mardi 29 mai 2018

GÉOPOLITIQUE/ LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ASIE-PACIFIQUE ET LE SOFT ET LE HARD POWER DE MACRON



Si le soft power désigne la capacité d’influence et de persuasion d’un Etat, de ses acteurs politiques, économiques et culturels sur la scène internationale. Emmanuel Macron, dans sa vision sur la dialectique des volontés et des intelligences qui fonde toute stratégie. Lui permet de peser sur les situations, dans un univers ou la guerre de l’information et l’influence dessinent de nouveaux affrontements. En se sens,  il doit influencer les règles du jeu, mais surtout les modes de pensée, et la culture de l’autre. Cette nouvelle stratégie d’influence, lui permet d’orienter ses décisions, de le faire agir dans le sens de ses intérêts et s’imposé comme un stratège incontournable.  





Le nouveau soft et hard power de la diplomatie Française, repose sur l’attractivité, la séduction et l’intelligence de la situation. Dans un monde capitaliste et mondialisé, la maîtrise de l’information et de la connaissance y joue un rôle capital. Aujourd’hui transformé par des équilibres géopolitiques et géostratégiques fragilisés, les batailles d’influences se jouent désormais en Asie-Pacifique. Le président Emmanuel Macron, a réactivé les stratégies de soft power au moment du déclin de la France, pour faire face à des problématiques d’influences stratégiques. A travers ses discours, il incite à sortir de cette lassitude stratégique, et à cesser d’être à la remorque de modèle conçus ailleurs et se réapproprier aux engagements fondamentaux, en particulier en matière d’influence.

MACRON ET LA STRATÉGIE DU PIVOT VERS L’ASIE


En diversifiant les partenariats et en modifiant l’image de la France dans une région ou cohabitent des puissances économiques de premier plan, mais aussi des géants démographiques et des acteurs militaires majeurs. L’Asie Orientale représentera en 2020 plus de 32% du PIB mondial, dont plus de la moitié pour la Chine. C’est également en Asie que subsistent de nombreux différents territoriaux et maritimes, des tensions historiques et des rivalités qui soulèvent des risques de conflit et alimentent des postures nationalistes. En clair, si l’Asie est en passe de devenir le pivot de l’économie mondiale, l’absence d’une réelle intégration régionale est porteuse d’énormes paradoxes. Ces mutations ont un impact sur les intérêts de la France, représentés dans cet ensemble régional en termes d’échanges économiques, et aussi diplomatique.  C’est pourquoi Macron s’est rendu en Inde, après avoir visité la Chine, comme pour réaffirmer l’importance que la France accorde à cette région. Des rencontres sont aussi à prévoir avec le Japon, la Corée du Sud au cours de cette année et le Vietnam en 2019. Historiquement et géographiquement, la France est impliquée en Asie-Pacifique avec de vastes territoires d’outre-mer et une immense zone économique exclusive et dans ses aspects politico-stratégiques, comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et puissance nucléaire reconnue par le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). L’engagement dans la sécurité en Asie-Pacifique est ainsi pour la France un atout de taille diplomatique qui privilégie le partenariat et la coopération. C’est dans ce contexte que les échanges accrus avec le Japon s’inscrivent, autant que les relations avec d’autres pays bénéficiant d’un accès sur le Pacifique, comme l’Australie et l’Indonésie.

COOPÉRATIONS MILITAIRES ET PARTENARIATS BILATÉRAUX

Militairement présente dans l’océan Pacifique, la France est le seul pays européen qui dispose des forces armées en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française comptant 3000 hommes.  Ce  dispositif militaire, cherche de nouveaux points d’ancrage avec la Chine, le Japon avec lequel a été mis en place en janvier 2014 une enceinte de dialogue « 2+2 » associant les ministres des  Affaires étrangères et de la défense des deux pays. Les autres Etas, comme l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Vietnam, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Singapour déjà membres du « CHODS » (Chiefs of Defense Seminar), du WPNS (western Pacific Naval Symposium), du NPCGF (North Pacific Coast Guard Forum), du SPDMM (South Pacific Defense Ministers Meetings) et du QUAD ( Quadrilateral Defense Coordination Group). Depuis 2012, la France participe au dialogue « Shangri-La » à Singapour, sur les questions régionales de sécurité, et a manifesté son engagement à rejoindre l’ADMM et le ReCAAP (Regional Cooperation Agreement on Combating Piracy and Armed Robbery against Ships in Asia), et à l’exception de la Corée du Nord avec laquelle la France n’a pas de relations diplomatiques.  Cette stratégie d’engagement dans les architectures régionales en matière de sécurité traduit une volonté accrue qui dépasse les dialogues déjà existants avec les grandes puissances Asiatiques comme l’Inde et la Chine principal client de la France notamment en matière d’industrie d’armement.

LA DIPLOMATIE FRANÇAISE VERS UN BASCULEMENT DISCRET FACE AU PIVOT AMÉRICAIN

Région dynamique en devenir, disposant d’immenses ressources, l’ASEAN représente un enjeu de poids pour une diplomatie Française qui ne tourne pas le dos à ses partenaires traditionnels en Asie. Au cours de la dernière décennie,  en constate une forte implication de la France en Asie-Pacifique dans les tensions qui agitent cette région. A partir de 3013, on parle d’un pivot Français vers l’Asie, à l’instar du pivot américain, même s’il s’agit d’un basculement modéré. A partir de cette vision diplomatique, on réalise que la France s’efforce d’éviter toute confrontation avec Washington et que le pivot Français n’est pas principalement militaire, comme pouvait l’être celui des américains.  Au-delà de cette réaffirmation  à la fois géopolitique et géostratégique, ce sont les aspects économiques, commerciaux et diplomatiques qui sont d’abord mis en avant. A cet égard, c’est l’Asie du Sud-Est qui a les faveurs d’Emmanuel Macron. Région composée de dix Etats, disposant d’immenses ressources et très dynamique en devenir, c’est plutôt  la diplomatie qui rentre au service de  l’impératif économique et la prospection de nouveaux marchés en Asie.

LA CONVERGENCE DES INTÉRÊTS ENTRE PARIS, 

PÉKIN ET L'EU

Dans les cercles diplomatiques Français, les initiatives d’Emmanuel Macron en faveur des nouvelles routes de la soie chinoises, exposées lors de sa visite début janvier 2018, ne font que renforcer la volonté de maintenir ce principe de pivot dans la durée.  Paris voit dans la relation avec la Chine un moyen d’entretenir une influence internationale.  Du coté Chinois, elle voit dans la France une cible de choix placée sous le signe de la volonté de Paris d’accompagner ce vaste projet et, d'entraîner les autres pays Européens. Paradoxalement, la position de la France, se heurte  à des obstacles, au premier rang desquels le positionnement par rapport à l’Union-Européenne.  Cet engagement, nécessite ainsi une coopération de ses partenaires européens et une compétition très vive dans cette région ambitieuse. En ce sens, afin de maintenir la survie de l’UE, le succès d’Emmanuel Macron vers l’Asie, doit reposé à la fois sur ça capacité à insérer dans un projet européen, tout en présentant des spécificités faisant sa force. Parallèlement, Pékin et Paris sont partenaires sur de multiples dossiers importants, qui regroupent les grands contrats comme le nucléaire, l’aéronautique, spatiale, et ferroviaire.  Avec l’Inde, le jeu d’équilibriste de la France prend des dimensions prometteuses dans les échanges commerciaux et stratégiques. Présente dans l’océan Indien, la volonté de Paris et de promouvoir une multipolarité et une coopération avec les puissances émergentes. Le soft power Français en Asie-Pacifique s’appuie aussi, sur la francophonie  dans de nombreux pays, ou il est enseigné comme deuxième langue, avec le soutien du ministère des Affaires étrangères.  L’Inde compte un million d’étudiants qui apprennent cette langue, la Chine 100 000 et l’Indonésie 60 000 apprenants, s’y ajoutent aussi  des pays comme le Cambodge, le Laos ou la Thaïlande. Sur ce point, la francophonie pèse encore de tout son poids, en assurant des relais de diffusion de la production culturelle Française.  En comparaison avec les américains et les autres pays européens, la France dispose d’un avantage conséquent dans l’enseignement du Français, mais le soutien de Bruxelles pourrait s’avérer décisif dans la capacité de Paris à accroitre son influence dans cette région.

LE JAPON, L’UNION EUROPÉENNE ET LA FRANCE : 

UNE COOPÉRATION EN MARCHE

La relation entre le Japon et les Etats-Unis est soumise à des interprétations quant à sa fiabilité, sa profondeur et aussi sa durée. Le partenariat nippo-américain se caractérise par une relation fragilisée par des divergences et d’approche.  Depuis quelques temps, le Japon cherche à s’autonomiser en se rapprochant avec d’autres partenaires,  tout en s’affirmant qu’il ne satisfait plus de la seule protection américaine.  Dans le cadre de la refonte des équilibres internationaux, le Japon veut forger des alliances avec l’Union-Européenne qui répond à la dynamique de création d’un environnement prospère à l’échelle internationale. L’UE devient alors une alliée de choix pour le Japon, dans cette vision des choses, la France est considéré comme un allié de poids pour Tokyo. Les deux pays, s’entendent parfaitement sur la question nucléaire  Nord-Coréenne, et l’intensification des échanges entre l’UE et le Japon ne cessent de croître depuis l’accord de libre-échange signé en 2017.


Pour Macron, l’Europe doit construire sa défense et de moins en moins compter sur l’OTAN, qui repose sur les américains alors qu’eux-mêmes se désintéressent peu à peu de l’Europe. Par ailleurs, l’Europe doit jouer un rôle dans les relations internationales, parce qu’elle est une puissance stabilisatrice dont le monde en ébullition à besoin. En somme,  l’armée Française est forte de n’avoir jamais cédé aux sirènes de l’OTAN, ce qui lui a permis de conserver un spectre de capacité lui conférant une totale autonomie.

MOHAMMED CHÉRIF BOUHOUYA





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire