, il avait été mené pour protéger la sécurité nationale et la souveraineté du pays, avait alors précisé l’agence officielle « KCNA ». La Corée du Nord l’a présenté  comme un succès, affirmant avoir réussi à produire une bombe atomique miniaturisée et plus légère. L’essai soulevait plusieurs questions, à commencer par celle de la matière fissile utilisée. Pyongyang détiendrait entre 24 et 40 kilos de plutonium, suffisamment pour fabriquer de 4 à 8 bombes issus de son réacteur de 5 mégawatts de Yongbon, à une centaine de kilomètres au nord de Pyongyang, aujourd’hui arrêté. La Corée du Nord pourrait également avoir utilisé de l’uranium enrichi, car elle maîtriserait désormais cette technique. Les services Occidentaux étaient stupéfait par le caractère ultramoderne des installations, qui contenaient 2000 centrifugeuses, les services soupçonnent alors l’existence d’autres sites secrets d’enrichissement. Les recherches commencent réellement quand Pyongyang signe en 1959 un accord de coopération avec l’URSS, qui prévoit la construction d’un réseau expérimental à Yongbyon et la formation de scientifiques. Sachant que les origines remontent aux années 1950. En 1952, le dictateur crée l’institut de recherche  sur l’énergie atomique et l’académie des sciences. Au fil des années, 300 chercheurs nord-coréens seraient passés par les laboratoires soviétiques. Le réacteur expérimental démarre en 1965. Toujours avec l’aide des soviétiques, ils y ajoutent en 1977 un laboratoire de radiochimie officiellement destinée à la production d’isotopes amenées à être utilisés dans les domaines médicale et industriel. Ces installations, enrichies dans les années 1980 par de nouveaux petits réacteurs expérimentaux, servent également à la production de plutonium, ce que le dirigent avoue en 1993 à l’AIEA. La Corée du Nord, aurait également collaborée avec la Chine. Mais en 1964, quand Kim II sung a demandé à Mao Zedong de partager le savoir faire chinois en matière de nucléaire militaire, celui-ci aurait refusé. Dans les années 1960 et toujours avec l’URSS, la Corée du Nord lance la construction d’un autre réacteur, de type Magnox fonctionnant à l’uranium non enrichi, qui atteint le niveau de criticité en 1985. Ce réacteur fonctionne par intermittence jusqu’en 1994, date de la signature avec les Etats-Unis d’un accord prévoyant son remplacement par deux réacteurs à eau légère, une technologie qui complique la production de matières fissiles à des fins militaires. La construction des réacteurs à eau légère était confiée au consortium KEDO, qui réunissait les Etats-Unis la Corée du Sud et le Japon. La mise en place, en 2003, du cadre des pourparlers à six, qui réunissait les deux Corée, la Chine, les Etats-Unis, la Russie et le Japon, devait permettre une relance du dialogue entre Pyongyang et Washington, la Corée du Nord ayant toujours eu comme objectif majeur de conclure un accord de paix avec les Etats-Unis. L’intransigeance manifestée des deux cotés n’a pas permis de progresser. Au contraire, la Corée du Nord a mené deux essais nucléaire qui ont suscité de vives critiques y compris de son allié Chinois au niveau international et celles-ci se sont traduites par l’adoption de sanctions onusiennes. Faute de terrain d’entente, et toujours focalisée sur sa sécurité, le régime n’a jamais cessé ses activités d’enrichissement d’uranium, qui auraient commencé à la fin des années 1990. Pour maîtriser l’enrichissement, elle aurait mené une collaboration avec le Pakistan, qui lui en aurait fournis les moyens techniques. Ce serait dans les laboratoires d’Abdul Qadeer Khan, père de la bombe Pakistanaise, que les techniciens nord-coréens auraient été formés à cette technologie.

Toujours en état de guerre avec son voisin sud-coréen, malgré la signature de l’armistice de 1953 qui n’a jamais débouché sur un traité de paix, possède la quatrième armée du monde en effectifs, et même la première, et de très loin si l’on rapporte les effectifs à la population du pays (49 militaires actifs pour 1000 habitants). Une militarisation de la société sans équivalent qui prend toute sa mesure si l’on ajoute à ces chiffres les 8 millions de réservistes que compte officiellement le pays.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

 

 

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