GÉOPOLITIQUE/ ISRAËL/ CISJORDANIE : UNE
ALLIANCE EN SURSIS
En 1967, au terme de la guerre dite des Six jours, Israel prend le contrôle du plateau du Golan(1), au nord, de la Cisjordanie, à l’est, de la bande de Gaza et de la péninsule du Sinaï, au sud. Depuis lors, le Sinaï a été restitué à l’Egypte, dans le cadre de l’accord de paix signé en 1979. La question du Golan, annexé unilatéralement par Israel en 1981, ne se reposera probablement que si des négociations reprennent avec la Syrie, ce qui dans le contexte actuel ne parait pas devoir se produire à court terme.
Si des
controverses juridiques persistent sur le statut de Gaza, Israel a démantelé en
2005 l’ensemble des implantations qui y avaient construites. Ainsi, c’est
l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est qui est actuellement le
principal enjeu, parce que l’extension continue des implantations, y compris
depuis le début du processus de paix, est en contradiction directe avec la
solution à deux Etats, perçue par l’ensemble de la communauté internationale
comme la condition « sine qua non » à un règlement pacifique du
conflit. Hormis Israel, l’occupation de
la Cisjordanie reste contraire aux valeurs internationales et aux intérêts de
long terme d’Israel. Pour revenir à
l’histoire, à la fin du mandat britannique sur la Palestine, la résolution
« 181 », qui prévoit la création, de deux Etats, l’un juif, l’autre
arabe, n’est pas appliquée : le 15 mai 1948, les pays arabes coalisés
attaquent l’Etat d’Israël dont David Ben Gourion vient de proclamer
l’indépendance. Au terme de huit mois de combats entrecoupés de plusieurs
cessez-le-feu, l’Etat de Palestine prévu par la résolution 181 ne voit pas le
jour puisque son territoire est occupé : la Galilée et le Néguev par
Israël, la bande de Gaza par l’Egypte et la rive ouest du Jourdain par la
Transjordanie qui, l’ayant annexée, deviendra la Jordanie en 1950. La
Cisjordanie désigne depuis lors les territoires compris entre le Jourdain et la
ligne d’armistice israélo-transjordanien de 1949, appelée (ligne verte). Dés la
fin des années 1940, des groupes de combattants palestiniens, vont mener des
attaques contre des cibles civiles et militaires sur le territoire israélien.
En représailles, Israël lancera des opérations parfois de grande envergure qui
feront elles aussi des dizaines de morts. Ce cycle de violence contribuera à
alimenter les tensions qui débouchent sur la guerre de Six Jours. Au terme de
cette troisième guerre israélo-arabe, la résolution 242 votée par le Conseil de
sécurité de l’ONU le 22 novembre 1967 pose le principe de la paix contre les
territoires : Israël doit évacuer les territoires conquis, en échange de
quoi les Etats arabes doivent mettre fin à l’état de belligérance et reconnaître l’existence d’Israël. Les Etats arabes exigent un retrait préalable avant toute
négociation et, tandis qu’Israël, profitant des ambiguïtés de la rédaction de
la résolution 242, se déclare prêt à rendre des territoires, c’est-à-dire une
partie en échange de la paix, mais exclut de rendre les territoires,
c’est-à-dire tous. Ainsi le Parlement israélien adopte dés le 27 juin 1967 une
loi qui permettra l’annexion de la partie orientale de Jérusalem et de
plusieurs villages arabes. De même des voix s’élèvent pour s’opposer à la
restitution de la Cisjordanie, que la droite nationaliste et les partis
religieux désignent sous les noms de « Judée » au sur de Jérusalem et
de Samarie au nord et considèrent comme partie intégrante « d’Eretz
Israël, ou la terre d’Israël donnée au
peuple juif par Dieu, qu’il serait donc sacrilège d’abandonner. Bien qu’elle ne souscrive pas à cette vision,
la coalition travailliste au pouvoir lance une politique de développement
d’implantation, d’abord pour des raisons défensives dans la vallée du Jourdain
puis le long de la ligne verte, et ne s’oppose que mollement aux initiatives
des plus radicaux, regroupés dans (le Goush Emounim, ou Bloc de la foi) crée en
1974, qui commencent à s’installer sans autorisation à travers la Cisjordanie,
en particulier autour des lieux saints. Au cours des années 1970, l’OLP qui
revendique l’instauration d’un Etat palestinien sur toute la Palestine,
s’impose comme la principale représentante du peuple palestinien. Prônant la
lutte armée contre Israël, dont elle refuse officiellement l’existence, la
centrale palestinienne dirigée par Yasser Arafat mène parallèlement démarches
diplomatiques et attaques (assassinats, détournement d’avions, attentats à la
bombe partout dans le monde. Entretemps, la première intifada a éclaté à Gaza
en 1987, mettant un terme au mythe de l’occupation heureuse selon lequel Israël
pourrait faire oublier aux Palestiniens leurs aspirations nationales en
améliorant leurs conditions de vie ; les passages de la Charte de l’OLP
appelant à la destruction d’Israël ont été déclarés caducs ; et la guerre
froide a pris fin, privant les principaux adversaires d’Israël de leur allié
soviétique. S’ils ne donnent pas explicitement pour but la création d’un Etat
palestinien, les accords d’Oslo reprennent le principe de la paix contre les
territoires, officialisent la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP et
posent les bases d’un régime d’autonomie Palestinienne. Au fil du temps, l’idée
que la paix passe par deux Etats s’impose et les paramètres de cette solution émergent : création
d’un Etat palestinien à Gaza et en Cisjordanie, avec Jérusalem-Est pour
capitale, dans les frontières 1967 avec des rectifications de frontières
mutuellement consenties, évacuation des implantations non contiguës à la Ligne
verte, et solution négociée à la question des réfugiés. Un accord semble à
portée de main. Mais vingt-cinq ans après de processus de paix, marqués par
plusieurs compagnes d’attentats et la seconde Intifada, d’une part, et des
opérations militaires en Cisjordanie et à Gaza et l’accélération du
développement des implantations, d’autre part, la situation parait
bloquée : chacun des partenaires doute de la volonté de paix de l’autre.
CISJORDANIE :
QUELLE CONTINUITÉ TERRITORIALE ?
On estime
qu’environ 2,5 millions de Palestiniens habitent en Cisjordanie. Du point de
vue administratif, ce territoire est divisé, en vertu des accords d’Oslo
(1993-1994) et de Taba 1995, en trois zones au statut distinct. Les six
principaux agglomérations, Bethléem, Jénine, Kalkiliya, Naplouse, Ramallah et
Tulkarem, où réside la majorité de la population palestinienne, sont
théoriquement sous contrôle exclusif de l’Autorité palestinienne (zone
A) ; Les districts ruraux relèvent d’un système de supervision conjointe
israélo-palestinienne (zone B). Les zones A et B représentent à elles deux 40%
du territoire de la Cisjordanie. Israël conserve le contrôle exclusif sur les
60% restants, qui constituent la zone C. C’est là que sont situées la
quasi-totalité des implantations israéliennes. Sur le terrain, la situation est
plus complexe. En effet, les zones A et B sous contrôle total ou partiel de
l’Autorité palestinienne, ne forment pas un territoire homogène mais plutôt un
archipel de 165 îles disséminées dans toute la Cisjordanie et isolées les uns
des autres par une mer constituée par la zone C. En l’absence de
« continuité territoriale », l’Autorité palestinienne n’a en fait que
très peu de pouvoir et ne peut quasiment rien faire sans l’accord au moins
tacite des Israéliens. Enfin, dans plusieurs aspects de leur vie quotidienne,
les Palestiniens relèvent des tribunaux militaires et sont soumis aux contrôles
israéliens, par exemple quand ils souhaitent se déplacer, que ce soit entre les
différentes parties de la Cisjordanie ou à l’étranger. Ainsi, des centaines de
Palestiniens font l’objet de détentions administratives et, même si les
personnes visées bénéficient d’un avocat et ont la possibilité de faire appel,
ces mesures échappent au contrôle judiciaire classique et les règles du procès
équitable ne sont respectées que très approximativement. Ces contraintes pesant
sur les populations Palestiniennes ont été encore accrues par la construction,
de la barrière de sécurité, également appelée mur de séparation, dont la Cour
internationale de Justice a à plusieurs reprises jugé illégale la partie du
tracé qui se situe au-delà de la Ligne verte.
IMPLANTATION
RAMPANTE ET DES DÉFIS A L’HORIZON
Dans le
cadre du processus de paix, il était prévu que la division en trois zones ne
durerait que cinq ans, jusqu’à ce qu’un accord définitif soit signé, ce qui n’est toujours pas le cas aujourd’hui.
C’est sur cette base qu’Israël continue d’affirmer que sa politique des
implantations n’est pas illégale. Le nombre d’habitants des implantations a plus
que doublé depuis la signature des accords d’Oslo, malgré un ralentissement
sous les gouvernements Rabin et Peres (1992-1996). Le taux de croissance de la
population des implantations (4,1% par an) est deux fois supérieures à celui du
reste de la population israélienne (2%). Cet accroissement est le résultat
direct de la politique menée par les autorités israéliennes qui offrent des
avantages fiscaux à ceux qui s’installent dans les implantations et autorisent
de nouvelles constructions pour ne pas contraindre la croissance naturelle des
implantations existantes. Des organisations para-étatiques et non
gouvernementales israéliennes et étrangères, notamment américaines, y
contribuent également puisqu’elles organisent des collectes de fonds pour faire
l’acquisition de terres sur lesquelles de nouveaux logements sont construits. Malgré
les dénégations israéliennes, la situation actuelle hypothèque chaque jour un
peu plus la solution des deux Etats, en ce sens qu’elle s’apparente à une
annexion rampante, si ce n’est de toute la Cisjordanie, du moins de la zone C,
utilisée de facto comme une partie du territoire israélien, au seul profit des
habitants des implantations et donc souvent au détriment des intérêts des
Palestiniens. Suite à ses événements hostiles,
le calme relatif qui règne actuellement en Cisjordanie apparaît donc
précaire et, en l’absence de perspective politique, il est peu probable que les
Palestiniens acceptent la détérioration graduelle de la situation. C’est
pourquoi l’occupation de la Cisjordanie fait peser une double menace sur
Israël.
Ainsi, si le contrôle d’Israël sur la Cisjordanie devient définitif, Israël devra soit donner la citoyenneté aux Palestiniens, mais il cesserait alors d’être un Etat Juif, soit la leur refuser pour rester juif, mais il cesserait alors d’être un pays démocratique. ?
MOHAMMED
CHERIF BOUHOUYA
N.B :
La raison d’être du projet sioniste est de construire un Etat à la fois (juif
et démocratique), c’est-à-dire un pays où les juifs seraient majoritaires mais
qui comporterait aussi des minorités ethniques et religieuses dont les droits
seraient garantis par la loi. Paradoxalement, dans la déclaration
d’indépendance d’Israël, il est ainsi stipulé que l’Etat « assurera une
complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans
distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine
liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ». La valeur
constitutionnelle de ces principes n’a jamais été confirmée et Israël reste
très minoritairement considéré comme une démocratie et un Etat de droit.
(2) Les
nouvelles relations entre l’Etat hébreu et les monarchies arabes, ont étaient
façonner par Donald Trump qui voulait une progressive droitisation de
l’échiquier politique et électoral qui serait à l’œuvre pour un second mandat.
Au même temps, Israël demeurerait envers et contre tout, les yeux et les
oreilles des Etats-Unis au Moyen-Orient, notamment afin de surveiller la montée
en puissance de l’Iran. L’Etat hébreu projette l’image d’une puissance
contrainte : manquant encore du réseau propre à faire progresser son
agenda global, elle demeure largement tributaire de son allié américain.
(3) Le
plateau du Golan, a était vendu à Israel
par le feu Hafidh- El-Assad pour un mentant d’un demi million de dollars. Le parti Baath Syrien craignait l’expansion
massive Israélienne dans la région et la
menace de perdre la guerre face à Israël, ce qui aboutira inéluctablement à la
chute du régime et l’effondrement de l’Etat Syrien.
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