Si le
soft power désigne la capacité d’influence et de persuasion d’un Etat, de ses
acteurs politiques, économiques et culturels sur la scène internationale.
Emmanuel Macron, dans sa vision sur la dialectique des volontés et des
intelligences qui fonde toute stratégie. Lui permet de peser sur les
situations, dans un univers ou la guerre de l’information et l’influence
dessinent de nouveaux affrontements. En se sens, il doit influencer les règles du jeu, mais
surtout les modes de pensée, et la culture de l’autre. Cette nouvelle stratégie
d’influence, lui permet d’orienter ses décisions, de le faire agir dans le sens
de ses intérêts et s’imposé comme un stratège incontournable.
Le
nouveau soft et hard power de la diplomatie Française, repose sur
l’attractivité, la séduction et l’intelligence de la situation. Dans un monde
capitaliste et mondialisé, la maîtrise de l’information et de la connaissance y
joue un rôle capital. Aujourd’hui transformé par des équilibres géopolitiques
et géostratégiques fragilisés, les batailles d’influences se jouent désormais
en Asie-Pacifique. Le président Emmanuel Macron, a réactivé les stratégies de
soft power au moment du déclin de la France, pour faire face à des
problématiques d’influences stratégiques. A travers ses discours, il incite à
sortir de cette lassitude stratégique, et à cesser d’être à la remorque de
modèle conçus ailleurs et se réapproprier aux engagements fondamentaux, en
particulier en matière d’influence.
MACRON ET
LA STRATÉGIE DU PIVOT VERS L’ASIE
En
diversifiant les partenariats et en modifiant l’image de la France dans une
région ou cohabitent des puissances économiques de premier plan, mais aussi des
géants démographiques et des acteurs militaires majeurs. L’Asie Orientale
représentera en 2020 plus de 32% du PIB mondial, dont plus de la moitié pour la
Chine. C’est également en Asie que subsistent de nombreux différents
territoriaux et maritimes, des tensions historiques et des rivalités qui soulèvent
des risques de conflit et alimentent des postures nationalistes. En clair, si
l’Asie est en passe de devenir le pivot de l’économie mondiale, l’absence d’une
réelle intégration régionale est porteuse d’énormes paradoxes. Ces mutations
ont un impact sur les intérêts de la France, représentés dans cet ensemble
régional en termes d’échanges économiques, et aussi diplomatique. C’est pourquoi Macron s’est rendu en Inde,
après avoir visité la Chine, comme pour réaffirmer l’importance que la France
accorde à cette région. Des rencontres sont aussi à prévoir avec le Japon, la
Corée du Sud au cours de cette année et le Vietnam en 2019. Historiquement et
géographiquement, la France est impliquée en Asie-Pacifique avec de vastes
territoires d’outre-mer et une immense zone économique exclusive et dans ses
aspects politico-stratégiques, comme membre permanent du Conseil de sécurité de
l’ONU et puissance nucléaire reconnue par le traité sur la non-prolifération des
armes nucléaires (TNP). L’engagement dans la sécurité en Asie-Pacifique est
ainsi pour la France un atout de taille diplomatique qui privilégie le
partenariat et la coopération. C’est dans ce contexte que les échanges accrus
avec le Japon s’inscrivent, autant que les relations avec d’autres pays
bénéficiant d’un accès sur le Pacifique, comme l’Australie et l’Indonésie.
COOPÉRATIONS MILITAIRES ET PARTENARIATS BILATÉRAUX
Militairement
présente dans l’océan Pacifique, la France est le seul pays européen qui
dispose des forces armées en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française
comptant 3000 hommes. Ce dispositif militaire, cherche de nouveaux
points d’ancrage avec la Chine, le Japon avec lequel a été mis en place en
janvier 2014 une enceinte de dialogue « 2+2 » associant les ministres
des Affaires étrangères et de la défense
des deux pays. Les autres Etas, comme l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le
Vietnam, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Singapour déjà
membres du « CHODS » (Chiefs of Defense Seminar), du WPNS (western
Pacific Naval Symposium), du NPCGF (North Pacific Coast Guard Forum), du SPDMM
(South Pacific Defense Ministers Meetings) et du QUAD ( Quadrilateral Defense
Coordination Group). Depuis 2012, la France participe au dialogue
« Shangri-La » à Singapour, sur les questions régionales de sécurité,
et a manifesté son engagement à rejoindre l’ADMM et le ReCAAP (Regional
Cooperation Agreement on Combating Piracy and Armed Robbery against Ships in
Asia), et à l’exception de la Corée du Nord avec laquelle la France n’a pas de
relations diplomatiques. Cette stratégie
d’engagement dans les architectures régionales en matière de sécurité traduit
une volonté accrue qui dépasse les dialogues déjà existants avec les grandes
puissances Asiatiques comme l’Inde et la Chine principal client de la France
notamment en matière d’industrie d’armement.
LA
DIPLOMATIE FRANÇAISE VERS UN BASCULEMENT DISCRET FACE AU PIVOT AMÉRICAIN
Région dynamique
en devenir, disposant d’immenses ressources, l’ASEAN représente un enjeu de
poids pour une diplomatie Française qui ne tourne pas le dos à ses partenaires
traditionnels en Asie. Au cours de la dernière décennie, en constate une forte implication de la
France en Asie-Pacifique dans les tensions qui agitent cette région. A partir
de 3013, on parle d’un pivot Français vers l’Asie, à l’instar du pivot
américain, même s’il s’agit d’un basculement modéré. A partir de cette vision
diplomatique, on réalise que la France s’efforce d’éviter toute confrontation
avec Washington et que le pivot Français n’est pas principalement militaire,
comme pouvait l’être celui des américains.
Au-delà de cette réaffirmation à
la fois géopolitique et géostratégique, ce sont les aspects économiques,
commerciaux et diplomatiques qui sont d’abord mis en avant. A cet égard, c’est
l’Asie du Sud-Est qui a les faveurs d’Emmanuel Macron. Région composée de dix
Etats, disposant d’immenses ressources et très dynamique en devenir, c’est
plutôt la diplomatie qui rentre au
service de l’impératif économique et la
prospection de nouveaux marchés en Asie.
LA
CONVERGENCE DES INTÉRÊTS ENTRE PARIS,
PÉKIN ET L'EU
Dans les
cercles diplomatiques Français, les initiatives d’Emmanuel Macron en faveur des
nouvelles routes de la soie chinoises, exposées lors de sa visite début janvier
2018, ne font que renforcer la volonté de maintenir ce principe de pivot dans
la durée. Paris voit dans la relation
avec la Chine un moyen d’entretenir une influence internationale. Du coté Chinois, elle voit dans la France une
cible de choix placée sous le signe de la volonté de Paris d’accompagner ce
vaste projet et, d'entraîner les autres pays Européens. Paradoxalement, la
position de la France, se heurte à des
obstacles, au premier rang desquels le positionnement par rapport à l’Union-Européenne. Cet engagement, nécessite ainsi une
coopération de ses partenaires européens et une compétition très vive dans
cette région ambitieuse. En ce sens, afin de maintenir la survie de l’UE, le succès
d’Emmanuel Macron vers l’Asie, doit reposé à la fois sur ça capacité à insérer
dans un projet européen, tout en présentant des spécificités faisant sa force. Parallèlement,
Pékin et Paris sont partenaires sur de multiples dossiers importants, qui
regroupent les grands contrats comme le nucléaire, l’aéronautique, spatiale, et
ferroviaire. Avec l’Inde, le jeu d’équilibriste
de la France prend des dimensions prometteuses dans les échanges commerciaux et
stratégiques. Présente dans l’océan Indien, la volonté de Paris et de
promouvoir une multipolarité et une coopération avec les puissances émergentes.
Le soft power Français en Asie-Pacifique s’appuie aussi, sur la francophonie dans de nombreux pays, ou il est enseigné
comme deuxième langue, avec le soutien du ministère des Affaires étrangères. L’Inde compte un million d’étudiants qui apprennent
cette langue, la Chine 100 000 et l’Indonésie 60 000 apprenants, s’y
ajoutent aussi des pays comme le Cambodge,
le Laos ou la Thaïlande. Sur ce point, la francophonie pèse encore de tout son
poids, en assurant des relais de diffusion de la production culturelle Française.
En comparaison avec les américains et
les autres pays européens, la France dispose d’un avantage conséquent dans l’enseignement
du Français, mais le soutien de Bruxelles pourrait s’avérer décisif dans la
capacité de Paris à accroitre son influence dans cette région.
LE JAPON,
L’UNION EUROPÉENNE ET LA FRANCE :
UNE COOPÉRATION EN MARCHE
La
relation entre le Japon et les Etats-Unis est soumise à des interprétations
quant à sa fiabilité, sa profondeur et aussi sa durée. Le partenariat
nippo-américain se caractérise par une relation fragilisée par des divergences
et d’approche. Depuis quelques temps, le
Japon cherche à s’autonomiser en se rapprochant avec d’autres partenaires, tout en s’affirmant qu’il ne satisfait plus
de la seule protection américaine. Dans
le cadre de la refonte des équilibres internationaux, le Japon veut forger des
alliances avec l’Union-Européenne qui répond à la dynamique de création d’un
environnement prospère à l’échelle internationale. L’UE devient alors une
alliée de choix pour le Japon, dans cette vision des choses, la France est considéré
comme un allié de poids pour Tokyo. Les deux pays, s’entendent parfaitement sur
la question nucléaire Nord-Coréenne, et
l’intensification des échanges entre l’UE et le Japon ne cessent de croître depuis l’accord de libre-échange signé en 2017.
Pour
Macron, l’Europe doit construire sa défense et de moins en moins compter sur l’OTAN,
qui repose sur les américains alors qu’eux-mêmes se désintéressent peu à peu de
l’Europe. Par ailleurs, l’Europe doit jouer un rôle dans les relations
internationales, parce qu’elle est une puissance stabilisatrice dont le monde
en ébullition à besoin. En somme, l’armée
Française est forte de n’avoir jamais cédé aux sirènes de l’OTAN, ce qui lui a
permis de conserver un spectre de capacité lui conférant une totale autonomie.
MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA
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