dimanche 24 janvier 2021

 GÉOPOLITIQUE/ ISRAËL/ CISJORDANIE :  UNE 

ALLIANCE EN SURSIS

En 1967, au terme de la guerre dite des Six jours, Israel prend le contrôle du plateau du Golan(1), au nord, de la Cisjordanie, à l’est, de la     bande de Gaza et de la péninsule du Sinaï, au sud. Depuis lors, le Sinaï a été restitué à l’Egypte, dans le cadre de l’accord de paix signé en 1979. La question du Golan, annexé unilatéralement par Israel en 1981, ne se reposera probablement que si des négociations reprennent avec la Syrie, ce qui dans le contexte actuel ne parait pas devoir se produire à court terme.                              

Si des controverses juridiques persistent sur le statut de Gaza, Israel a démantelé en 2005 l’ensemble des implantations qui y avaient construites. Ainsi, c’est l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est qui est actuellement le principal enjeu, parce que l’extension continue des implantations, y compris depuis le début du processus de paix, est en contradiction directe avec la solution à deux Etats, perçue par l’ensemble de la communauté internationale comme la condition « sine qua non » à un règlement pacifique du conflit.  Hormis Israel, l’occupation de la Cisjordanie reste contraire aux valeurs internationales et aux intérêts de long terme d’Israel.  Pour revenir à l’histoire, à la fin du mandat britannique sur la Palestine, la résolution « 181 », qui prévoit la création, de deux Etats, l’un juif, l’autre arabe, n’est pas appliquée : le 15 mai 1948, les pays arabes coalisés attaquent l’Etat d’Israël dont David Ben Gourion vient de proclamer l’indépendance. Au terme de huit mois de combats entrecoupés de plusieurs cessez-le-feu, l’Etat de Palestine prévu par la résolution 181 ne voit pas le jour puisque son territoire est occupé : la Galilée et le Néguev par Israël, la bande de Gaza par l’Egypte et la rive ouest du Jourdain par la Transjordanie qui, l’ayant annexée, deviendra la Jordanie en 1950. La Cisjordanie désigne depuis lors les territoires compris entre le Jourdain et la ligne d’armistice israélo-transjordanien de 1949, appelée (ligne verte). Dés la fin des années 1940, des groupes de combattants palestiniens, vont mener des attaques contre des cibles civiles et militaires sur le territoire israélien. En représailles, Israël lancera des opérations parfois de grande envergure qui feront elles aussi des dizaines de morts. Ce cycle de violence contribuera à alimenter les tensions qui débouchent sur la guerre de Six Jours. Au terme de cette troisième guerre israélo-arabe, la résolution 242 votée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 22 novembre 1967 pose le principe de la paix contre les territoires : Israël doit évacuer les territoires conquis, en échange de quoi les Etats arabes doivent mettre fin à l’état de belligérance et reconnaître l’existence d’Israël. Les Etats arabes exigent un retrait préalable avant toute négociation et, tandis qu’Israël, profitant des ambiguïtés de la rédaction de la résolution 242, se déclare prêt à rendre des territoires, c’est-à-dire une partie en échange de la paix, mais exclut de rendre les territoires, c’est-à-dire tous. Ainsi le Parlement israélien adopte dés le 27 juin 1967 une loi qui permettra l’annexion de la partie orientale de Jérusalem et de plusieurs villages arabes. De même des voix s’élèvent pour s’opposer à la restitution de la Cisjordanie, que la droite nationaliste et les partis religieux désignent sous les noms de « Judée » au sur de Jérusalem et de Samarie au nord et considèrent comme partie intégrante « d’Eretz Israël, ou la terre d’Israël  donnée au peuple juif par Dieu, qu’il serait donc sacrilège d’abandonner.  Bien qu’elle ne souscrive pas à cette vision, la coalition travailliste au pouvoir lance une politique de développement d’implantation, d’abord pour des raisons défensives dans la vallée du Jourdain puis le long de la ligne verte, et ne s’oppose que mollement aux initiatives des plus radicaux, regroupés dans (le Goush Emounim, ou Bloc de la foi) crée en 1974, qui commencent à s’installer sans autorisation à travers la Cisjordanie, en particulier autour des lieux saints. Au cours des années 1970, l’OLP qui revendique l’instauration d’un Etat palestinien sur toute la Palestine, s’impose comme la principale représentante du peuple palestinien. Prônant la lutte armée contre Israël, dont elle refuse officiellement l’existence, la centrale palestinienne dirigée par Yasser Arafat mène parallèlement démarches diplomatiques et attaques (assassinats, détournement d’avions, attentats à la bombe partout dans le monde. Entretemps, la première intifada a éclaté à Gaza en 1987, mettant un terme au mythe de l’occupation heureuse selon lequel Israël pourrait faire oublier aux Palestiniens leurs aspirations nationales en améliorant leurs conditions de vie ; les passages de la Charte de l’OLP appelant à la destruction d’Israël ont été déclarés caducs ; et la guerre froide a pris fin, privant les principaux adversaires d’Israël de leur allié soviétique. S’ils ne donnent pas explicitement pour but la création d’un Etat palestinien, les accords d’Oslo reprennent le principe de la paix contre les territoires, officialisent la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP et posent les bases d’un régime d’autonomie Palestinienne. Au fil du temps, l’idée que la paix passe par deux Etats s’impose et les paramètres  de cette solution émergent : création d’un Etat palestinien à Gaza et en Cisjordanie, avec Jérusalem-Est pour capitale, dans les frontières 1967 avec des rectifications de frontières mutuellement consenties, évacuation des implantations non contiguës à la Ligne verte, et solution négociée à la question des réfugiés. Un accord semble à portée de main. Mais vingt-cinq ans après de processus de paix, marqués par plusieurs compagnes d’attentats et la seconde Intifada, d’une part, et des opérations militaires en Cisjordanie et à Gaza et l’accélération du développement des implantations, d’autre part, la situation parait bloquée : chacun des partenaires doute de la volonté de paix de l’autre.

CISJORDANIE : QUELLE CONTINUITÉ TERRITORIALE ?

On estime qu’environ 2,5 millions de Palestiniens habitent en Cisjordanie. Du point de vue administratif, ce territoire est divisé, en vertu des accords d’Oslo (1993-1994) et de Taba 1995, en trois zones au statut distinct. Les six principaux agglomérations, Bethléem, Jénine, Kalkiliya, Naplouse, Ramallah et Tulkarem, où réside la majorité de la population palestinienne, sont théoriquement sous contrôle exclusif de l’Autorité palestinienne (zone A) ; Les districts ruraux relèvent d’un système de supervision conjointe israélo-palestinienne (zone B). Les zones A et B représentent à elles deux 40% du territoire de la Cisjordanie. Israël conserve le contrôle exclusif sur les 60% restants, qui constituent la zone C. C’est là que sont situées la quasi-totalité des implantations israéliennes. Sur le terrain, la situation est plus complexe. En effet, les zones A et B sous contrôle total ou partiel de l’Autorité palestinienne, ne forment pas un territoire homogène mais plutôt un archipel de 165 îles disséminées dans toute la Cisjordanie et isolées les uns des autres par une mer constituée par la zone C. En l’absence de « continuité territoriale », l’Autorité palestinienne n’a en fait que très peu de pouvoir et ne peut quasiment rien faire sans l’accord au moins tacite des Israéliens. Enfin, dans plusieurs aspects de leur vie quotidienne, les Palestiniens relèvent des tribunaux militaires et sont soumis aux contrôles israéliens, par exemple quand ils souhaitent se déplacer, que ce soit entre les différentes parties de la Cisjordanie ou à l’étranger. Ainsi, des centaines de Palestiniens font l’objet de détentions administratives et, même si les personnes visées bénéficient d’un avocat et ont la possibilité de faire appel, ces mesures échappent au contrôle judiciaire classique et les règles du procès équitable ne sont respectées que très approximativement. Ces contraintes pesant sur les populations Palestiniennes ont été encore accrues par la construction, de la barrière de sécurité, également appelée mur de séparation, dont la Cour internationale de Justice a à plusieurs reprises jugé illégale la partie du tracé qui se situe au-delà de la Ligne verte.

IMPLANTATION RAMPANTE ET DES DÉFIS A L’HORIZON

Dans le cadre du processus de paix, il était prévu que la division en trois zones ne durerait que cinq ans, jusqu’à ce qu’un accord définitif soit signé,  ce qui n’est toujours pas le cas aujourd’hui. C’est sur cette base qu’Israël continue d’affirmer que sa politique des implantations n’est pas illégale. Le nombre d’habitants des implantations a plus que doublé depuis la signature des accords d’Oslo, malgré un ralentissement sous les gouvernements Rabin et Peres (1992-1996). Le taux de croissance de la population des implantations (4,1% par an) est deux fois supérieures à celui du reste de la population israélienne (2%). Cet accroissement est le résultat direct de la politique menée par les autorités israéliennes qui offrent des avantages fiscaux à ceux qui s’installent dans les implantations et autorisent de nouvelles constructions pour ne pas contraindre la croissance naturelle des implantations existantes. Des organisations para-étatiques et non gouvernementales israéliennes et étrangères, notamment américaines, y contribuent également puisqu’elles organisent des collectes de fonds pour faire l’acquisition de terres sur lesquelles de nouveaux logements sont construits. Malgré les dénégations israéliennes, la situation actuelle hypothèque chaque jour un peu plus la solution des deux Etats, en ce sens qu’elle s’apparente à une annexion rampante, si ce n’est de toute la Cisjordanie, du moins de la zone C, utilisée de facto comme une partie du territoire israélien, au seul profit des habitants des implantations et donc souvent au détriment des intérêts des Palestiniens. Suite à ses événements hostiles,  le calme relatif qui règne actuellement en Cisjordanie apparaît donc précaire et, en l’absence de perspective politique, il est peu probable que les Palestiniens acceptent la détérioration graduelle de la situation. C’est pourquoi l’occupation de la Cisjordanie fait peser une double menace sur Israël.

Ainsi, si le contrôle d’Israël sur la Cisjordanie devient définitif, Israël devra soit donner la citoyenneté aux Palestiniens, mais il cesserait alors d’être un Etat Juif, soit la leur refuser pour rester juif, mais il cesserait alors d’être un pays démocratique. ?

MOHAMMED CHERIF BOUHOUYA

N.B : La raison d’être du projet sioniste est de construire un Etat à la fois (juif et démocratique), c’est-à-dire un pays où les juifs seraient majoritaires mais qui comporterait aussi des minorités ethniques et religieuses dont les droits seraient garantis par la loi. Paradoxalement, dans la déclaration d’indépendance d’Israël, il est ainsi stipulé que l’Etat « assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ». La valeur constitutionnelle de ces principes n’a jamais été confirmée et Israël reste très minoritairement considéré comme une démocratie et un Etat de droit.

(2) Les nouvelles relations entre l’Etat hébreu et les monarchies arabes, ont étaient façonner par Donald Trump qui voulait une progressive droitisation de l’échiquier politique et électoral qui serait à l’œuvre pour un second mandat. Au même temps, Israël demeurerait envers et contre tout, les yeux et les oreilles des Etats-Unis au Moyen-Orient, notamment afin de surveiller la montée en puissance de l’Iran. L’Etat hébreu projette l’image d’une puissance contrainte : manquant encore du réseau propre à faire progresser son agenda global, elle demeure largement tributaire de son allié américain.

(3) Le plateau du Golan,  a était vendu à Israel par le feu Hafidh- El-Assad pour un mentant d’un demi million de dollars.  Le parti Baath Syrien craignait l’expansion massive Israélienne  dans la région et la menace de perdre la guerre face à Israël, ce qui aboutira inéluctablement à la chute du régime et l’effondrement de l’Etat Syrien.

 

 

 

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