mardi 8 septembre 2015

GEOSTRATEGIQUE / LE MONDE DE DEMAIN : ENTRE HORIZON GEOSTRATEGIQUE ET CHAOS GEOPOLITIQUE


Au cours des deux décennies prochaines, ni les Etats-Unis, ni la Chine, ni aucune autre puissance ne détiendra de pouvoir hégémonique. La montée en puissance des individus, et la diffusion du pouvoir à tous les Etats, le monde sera radicalement différent. Penser le monde du futur, c’est d’abord les dictatures et les monarchies arabes qui seront condamnées au déclin et la perte d’influence.



Le scénario pessimiste qui se désigne à l’horizon des prochaines années, la réalité sera plus probablement faite de complexité géopolitique, géostratégique et même géoéconomique. Notre monde retournera à la configuration instable qu’il a connu au début du XX siècle, avec une puissance américaine déclinante, une léthargie de la mondialisation et surtout un avenir qui nous réserve l' enchaînement des conflits géopolitiques. Le monde sera sous la domination de la chine et des Etats-Unis qui collaborent sur un éventail géostratégique conduisant à une coopération mondiale plus large. Mais quelle que soit la forme finale, le scénario multipolaire restera lointain en raison de l’évolution de certaines puissances émergentes et des nombreux défis internes et externes auxquels elles seront confrontées. Le déclin de la perte d’influence de l’occident seront opposés indéniablement à l’ascension de l’Asie, entraînant des conflits et une forte augmentation du nombre d’Etats faillis en l’absence d’une coopération internationale sur l’aide et le développement. Parmi les événements les plus susceptibles de provoquer des bouleversements internationaux de grande ampleur, en peut envisager l’éclatement de l’Union européenne, l’influence de l’Iran entant que puissance régionale, une chine plus nationaliste, un désengagement américain des affaires internationales, le défi climatique sur toute la chaine alimentaire et les futurs exilés, ou une guerre nucléaire. En Afrique, les régimes autoritaires utilisent la crainte du retour à la guerre civile, comme principale argument, d’autres invoquent la montée des mouvements terroristes et le retour des islamistes au pouvoir. Les références à l’Afrique se présenteront comme un tissu de généralités creuses sur l’émergence des classes moyennes, les blocages de la gouvernance, les défis démographiques du continent, le grand réveil de l’Islam, les affrontements ethniques et confessionnels. L’Afrique futuriste, restera plus pauvre que jamais, l’exploitation de ses ressources ne lui profite désormais plus, les adeptes d’un capitalisme sans scrupule réinvestissent le minimum sur place, juste pour assurer leur sécurité. La future Afrique ressemblera à un océan de pauvreté, le continent plus urbanisé aujourd’hui, soufrera plus que jamais de malnutrition, d’autant plus que ses richesses, qu’elles soient agricoles ou minières seront exfiltrées du continent. Véritable mosaïque comportant des centaines d’ethnies et gangrenés par le crime organisé, à laquelle se mêle la guerre de religion et les convoitises des richesses, l’Afrique est devenue une poudrière qui ne sera jamais unifié et en paix. Le maintien du pétrole à des cours peu élevés déstabiliserait toute l’économie dépendante de ses exportations et qui s’apparente à un pillage flagrant. L’atmosphère géopolitique qui règne en Afrique semble sans remède, le PIB s’effondre de jour en jour, les inégalités sont encore plus fortes, et les violences « interethniques et confessionnelles » supposent une mobilisation permanente. Autrefois promise à un grand avenir, l’Algérie qui domine économiquement et politiquement le continent, a sombré dans un chaos qui semble inexorable sans oublier l’Afrique du Sud et le Nigéria.

VERS LE DÉCLIN DE L’INFLUENCE DES MONARCHIES DU GOLFE


Le Moyen-Orient restera le théâtre de profonds bouleversements qui changeront l’équilibre des forces et les enjeux d’influences dans les années à venir. L’Arabie saoudite qui a conduit l’Egypte à sa perte d’influence, afin de se présenter comme leader du monde Arabe et monarchie autoproclamé du monde musulman, les deux pays connaîtront dans un avenir proche leur déclin du schéma géostratégique. Le pouvoir de la monarchie saoudienne et son influence régionale sera menacée par l’Iran, l’Etat islamique, la montée en puissance des frères musulmans et le chômage des jeunes. Si les Houttistes  perdent leur légitimité sur le pays, c’est Al-Qaïda qui va prendre le contrôle et l’Egypte sombrera dans la spirale d’une guerre civile. La Turquie troisième pays peuplé de la région après l’Egypte et l’Iran, se positionnera comme chef de fil du monde sunnite, vu son implication dans son voisinage (conflit Israélo-Palestinien, soutien aux frères musulmans en Egypte, la Libye, l’Algérie, le Hamas et certains monarchies du Golfe.)  Les mouvances Islamistes, contestent la légitimation des régimes monarchiques, et reprendront à leurs comptes le discours de l’union d’un guide spirituel et temporel de « la Oumma ». Ils s’attaqueront aux populations chiites afin de forcer les monarchies à réagir : soit ils protégeront ses derniers au risque de contredire leurs idéologie Wahhabite, soit ils luteront contre l’expansion des chiites attaqués par l’Etat islamique. Le régime de Bachar tombera, entraînant avec lui la chute totale de l’influence du Hezbollah, l’Irak connaîtra le même sort et l’Etat islamique s’imposera comme un acteur incontournable. Si les Etats-Unis et l’UE y sont frontalement opposés, et que l’Iran est vu comme pragmatique et réaliste, à même de contribuer à une multipolarité régionale avec Israël et les monarchies du Golfe, qui permettrait aux américains de s’orienter vers l’Asie ; la probabilité d’un Etat Islamique sera indéniablement fiable dans la région. La Russie a la recherche de l’empire éclaté, connaîtra une récession spectaculaire et un amenuisement géopolitique vu l’hégémonie américaine, l’hostilité des pays voisins, et surtout la montée en puissance des minorités islamistes dans la région.




Si la vision libérale d’un monde pacifié par l’ouverture des frontières devait immanquablement se réaliser. L’histoire nous a prouvé que la plupart des civilisations en déclin sont marquées par une incapacité de prévoir les dangers. La sanction de la cécité intellectuelle ne peut voir le monde comme il est, les puissances accumulent les erreurs stratégiques et n’imaginant jamais leur chute.

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA   

       


   

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